Leurs crocs continuent de m'arracher les membres, mais doucement, laissant mon sang se répandre autour de moi, faisant de mon agonie la plus lente et douloureuse possible. Je regrette alors de porter cette armure, sans elle, je serai déjà mort depuis longtemps. Je gémis, mon sang gicle sur mon visage ainsi que sur leurs gueules grandes ouvertes. Je ne peux plus bouger, mon corps ne trouve plus la force de se débattre. Mon esprit a abandonné, mon corps n'est plus en mesure de riposter, et pourtant, je suis toujours là, à être écorché vif par leurs dents acérées. Ma chair devient lambeau, je sens mes os se briser sous leur coup, mon coeur me torture la poitrine tellement il bat fort, et mes poumons respirent le grand air en même temps que je hurle de douleur. Mes hurlements ne sont plus que des sanglots, mes larmes ont coulé sans que je ne m'en aperçoive, et je suis secoué de terrible sanglot. Mon corps est ébranlé par des soubresauts incontrôlables. Je gémis. La douleur est si intense que je ne la sens plus que de temps en temps, juste au moment où leurs crocs viennent se planter assez profondément pour que je ressente l'émail de leurs dents me déchirer la chair et les muscles dans un bain de sang qui se répand autour de moi. Je ressens la chaleur du liquide rouge, en même temps que le froid de la nuit. Ma vue se brouille à cause des larmes. À ce moment, je ne pense plus qu'à une chose. Mourir. Mourir pour la rejoindre, elle, Glimmer, et alors que je gémis de douleur, je repense à tout ce qu'il s'est passé depuis le jour où j'ai croisé son regard jusqu'à cet instant où on est en train de me tuer mais que je ne meurs pas. Je ferme les yeux, et me laisse guider par le flot de souvenirs qui m'envahit.

Je regardais Clove à mes côtés. Elle me souriait gaiment comme pour me dire « On y est ! Enfin... » Je la trouvais resplendissante. Jamais je n'avais eu l'occasion de l'admirer dans d'aussi beaux vêtements. Nos tenues étaient à l'effigie de nos districts, et il fallait que nous les méttions en valeur lors de la parade. Notre chariot s'élança à la suite de celui du premier district. La foule nous acclama et je saluai les gens du Capitole en arborant un de mes sourires les plus convaincants. Clove en faisait de même de son côté. Je ne vis pas le temps passer, le chariot bougeait, mais mon esprit était ailleurs. Il s'était perdu au milieu des cris de joie de la foule. Je m'imaginais déjà les mêmes personnes me féliciter de mon courage, ma force et ma détermination lors de mon retour de l'arène. Ainsi le tour du Grand Cirque se passa aussi vite que je n'eus même pas assez de temps pour savourer ce moment que j'attendais depuis que j'étais en âge de participer aux Hunger Games. J'avais tellement attendu ce jour et je regrettais lors de l'arrêt du chariot que cela ne dure pas plus longtemps. Je regardais à nouveau ma congénère et la considérais un instant plongeant mon regard dans le sien. Je voyais dans ses yeux la flamme de l'envie et de l'admiration « Oui, nous y sommes, enfin... » Je lui souris, mon regard reflétant le même désir que le sien : celui d'entrer dans l'arène.

