Black('s) spirit in the darkness
6
novembre 1982 :
JE TUERAI CE RAT ! JE LE TUERAI ! QU'IL AILLE EN
ENFER ! Il a tué James et Lily. Quoi qu'on en dise il les a tués
d'une certaine manière et je paye pour lui… Mais je suis certain
que je ne resterai pas ici longtemps. Rémus me sauvera. Rémus mon
frère, mon unique ami à présent sur cette Terre. Je suis sûr
qu'il découvrira rapidement que je n'y suis pour rien et que ce
sale rat prendra ma place dans cette cage sans fenêtre. Je suis dans
le quartier de haute sécurité d'Azkaban à cause des meurtres
dont on m'accuse. Je n'ai pour seul éclairage qu'une grille
d'aération pas plus grosse qu'un vif d'or et un grillage sur
la porte sécurisée pour que les détraqueurs puissent sentir mes
émotions et aspirer mes joies dont ils se nourrissent. Je les sens
affamés. Mais je ne leur offrirai que ma colère, jusqu'à ce que
je sois libre !
25 novembre 1982 :
Que fait Rémus ? Je
m'impatiente ici. Je m'inquiète. Je voudrai récupérer Harry.
Pauvre enfant, seul à présent. Où est-il ? Qui s'occupe de lui
maintenant que ses parents sont morts et que je suis en prison ? Et
pourquoi personne n'est venu me voir ? Je commence à penser au
pire… Rémus ne m'aurait il pas cru ? Ne m'a-t-il pas entendu
crier mon innocence ? Mon ami m'a-t-il abandonné ?
J'ai
l'impression que les murs de cette chambre se rapprochent de jour
en jour… Je compte les heures et les minutes.
De la grille
d'aération, je vois les jours se raccourcir et je sens que les
détraqueurs me guettent, affamés. Je m'éloigne de la porte, au
fond de ma cellule, car le froid glacial provenant des détraqueurs
gèle la porte. Ils sentent mes rares pensées heureuses de ces
années avec James, Lily et Rémus. Lorsque je pense à eux, je les
vois me regarder à travers la petite grille. C'est alors que dans
ces souvenirs, je revois ce sale rat que je croyais être notre ami
et là ils ne me regardent plus. Dégoûtés par la colère…ils en
sont écœurés. Ils font une overdose de peine, de folie et de
colère. Ce qu'ils cherchent, ce sont des mets de choix ici. Des
mets rares : le bonheur et la joie. Ce sont des vautours. Je ne leur
ferai pas ce plaisir. Je ne leur donnerai rien de cela.
24
décembre 1981… enfin sûrement.
C'est la veille de Noël…
enfin je crois. Je suis comme dans une caverne. J'ai à peine la
notion du temps… je crois que je commence à me perdre dans mes
calculs. Je m'endors, il fait nuit… je me réveille et il fait
encore nuit… ou alors très sombre dehors ? Je ne sais plus très
bien… Cette grille d'aération est si petite et ne laisse passer
que très peu de lumière. J'aimerai ne pas perdre la notion du
temps, c'est ce qui me rend encore humain.
Tout ce que je sais à présent c'est que personne n'est venu et personne ne viendra. Rémus, tu me crois coupable alors ? Mon frère. Mon ami. J'espère que ce sale rat crève autant que moi dans les égouts.
