La première fois qu'Hermione Granger vit Bellatrix Lestrange dans la salle de classe de son cours d'Histoire de la magie, son cœur sembla exploser comme des éclats d'obus dans sa poitrine. Les pieds de la chaise raclant le sol et l'adrénaline crépitant dans ses veines, elle put à peine sortir sa baguette magique que la vision s'était évanouie.
Hermione regardait frénétiquement autour d'elle mais le professeur Binns continuait de réciter monotonement son cours tandis qu'un septième année lui jeta un coup d'oeil prudent. Hermione était désormais habitué à ces regards. Ils étaient toujours emplit de méfiance, d'incertitude, de craintes, ceux où elle savait que la personne était sur le point de poser des questions douloureuses ou encore des regards pleins de confiance. Tout cela la mettait mal à l'aise. Tous ces jugements avaient fait surface moins d'un an auparavant quand les journeaux et les livres avaient raconté tous les exploits que Harry, Ron et elle avaient fait, ceux qu'ils auraient pu faire et ceux qu'ils ne feraient jamais.
Cependant, ce à quoi Hermione ne pourrait jamais s'habituer était l'apparatition soudaine d'une femme qu'elle avait vu mourir six mois plus tôt.
Peut-être que Ron avait raison et que retourner à Poudlard était une mauvaise idée après tout. Peut-être que Harry avait eu tort de dire qu'ils devaient continuer de vivre leurs vies normalement et qu'elle avait prit la décision de retourner à l'école un peu trop rapidement. Voir Bellatrix Lestrange n'était pas quelque chose qui s'était passé dans un bon état d'esprit.
Hermione eu du mal à s'endormir cette nuit là. Et quand finalement elle le fit, elle souhaita qu'elle soit encore éveillé.
Après ça, elle écouta discrètement les conversations dans les couloirs espérant entendre quelqu'un parler d'un nouveau fantôme ou un élève se vanter d'avoir fait une blague d'Halloween. Mais il n'y avait rien de tel alors elle se dit simplement qu'ils avaient gardé ça secret. Elle se dit qu'elle avait du s'endormir pendant une seconde. Elle se dit beaucoup de choses.
Mais ça...
Hermione fixa le lapin qui sautillait dans les couloirs. Il semblait que l'animal d'un élève -bien que ce soit contre les règles de Poudlard- s'était échappé. Mais les griffes acérées et les dents pointues qui lui donnaient un air menacent semblait raconter une toute autre histoire. Elle supposa qu'il s'agissait d'un charme ou d'une métamorphose mais aucun des sorts qu'elle lançait contre lui ne fonctionnait.
Elle le suivit tout en restant en retrait, ne voulant pas s'approcher trop près de cette bête qui avait beaucoup trop de choses pointues à son goût, qui grognait sans arrêt et qui en plus résistait à ses sorts. Elle réfléchit rapidement à un moyens de contacter la directrice ou un professeur lorsqu'ils arrivèrent dans un couloir où une poignée d'étudiants prenaient leur temps pour rejoindre leur salle de classe.
Hermione ouvrit la bouche pour leur dire de rester calme et d'entrer dans la salle la plus proche mais les mots se figèrent dans sa gorge. Aucun élève ne semblait surprit ou appeuré. Un groupe de deuxième ou troisième année riaient tranquillement et deux filles plus âgées semblaient complètement inconscientes que l'animal enragé fonçait droit sur elles. On pouvait entendre ses griffes grattant le sol de pierre lorsqu'il sauta, babine retroussée montrant l'éclat de ses dents.
Elle sortit sa baguette, des dizaines de sorts différents lui venant à l'esprit.
- Attention ! cria t-elle à la jeune élève.
Mais elle ne réagit pas assez vite et l'animal avait sauté sur sa jambe avant même qu'elle se déplace.
Hermione se précipita vers elle mais à mi-chemin elle comprit que la jeune fille reculait devant elle et qu'elle ne cherchait pas à se débarrasser de la bête qui enfonçait ses dents dans sa jambe. Hermione sentit les battements rapides de son cœur en voyant ses yeux terrifiés. La fille la regardait aussi, les mains levés devant elle. Elle n'avait pas remarqué. Elle n'avait pas... vu ou sentit ce qu'Hermione voyait très clairement.