Je relevais les yeux de ma partenaire pour regarder le président Snow faire son discours. Cependant, je lui souris un instant de trop, car au moment où mes yeux se détachèrent de Clove, ils s'attardèrent sur une autre paire d'yeux que je trouvais d'une beauté à couper le souffle. Ces iris étaient d'un vert éclatant à la fois d'arrogance et de timidité. Je fus captivé par la couleur étonnante de ces yeux merveilleux, je n'arrivais plus à m'en détacher, et son regard me transperçait de part en part. Mon coeur battait plus fort contre ma cage thoracique, et je sentis mes lèvres se fendirent dans un sourire chaleureux, s'abandonnant à la beauté de cette personne. Sourire qu'elle me rendit avec légèreté et allégresse. Ses cheveux blonds tombaient en cascade sur ses épaules, la rendant encore plus attrayante. L'éclat des mille bijoux qui ornaient sa peau argentée faisait briller ses yeux déjà éblouissants par leur couleur étonnante. Les minutes s'écoulaient et aucun de nous deux ne cessa de contempler l'autre, c'était comme si pour nous, le temps s'était arrêté à l'instant où nous avions posé le regard sur l'autre. J'avais envie de prendre son visage entre mes mains, de sentir la chaleur humaine émanant de son corps, de glisser mes doigts dans l'enchevêtrement de ses cheveux dorés, j'étais soudainement attiré par cette fille que je ne connaissais pas. Soudain, les chariots se remirent en route, et je quittais instantanément son regard. Cependant cela me fit remarquer le numéro de son district, mon sourire s'élargit alors. Ainsi, nous allions être proche pendant quelque temps. Car il était évident que nous, tributs du deuxième district, allions nous allier à ceux du premier district dont la merveilleuse créature aux cheveux d'ange et aux yeux verts flamboyants faisait partie. Cela ne fit qu'attiser mon envie de me rendre directement dans l'arène, juste pour la sentir proche de moi. Dès le lendemain, j'allais pouvoir la voir et lui parler. Finalement, le temps pouvait passer aussi vite qu'il le désirait, à cet instant, je n'avais qu'une seule envie, replonger dans les merveilles de ses pupilles. Alors je reprenais mes mouvements de mains pour saluer la foule en délire, je tentais en vain de retrouver le nom de cette charmante jeune fille, qui, maintenant que j'y repensais, s'était également portée volontaire pour le district un. Son nom ne m'était toujours pas revenu lorsque nous arrivâmes dans le Centre d'entraînement. Aussitôt, Clove s'exclama :

─ Non mais tu les as vus ceux-là ?

Elle me fait un signe de la tête en direction des deux tributs du district Douze. Je fis volteface et aperçus les deux tributs dans leur tenue de cuir noir, leurs capes orange virevoltaient derrière eux tandis qu'ils étaient rejoints par leur mentor, responsable et stylistes. Le visage de la fille m'était restée en mémoire depuis que je l'avais vue à la télévision se porter volontaire pour sa petite soeur, pathétique. Elle regardait tout autour d'elle, je croisai son regard pendant un instant, je la toisai et mon arrogance prit le dessus sur mon impassibilité pour lui faire comprendre qu'elle n'avait aucune chance contre nous. Elle détourna le regard vers les autres tributs et je remarquai que ces derniers les dévisageaient, elle et son partenaire. Ils étaient au centre de l'intention de tous, mais pas le mien, je cherchai du regard la belle blonde du district un. Lorsque je la revis, elle me sourit, et alors que j'étais prêt à lui rendre son sourire chaleureux, je sentis soudainement un poing me frappait le bras. Je me retournais vivement et croisais le regard hargneux de Clove.

─ Je te rapelle qu'on n'est pas venu pour se faire des amis, me chuchote-t-elle.

Elle dévisagea la blonde qui s'éloignait, et notre équipe suivit celle du district Un, ainsi je pus continuer de contempler sa démarche fabuleuse tout en discutant avec Clove, apparemment très énervée de ne pas avoir été aussi remarquée par la foule qui n'avait d'yeux que pour le district Douze. Mais bon, j'étais alors persuadé qu'une fois dans l'arène, je ne ferais qu'une bouchée de ces deux vermisseaux.

Le lendemain, nous nous rendîmes à la Salle d'entraînement. Les deux tributs du district Un, Clove et moi-même étions les premiers arrivés, c'était donc instinctivement que l'on s'est rejoint, formant un groupe inspirant la terreur. Glimmer, c'est ainsi qu'elle se nommait, la jolie blonde, n'arborait plus son sourire timide et bienveillant de la veille. Elle avait opté pour un sourire bien plus arrogant qu'elle réservait aux arrivants, les tributs des autres districts. On les dévisagea en toute impunité, les intimidant de nos physiques bien plus qualifiés pour les jeux que les leurs, tous des maigrichons, tremblants et maladroits. Ils me faisait rire et je m'esclaffais silencieusement en m'imaginant leur souffrance lorsque je les tuerais. Les autres carrières m'imitèrent, et je laissais mon regard se dirigeait vers Glimmer. Elle aussi riait doucement. Son regard terrifiait les autres tributs, j'aperçus même une fille d'un district quelconque se raidir en ravalant sa salive en croisant le regard de la blonde. Je souris à cette vue. Enfin, les deux derniers arrivèrent. Les tributs du district Douze. Tout le monde se retourna vers eux, pendant qu'on leur attachait un "douze" sur leur chemise, les autres tributs les dévisageaient encore jaloux par l'effet qu'ils avaient eu dans leur costume de feu la veille. Clove, tout particulièrement, gronda de plus belle en les suivant du regard. Ils intégrèrent le cercle formé par tous les tributs et la chef commença son discours à dormir debout. Pendant ce temps, Clove continuait de fixer la fille du district Douze, son regard remplit de mépris et d'envie de meurtre, sérieusement, je ne l'avais jamais vu aussi en colère que depuis qu'elle avait vu que ces deux tributs avaient fait plus d'effet au Capitole qu'elle.