Par terre, il y a quelques bris de verres. Je sais. Chaque jour qui s'écoule, je graverai sur les murs de ma prison un trait. Aujourd'hui j'inscrirai les 48 bâtons représentant mes 48 jours de captivité. Je vais graver le nom de James, Lily et Rémus. Je n'ai pas de photo mais je ne veux pas les oublier. Je vais aussi graver le nom d'Harry… Ce petit être si fragile qui a réussi à vaincre le plus grand sorcier qui existe. Il est mon espoir, il est le fils de mon grand ami, il est…
252ème bâtons :
C'est l'été. Nous sommes fin juillet…
normalement. Je sais ce que ça signifie mais je ne dois pas y
penser. Ca leur ferait trop plaisir si je pensais à lui. La dernière
fois que j'ai pensé à lui, ils se sont approchés de si près en
quête d'une goutte de bonheur que j'ai cru que j'allais y
rester et j'ai dû interrompre aussi sec l'écriture. J'ai
senti l'animal qui est en moi m'envahir comme un geste
d'autodéfense… cette partie de moi que les puces adorent… cela
m'a sauvé du baiser mortel des détraqueurs.
Mais je ne dirai
rien, je n'écrirai rien, car s'ils découvrent mon journal, ils
sauraient… D'ailleurs si vous me lisez bande de vautours, vous me
croyez peut être fou, mais vous ne m'aurez jamais. Je peux avoir
des pensées heureuses sans que vous ne m'attrapiez ! Vous ne
m'aurez jamais !!!!
617ème bâtons :
Mon mur se
remplit. Tous ces petits bâtons me rendent dingue. Je passe ma
journée à les compter et les recompter pour voir si je ne me suis
pas trompé. Je n'ai que cela à faire. Nous devrions être en été
mais j'ai l'impression qu'il fait encore si froid dehors. Peut
être par ce qu'ici les détraqueurs sont plus que jamais affamés.
J'entends des cris parfois, signalant une victime supplémentaire.
Ce matin, c'était une femme.
Cela fait longtemps qu'il n'y
a pas eu de nouveau prisonnier alors les détraqueurs doivent se
contenter des restes.
1000 bâtons :
1000 jours…
selon mes calculs. Je crains qu'ils ne soient faux. Je passe mon
temps à compter mes bâtons et à dormir de jour comme de nuit.
Patmol vient quelques fois me voir… si on peut dire… Il regarde
très longtemps les prénoms gravés sur le mur à se rappeler ses
souvenirs. L'autre jour il a pouffé de rire en se souvenant de
James. Son cri a fait sonner l'alerte… Mais Ils ne peuvent pas
voir Patmol. Ils ne l'auront pas.
Seulement, Patmol a peur à
présent… Il a peur qu'on ne le perçoive à force d'habitude.
Alors il ne vient que quand j'en ai réellement besoin. Quand je
suis au bord du gouffre et que ma seule envie c'est qu'on vienne
m'abattre.
2032 bâtons :
Je change de murs. Il n'y
a plus de place sur l'autre. Ce sera plus facile pour compter
aussi. Ça fait presque 6 ans. Il n'y a pas de miroir ici, mais je
crois que j'aurai peur de ce que je pourrai voir. Je n'aurai pas
découvert un homme avec 6 ans de plus… J'y aurai certainement vu
un cadavre. Les murs semblent se rapprocher encore. Je ne pense pas
que cela soit une hallucination. Ce sont plutôt des visions de mon
avenir. Cette salle se rapetisse en cercueil.
J'avais presque
oublié l'existence de ce journal… A quoi me sert-il réellement
? Raconter des jours qui se ressemblent ?
2647 bâtons :
J'ai usé tous les bouts de verres que j'avais fait en brisant ceux qu'on me donnait pour boire une eau trouble et gelé. On ne me donne plus que des verres en plastique depuis un certain temps. Je n'ai plus de mon précieux verre pour gratter mon mur avec. Soit. Je le ferai avec mes ongles puisque le mur est humide et poreux. Je mettrai plus de temps à le faire.
3016 bâtons:
Il
y a quelques jours, on m'a proposé d'aller dans une autre
cellule, pour ne plus être en quartier de haute sécurité suite à
mon bon comportement. Je ne suis pas dupe. Ils veulent m'achever.
