Posté le: 26/08/2012

Résumé : Après la guerre, le monde magique renaît de ses cendres. Mais certaines braises restent ardentes et il faut prendre garde à ne pas se brûler… DM/HP à venir. Post T7 - l'épilogue n'est cependant pas pris en compte.

Ratings & Avertissements : Pas de scènes de sexe décrites. Pas de violence non plus. En tous cas, ce n'est pas prévu. L'histoire mettra en scène le couple Drago Malefoy et Harry Potter donc si ça ne vous plaît pas, vous êtes libres de partir.

Disclaimer : Rien n'est à moi, tout est à J.K Rowling, à part l'histoire. Je m'excuse de me servir du résultat de son dur labeur pour écrire n'importe quoi et satisfaire mon imagination débordante.Même si on ne dirait pas, je respecte énormément son travail. Pour moi, la fanfiction est un moyen de travailler mon écriture et de ne jamais dire « adieu » à ce monde que j'aime tellement.

1ère note (about me (&you)):

« 'Cause I'm back / Yes, I'm back / Well I'm back » (AC/DC, Back in Black)

Je suis de retour dans le domaine des longues fanfictions DMHP avec cette histoire. J'espère ne pas avoir trop perdu la main, peut-être même avoir progressé (qui sait ?), et que ça vous plaira. J'ai repris certains des thèmes abordés dans mon OS « Le jeu du serpent », pour les développer parce que j'estime qu'ils le méritent. Rassurez-vous, il y aura quand même pas mal de nouveautés. Je vous invite bien sûr à, si vous le souhaitez, commenter. Les avis sont toujours intéressants pour un/e jeun/e auteur/e.

2ème note (about disclaimer) : « Encore du courrier » est le titre du chapitre 22 de « Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban » (tome III)

Je vous souhaite une bonne lecture, espérant satisfaire vos attentes,

Light Hane.

"THEY SAY IT'S YOUR BIRTHDAY

WE'RE GONNA HAVE A GOOD TIME

I'M GLAD IT'S YOUR BIRTHDAY

HAPPY BIRTHDAY TO YOU"

[Birthday - The Beatles]


1

Encore du courrier

Une agréable soirée d'été s'achevait. Le vent soufflait, à l'origine d'un tendre chuchotis que les herbes folles et les fleurs sauvages propageaient à travers la campagne anglaise. Tandis que le ciel s'assombrissait sans hâte, les étoiles venaient éclairer de sinueux sentiers qui serpentaient entre les rondes collines et menaient jusqu'à des prés verdoyants. Dans l'un d'eux, sous le feuillage d'un magnifique chêne, une table était dressée. Bien loin des bruyants applaudissements de la société magique et des folies sensuelles des villes, Harry Potter dégustait un délicieux dîner d'anniversaire en compagnie de ses proches.

Une douce lumière, provenant des lampions suspendus à l'arbre, éclairait la petite assemblée. Deux chaises étaient vides : Mrs Weasley, accompagnée par Percy, était partie à la cuisine s'occuper des desserts. Les convives discutaient et savouraient un exquis vin des elfes en attendant leur retour. Harry, qui était assis au milieu, à la meilleure place, profitait de sa position pour entendre toutes les conversations.

Sur sa gauche, Ron, Hermione et Ginny abordaient leurs projets d'avenir avec Neville et Luna, installés en face. Hermione envisageait de suivre plusieurs matières universitaires à la fois (à cette annonce, Ron s'étrangla avec l'air qu'il respirait) car elle voulait réunir « toutes les compétences requises au bon développement de la S.A.L.E ». Elle comptait également passer ses A.S.P. en candidat libre dès qu'elle le pourrait, ce qu'Harry considérait comme un acte parfaitement inutile. Neville, lui, désirait se consacrer entièrement et uniquement à la botanique. Il avait en vue un laboratoire magique spécialisé dans les plantes médicinales. Ron fit part de leur ambition, à Harry et à lui-même, de profiter des Procès du lendemain pour s'informer des postes proposés par le nouveau gouvernement au Ministère de la Magie. Quant à Luna et Ginny, il leur restait encore une année d'études à effectuer à l'école de Poudlard. Elles avaient hâte de retourner au château et de voir de leurs yeux les résultats des intenses rénovations menées par les magiciens les puissants du pays.

A la droite d'Harry, Charlie, Bill, Mr Weasley et Hagrid partageaient leurs opinions sur le nouveau Ministre de la Magie, un ancien anonyme nommé Thomas Willow.

« On ne sait pas d'où il sort, ce type, disait Charlie. Personne n'a jamais entendu parler de lui. Quand j'ai lu son nom accolé à la fonction de Ministre, j'ai cru que c'était une blague.

— Il faut croire que tu vis depuis trop longtemps en Roumanie, plaisanta Bill. A Londres, c'est une figure politique depuis deux ou trois ans.

— Figure politique, je n'irais pas jusque-là, modéra Mr Weasley avec un geste significatif de la main. Il a expérimenté un certain nombre de postes différents, on peut dire qu'il a fait son trou et atteint une petite notoriété. Rien de plus, jusqu'au mois dernier.

