De retour pour le troisième Arc! Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s'agit de la suite de l'Arc de Raphaël, qui est lui-même la suite de l'Arc de Shinji. Je conseille de lire les deux autres avant si vous ne l'avez pas fait, histoire de vous y retrouver. Cet Arc rejoint directement les deux autres, alors...

Petit commentaire général par rapport à la fic: j'ai eu énormément de difficulté à personnifier Shotgun, beaucoup plus que pour les deux autres! En délire, j'adore la jouer, mais pour faire de l'introspection avec, c'est difficile, parce que je la considère un peu comme un joker. Et puis quand je la joue, elle est rarement confrontée à des situations aussi difficiles toute seule... Mais je crois qu'entre la fin de cette fic et le moment du Grand Délire, elle a pris un peu de maturité. Là elle doit se débattre avec elle-même, histoire de trouver la paix... elle finira bien par la trouver!

Encore une histoire sombre, dans ses thèmes, mais pas aussi dure que l'Arc de Raphaël. Je vais la mettre en T, si jamais vous croyez que je devrais changer le rating, vous m'en glisserez un mot.

Je rappelle les noms des persos...

Shinji - Le châtain qui se bat avec une rod, comme Reno. (Raison du nom: dans Last Order, Reno l'appelle Shin-Jin, le nouveau.)

Shotgun - La brunette à queue de cheval qui se bat... avec un shotgun! (Raison: rien d'autre ne peut lui aller! J'adore ce perso depuis Last Order...)

Lydia - La blonde qui ressemble à Elena (et qui est d'ailleurs sa soeur), qui se bat au revolver. (Raison: je l'ai vu sur DA, et je trouve ça approprié pour la soeur d'Elena.)

Ken - Celui avec les cheveux noirs coiffés bizarrement, qui se bat avec deux revolvers. (Raison: je voulais un nom américanisant pour lui.)

Cheny - La brune aux longs cheveux, qui se bat à mains nues en utilisant les arts martiaux. (Raison: Aucune en particulier, je cherchais un perso pour ce nom.)

Danny - Le grand baraqué, qui se bat aussi à mains nues. (Raison: ça va bien avec son apparence, je trouve...)

Tetsuyo - Celui avec les lunettes et une cicatrice, qui se bat avec un katana. (Raison: en fait c'est Wilya qui l'a trouvé...)

Cissnei - La petite rouquine qui se bat avec un shuriken du style de Yuffie. (Je n'ai pas inventé son nom, c'est celui qu'on retrouve dans Crisis Core. La seule qui a un nom officiel. Chère petite.)

Raphaël - Le petit mignon blond aux yeux bleus, qui se bat avec des nunchakus. (Raison: il a l'air d'un ange.)


-C'est pour aujourd'hui, Elena. Il va falloir que tu te prépares, non?

-Non.

La jeune fille, sur le lit. Elle est toujours en pyjama, le même depuis des jours. Je n'arrive pas à la faire manger, je n'arrive pas à m'occuper d'elle comme il le faudrait. Aide-moi, Lydia, aide-moi. Aide-moi à accomplir la tâche que tu m'as confiée. Aide-moi à la faire assister à ton enterrement aujourd'hui.

Quand je vois Elena, j'ai un peu mal : elle ressemble tant à Lydia ! Mais maintenant, Elena n'est que l'ombre d'elle-même. Et Lydia est un cadavre qu'il convient d'honorer.

Elena et Lydia se détestaient. Pour moi elles étaient deux amies, deux soleils qui réchauffaient mon âme. Elena, soleil timide d'un matin naissant ; soleil de joie et de découverte, soleil bavard, dansant et amoureux. Lydia, soleil du soir, doré, magnifique, et maintenant couché. Du côté de l'ombre et de la nuit éternelle.

Ne plus y penser. Ne pas laisser l'horreur envahir mon âme.

Je me secoue, puis je secoue Elena par les épaules. Elle me repousse avec humeur.