Elle jeta un coup d'oeil à la jambe transpersé par l'animal. Mais il n'y avait pas d'animal, pas de sang. Il n'y avait rien du tout.
- Je...
Sa bouche était sèche et les mots étaient confus dans sa tête.
- Je pensais que... Hmm... Ce sont les chaussettes de Poudlard ?
- Oui... répondit la fille interloquée tandis que son amie lui tirait le bras pour partir le plus rapidement possible.
- Oh. Très bien, dit Hermione en hochant la tête. C'est... C'est très bien.
- D'accord.
- Très bien.
Hermione se retourna en évitant soigneusement le regards des autres élèves qui s'étaient arrêtés pour observer le spectacle.
Elle rangea sa baguette dans sa robe de sorcière quand elle remarqua que ses mains tremblaient et qu'elle voyait flou ce qui était sûrement du au fait que le cœur ne devrait pas battre aussi vite.
Dormir. Elle avait besoin de dormir.
Dean regardait l'assiette de Luna qui arrangeait sa nourriture dans un certain ordre pour une raison que seule Luna connaissait. Ginny posa un regard inquiet sur Hermione qui semblait s'intéresser de très près au pichet de jus de citrouille posé devant elle.
- Hermione ?
Elle haussa les épaules et se racla la gorge.
- J'ai juste cru que cette fille portait des chaussettes qui étaient contre le code de l'uniforme de l'école. C'est tout, d'accord ? Tu sais à quel point les rumeurs se répandent vite.
Ginny la fixa pendant un moment avant de reporter son attention sur son déjeuner.
- Je sais. Surtout avec les premiers années.
- Comme si ils n'avaient rien de mieux à faire. Comme étudier par exemple. Toute l'attention est sur Poudlard maintenant. Après mai... et bien beaucoup de personnes pensaient que l'école n'allait pas ré-ouvrir alors maintenant ils veulent savoir comment on gère la situation.
- Oui, oui, McGonagall est ton héros pour s'être opposée à... commença Lavande.
- Je n'ai jamais dit ça, murmura Hermione qui souhaita -non pour la première fois- que le monde de la mode chez les sorciers n'exigeait pas d'ASPIC en Métamorphoses et Enchantements.
McGonagall avait passé plusieurs mois à se battre pour la réouverture de Poudlard. Cependant, peu d'élèves étaient revenu cette année. Mais la majorité d'entre eux étaient de retour comme si ils se battaient pour leur droit d'être là et non pas seulement pour l'éducation. Ils étaient sortit du Poudlard Express une expression de défi sur le visage, comme si ils étaient prêt à combattre. Et Hermione appréciait ça. Ça n'avait pas été une surprise de voir que la plupart des élèves étaient désormais des Gryffondor bien que les premiers années étaient très peu nombreux.
La plus grande surprise avait sans aucun doute été le retour de Drago Malefoy, Gregory Goyle et Blaise Zabini qui avaient été accueillit par des murmures et la colère qui unissait les élèves. Hermione avait lu dans la presse les conditions de leur liberté qui comprenait des travaux d'intérêt généraux, l'obligation de terminer leurs études, des entretiens hebdomadaires. Elle avait aussi entendu dans les couloirs qu'ils suivaient des cours d'Etude des Moldus Avancés.
C'était seulement les premières étapes pour retrouver une vie normale. Si Poudlard avait définitivement fermé ses portes après l'horreur qui s'était passé en mai, que les étudiants avaient été envoyé de force dans des écoles dont ils ne comprenaient même pas la langue et que Pré-au-Lard était tombé à l'abandon ça aurait été comme si ils n'avaient jamais gagné la guerre du tout. Et ce n'était certainement pas ce pourquoi Hermione s'était battu.
Elle comprenait, cependant. Les élèves avaient vécu quelque chose d'horrible entre les murs qu'ils avaient autrefois appelé leur maison. La guerre avait détruit leur sentiment de sécurité et le sommeil était difficile à trouver pour tout le monde. Hermione savait que beaucoup de mauvaises choses c'étaient passé ici. Elle avait failli perdre la vie là même où elle se tenait. Mais ils avaient gagné la guerre et ces événements malheureux ne pouvaient pas leur reprendre ça.