─ Calme-toi Clove, de toute façon, ils n'auront aucune chance dans l'arène, lui soufflai-je discrètement.

─ Ce n'est pas ce que tu crois, je m'imaginais juste lui envoyer une bonne dizaine de couteau dans le visage, me répond t-elle en souriant malicieusement. Oh non, j'ai une meilleure idée ! On pourrait les brûler, elle et son partenaire ? Ça ferait un bon clin d'œil à leur tenue d'hier. Je m'en réjouis d'avance.

─ Plus que quelques jours à attendre...

Nous étions tellement impatients d'entrer dans l'arène, de sentir l'odeur de leur sang, et le liquide se répandre sur nos mains. Je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais rêvé de mon entrée dans l'arène, du massacre qui suivrait juste après que le gong ait sonné le début des jeux. Le discours terminé, je me ruais littéralement sur les épées et mes "amis" prirent en main des armes effrayantes que nous manions avec aisance. Je prenais plaisir à observer les regards effrayés des autres tributs, un spectacle merveilleux. Notre but était simple les intimider au point qu'ils en cauchemardent la nuit, au point qu'ils en vomissent de terreur, qu'ils tremblent comme des feuilles, qu'ils perdent tout espoir de gagner. Quoi qu'il advienne, jamais il ne devait croire qui leur était possible de nous échapper. Clove fit une magnifique démonstration de ses capacités de lanceuses de couteaux, aucun de ceux qu'elle lança ne rata sa cible. Glimmer fit une démonstration de ses talents d'agilité, elle passait de branche en branche comme une plume, elle semblait voler. Son parcours terminé, je me surpris à la féliciter tandis qu'elle défiait avec arrogance les autres tributs. Elle me considéra du regard suite à mes félicitations et me remerciait dans un sourire à la fois malicieux et timide. Ses joues s'empourprèrent légèrement, je souris à cette vue, et me retournai pour reprendre mon combat.

Trois jours passèrent, et nous, tributs de carrière comme on nous surnommait dans les autres districts, apprenions à nous connaître, notamment sur les capacités de chacun, et déjà, nous essayions de créer des plans dès que nous en avions l'occasion. Même si l'aspect de l'arène nous échappait encore, nous étions persuadés que peu importaient les circonstances, l'un de nous serait vainqueur, en l'occurrence, JE serai le vainqueur. Même si nous nous parlions très peu, Glimmer et moi nous rapprochions l'un de l'autre à notre manière. Un langage oculaire ? Nos yeux ne cessaient jamais de se chercher, et une fois trouver, nous avions du mal à séparer le lien qui unissait nos regards même s'ils étaient parfois arrogants, et bizarrement, j'aimais ça. J'aimais ses regards malfaisants et hautains, elle me défiait en quelque sorte de tenir le plus longtemps possible, chose que je me délectais de faire. Pendant ces moments, je désirais que le temps cessât, pour que je puisse admirer ces deux émeraudes qui étincelaient sur ce visage déterminé, et d'une beauté inimaginable, pendant des heures durant sans jamais m'arrêter.