-Tu dois vraiment y aller, 'Lena. J'ai horreur de dire ça, mais… fais-le au moins pour tes parents !

-Comment veux-tu que j'y arrive pour d'autres, si par moi-même je n'arrive pas à m'y résoudre ?

-Et qu'est-ce qui t'empêche de t'y résoudre ?

Un long moment de silence et d'immobilité passa, lorsqu'elle se mit à pleurer. Elle s'accroche à moi et pleure sur mon épaule. Je passe mes mains dans son dos avec toute ma maladresse. Mais je suis contente qu'elle pleure enfin. Parce qu'elle est finalement réveillée.

Elle se confie à moi. Sa haine et son amour pour Lydia. Pour les Turks. Pour Tseng. Pour ses parents. Pour moi et Reno. Celle-là, quand elle commence à parler…

-Tu peux m'accorder une faveur ? me demande-t-elle au bout de ses larmes.

-Bien sûr, Elena. Je ferai n'importe quoi pour t'aider.

Alors je l'aide à se lever et à se vêtir de noir. Elle est maigre, elle tremble mais elle est déterminée alors qu'elle me tend une paire de ciseaux.

-Tu sais quoi faire.

Elle est assise devant moi, une serviette sur les épaules. Je défais les élastiques de ses cheveux, et j'y passe mes doigts pour les défaire. Ils lui arrivent au milieu du dos, ils sont lisses comme la rivière, blonds comme les blés. Je ne prends pas la peine de lui demander si elle est vraiment sûre et je coupe. Les longues mèches tombent sur le plancher de la chambre. Et plus il y a de mèches coupées, plus elle ressemble à Lydia. Je ne lui fais pas la même coupe qu'elle. Parce que ce n'est pas vraiment ce que veut Elena. Elena n'est pas Lydia, Elena est la sœur de Lydia, et Lydia n'est plus. Seul son souvenir peut nous revenir.

-Ça te va bien, dis-je après avoir fini, en lui tendant un miroir.

-Tu as raison…

Je passe le balai sur le plancher, alors qu'elle continue à fixer le miroir. Elle retient ses sanglots, et j'évite de la regarder.

OoOoO

Je n'étais pas là pour Lydia. Pourtant c'était son enterrement. Je n'étais pas là pour moi non plus. Je voulais enterrer sa mort au plus profond de mon cœur. J'étais donc là pour soutenir Elena. Un peu par obligation morale aussi.

Il y avait donc ce groupe de personnes en noir sous le ciel éternellement grisâtre de Junon. À part Raphaël, toujours à l'hôpital, et Danny, parti en mission urgente, tous les Turks étaient là. J'ai soudain constaté à quel point notre uniforme s'accordait bien à nos fonctions.

Elena se tenait entre ses deux parents. Ceux-ci ont été surpris de sa nouvelle coupe de cheveux, mais ils semblaient avoir compris. De toute façon, dans leur état, ils auraient accepté bien des choses. Le père de Lydia et d'Elena avait beau être haut placé dans la hiérarchie de Junon, comment ne pas être ébranlé par la mort d'une de ses filles ?

Le pasteur récitait quelques sombres passages du livre sacré. Je m'ennuyais royalement. Je me suis promis qu'après l'enterrement, j'irais boire un coup avec tout le monde, en nous rappelant les bons souvenirs. Histoire de lui rendre un vrai hommage en bonne et dûe forme. Bénir un cadavre est inutile. La faire revivre un peu en nos cœurs serait la vraie bénédiction qu'elle méritait.

J'ai pris la main de Shinji et j'ai commencé à jouer avec ses doigts, pour faire passer le temps. Toute cette grisaille et ces larmes commençaient à me tomber sur le moral. J'en étais au point où je me disais que j'aurais dû apporter un baladeur, lorsque le cercueil a enfin été mis en terre. J'ai jeté quelques poignées de terre humide et froide, et puis tout s'est rapidement terminé. J'ai pris Elena dans mes bras, donné quelques poignées de main, et voilà, c'était terminé, Lydia était en terre. La corvée était finie.

