Auteur : Devangel tendance Rose.

Genre : psychologie, violence, viol, souffrance et j'en passe. C'est pire que la torture, j'ai souffert pour l'écrire, trouver le ton juste, j'espère avoir réussi.

Couple : SS/HP

Disclamer : pas à moi. Et tant mieux !

Je n'ai pas de bêta et personne ne lit mes texte avant que je les poste. Si vous trouvez des fautes (c'est probable !^^) J'en suis désolée, je me suis relu plusieurs fois mais certaines m'ont peut-être échappé. Rose a peu à peu pris le contrôle durant cette fic, c'est très dure, il n'y a rien pour adoucir ce texte. Rose ne le permet pas. Ame sensible s'abstenir.

J'en suis plutôt fière malgré tout alors j'aimerai vraiment avoir votre avis !

Douleur

Je ne connais pas le bonheur. Mais peut-être que lui…

Combien de fois ai-je souhaité mourir ? Je ne m'en souviens pas. Tellement de fois ai-je imploré pour cela. Pour combien de coup ai-je prié pour que se soit le dernier, l'ultime blessure avant la mort. Mes prières n'ont jamais été exaucées. Dois-je me réjouir ou pleurer de rage ?

Je suis encore vivant. Cela signifie recevoir encore des coups. Cela signifie aussi que je reverrai mes amis. Je balance entre joie et désespoir. Joie de les revoir, désespoir de supporter ça encore une fois.

Devoir leur mentir, cacher mes blessures, faire semblant de ne pas avoir mal, d'être heureux. Je souffre toujours. Je crois… je crois que je n'ai jamais été heureux. Je ne sais pas vraiment ce que cela signifie en fait. Bien sur quand je reviens à poudlard je devrai l'être. J'échappe aux coups et à tout le reste pendant dix mois. Mais au début je dois faire semblant d'aller bien. Ça prend un certain temps. Je ne peux pas être heureux alors que je souffre. Ensuite j'ai toute l'année à passer en mentant. Pour ne pas qu'ils sachent. Je ne peux pas être heureux si je mens. Ensuite, les derniers mois, je sais que je me rapproche de plus en plus de mon retour chez eux. Je ne peux pas être heureux en vivant dans l'attente de l'horreur. Et puis, je sais que ce n'est que provisoire. Je sais que finalement je reviendrai toujours ici et que je serai sous son contrôle. Je doute même pouvoir y échapper à ma majorité. J'ai toujours connu ça, je ne conçois pas la vie sans. Je perds tous mes repères alors. Si je ne vis pas l'enfer pendant deux mois, comment serais-je si ce que je vis est bien ou mal ?

Je revois leurs sourires sur le quai de la gare. Ils ne savent pas que ce qui est un événement joyeux pour eux est si horrible pour moi. Je le cache bien. Pour leur propre bonheur. Je suis incapable de me protéger, je veux pouvoir protéger ceux auxquels je tiens. Ron et Hermione bien sur. Et puis Dean, Seamus, Neville, Luna, Ginny, Justin, Mr et Mme Weasley, Remus, Tonks, Kingsley, Maugrey fol-œil et tant d'autre. Je leur dois bien ça. Ils ont accepté de m'aimer. Se sont les premiers.

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Je suis allongé sur le matelas. Je ne dis pas lit parce que ce n'en ai pas un. Juste un matelas peu épais posé sur le sol. De retour à la case départ. Je ne l'ai jamais quitté. Ce placard que j'ai fini par considérer comme l'exil. Comme lieu de repos aussi. Mon oncle ne peut pas y entrer, trop gros, alors tant que je suis ici je ne risque rien. A part la faim bien sur. Pas que cette faim ; celle que j'attends, la vrai fin. Je ne sais pas quel jour on est, je ne sais pas si c'est la nuit ou le jour, je ne sais rien. Je n'ai pas de moyen de le savoir. Pas de fenêtre pour voir la lumière du jour ou les ténèbres de la nuit. Ça fait longtemps que je suis dans ce placard mais je ne saurai dire combien. Juste avant qu'on me jette à moitié inconscient dedans, il me semble qu'il faisait jour. Mais je ne suis pas sur non plus. Un jour, deux, une semaine, plus… pas de repas pour se situer dans le temps non plus. Ce la fait bien longtemps qu'ils ont arrêté de me nourrir. Bien avant qu'il m'enferme. Je suis si faible. J'ai du mal à penser correctement. Je sens moins la douleur. Cela veut sans doute dire qu'il va bientôt revenir me frapper. Ça n'a pas d'importance. Rien n'a d'importance. Sauf les souvenirs. Ils me permettent de ne pas devenir fous. Même si certains le devraient. Je ne connais que la douleur et la mort, ici ou ailleurs.