— J'ai lu son parcours dans un hors-série de la Gazette, dit Bill, tout en jouant avec ses couverts. Ses parents sont riches, ils l'ont envoyé étudier en Suisse, il a beaucoup voyagé et a travaillé avec un ministre moldu puis comme commercial dans une fabrique de jouets magiques et enfin au Bureau International des lois magiques. Pendant la guerre, il a essayé d'obtenir du soutien du côté des sorciers d'Europe afin de s'unir contre Voldemort. Il n'était pas appuyé par le gouvernement alors la France et l'Allemagne, sur lesquelles il comptait beaucoup, n'ont pas accepté de l'aider. Mais c'était plutôt une bonne idée.

— Je pense qu'il a les qualités de base, affirma Mr Weasley.

— Sauf que personne ne le connaissait avant les élections, insista Charlie. Comment a-t-il pu recueillir autant de votes ?

— Tu penses qu'il y a eu fraude ? » intervint Harry, sincèrement surpris.

Il savait que les apparences sont souvent trompeuses mais, personnellement, il éprouvait une certaine sympathie pour Thomas Willow. Il trouvait que la Première Loi de Protection des elfes de maison était un bon début (même si Hermione disait que c'était très insuffisant) et il ne voyait pas qui pouvait s'opposer à la réforme des valeurs administratives. Le lendemain, les Procès Noirs (rien que le nom lui tordit les entrailles tant l'idée de s'y rendre le tracassait) débuteraient, après une préparation minutieuse et sans précipitation. « Nous voulons que la justice soit rendue dans des conditions exemplaires pour qu'elle soit la plus juste possible », avait déclaré Thomas Willow. Les procès des Mangemorts porteraient l'ultime coup d'épée à l' « ère Voldemort » et le Ministère promettait une « Fête de la Victoire » quand les « heures noires seront définitivement derrière nous ». De l'avis d'Harry, ces principes étaient tout à fait honorables. En plus, il avait vu plusieurs photos de Thomas Willow dans la presse et lui avait trouvé un air chaleureux, ce qui ne gâtait rien.

« Fraude ? répéta Charlie. Non ! Je ne parle pas de ça…

— Les gens lui font confiance, dit Hagrid. Après la guerre, c'est qu'on recherche : la confiance.

— Willow n'a été mêlé à aucun scandale, il n'a jamais fréquenté ni les familles influentes ni les salons de la haute société, il n'est pas extraordinairement riche et ne semble pas particulièrement attiré par le pouvoir. Tous ces points font des différences cruciales avec les autres candidats. Personnellement, je le pense digne de l'office. Il parait honnête.

— Il parait, releva Charlie, qui ne démordait pas de sa position. Moi, je pense que l'Angleterre a été dupée. Il me semble justement trop honnête pour l'être vraiment. »

Enfin, en bout de table, Fleur écoutait Audrey, la nouvelle petite amie de Percy, parler de son travail. Elle était la nouvelle directrice du Comité de la Gestion, de la Finance et de l'Economie Magique. C'était une jeune femme charmante et d'une intelligence précieuse au Ministère. Harry tendit l'oreille quelques minutes avant d'abandonner : les histoires d'argent lui passaient au-dessus de la tête.

« Qu'est-ce qu'ils se disent de beau, de l'autre côté ? lui demanda Ron alors qu'il revenait vers eux.

— Charlie pense que le nouveau Ministre n'est pas aussi digne de confiance qu'il en a l'air et ton père n'est pas d'accord », résuma Harry en se servant du vin.

Il remua doucement son verre et le liquide argenté clapota contre les parois. Il n'était pas un habitué de ce genre de boisson. Il n'avait trempé ses lèvres dans du vin moldu qu'une seule fois et avait détesté ça. Il n'y avait rien de comparable entre le goût amer d'une des bouteilles de l'oncle Vernon avec les saveurs délicates et sucrées de ce qu'il buvait ce soir. Le vin des elfes était léger, empreint d'un doux parfum fleuri, et, Harry en aurait mis sa main à couper, magique. Après une gorgée, il se sentait incroyablement brillant. Il avait l'impression que de grandes qualités de locuteur émergeaient en lui et que, sans rien savoir de plus, il pourrait discourir des heures durant sur n'importe quel thème.

Quand il porta son verre à sa bouche, Luna lui conseilla :

« Ne bois pas trop, Harry. Papa dit toujours que le vin des elfes a des propriétés insoupçonnées qui pourraient nous perdre.

— Je ferai très attention », promit Harry avec un sourire.

Tout en buvant, il écouta Ron se moquer de Charlie.

« A mon avis, il est un peu parano… Il fréquente trop les dragons et il ne comprend plus les humains. Ce Willow m'a l'air sympathique. Il ne faut pas voir des manipulateurs partout. Et puis qui serait assez idiot pour tenter de prendre le contrôle absolu du pays juste après que Voldemort ait été éradiqué ? Cette fois, nous sommes bien au courant de comment les choses se passent.

— Je ne sais pas, avoua Neville. La politique, c'est quelque chose de très compliqué. J'ai toujours trouvé que le Ministère était un endroit un peu malsain…Je veux dire, tous ces gens dont l'ambition est d'organiser, structurer, commander…J'ai un peu de mal à comprendre qu'Harry et toi vouliez participer à ça.