Après notre passage devant les juges, Clove, moi, et nos responsables se retrouvèrent dans le salon de nos appartements, nos regards étaient braqués sur la télévision. J'avais faits un carton lors de mon passage, je savais d'ores et déjà que la note que l'on allait m'attribuer serait constituée de deux chiffres plutôt qu'un. J'avais mis mes qualités en matière d'adresse au combat à l'épée en avant, et mes aptitudes physiques avaient été remarqué par l'ensemble des juges. Je ne me faisais pas de souci pour ce que j'allais voir à l'écran, cependant je me montrais tout de même curieux, curieux de connaître les notes des autres tributs, de qui fallait-il se méfier -le mot était peut-être un peu fort- ? Qui allait être nos premières victimes ? À côté de moi, Clove stressait davantage. Elle était assez sûre de ses capacités, mais elle avait une fâcheuse tendance à prendre trop à coeur chaque évènement. Soudain, la télévision s'illumina, et nous la regardions avec un peu plus d'attention que lorsqu'elle était éteinte. Le visage de Marvel, le garçon du district Un, s'afficha ainsi que son score de 10. Son visage s'effaça pour laisser apparaître à l'écran, le gracieux et arrogant visage de Glimmer. Ses yeux verts ressortaient sur l'écran, si Clove n'avait pas grommelé la note de Glimmer, je ne l'aurai jamais su car mes yeux avaient été captivé par ceux de la blonde à travers l'écran. Même sur un écran, je ne pouvais m'empêcher d'être comme... attiré ? par son regard. Ainsi elle avait obtenu un 9. Ma propre image apparue à l'écran et sans surprise, je vis le nombre 10 s'afficher. On me félicita, et je souris. Clove obtient un 10, et je la vis souriante, fière d'elle. Je souris à cette vue. Je regardais les autres scores sans trop intérêt lorsque arriva le district douze. Autant le huit obtenu par le garçon ne me surprit qu'à moitié vu sa carrure, même si elle était moins développée que la mienne elle restait tout de même assez forte et robuste, mais le score de la fille me laissa perplexe, mes yeux écarquillés face au nombre de 11 qu'affiche l'écran en même temps que le visage pâle de cette fille. Cela mit en rogne Clove, et alors que tout le monde se taisait, surpris par les résultats des deux derniers tributs, elle se leva furibonde et cria :

─ Je vais me la faire cette conn*sse ! Je suis sûre qu'elle ne le mérite pas son onze !

Elle sortit du salon pour prendre l'air sur le balcon. Quelqu'un la gronda pour son impolitesse mais elle n'entendait déjà plus. Je me levais à mon tour pour la rejoindre. Sur le balcon, Clove respirait le grand air pour se calmer. Elle regardait l'horizon, le soleil se couchait. Ses cheveux bruns virevoltaient et s'emmêlaient à cause de la légère brise qui nous rafraichissait. Je m'adossais au balcon, mes mains s'appuyant sur le rebord, et la fixais du regard. Elle ne daignait point me regarder, alors je l'appelais :

─ Clove ! fis-je assez fortement mais elle ne se tournait toujours pas. Eh, regarde-moi ! lui ordonnai-je.

Elle se tourna d'un air las et nonchalant. Je la regardais dans les yeux et vis les bords de ces derniers baigner de larmes. Je ne l'avais jamais vu dans cet état, même quand nous étions encore jeune, que je l'apercevais s'entraîner, qu'elle se blessait et qu'elle avait mal. Jamais je n'avais vu Clove pleurait. Ma rage envers cette fille du douze ne fit que décupler. Je serais le poing à m'en faire saigner les paumes des mains, et grommelais des injures envers elle.

─ Ne t'en fais pas Clove, on lui fera payer cet affront, je te le promets, lui dis-je en la regardant dans les yeux.

─ Elle va connaître le sens du mot souffrir, ricana Clove en essuyant des larmes qui se mettaient à couler d'elles-mêmes.

─ On n'en fera qu'une bouchée.

Elle sourit et je fus heureux de retrouver la Clove déterminée que je connaissais. Elle me lança un regard du coin de l'oeil avant de retourner à sa contemplation du ciel. Je restais à ses côtés. Nous étions silencieux et à travers la vitre je voyais nos responsables qui n'osaient pas nous déranger. Malgré nos apparences de brutes, nous étions proches, nous, les carrières. Certes, lorsqu'il allait falloir s'entretuer nous allions être sans pitié, mais c'était dans notre nature de nous comporter ainsi, il y avait les Hunger Games du début où tous ensemble nous combattions les plus faibles, et les Hunger Games de la fin où nous oublions notre passé, nos sentiments pour affronter ceux que nous avions côtoyer. Malgré moi, je me surpris à penser que j'aimerais ne pas avoir à tuer Clove, et encore moins Glimmer, mais je chassais de mon esprit cette idée. Je me retournais à nouveau vers Clove et à ma plus grande surprise, elle pleurait d'avantage encore que tout à l'heure, ses larmes avaient redoublé d'intensité, et sa respiration était saccadée à cause des sanglots qui faisaient trembler son corps.