Ils veulent me faire changer de cellule pour me rapprocher des
mangemorts qui me haïssent. Ils veulent me rendre définitivement
fou en restant poli et en montrant cela comme « un geste pour
respecter mon humanité ». Foutaise ! Quelle humanité peut-on avoir
ici ? Ils veulent me détacher de cette cellule, pour que je perde
mes repères et que je devienne fou à cause des hurlements en bas.
Je ne supporte plus le bruit, je vis dans ce silence de mort depuis
bien trop longtemps. C'est à peine si mon ouïe m'est encore
utile ici.
J'ai répondu à ce Fudge que je ne voulais pas de
cet acte de faveur en lui décochant un sourire. En fait, j'aurais
voulu lui cracher au visage. Mais quand il a vu mon sourire aussi
ironique soit il, il a été surpris.
Cela m'a fait mal aux
joues. Je n'étais plus habitué à exercer ces muscles. Mais lui,
il ne se remettra jamais de ce sourire… je vous parie qu'au fond
de lui il veut me provoquer, jusqu'à ce que je ne puisse plus
sourire… je l'ai senti… je le répugne.
En attendant je
resterai ici, avec mes bâtons et mes repères. Ma solitude et mon
silence. Mes prénoms gravés et Patmol.
4115 bâtons:
Hagrid
! Hagrid est là ! Il a beaucoup changé après toutes ces années
mais c'est lui ! J'ai entendu son nom ce matin lorsqu'on l'a
« invité » à se rendre dans une cellule ! Qu'est ce qui se
passe là dehors pour que Hagrid soit là ? Hagrid si gentil et
aimable ! Quand je l'ai vu passer devant ma cellule j'ai hurlé
son nom, j'ai hurlé tant que j'ai pu, j'ai hurlé pour savoir
ce qui lui était arrivé, pour savoir comment allait Harry, j'ai
hurlé pendant des heures… Mais il m'a ignoré. Il ne m'a
sûrement pas reconnu par ailleurs. Les détraqueurs sont intervenus
pour me faire taire au bout d'un certain temps
Je ne semble
plus être qu'un fantôme ici. On ne m'écoute plus, je fais
parti des murs. Je suis un bâton. Pauvre Hagrid ! Sous cette énorme
stature, il est si faible et si fragile parfois. J'ai peur qu'il
ne tienne pas.
Fudge l'accompagnait et il est passé me voir. Il
a adoré me voir hurler. Je l'ai vu dans ses yeux… il croit que
je suis en train de craquer.
4250 bâtons :
Merci
Merlin, Hagrid n'est pas resté ! Je l'entendais gémir toutes
les nuits. Patmol est venu très souvent pendant cette période.
J'avais besoin de lui, même s'il a de plus en plus de mal à
sourire de ses souvenirs. Mais maintenant que Hagrid n'est plus là,
je suis soulagé.
J'ai découvert quelque chose de très
intéressant. Patmol est resté toute une journée et les détraqueurs
sont venus ouvrir ma cellule pour voir si j'étais mort. Ils ne me
sentaient plus. Ils avaient laissé la porte entre ouverte. Mais est
ce que j'aurai pu réellement aller très loin ?
24 juillet 1993 :
C'est la date du journal de ce matin. 12 ans de ma vie partie en fumée. Je suis heureux. Je sais où la vermine se trouve. Je l'ai vu à la une du journal de Fudge en photo, sur l'épaule d'un fils Weasley. Je vais sortir de mon cercueil, c'est décidé. A présent Patmol sera toujours là. Ils vont me croire mort et je passerai… Oui je vais tenter ma chance, pour tuer la vermine, pour qu'il ne s'approche pas d'Harry à Poudlard. Il n'a aucun droit de s'approcher de Harry, de le sentir près de lui, de le voir dans les couloirs de Poudlard. Je me console dans cette pensée : j'aurai passé 12 ans ici pour une seule raison qui n'était pas vraie il y a 12 ans mais qui le sera bientôt. J'aurai passé 12 ans en prison pour le meurtre de Peter Pettigrow.