— Ce n'est pas aussi simple. Tu connais forcément la nouvelle devise du Ministère : « Confiance, Justice & Liberté : les vraies valeurs magiques, dit Harry en se penchant vers Neville. Elle représente le changement qui s'est opéré et promet un gouvernement différent des précédents. Willow a basé sa campagne sur la transparence politique, la justice magique et la sécurité des libertés individuelles. L'une de ses premières réformes a été de créer une Police des Valeurs Magiques. Un ancien juge, un Auror (Kingsley), un membre du Magenmagot ainsi que plusieurs célébrités extérieures au Ministère, notamment le dirigeant de la firme Nimbus, ont pour mission d'assister le Ministre dans ses décisions mais aussi de contrôler son pouvoir. Le Ministère de la Magie joue à présent la carte de la transparence avec la communauté magique et promet d'être plus sûr et moins borné que les années précédentes. Je pense qu'il faut s'assurer que tout se passe comme sur le papier. Si nous sommes au cœur du monument, il nous sera plus facile d'en surveiller la reconstruction. Aujourd'hui, notre monde renaît de ses cendres et nous devons vérifier que tout se passe bien. »

Ce discours plissa le front d'Hermione et laissa Neville un peu étonné. Harry sentit son visage s'embraser sous leurs regards insistants. Il ne pouvait pas croire que ces paroles étaient sorties de sa bouche. Le vin des elfes devait y être pour quelque chose. D'ailleurs, Ginny devait être arrivée à la même conclusion car elle lui tapota la joue d'un air amusé.

« Je crois que notre Harry a bu un peu trop de vin !

— Oh, ce n'est pas très alcoolisé, fit Ron en regardant l'étiquette sur la bouteille. Et puis, il y avait quand même des choses censées dans ce qu'il a dit, non ? »

Il paraissait un peu inquiet de sa propre compréhension des paroles d'Harry.

« Ce n'était pas si mal, reconnut Hermione avec un demi-sourire. Tu as fait quelques progrès depuis l'A.D. »

Harry secoua la tête et leva les yeux au ciel. Il savait qu'il avait raison. Comme Neville, la politique, que ce soit celle des Moldus ou des sorciers, le rebutait depuis longtemps. Il n'était pas du genre à prendre des décisions depuis un bureau et le côté administratif des choses lui déplaisait toujours. Mais le poste de directeur du Bureau des Aurors était vacant.

Il l'avait su par la Gazette du Sorcier et le journaliste avait insisté sur le fait que cette fonction ne se résumait pas à diriger les Aurors. Certes, une partie du travail consistait à traquer ceux qui pratiquaient la magie noire ainsi que les auteurs de crime magique cependant il y avait également un important rôle à jouer auprès du Ministre et des directeurs de Départements. Ainsi, les Aurors agissaient main dans la main avec la plupart des autres fonctions du Ministère de la Magie. Et Harry, qui avait toujours rêvé d'être Auror, se passionnait pour ce poste depuis qu'il avait lu l'article. C'était un travail d'action, un travail utile, comme il le souhaitait. Seules les lourdes responsabilités qui l'accompagnaient l'inquiétaient fortement et pendant plusieurs semaines, il avait changé d'avis de nombreuses fois. Finalement, un jour où il était dans une passe résolue, il avait fait part de son ambition à Ron. Ron l'avait vivement encouragé, puisqu'il souhaitait lui-même devenir Auror, et maintenant qu'il en avait parlé à quelqu'un, Harry ne voyait pas comment retourner sur ses pas.

« Voilà le dessert ! » lança soudain Ginny, le tirant de ses réflexions par la manche.

Harry sursauta et se tourna dans la direction qu'elle lui indiquait. Mrs Weasley rejoignait le pré en marche arrière, la baguette levée. Elle était suivie par deux énormes gâteaux, une tarte et une coupe gigantesque de glace qui flottaient dans les airs. Percy fermait la marche, surveillant le bon déroulement des délicates opérations. Chacun s'empressa de faire une belle place sur la table et les plats se posèrent en douceur.

Harry faisait honneur à la tarte à la mélasse tout en discutant de Quidditch avec Ron, Neville et Ginny lorsqu'il reçut son premier cadeau, de la part d'Hagrid. Il s'essuya les mains sur sa serviette et déchira précautionneusement l'emballage. Une étrange petite boîte roula alors sur la table. A la fois ronde, carrée et pointue, elle n'avait pas de forme définie. Elle scintillait de toutes les couleurs, comme un diamant, frémissait sur elle-même et des volutes de fumée parfumée s'en échappaient.

« Waouh ! » souffla Ron.

Harry retourna l'objet. Une douce mélodie résonna dans le silence nocturne. Quand la dernière note s'éteignit, la partie supérieure de la boîte s'ouvrit. Harry s'empressa de regarder à l'intérieur. Il trouva, posée sur un écrin de velours rouge, une perle rose. Il essaya de la sortir mais dès qu'elle apparut à l'air libre, elle disparut.

« Qu'est-ce que c'est, Hagrid ? murmura-t-il, fortement intrigué.

— Le vendeur appelait ça une « Boîte aux mille malices ».

— Non ! s'écria Bill d'un coup. C'est impossible ! Tu veux bien me la passer deux minutes, s'il te plaît, Harry ? »

Harry obéit et la tendit à Charlie qui la posa devant Bill. Avec sa baguette magique, celui-ci la tapota en un point précis sur l'une des parois. Aussitôt un oiseau à ressort jaillit de l'une des pointes, pourtant bien trop étroite pour le contenir.

« Incroyable ! C'est bien une boîte aux mille malices !