Ça avait été dur pour elle. Elle avait refusé de manger dans le Grande Salle pendant tout un mois. Et même encore elle ne pouvait pas aller dans certains endroits du château sans que les souvenirs remontent. Parfois quand elle était seule dans le couloir, elle pouvait sentir le sol trembler sous ses pieds, le cliquetis des statues qui prennent vie, les explosions et les cris. Une fois, elle aurait juré avoir vu Fred lui sourire et Tonks et Lupin main dans la main.
Mais Hermione savait depuis sa première année à l'école de sorcellerie que l'ennemi pouvait trouver un moyen de pénétrer les portes du château. Elle avait lutté bien avant que Voldemort meurt à peine un peu plus loin de là où elle était assise. La guerre avait duré des mois mais pendant sept ans elle avait été en face d'elle, Harry et Ron peu importe où ils étaient.
- J'ai entendu dire qu'ils ont mit la table dans une sorte de musée, déclara Dean en sortant Hermione de sa torpeur.
Elle regarda l'endroit où le combat final s'était déroulé, silencieuse.
- Ils auraient dû la brûler.
Hermione souria à un cinquième année avant de continuer sa route dans le long corridor ne s'arrêtant qu'un instant pour dévérouiller une porte. Certains dortoirs étaient toujours hors d'usage et les élèves les plus âgés avaient désormais leur propre chambre. Elle avait poussé les deux lits d'appoints contre le mur et n'étant pas une personne qui avait acquis beaucoup de choses au fil des années, seules deux bibliothèques prenaient l'espace qu'il restait.
La chambre avait l'air triste mais il était beaucoup plus simple pour Hermione d'étudier dans cette pièce. Et surtout elle n'avait pas à cacher ce qu'elle étudiait.
Hermione fronça les sourcils en sortant les livres de son sac. Elle était trop paranoïaque pour prendre des livres qui traitait uniquement du sujet qui l'intéressait et avait dû se contenter de ceux qui ne comportaient qu'un chapitre ou deux. Peu importe la relation qu'elle avait construite avec la bibliothécaire, elle ne pensait pas que ce serait passé inaperçu si elle s'intéressait de trop près aux illusions.
C'était une femme intelligente. Peu importe ce qui n'allait pas chez elle, elle allait le découvrir et gérer ça seule. Demander de l'aide sur ces choses imaginaires qu'elle voyait ne la mènerait nul part ou alors dans un endroit où elle ne voulait certainement pas se retrouver.
Hermione s'effondra sur son lit en se frottant les tempes tandis que Pattenrond miaulait à ses côtés. Il y avait sûrement une explication logique à tout ça. Il fallait juste qu'elle la trouve.
Interloquée, Hermione entra dans la salle de classe où tous les élèves chuchotaient entre eux et s'asseya à côté de Ginny en faisant glisser son livre d'Enchantements au fond de son sac.
- Il y a un test ?
Ginny secoua la tête, plongeant sa plume dans l'encrier.
- Malefoy et un septième année se sont battus.
- Oh.
- Personne ne sait exactement ce qui s'est passé mais il y a eu du sang. Evidemment le septième année a eu plus de mal que Malefoy. Tout le monde espère qu'il finira à Azakaban maintenant.
Hermione haussa les épaules sans engagement, lissant soigneusement son parchemin. Elles avaient involontairement eu une conversation à propos de Malefoy cet été après avoir lu le journal et ça ne s'était pas très bien passé. Hermione ne comprenait pas comment Malefoy avait pu s'en tirer aussi facilement. C'est alors qu'elle se souvint qu'Harry avait dit que Malefoy avait baissé sa baguette dans la tour d'astronomie. Il avait été condamné à choisir entre sa vie ou la servitude. Il n'avait pas donné leurs noms quand ils s'étaient retrouvé dans le Manoir, il avait essayé d'arrêter Crabbe dans la Salle sur Demande. Elle se souvint de lui criant le nom de son défunt ami. Il était difficile d'oublier un tel moment d'humanité dans une personne qu'on avait toujours vu comme sans cœur.