Flash back

Le sang. Il y a du sang. Je ne vois rien, tout est noir, mais je le sais. Je l'ai vu si souvent couler, je connais son odeur et son goût par cœur. L'habitude. Je distingue des contours. Sombre, tranchant, froid. Je crois que se sont des cachots. Je ne sais pas bien ou je suis, la dernière fois j'étais à près-au-lard. Je n'ai pas ma baguette. Ma cicatrice me fait mal, ça ne veut dire qu'une chose. Il est proche. Je me relève, je n'ai pas encore de blessures, ça ne saurait tarder. Je marche le long d'un couloir, tout droit, il n'y a qu'une issue. La pièce dans laquelle je viens d'entrer et bien éclairé, perturbant après l'absence de lumière des cachots. Ils sont tous là. Les mangemorts cachés derrière leurs cagoules, je reconnais des silhouettes, Malefoy, Goyle senior, Crabbe, Rogue… espion je crois. Pour nous. Ou est-ce l'inverse ? Ça n'a pas d'importance. Il est là. Assis sur un trône, naginni à ses pieds. Toujours aussi pâle, toujours aussi sombre et fascinant. C'est lui que je dois tuer. Lui veut me tuer aussi. Cela serait amusant que je meurs. J'ai toujours eu du mal à admettre qu'il y avait plus de chance que Voldemort me tue au lieu de mon oncle. C'est juste une cible dont on m'a dit qu'il fallait le tuer en fait, je n'éprouve rien à son sujet. Ni haine ni adoration. Juste de l'indifférence. Bien sur lui a tué mes parents, bien sur ils ne furent que deux corps parmi tant d'autres dont il battit sa route, bien sur il veut me tuer, bien sur il est le mal incarné. Mais il n'est pas celui qui m'a volé mon innocence, mon enfance, il n'est pas celui qui m'a battu jour après jour quand je demandais juste un peu d'amour, il n'est pas celui qui m'a jugé, il veut juste me tuer. Et c'est ce que je veux aussi, ma mort. Mais on m'a dit de le tuer, on me fait confiance pour ça, alors je ne peux pas faire autrement. Je ne veux pas trahir leur confiance alors que personne ne m'avait fait confiance avant.

Il m'envois un sort. Endoloris. Je souffre. Je ne cris pas. J'ai l'habitude de souffrir. La souffrance ne me fait plus rien. Elle est devenue ma compagne. Presque une amie. Je crois que mon silence l'énerve. Les autres se taisent et semblent terrifié. Par sa colère comme par mon absence de réaction.

Il essaye de me gouverner maintenant. Imperium. Je ne cède pas. Sa voix à beau être aguicheuse dans ma tête, me promettre la survie et de ne plus avoir mal si j'obéis, je ne cède pas. Je sais très bien que j'aurais toujours mal. Il m'est impossible de croire que cet homme serait capable de me délivrer de mon oncle. Je lui dis. Vous n'êtes pas assez fort pour me battre. Parce que vous ne me comprenez pas.

C'est vrai qu'il ne me comprend pas. J'ai érigé une barrière de douleur autour de mon esprit. Il faut avoir autant souffert que moi pour me comprendre. Il a beau être un mage noir, un orphelin, il n'a jamais souffert. Jamais personne n'a levé la main sur lui.

Il semble surpris de mon manque de réaction, de mon absence de tout. De colère, de défi, de résistance. C'est vrai que je n'ai pas encore levé ma baguette. Il le faut pourtant. Alors je la lève. Je profite de sa décontenance pour lancer le seul sortilège interdit qu'il n'a pas encore prononcé. Avada kedavra. Il s'écroule, surpris. Les mangemorts le sont aussi. Rogue en profite. Il les immobilise un à un, se tourne vers moi. Potter ?

Je dois redevenir le Harry fier et rebelle qu'il connaît. Je dois remettre mon masque de normalité. Pour eux. Mes yeux s'éclairent d'une lueur de triomphe. Ma bouche esquisse un sourire fatigué mais triomphant. Il semble rassuré. Je peux pleurer d'avoir tué. Au fond de moi.

Mon bras cassé ne me fait plus mal. Il est tout engourdi. Mon visage semble avoir dégonflé. J'imagine qu'il doit arborer une belle couleur maintenant. Le sang des coups de ceinture de mon dos a séché. Je n'ai plus de chemise, il ne me reste que mon pantalon maintenant. Il ne doit pas être beau à voir. Sans doute plein de sang et déchiré à certain endroit. Je ne peux pas voir. Il n'y a même pas de lumière artificiel dans mon placard. Le noir est mon ami. Il cache ce corps dont j'ai honte. Me faire battre, à la limite de la torture ne m'a jamais paru honteux. Je n'ai rien connu d'autre. Mais depuis deux ans maintenant j'ai honte. Depuis qu'il à trouvé un nouveau moyen de me faire du mal. Je ne pense pas que se soi moi qui le mette dans cet état. Je pense plutôt que c'est la perspective de me faire mal. Jamais mon oncle ne s'abaissera à devenir comme ces marginaux qu'il critique. C'est juste un nouveau moyen de me faire mal. Comme la ceinture, comme les poings, comme le tisonnier. Je me souviens de la première fois. La première fois que j'ai eu honte.

Quand il y a deux ans, au milieu de l'été il m'a annoncé avec un sourire cruel qu'il voulait essayer une nouvelle méthode. Il n'essaye de nouvelle méthode que quand les autres ne l'amusent plus autant qu'avant.