— Et qu'est-ce que c'est, au juste, cette boîte ? demanda Hermione, posant la question qui brûlait les lèvres d'Harry.

— C'est une boîte, répondit Luna. Une boîte magique. Il n'y en a qu'une dizaine dans le monde. Elle renferme mille malices qu'il faut trouver. C'est une sorte de jouet, en fait.

— Exactement. J'ai eu la chance d'en avoir déjà une entre les mains et son possesseur m'avait montré cette malice, dit Bill en montrant l'oiseau à ressort.

— Où as-tu vu ça ? s'enquit Mrs Weasley, les sourcils froncés.

— En Egypte. Un client de la banque n'avait plus que ça comme objet de valeur et il voulait me la confier en gage pour obtenir un crédit.

— Et tu as pu en profiter pour combien de temps ? fit Ginny.

— J'ai dû refuser son offre. Les règles de Gringotts n'incluent pas les boîtes à malice comme gage possible.

— Non ! s'écria Ron. Tu n'as pas pu faire ça !

— Si…

— Mais tu aurais eu plein de temps pour percer les mille malices !

— Tant pis, c'est comme ça, dit Bill, fataliste. Et puis, grâce à Hagrid, on en profitera, des mille malices ! »

Harry contemplait son cadeau, incrédule. Les cadeaux d'Hagrid étaient toujours surprenants mais celui-ci battait tous les records. La boîte glissait entre ses doigts moites pendant qu'il la tournait et retournait, à la recherche d'autres indices. Les tremblements dus à des vibrations magiques n'arrangeaient en rien son état d'excitation et il finit par relever les yeux sur Hagrid.

« Hagrid… »

Il ne savait pas comment dire. Les effets du vin devaient s'être estompés. Il se contenta donc de presser de toutes ses forces les énormes mains du demi-géant entre les siennes. Hagrid hocha la tête d'un air compréhensif. Ensuite Fleur se leva pour apporter à Harry le cadeau qu'elle et Bill lui avait acheté : un disque de rock sorcier. Le groupe s'appelait The Doxys et l'album Welcome to Hogwarts.

« Il ne fallait pas, marmonna Harry, gêné de cette attention.

— Mais ce n'est rien du tout ! s'écria Fleur et elle lui plaqua deux baisers sonores sur les joues. Tu l'as bien mérité ! Tu es notre héros ! »

Il se sentit encore plus mal, si c'était possible. Heureusement, Ron apporta une brillante diversion :

« Oh ! Regarde ! Charlie a de la poudre de griffe de dragon ! »

Hermione qui s'était mise debout pour voir la boîte aux mille malices fut la première à étudier le petit flacon. Elle le leva au-dessus d'elle pour l'observer d'un air suspicieux.

« On dit que c'est un stimulant intellectuel très efficace mélangé à des feuilles de menthe et à des œufs de fée… C'est vrai ?

— Absolument pas, fit Charlie. En fait, la poudre de griffe de dragon est un simple antidouleur très efficace.

— Et pourquoi j'en aurais besoin ? demanda Harry, brusquement inquiet.

— Pour la gueule de bois, demain matin », répondit Charlie en montrant du doigt son verre presque vide.

Tout le monde éclata de rire, excepté Mrs Weasley qui s'aperçut que presque toutes les bouteilles servies étaient vides et décida de sauver celles qui restaient. Elle alla les ranger au Terrier en maugréant contre les jeunes qui buvaient de plus en plus et les adultes qui n'avaient toujours pas appris à se modérer.

« A moi ! lança Ron. Un cadeau qui sert à quelque chose, pour changer ! » ajouta-t-il, moqueur, à l'intention de Charlie.

Harry sourit et, après déballage, constata que Ron ne faisait pas de la publicité mensongère. Il lui avait offert un accélérateur pour son Eclair de Feu.

« J'ai vu ça dans le magasin de Quidditch, expliqua Ron. Bien sûr, il ne permet pas d'aller aussi vite que l'Eclair de Feu III mais il permet de soutenir la comparaison. Je me doutais que tu n'avais pas envie de changer de balai. »

Harry l'écouta à peine, tout préoccupé par les différents réglages de l'appareil. C'était sans doute l'un des instruments de Quidditch les plus compliqués qu'il ait jamais vu et le mode d'emploi, épais comme un annuaire téléphonique, lui serait bien utile.

Ginny fut la suivante. Elle lui avait acheté toute une collection de nouveaux vêtements Moldus et une robe de soirée.

« C'est un peu plus consistant que ce que je t'ai offert l'an dernier, plaisanta-t-elle.

— J'avais beaucoup aimé quand même », dit Harry.

Il se pencha en avant et il l'embrassa sur les lèvres. Il sentit tous ses muscles se détendre tandis qu'une sensation de flottement se répandait dans son corps.

Percy lui avait offert le livre le plus ennuyeux de la Terre, un lourd volume sur l'évolution des lois magiques. Ce n'était pas contre Percy mais Harry était sûr qu'il ne le lirait jamais. Mr et Mrs Weasley, en plus du dîner, lui donnèrent un sablier magique. Neville, par l'esprit de plaisanterie, lui avait fait un T-shirt portant l'inscription « Sauveur de l'Humanité » que Charlie et Ron s'empressèrent de lui faire enfiler de force. Hermione et Luna avaient réalisé ensemble un bel album photo souvenirs de leurs années Poudlard.