Hermione ne savait pas et se fichait de savoir qui était Drago Malefoy. Il avait été une toute petite pièce dans une grande guerre. C'était un lâche avec de nombreux préjugés et Hermione savait qu'elle n'avait rien à craindre de lui. Mais même avec toutes ces choses Ginny était restée furieuse alors qu'Hermione essayait de lui faire comprendre qu'elle ne le défendait pas mais qu'elle voulait lui faire comprendre le raisonnement du Ministère. Harry était resté silencieux pendant toute la dispute. Ginny voyait chaque Mangemort comme celui qui avait tué Fred. Et elle ne pouvait pas vraiment la blâmer pour ça.
- Je suis surprise qu'il n'ait pas sortit sa baguette et tué cet élève.
- Et bien, si c'était à la fin d'un cours, il n'avait probablement pas sa baguette, murmura Hermione en tapant du pied avec impatience, attendant l'arrivée du professeur.
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- Malefoy se voit confisqué sa baguette après chaque cours. J'ai vu McGonagall lui la prendre mercredi et vendredi après le cours de Métamorphose. Donc je pense que...
Hermione s'arrêta de parler en voyant une expression inquiétante dans les yeux de son amie.
- Intéressant, chuchota t-elle.
- Ginny, je..., commença Hermione en se rapprochant de la rouquine. Tu peux avoir des ennuis si tu... tu essaies de... tu sais. C'est encore un élève. McGonagall ne laissera pas ça passer.
- Je n'ai pas dit que j'allais faire quelque chose.
- Bien. Et tu ne devrais probablement pas partager cette information non plus...
- Pourquoi pas Hermione ? répliqua Ginny en haussant les sourcils. Pourquoi tu t'en préoccupes tant ?
Hermione se pinça les lèvres en feuilletant son livre.
- Tu sais pourquoi. Je refuse d'être le catalyser qui va envoyer Malefoy à Sainte-Mangouste. Mangemort ou non, il a été jugé et a reçu sa peine...
- Ce n'était pas une peine juste. Je n'ai pas une once de pitié parce que le monde le déteste ou veut le...
- Moi non plus. Mais il y a ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire, Ginny. Imagine si quelqu'un le bat à mort. Tu auras ça sur la conscience. Tu n'es pas ce genre de personne, répondit Hermione en baissant les yeux sur son parchemin. La guerre est terminée.
Ginny resta silencieuse quelques secondes puis murmura :
- Je ne comprend pas pourquoi il a le droit de vivre. Pourquoi ils ont le droit de vivre.
Hermione ne répondit pas.
- Alors comment vont les devoirs ?
Hermione leva les yeux et vit Ron, un sourire béat aux lèvres comme si elle allait commencer à se plaindre de ses devoirs et lui dire qu'il avait raison depuis le début.
Bien sûr, elle aurait pu douter de sa décision en raison de certains... certains évènements mais elle était sûre qu'elle pourrait bientôt expliquer ça logiquement. Et même si elle regrettait d'être retourner à l'école plus qu'elle n'avait jamais rien regretté, elle ne comptait pas lui avouer, surtout pas alors qu'il affichait un sourire triomphant sur son visage.
- Ça va très bien, Ron.
- Tout va bien ? demanda Harry qui jouait machinalement avec sa baguette mais ses yeux restaient fixés sur elle.
C'était jusque là la meilleure tentative d'Harry qui essayait de paraître nonchalant quand il était évident qu'il calculait combien de choses auraient pu mal tourner depuis la dernière fois qu'ils s'étaient parlé.
Si les Aurors n'étaient pas encore à la recherche de certains Mangemorts, elle était sûre qu'Harry ne saurait pas quoi faire de lui même.
- Mieux que ce à quoi tout le monde s'attendait, je suppose.
- Comment va Ginny ? demanda George en donnant un coup d'oeil à la pile de pommes de terre que sa mère venait de mettre dans son assiette.
- Bien. Mais elle est toujours triste de ne pas pouvoir quitter Poudlard le week-end.
George leva les yeux vers elle mais Mme Weasley parla en première.
- Je ne suis pas surprise. Elle nous manque, bien sûr. Surtout à Harry, je pense...
Harry rougit, cachant une partie de son visage comme il le pouvait derrière son verre d'eau.
- Mais Poudlard a toujours fonctionné de cette façon. Ils sont juste plus indulgents avec les plus âgés, termina Molly.
- Je...