─ Eh Clove, qu'est-ce qu'il t'arrive ? lui demandai-je surpris par ses innombrables sanglots.

─ Rien, je t'assure... tout va... bien.

─ Laisse-moi rire, raillai-je. Qu'est ce qu'il y a ?

Clove ne me regardait plus et évitait mon regard. Je voulais parler franchement avec elle et pour cela j'avais besoin de la regarder dans les yeux, mais elle me fuyait. Que lui arrivait-il ?

─ C'est encore à cause de cette fille ? lui demandai-je, de plus en plus inquiet.

─ Non.

─ Alors c'est autre chose ? C'est ta note c'est ça ? insistai-je mais elle gardait le silence, je repris, pensant que son score était la raison de son mal être. Ne t'en fait pas, on s'en fiche de ça. L'important c'est ce qu'il se passera dans l'arène, avec ou sans sponsor, nous vaincrons.

─ Mouais, fis t-elle dans un sourire.

Je la regardais encore. Je n'arrivais pas à croire que Clove soit si susceptible. Voyant mon regard surpris et blasé, elle garda le silence. Elle ne pleurait plus mais ses joues étaient inondées de larmes. Je la vis frissonner à nouveau suite à un coup de vent. Instinctivement, je la pris dans mes bras, et je posais sa tête contre mon torse.

─ Ne pense pas à ça, tu t'en fiches.

─ Tu penses qu'elle est meilleure que moi, c'est ça ? Je suis sûre que tu me prends pour une moins que rien, que cette fille est meilleure que moi non ? Ne me l'a fait pas à moi, ça fait presque cinq ans que je t'observe tous les jours, je te connais pas coeur.

─ J'ai jamais dit qu'elle était meil-

Je prends conscience de ce qu'elle vient d'avouer sous le coup de la colère et interromps ma phrase. M'observer ? Tous les jours ? Je ne connaissais même pas son nom avant la moisson. Certes je l'avais déjà croisée, mais pas autant qu'elle apparemment... Lorsque je voulus me détacher d'elle pour la regarder dans les yeux et essayer de comprendre ce que ses mots voulaient dire, elle se serra plus fort contre moi, et me chuchota :

─ Oublie, oublie tout ce que j'ai dit, ça n'a pas d'importance. Bientôt nous serons dans l'arène et on va tous les exterminer, me dit-elle d'une voix assurée et agressive.

Elle desserra son étreinte, me lança un regard empli, à la fois d'arrogance et de détermination, et se dirigea vers la porte pour rentrer. Avant d'ouvrir la porte, elle se retourna vers moi et me sourit d'un air provocateur. Je répondis à son appel dévastateur et lui dis :

─ On va tous les massacrer !

Clove rit et ouvrit la porte. Je la suivis à l'intérieur, il se faisait tard alors nous sommes allés chacun dans notre chambre. Je me suis faufilé dans les doux draps du lit, et me suis endormi rapidement, repensant à la conversation que j'avais eue avec Clove. Avant de sombrer dans un sommeil profond, je décidais de suivre son conseil et oubliais ce qu'elle avait dit à mon propos.

Cette nuit-là, je rêvais pour la première fois de Glimmer.

C'en suivit une journée sans importance où nous préparâmes nos interviews du lendemain. C'était ennuyant, Clove et moi savions parfaitement ce que nous devions faire : se faire remarquer. Le temps en l'absence d'entraînement, et je dois l'avouer, en l'absence de Glimmer, passait, me semblait-il, beaucoup plus lentement que les jours précédents. Je m'ennuyais à mourir. Heureusement, la journée suivante fut plus énergique. Les préparateurs s'affairaient autour de nous pour nous rendre les plus beaux possible. La robe de Clove était tout simplement sublime et il me semblait être assez élégant dans mon costume. De ce fait, la journée passa plus rapidement que la précédente et Clove et moi prîmes l'ascenseur en compagnie de nos responsables, et enfin, nous nous rendîmes à proximité du plateau. Les tributs furent alignés les uns derrière les autres, les garçons de chaque district passaient après leur partenaire. Ainsi, le premier tribut a poser les pieds sur le plateau fut Glimmer. J'oubliais un moment comment respirer car sa beauté m'avait coupé le souffle, littéralement. Sa robe était transparente, tout le monde pouvait admirer les courbes parfaites de son corps, et les dorures faisaient refléter les lumières des projecteurs la rendant encore plus éblouissante. Devant moi, Clove fixait l'écran plutôt énervée, je ne préférais pas intervenir dans son caprice. Glimmer parlait avec aisance et joie. Sa robe ayant déjà fait la part de provocation qu'il fallait.