« Oh mon Dieu, Ron, c'était quoi cette coupe ? demanda Bill, visiblement effrayé devant les cheveux de son frère lorsqu'il avait quatorze ans. J'avais complètement oublié…

— Oh, Hermione, tu étais trop mignonne quand tu étais petite ! » minauda Fleur en montrant une photo de la première année où Harry, Ron et Hermione étaient assis sur un banc, dans le parc ensoleillée de l'école.

Ils souriaient et faisaient de grands signes à l'appareil.

« Je ne me souviens pas de cette photo, fit remarquer Harry en se passant la main sur le front.

— Mais si ! Ce sont les jumeaux qui l'ont… »

Hermione s'interrompit en milieu de phrase et se mordit la lèvre avant de retomber sur sa chaise. Cependant, dans le brouhaha ambiant, personne ne l'avait entendue. Harry eut l'impression que tout ce qu'il avait mangé était en train de se métamorphoser en une grosse masse cimentée qui lui plombait l'estomac. Les jumeaux. Il n'y avait plus de jumeaux. Il ne restait plus que leur ombre.

« Tu reveux de la glace, mon chéri ? demanda Mrs Weasley à Harry en s'apercevant de sa mine sombre.

— Oh non, ça ira, merci !

— Tu n'aimes pas ? s'étonna Ron, qui était très occupé entre sa part de cheesecake et son impressionnant monticule de ladite glace.

— Si, je n'ai juste plus faim », répondit Harry.

C'était la stricte vérité : il se sentait incapable d'avaler ne serait-ce qu'une miette de plus. Il se remit à contempler la nappe.

Quand Ron eut fini son assiette, lui, Hermione, Harry, Ginny, Neville et Luna quittèrent la table pour une promenade digestive au clair de lune. Ils traversèrent le pré, les hautes herbes caressant leurs jambes nues, dévalèrent la pente et suivirent l'un des sentiers qui faisait le tour des collines. Le silence frais de la nuit remit de l'ordre dans les pensées embrumées par l'alcool d'Harry.

« C'était une très belle fête, Harry, dit Luna d'une voix légère comme une plume.

— Grâce à Mrs Weasley, une fois encore, sourit-il.

— Elle sait tout faire, ta mère, dit Neville à Ginny. Elle est incroyable. »

Ginny hocha la tête, ne sachant que répondre, et se colla contre Harry. Bien que les hautes températures de l'après-midi soient retombées, sa peau était brûlante. Il prit sa main dans la sienne et frotta doucement son pouce avec le sien. Neville avançait à leur hauteur, sur le côté du sentier, les poings dans les poches, les yeux levés au ciel. Devant eux, Luna bondissait plus qu'elle ne marchait, elle semblait portée par le vent, comme une fée. Enfin, Ron et Hermione suivaient, avec des murmures inaudibles et des rires étouffés.

Le chemin les emmena loin. La campagne était paisible mais le silence fit resurgir les Procès Noirs dans l'esprit d'Harry et son cœur s'emballa. Le cabinet du Ministre en personne lui avait envoyé une convocation en tant que témoin et il ne s'imaginait pas refuser — d'ailleurs, il ignorait s'il le pouvait. Il avait conscience de l'importance de ces procès et de témoigner pour ceux qui n'en avaient plus les moyens, de parler pour les morts contre leurs assassins. Tout comme le Ministre, il était d'avis que même si Voldemort avait été immolé, la guerre ne serait pas terminée tant que ses fidèles n'avaient pas été jugés. Mais rien que la perspective de mener cette bataille lui-même le fatiguait. Une année à courir l'Angleterre l'avait épuisé, aussi bien moralement que physiquement, et il n'avait plus de forces pour ce dernier combat. Il craignait de ne pas être à la hauteur, de décevoir tout le monde.

Alors qu'ils faisaient demi-tour, Ginny remarqua sa nervosité grandissante et lui murmura à l'oreille :

« Je ne peux pas te promettre que ça sera facile, non, je ne peux pas, mais je peux t'assurer que tout ira bien. Tu vas t'en sortir, parce que tu t'en sors toujours et que je te le dis. »

Les douces sonorités de sa voix ne suffirent pas à calmer Harry cependant il se sentit un peu réconforté par le soutien infaillible qu'elle lui portait.

Quand ils arrivèrent au pré des Weasley, tout le monde était déjà rentré au Terrier et la table s'était évaporée.

« Ah les vieux, dit Ron avec un haussement d'épaules. Ils se couchent avec les poules.

— Nous devrions y aller », dit Luna à Neville.

Elle avait invité Neville à passer la semaine chez elle. Elle tendit les doigts en souriant et attrapa les poignets de son ami.

« Oui, peut-être », dit-il, visiblement un peu troublé par cette brusque décision.

Comme le voulait Luna, ils lancèrent « A plus tard ! » et s'éloignèrent dans la nuit. Ils agitèrent leurs mains unies en direction d'Harry, Hermione et les Weasley, qui répondirent d'un même geste. Ils disparurent dans l'obscurité puis Harry bailla et Hermione l'imita.

« Vous êtes déjà fatigués ? s'emporta Ron. Mais il n'est que… »

Il consulta sa montre et Ginny éclata de rire en lisant l'heure.