- Qu'est ce qu'il s'est passé avec Malefoy ? Ron interrompit son frère.
Hermione le regarda avec surprise, recrachant presque son jus de citrouille.
- Comment es-tu au courant de ça ?
- J'ai des contacts, Hermione, répondit-il tandis qu'elle leva les yeux au ciel. On sait ces choses dans le Département des Aurors.
- Un Auror gère le cas de Malefoy, expliqua Harry.
- Ils vont le virer maintenant, dit Ron en mâchant sa viande. Le combat est contre les règles qui lui sont imposées. Une bagarre et il est en prison. Rien qu'il ne mérite pas d'ailleurs. Si seulement j'avais été là...
Molly le sermonna pour parler la bouche pleine et Hermione soupira à cette mauvaise habitude qui ne disparaîtrait jamais. Leur relation s'était terminée en juillet mais n'avait pas été officielle jusqu'en août et les silences gênés n'avaient disparu qu'en septembre.
Elle aimait Ron mais les choses qu'elle ne pouvait pas supporter de lui avaient été dites sous Sonorus pendant leur brève relation. Ils avaient tous les deux essayer tant qu'ils avaient pu mais c'était toujours Ron. Ron qu'elle avait considéré comme sa famille pendant trop longtemps.
- Harry, on ne peut pas parler de ça, dit Ron en se penchant vers son ami. C'est secret.
Hermione qui n'écoutait plus la conversation soupira doucement et Harry fronça les sourcils en remettant ses lunettes.
- Il s'agit d'un supermarché. Je ne pense pas que les supermarché soient classés comme affaires top secrètes.
- Il y avaient des raisins explosifs ? demanda George.
- C'était une mission très dangereuse, répliqua Ron en agitant sa fourchette vers son frère.
- Laisse moi deviner. Les Aurors n'avaient plus d'oeufs ?
- Il y avait des réductions sur le lait ?
- Le céleri et les bananes ont été engagé dans un combat en utilisant...
- ... pommes enchantées qui volaient...
- ... les pauvres carrés de fromage n'avaient aucune...
- ... peut-être que les filets de poissons...
- Je vous déteste. Tous les deux, lança Ron à Harry et George qui riaient.
Hermione se réveilla en sursaut, des frissons lui parcourant la colonne vertébrale. Ses yeux s'écarquillèrent dans l'obscurité. Elle eu la très nette impression que quelque chose était là et la regardait.
Il y avait une lueur dans l'obscurité et Hermione donna vie aux bougies d'un coup de baguette magique et prit pour cible... Pattenrond. Elle le fixa puis scanna chaque recoin de sa chambre plusieurs fois. Il n'y avait pourtant rien d'autre que son chat.
Elle s'assit sur son lit et gratta le dos de Pattenrond en tenant toujours fermement sa baguette. Elle n'avait rien rencontré d'étrange pendant son week-end au Terrier. Il n'y avait pas eu un seul moment où elle avait douté d'elle même ou de ce qui l'entourait. Mais de retour à Poudlard, elle était éveillée en plein milieu de la nuit à fixer un mur comme si elle s'attendait à ce qu'il prenne vie devant elle. Mais Pattenrond l'avait sentit lui aussi. Elle n'était pas seule cette fois ce qui signifiait que quelque chose devait être là. De la magie peut-être... ou du moins quelque chose qui n'existait pas que dans son esprit.
Elle dévérouilla la malle qui se trouvait au pied de son lit et fouilla à l'intérieur pour y trouver les livres qu'elle avait récemment emprunté à la bibliothèque. Elle sortit également des parchemins et sa plume d'oie sans quitté le mur des yeux.
Pour toutes les personnes qui se trouvaient dans la bibliothèque, un regard vers Hermione Granger aurait fait douter n'importe qui que les examens n'avaient lieu que dans sept mois. Enterrée dans le coin le plus reculé de la pièce, sa table était encombrée de dizaines de livres sur les charmes, les créatures magiques, les sorts, les fantômes ou encore les potions. Il aurait fallu s'approcher à quelques mètres d'elle pour remarquer la petite pile de livres que venaient de la Réserve.