OoOoO

L'alcool coulait à flots. Le bon alcool, bien fort, bien sucré, bien froid. Mes sens s'endorment alors que ma conscience s'éclaircit. Les souvenirs aussi coulaient à flots. Et grâce à tous ces bons souvenirs, l'horreur de la mort de Lydia s'estompait, s'enterrait plus efficacement qu'à la cérémonie de l'après-midi.

Mais à la fin de la soirée, alors que dans le bar il ne restait que moi, Reno et Shinji qui végétait dans un coin, complètement soûl, il me sembla que les ténèbres envahissaient mon cœur à nouveau. Reno, qui ne me connaissait que trop bien, m'a demandé ce que j'avais.

-Ce serait facile de tout oublier, mais ce n'est pas ce que je veux, parce que j'aimais beaucoup Lydia, répondis-je. Mais me souvenir de tout, me… souvenir de sa mort… c'est au-dessus de mes forces. Seulement, oublier par sélection…

-Mouais, pas facile.

-Ah, mais pourquoi il a fallu qu'elle meure comme ça ?

Reno lâcha un petit rire, avant de répondre :

-Mais parce que c'est la vie ! Yo, personne y échappe, alors…

-Je sais, je sais, répondis-je d'un ton boudeur. Mais c'est quand même pas juste ! T'étais pas là, toi, tu sais pas à quel point c'était horrible !

Il me sembla alors – peut-être était-ce une hallucination à cause de tout l'alcool que j'avais ingurgité – sentir le poids du cadavre de Lydia sur moi, sa chaleur, l'humidité de son sang, la douce pâleur de sa peau. Je me secouai pour chasser de mon corps cette sensation désagréable.

-Non, je peux pas savoir, dit calmement Reno. Et j'y tiens pas particulièrement. Mais bon, elle était là et elle y est plus. J'y vois pas d'injustice, moi. J'y tiens pas du tout. Et je suis sûr qu'au fond de toi non plus tu veux pas que la mort soit injuste.

-Et pourquoi je voudrais pas ?

Reno vida sa quinzième bouteille de bière et la posa lourdement sur le comptoir du bar avant de me répondre, l'air sérieux :

-Parce que si la mort est injuste, parce que si être tué, avoir sa vie interrompue est un si grand drame, hé bien… toi et moi, on est parmi les plus grands créateurs d'injustice du monde. Combien de gens on a tué jusqu'à présent ? T'es capable de faire le compte ?

-C'est pas pareil ! Jamais je pousserais quelqu'un à…

-Oui c'est pareil, mais on n'y peut rien ! On rend des gens malheureux et d'autres heureux, parce qu'on tue. La façon dont on s'y prend n'a rien à y voir. Le bien et le mal sont des notions totalement relatives de toute façon. Alors il n'y a rien de totalement juste ou injuste, il n'y a que des choses qui se passent et qui nous affectent. L'absolu n'existe pas, et on ne contrôle pas grand-chose. Alors il vaut mieux ne pas s'en faire pour ça, et juste chercher ce qui nous fait du bien.

-Comment veux-tu que je m'en fasse pas ? Dans mon monde à moi l'absolu existe.

-Tu seras malheureuse si tu vis comme ça.

-Je crois que je m'en tire bien jusqu'à présent. Je vais bien pouvoir continuer.

-J'espère. Je t'aime bien, Shotgun.

J'ai ressenti le besoin de partir de là le plus vite possible. J'ai ramassé Shinji qui traînait et j'ai vaguement salué Reno avant de me retrouver dans la rue. J'ai réveillé un chauffeur de navette, j'ai poussé Shinji dans la camionnette militaire, et voilà, nous étions en route vers notre logement à Junon. J'étais soulagée. Je respirais enfin. La tête me tournait, mais ça c'était l'alcool, j'y pouvais rien.