« Il n'est qu'une heure du matin, dit-elle, sarcastique. Rien ne presse. »

Ils redescendirent donc la colline et empruntèrent cette fois le sentier du Terrier. Ils coupèrent ensuite par un verger voisin pour arriver plus vite à la grande bâtisse biscornue. La maison était sombre et silencieuse lorsqu'ils arrivèrent. Pour ne faire aucun bruit, ils retirèrent leurs chaussures en bas des marches avant de monter, éclairant les escaliers de leurs baguettes magiques.

« Tout le monde est déjà parti, chuchota Harry.

— Juste Hagrid, répondit Ginny sur le même ton. Les autres dorment tous ici.

— D'ailleurs, ça faisait des histoires avec Fleur, l'autre jour, précisa Ron. Tu n'as pas entendu ?

— Non, quel est le problème ?

— Maman refuse qu'elle et Bill partage une chambre lorsqu'ils sont ici.

— C'est ridicule », renifla Ginny.

Ils arrivèrent au deuxième étage, là où les filles avaient leur chambre. Harry embrassa Ginny pendant que Ron embrassait Hermione, évitant soigneusement de regarder sa sœur et son meilleur ami. Ensuite les deux jeunes hommes poursuivirent leur ascension seuls jusqu'au troisième étage où ils couchaient.

« C'est agréable, non ? »

Harry opina. Il savait de quoi parlait Ron sans avoir besoin de poser la question. Lui aussi songeait souvent à la période paisible qu'ils traversaient. Il avait d'ailleurs parfois l'impression que tout était trop beau être vrai et que ça ne durerait pas. En dix-huit ans, il ne s'était jamais senti aussi tranquille. Et le ciel au-dessus de sa tête n'avait jamais été aussi bleu.

« J'ai du mal à le croire », avoua-t-il, toujours à voix basse.

Ron s'immobilisa, remonta la lueur de sa baguette sur leurs visages.

« Moi aussi, de temps en temps. Après tout ça… »

Sa main trembla et la lumière retomba sur leurs pieds.

« La nuit surtout. Maintenant que tes cauchemars ne sont plus que des cauchemars », murmura-t-il.

Harry revit brusquement la bouche de Voldemort remuer devant lui. Il frissonna tandis que l'image se dissipait. Il dansa d'un pied sur l'autre, se frottant nerveusement les bras.

« Désolé. J'essayais pourtant de ne pas te réveiller.

— Non, c'est rien. Je ne dirais pas que c'est « normal »…Mais c'est humain, non ? »

Ron n'attendait pas de réponse et Harry n'en donna pas. Ils montèrent les trois dernières marches puis Ron éteignit consciencieusement sa baguette.

« Je ne voudrais pas réveiller George, dit-il à Harry d'un ton grave.

— Tu as raison. »

Depuis presque trois mois qu'il vivait au Terrier, Harry n'avait dû apercevoir George Weasley que deux ou trois fois.

Ils passèrent devant la porte de sa chambre sur la pointe des orteils et entrèrent dans la leur, juste à côté. Une fois le battant clos, ils purent allumer le plafonnier.

Quand il avait retrouvé la chambre de Ron, la première fois après la mort de Voldemort, Harry avait pensé quelque chose d'étrange. Tout était exactement comme à leur départ : les posters des Canons de Chudley, le vieux lit moelleux et les murs orange vif. La pièce était identique à celle qu'ils avaient laissée en partant à la recherche des Horcruxes. A l'extérieur, tout avait changé, le monde s'était transformé. Même à l'intérieur d'eux-mêmes, tout était différent. Mais cette chambre, elle, n'avait pas changé. L'idée de revenir y dormir avait donné à Harry, l'espace de quelques instants, l'impression que la boucle était bouclée.

Ron se débarrassa de son T-shirt et le jeta dans un coin, à même le sol, avant de se laisser lourdement tomber sur son lit.

« Je vais faire un tour à la douche, dit Harry. A moins que tu ne veuilles… ?

— Non, c'est bon, j'irais après. »

Harry prit son pyjama sur l'une des étagères de Ron et retourna lentement sur le palier pour rejoindre la minuscule salle d'eau. Il se brossa d'abord les dents avant de s'enfermer dans la petite cabine de douche. Il s'efforça de faire vite. Il profita du fait que ses cheveux soient mouillés pour les coiffer un peu. A son retour, en repassant devant la chambre de Georges, il remarqua que, cette fois, des rais de lumière filtraient de dessous la porte. Il se demanda si c'était lui qui l'avait réveillé et il hésita à frapper pour s'excuser. Finalement, il renonça.

Comme prétexte, il se dit qu'il n'allait pas le déranger plus. En vérité, il n'était pas certain d'avoir la force de se trouver face à lui.

Dans leur chambre, Ron s'était endormi, en travers de son lit, encore vêtu de son pantalon et de ses chaussettes. Un sourire furtif glissa sur les lèvres d'Harry en le voyant ainsi et il alla fermer les volets.

En se penchant par la fenêtre pour les attraper, il vit Coquecigrue et Errol, les hiboux de la maison, qui revenaient de la chasse, leurs proies entre leurs serres. Il jeta également un coup d'œil à la grosse lune ronde. Du haut de ses millénaires, elle semblait veiller sur eux, comme un parent très âgé. Etonnamment, à cette réflexion, une nouvelle vague de paix monta doucement dans sa poitrine. Malgré lui, il lâcha le volet, se contentant de respirer l'air vif de la nuit. Il se sentit comme plus pur à l'intérieur.