Le lundi avait été normal - ou du moins aussi normal que possible, Hermione avait l'impression que quelque chose pouvait l'attaquer à tout moment. Mardi matin, elle avait réussi à se convaincre qu'elle avait subit un charme temporaire mais quand le sol de sa salle de classe de Runes Anciennes commença à tanguer dangereusement sous ses pieds, elle changea à nouveau d'avis. Et hier, elle avait essayé de chasser des rats dans sa chambre avec l'aide de Pattenrond qui s'étaient volatilisés dix minutes plus tard.
Alors qu'elle se dirigeait vers le Grand Hall, un bras translucide sortit subitement du mur et la fit sursauter. Le son de l'eau résonnait dans les oreilles d'Hermione. Elle remarqua un ovale noir sur le peau du bras qui rampait vers elle. Elle poussa un cri d'horreur et se mit en courir en direction de la bibliothèque.
Il devait y avoir quelque chose dans ces livres qui pourrait l'aider. Quelqu'un avait du lui jeter un sort ou mit quelque chose dans sa boisson qui aurait affecté Pattenrond aussi - peut-être dans le thé qu'elle posait tous les soirs sur sa malle. Cela signifiait qu'un Gryffondor... Hermione soupira en prenant un livre sur les potions magiques et un parchemin neuf où elle marqua le nom de quelques Gryffondor qui prenaient des cours de Potions Avancés. Elle l'examina pour voir qui Slughorn aimait assez pour lui donner accès aux réserves d'ingrédients, même involontairement.
Il y avait bien trop de possibilité et elle ne savait même pas par où commencer. Toutes ces années à Poudlard lui avait apprit de nombreuses choses et l'une d'entre elle était que les ennemis trouvaient toujours un moyen de se cacher. Elle avait besoin de plus de preuves.
Le truc à propos de l'instinct c'est que vous n'avez jamais assez de temps pour réfléchir avant d'agir. Dans le cas d'Hermione, l'instinct lui avait plusieurs fois -ainsi qu'à ses amis- sauver la vie. Mais cette fois-ci, Hermione avait largement eu le temps de réfléchir et elle en venait à la conclusion que ce qui se trouvait devant elle ne pouvait pas vraiment être devant elle. Et rien de tout cela n'était logique.
Elle recopiait les notes que Slughorn avait écrit sur le tableau noir. En relevant la tête, elle aperçu un visage pâle et des yeux rouges. Voldemort inclina légèrement la tête et un sourire lui fendit le visage. Tout l'air semblait avoir quitté la pièce, ses membres s'engourdissaient et des picotements lui parcoururent le corps. Le silence s'empara de la salle de classe. Elle sursauta et essaya d'attraper sa baguette coincée dans sa poche. En voulant se débattre avec sa robe de sorcière, la chaise se renversa et elle se retrouva à terre.
Le silence se brisa avec un gloussement et Hermione aurait juré que c'était celui de Bellatrix. C'était le même rire qui hantait ses cauchemars depuis qu'elle l'avait entendu. Une seconde plus tard, la jeune sorcière était sur pieds, la respiration saccadée et sa baguette pointée devant elle. Mais elle ne visait personne d'autre que le professeur Slughorn.
Il écarquilla les yeux et leva lentement les mains devant lui. Elle lâcha rapidement sa baguette, sous le choc son corps entier tremblait. Merlin.
- Miss Granger...
- Désolée, professeur... Je... J'ai du m'endormir une seconde. J'ai eu une longue nuit de révision. Je suis vraiment désolée.
Il la dévisagea pendant de longues secondes, puis il tapota son ventre dodu.
- Venez me voir après le cours.
Elle hocha la tête et le professeur la regarda jusqu'à ce qu'elle regagne sa place. Elle déglutit difficilement en rangeant sa baguette et essaya de contrôler sa respiration. Tous les élèves dans la salle chuchotèrent autour d'elle, elle baissa la tête faisant semblant d'être passionnée par le plancher au sol.
Hermione fit rouler la fiole de potion de Sommeil Sans Rêves entre ses doigts. Depuis l'incident, Slughorn la surveillait encore plus qu'à son habitude. Et après leur discussion, elle avait été au moins sûre d'une chose : elle n'irait pas parler à McGonagall. Elle n'avait pas besoin d'un autre discours sur les traumatismes de la guerre et elle ne voulait pas assister aux cours thérapeutiques mit en place depuis quelques semaines. Si elle osait dire à qui que ce soit qu'elle voyait et entendait des choses -mais que ce n'était pas grave parce que son chat les voyait et entendait aussi- ils l'auraient envoyé à Sainte-Mangouste avant d'avoir eu le temps de dire Quidditch.