Ensuite ce fut le tour de Marvel qui s'en sortit à la perfection. Clove entra à son tour et je vis son visage se transformer de la fille râleuse et capricieuse, à la Clove déterminée et souriante pour amadouer le public. Son interview se passa sans problème, et elle fut applaudie par la foule. Je me préparais à monter et lorsque mon nom fut annoncé, je montais les marches d'un pas assuré. Je rejoignis Ceasar souriant et saluant la foule. Je m'installais confortablement sur le fauteuil destiné au tribut, et je portais toute mon attention sur Ceasar et ses questions. Mes réponses se montrèrent brutales et directes. Je n'allais pas y aller par quatre chemins, j'allais tous les exterminer et c'était bien ce que je comptais faire comprendre aux autres tributs tout comme j'espérais marquer les esprits de la foule par mon arrogance et ma force, ainsi, les sponsors opteraient pour mes aptitudes à gagner et ma rage de vaincre. Je me montrais très persuasif en insistant à chaque fois sur le fait que je ne ferais pas de cadeau à qui que ce soit, que quoiqu'il advienne je me battrais jusqu'au bout et qu'aucun autre tribut ne me faisait peur, j'étais prêt à tout pour gagner. Les trois minutes passèrent en un clin d'oeil, je m'assis à la place qui m'était destiné en jetant un bref regard vers Glimmer. Sa robe étincelait toujours de mille feux et elle souriait. Elle était ravissante, une beauté à l'état pur. Son regard perça le mien. Le vert de ses yeux me fit oublier le contexte pendant quelques secondes avant que je ne retrouvasse mes esprits et m'assis. À ce moment, je me rendis compte que mon coeur s'affolait et j'étais persuadé que la raison de ce bouleversement n'était pas les projecteurs ni Ceasar, mais bel et bien l'effet que Glimmer avait sur moi... Ses yeux me torturaient l'esprit. Elle me rendait complètement fou.

Perdu dans mes pensées, je ne vis plus le temps passer et bientôt arrivèrent sur le plateau les tributs du district douze. D'abord la fille, Katniss avait-il dit ? Je lui lançais un regard assassin tandis qu'elle ressemblait plus à une cruche qu'à autre chose lorsqu'elle répondait comme une idiote à Ceasar. Elle semblait tellement stupide et insouciante, sauf lorsqu'elle parla de sa soeur vers la fin. Soudainement, il me semblait qu'elle avait retrouvé son sérieux et sa dignité. Elle s'asseya à l'autre bout de la rangée de sièges et on appela Peeta Mellark, le tribut masculin du district Douze. D'abord, il joua la carte de l'humour mais ensuite, tous furent pris de cours par l'annonce inattendue qu'il fit. Je dévisageais à la fois Peeta et Katniss, cette dernière sembla tout aussi susprise que la foule et les tributs. Il l'aimait. Ce revirement de situation balançait toutes les autres interviews à la trappe, cela allait rester dans les annales mais surtout... dans la mémoire du Capitole et de tous ceux qui regardaient l'émission. Je jetais un coup d'oeil à Clove qui fulminait en silence sur son siège. Moi aussi, j'étais en colère et je serrai le poing de rage. Il allait nous le payer... Le payer de sa vie.

Cette nuit-là, je rêvais à nouveau de Glimmer. Je plongeais mon regard dans le vert de ses yeux. Je n'arrivais pas à m'en détacher, j'étais sous l'emprise de leur beauté. C'était comme s'ils m'hypnotisaient. En même temps, elle s'approchait de moi, dangereusement, d'une démarche provocante dans sa robe dorée. Je pouvais contempler sa peau blanche sous la transparence de sa robe, et les courbes magnifiques de ses hanches et de son corps. Elle arborait un sourire malicieux. Elle se mordait la lèvre inférieure. Elle posa ses mains sur mes épaules mais j'étais toujours prisonnier de ses émeraudes. Je n'arrivais pas à bouger, je ne pouvais pas contrôler mon corps. Elle approcha son visage du mien, bien trop prêt... Et là je me réveillais... Ce jour-là débutait les 74ème Hunger Games.