Ron laissa échapper un bruyant ronflement. Harry se secoua, acheva sa manœuvre et se retourna vers l'intérieur. Il alla éteindre la lumière avant de s'allonger sur le matelas de camping sur lequel il dormait. Il retira ses lunettes et les posa sur une pile de magazines, qui ployait dangereusement au-dessus de lui.

Il resta un long moment les yeux ouverts dans le noir à songer à toutes sortes de choses. Il aurait voulu rêvasser à la belle journée qu'il venait de vivre mais les Procès Noirs revinrent lui tenailler le ventre, leurs dents plus pointues que jamais. D'ici quelques heures, il serait au Ministère, face à ses ennemis, et que dirait-il ? Il y réfléchissait depuis des semaines, il avait bien ébauché un ou deux « témoignages », mais il savait que ce ne serait pas suffisant. Il se passa les mains sur le visage. Il y avait certes peu de risques pour que les Mangemorts réussissent à convaincre qui que ce soit dans l'assemblée de leur innocence néanmoins le Ministre avait fait le serment que chaque déclaration serait écoutée. Harry connaissait très, voire trop, bien certains des accusés et il éprouvait quelques craintes à l'égard de quelques-uns d'entre eux.

On espérait tellement des Procès Noirs. Harry pensait à toutes les familles déchirées comme l'était celle des Weasley, anéantie par la mort de Fred. La mort de Fred…Elle créait mille malaises quand l'évocation de vieux souvenirs la faisait surgir quand on ne s'y attendait pas. Elle avait transpercée chacun d'entre eux de part en part. Ron, qu'il avait entendu plus d'une fois pleurer dans la salle de bains. Ginny, qu'il avait tant serrée contre lui pour épancher la souffrance. Mrs et Mr Weasley, les parents qui survivaient à leur enfant. Et George…George qui restait enfermé dans sa chambre et qui ne parlait à personne. George qui restait seul avec son chagrin. Et toutes ces familles, à l'image de celle qui l'avait adopté, attendaient réparation des Procès Noirs. Mais un procès, ce n'est qu'un procès, pensait Harry. Cette bataille, peu importe le courage et la noblesse avec lesquels elle serait menée, elle était perdue d'avance.


En sortant de la salle de bains, Harry croisa Mrs Weasley sur le palier. Elle montait sans doute voir George puisqu'elle portait une assiette de toasts. Harry se doutait que, comme chaque matin, George ignorerait ses appels et qu'elle redescendrait avec les aliments. Il supposait que George avait trouvé un autre moyen de se nourrir que de faire face à sa mère.

« Ah, bonjour Harry. Est-ce que Ron aussi est levé ?

— Oui. On a tout juste fini de se préparer, on va descendre déjeuner.

— Très bien. Juste une dernière question, le rappela-t-elle alors qu'il posait la main sur la poignée de la porte. A quelle heure vas-tu au Ministère ?

— Oh, je vais à l'ouverture, pour treize heures.

— D'accord, merci. »

Elle replia les doigts et alla frapper à la porte de George tandis qu'Harry retournait dans sa chambre.

Il trouva Ron occupé à jouer avec sa boîte aux mille malices. Enfin, jouer était un bien grand mot. Ron ne paraissait pas s'amuser beaucoup : il avait les sourcils froncés et la mine boudeuse.

« Du nouveau ? demanda Harry.

— Non, grommela Ron. Absolument rien. J'ai testé pleins de formules pourtant. Je ne sais plus quoi inventer.

— Danse en slip de bain sur « Un chaudron plein de passion », suggéra malicieusement Harry.

Ron le fusilla du regard et lui lança la boîte d'un geste brusque. Heureusement, Harry la rattrapa habilement.

« Danse toi-même. C'est ta boîte après tout.

— Je sais, fit Harry avec un sourire. Mais je ne suis pas pressé. J'ai toute la vie pour découvrir les mille malices. Bon, tu veux descendre petit-déjeuner ?

— Bof, pas très faim après hier. Mais on peut rejoindre les filles. »

Harry acquiesça et posa la boîte sur une étagère avant de sortir sur le palier. Ils passèrent devant Mrs Weasley qui faisait un tour dans la salle de bains, comme si elle espérait que George joue à cache-cache avec le rideau de douche. Ni lui ni Ron ne firent de commentaires et ils descendirent l'escalier d'un pas lourd.

Hermione et Ginny étaient déjà dans la cuisine. Hermione était plongée dans un énorme livre poussiéreux qu'Harry imagina un instant être La Grande Histoire des Lois des Sorciers de Grande Bretagne, le cadeau de Percy, avant de se rappeler qu'il existait d'autres livres tout aussi énormes et ennuyeux. Ginny, elle, feuilletait Sorcière Hebdo d'un air désintéressé tout en grignotant une tablette de chocolat.

« Quelle ambiance, ce matin », dit Harry en prenant des toasts dans une assiette encore chaude.

Ginny releva la tête de son magazine avec un sourire. Elle était vraiment mignonne comme ça, avec son petit visage encore froissé par le manque de sommeil, et Harry l'embrassa sur la joue en passant. Ron se laissa tomber sur la chaise à côté d'Hermione.

Il tartina du beurre sur deux toasts, commença à grignoter l'un puis alla se servir du café. Il remplissait une tasse, debout devant le plan de travail, quand Hermione s'écria :

« Regardez ! »

Elle pointait du doigt la fenêtre qui faisait face à Harry. Celui-ci scruta le ciel et remarqua quatre hiboux qui volaient majestueusement dans le ciel bleu.