C'était comme si le monde entier attendant patiemmment qu'ils perdent tous la tête. Hermione ne savait peut-être pas ce qui se passait mais elle n'était pas folle, elle en était convaincue. Oui, la guerre l'avait traumatisé. Elle se réveillait encore en plein milieu de la nuit à cause des cauchemars et elle était encore en deuil de certaines personnes.
Personne ne la croirait, elle avait besoin de plus de preuves. Tout ce qu'elle avait à...
Hermione laissa échapper un cri de surprise lorsque quelque chose lui attrapa le bras et la tira sur sa droite. Elle entendit une porte se fermer et fut pousser contre un mur.
Elle se figea un instant. Des cheveux blonds, des yeux gris... Elle sortit sa baguette mais Malefoy ne bougea pas. Ses mains étaient vides.
- Qu'est...
- Qu'est ce que tu as fait, Granger ?
Elle le regarda avec étonnement, sa baguette toujours pointé sur son visage.
- Ex...
- Expérience ? Tu n'as plus eu le contrôle, hein ? Ou ça me visait juste moi ? dit Drago la voix basse et dure, la colère tordant son visage.
Elle baissa légèrement sa baguette. Elle aurait voulu lui faire confiance mais tout le monde était capable des pires choses sous la colère. Ses yeux s'étaient adaptés à l'obscurité et elle distinguait parfaitement ses traits. Quelques mèches de ses cheveux lui collaient au front, sa cravate était désérrée et ses vêtements semblaient froissés. Il y avait une sorte de désespoir dans la façon dont il regardait Hermione qu'elle considérait comme plus dangereux que sa colère.
- Qu'est ce que tu as fait ? demanda t-il entre ses dents.
Hermione fut surprise d'être confronté à un Malefoy à moitié fou.
- Je ne sais pas de quoi tu parles Malfoy mais si...
- N'importe quoi ! s'exclama t-il en ramenant ses cheveux à l'arrière.
- On dirait que tu as besoin d'aide. Peut-être que tu devrais voir ton Auror, proposa Hermione en se détachant de l'emprise du Serpentard. Et lui parler.
- Tu aimerais ça, hein ? répliqua t-il en s'approchant plus près d'elle et elle cessa de bouger. C'est le but, non ? Tu essaies de me piéger !
Elle fronça les sourcils en secouant la tête.
- Quoi ? Je n'essaie pas de te piéger ! C'est toi qui m'entraîne dans ce placard à balai et agis comme un fou en m'accusant de quelque chose que tu ne peux même pas expl...
- Tais toi ! Je ne vais pas jouer ton petit jeu. Et quoi que tu prépares, ça ne marchera pas ! Je m'en assurerais.
- Malefoy, tu vas...
- ... charmes ou sorts et me donne l'impression de devenir cinglé depuis deux semaines. Tu es...
- ...être expulsé et... Quoi ? Charmes ou sorts ?
Elle recula d'un pas, l'air estomaqué. Malefoy cessa de parler et se redressa. Sa mâchoire se serra et une veine se dessina sur sa tempe droite. Elle aurait du partir pour le dénoncer à un professeur ou lui conférer une menace appropriée mais tout ce qu'elle pouvait faire c'était le regarder. Il y avait tellement de choses qui auraient pu faire en sorte qu'il se mette dans un état pareil après tout ce qu'il avait vécu pendant la Bataille de Poudlard. Quelque chose d'assez grand pour mettre en péril sa période de probation, surtout après qu'il ai échappé de peu à l'exclusion la semaine dernière.
- Tu l'as vu, chuchota t-elle. En Potions, tu l'as vu toi aussi.
Pendant ce qui lui avait paru une éternité, elle entendit seulement les battements de son cœur. Sa mâchoire se serra une fois de plus et leurs yeux se rencontrèrent pendant une seconde avant qu'il lui tourne le dos. Il attrapa son sac et le glissa sur son épaule
- Malefoy...
Et il passa devant elle sans un regard.