« Encore du courrier d'anniversaire pour Harry, fit Ginny. Des hiboux en retard.

— Non...On dirait les hiboux de Poudlard, dit-il en plissant les yeux.

— Mais Ginny est la seule personne scolarisée dans cette maison, remarqua Ron.

— Il y a dû avoir erreur, supposa Harry.

— C'est impossible ! »

Harry s'empressa d'ouvrir la fenêtre et les oiseaux s'engouffrèrent dans la cuisine. Ils déposèrent quatre enveloppes sur la table avant de repartir aussi vite qu'ils étaient venus. Harry se demanda s'il n'avait pas halluciné.

« Ce n'est pas une erreur. Il y a aussi vos noms. »

Ginny fit la distribution des enveloppes à chacun. Le papier blanc portait bien la marque de l'école Poudlard. Harry regarda les autres, profondément surpris. Hermione elle-même semblait n'avoir aucune idée de la raison de ces courriers.

« La seule façon de savoir, c'est d'ouvrir », dit Ron, en réponse à la question muette qui flottait dans la pièce.

Harry décacheta son enveloppe et lut la lettre qu'elle contenait :

COLLEGE POUDLARD, ECOLE DE SORCELLERIE

Directrice : Minerva McGonagall

Animagus reconnue par le Ministère de la Magie, Docteur ès Métamorphose, Docteur ès Sortilèges.

Cher Mr Potter,

Nous avons le plaisir de vous informer qu'à la suite des événements peu ordinaires de l'année écoulée, le collège Poudlard offre à tous les élèves de dix-sept ans ou plus de revenir achever leurs études au château. Le programme permettra d'obtenir des diplômes d'ASPIC redéfinis à un niveau supérieur aux années précédentes. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité ainsi qu'une note d'explications complémentaires.

La rentrée aura lieu le 1er septembre.

Veuillez croire, cher Mr Potter, en l'expression de nos sentiments distingués.

Filius Flitwick,

Directeur adjoint

Harry roula le parchemin et remarqua que deux autres pages restaient dans l'enveloppe. Il les sortit et, laissant de côté les fournitures, il parcourut hâtivement la brochure explicative.

La huitième année du collège Poudlard : une opportunité à saisir !

Si la guerre ne vous a pas laissé le temps de passer vos examens, le collège Poudlard vous offre la possibilité de vous réinscrire pour une ultime année d'apprentissage. Voici une liste non-exhaustive des offres d'études :

Poursuivez l'étude de vos matières en approfondissement

Découvrez en option de nouvelles disciplines : la Législation Magique, l'Economie Sorcière, l'Analyse de l'Actualité Magique, l'Art de la Négociation Inter-Espèces, l'Etude de la Culture Magique, les Ateliers d'Ecriture, l'Initiation aux Sortilèges Médicaux ainsi que l'Etude Magique Avancée (création de nouveaux sortilèges, études d'objets magiques et de leur fonctionnement, etc.)

Préparez-vous aux concours d'entrée de la Faculté des Médicomages, de l'Université d'Administrations Sorcières ou à l'entretien du Ministère de la Magie ainsi qu'à l'entrée à l'Ecole des Aurors.

Passez enfin vos Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante dans les matières choisies (nous rappelons que ce niveau de diplôme est le minimum requis pour entrer dans les principales institutions magiques).

« On dirait que c'est…, commença Harry en relevant les yeux des feuilles.

— C'est vraiment une offre merveilleuse ! s'exclama Hermione. Toutes les options semblent tellement intéressantes ! Oh vraiment, j'ai hâte d'y être ! »

Elle avait le regard brillant quand elle se tourna vers eux. Cependant son visage s'assombrit en voyant leurs expressions.

« Quoi ? Vous ne voulez pas retourner à Poudlard une dernière fois ?

— Bah, tu sais, je projetais le Ministère de la Magie, les Aurors, hum, tout ça, fit Harry, mal à l'aise, les yeux rivés par terre.

— Et tu penses que le Ministre t'embauchera comme ça, sans aucun diplôme ? L'expérience, ce n'est pas tout ! Harry, ce n'est pas parce que nous avons détruit les Horcruxes de Voldemort qu'il faut nous croire supérieurs aux études ! Nous avons encore beaucoup à apprendre !

— Je n'ai jamais dit ça, protesta Harry, vexé qu'elle puisse penser qu'il se croit supérieur à quoi que ce soit.

— Et toi, Ron, j'imagine que tu es d'accord avec lui ? »

Ron jugea plus prudent de garder le silence mais son visage en disait long.

« Vous êtes incroyables ! » jeta Hermione.

Elle fit claquer ses papiers contre la table puis, furieuse, elle remonta dans son chambre. Harry, Ron et Ginny restèrent un moment dans un silence pesant. Harry regarda le plafond, la fenêtre, ses pieds, sa lettre.

« Et toi, Ginny, tu es contente d'aller en septième année ? demanda-t-il finalement, d'une voix fausse et étrangère.

— Laisse tomber, Harry », lui dit-elle gentiment.

Elle se mit sur la pointe des pieds, l'embrassa sur le front et se mit à ranger un peu la pièce. Harry but une gorgée de son café. Il était froid.