Quand il m'a enlevé mon pantalon, déjà prêt, et qu'il m'a.

Ça m'a vraiment fait mal. Parce qu'en pénétrant mon corps j'ai eu l'impression qu'il pénétrait aussi mon âme ou tout du moins qu'il touchait ma barrière.

Il a souvent recommencé.

Le plus humiliant fut quand Dudley y assista.

Parce qu'il fallait qu'il apprenne à ne pas se laisser marcher sur les pieds, qu'il devienne le plus fort, celui qui tyrannise les autres.

Moi je voulais juste mourir.

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Il y a de la lumière. Elle est bientôt cachée derrière lui. Finalement j'avais raison. C'est l'heure de revoir l'amie douleur.

Il me trouve sale. Il me renverse une casserole d'eau bouillante sur le corps.

Je ne me mets pas debout assez rapidement. Les coups de canne pleuvent.

Je ne fais jamais assez bien. Je ne cherche pas son approbation de toute façon.

Je voudrais oublier un court instant.

Flash back

Il faisait bon dans le dortoir. Tout le monde dormait encore et lui aussi devrait dormir. Mais son genou lui fait mal. Depuis que son oncle lui a déboîté la rotule – deux fois – il en souffre parfois lorsqu'il fait trop froid. Comme les pirates d'autrefois. Il se lève et va à la fenêtre. C'est bien ce qu'il pensait. C'est beau.

Le lac est entièrement gelé, une tentacule du calmar géant prise dans la glace et émergeant au dessus du lac. Le parc est entièrement blanc aussi et les arbres sont parés de leur manteau d'hiver. Tout est blanc et silencieux au dehors. Tout est chaud et les ronflements de Neville résonnent au-dedans. La couche de neige semble épaisse et les élèves vont s'en donner à cœur joie toute la journée. Mais pour l'instant la vision de ce parc n'appartenait qu'à Harry. Il songea à réveiller Ron mais préféra attendre un peu, le temps de se repaître de ce spectacle.

Juste encore un peu.

Réveiller Ron était une tache ardue et Harry mit du temps avant qu'il ne consente à ouvrir un œil en grognant.

-debout Ron, une surprise attends.

-quoi comme surprise ?

La question de son ami était quasiment inintelligible et Harry sourit en répondant.

-il a neigé.

Ron sourit à son tour. Il s'habillèrent rapidement et descendirent dans la salle commune, face à l'escalier qui menait au dortoir des filles.

-Harry ?

-oui.

-on ne peut pas monter.

-je sais.

-on fait comment ?

-je sais pas.

-j'ai peut-être une idée…

-vas-y.

-HER-MI-GNO-NEUH !

Les deux amis se regardèrent.

-je crois que tu as réveillé tout le monde là.

-mais dans tout le monde y a Hermione non ?

-pas faux.

Ils riaient quand Hermione passa sa tête dans le couloir tout en les engueulant.

-il a neigé 'mione.

Elle sourit.

Hermione adorait la neige.

Même en repensant à se souvenir je n'arrive pas à être heureux. Tout comme quand je l'ai vécu je n'ai pas réussi à l'être. Peut-être que si je n'arrive pas à être heureux maintenant c'est que la situation n'y prête pas. Les coups pleuvent sur moi. Il a abandonné la canne pour le tisonnier chauffé à la gazinière. Ça fait mal. Mais au moins maintenant je sais à quel moment de la journée nous sommes. Le soleil est haut dans le ciel et tante Pétunia est en train de faire la vaisselle, il ne doit pas être loin de treize heures. Quand je me suis demandé l'heure tout à l'heure se devait être le début de matinée. Je n'ai pas encore vu de journal donc je ne sais pas encore quel jour nous sommes. Tant pis. De toute façon c'est rare de trouver quelque chose qui traîne chez les Dursley.

En fait, il se souvenait d'une fois où la maison de Privet Drive avait été sans dessus dessous. Toute la maison avait été retournée, les plantes répandaient leur terre sur le beau parquet, les vases et la vaisselle avaient explosés, jonchant le sol d'éclats de verre. Toutes les portes s'étaient ouvertes d'un coup, les placards avaient éjecté leur contenu dans les airs.

Son oncle et sa tante étaient resté paralysés, Dudley s'était évanoui sur le coup de la panique.

Harry n'avait pas fait exprès. Il n'avait que sept ans, il ne contrôlait pas ses pouvoirs, il n'avait même pas conscience qu'il avait provoqué ce désastre. Il était resté tétanisé, regardant craintivement son oncle, attendant résigné sa punition. Il ne comprenait pas pourquoi tout cela s'était passé, il avait juste demandé une photo de ses parents, il ne savait même pas à quoi ils ressemblaient. Sa tante lui avait répondu que ce n'était pas la peine, qu'après tout ils étaient morts et qu'ils ne méritaient pas de vivre. Harry n'avait pas compris. Il n'était qu'un enfant, il voulait voir ses parents et était près à braver l'autorité de son oncle pour ça. Et puis tout s'était enchaîné. Il n'était pas sorti du placard pendant trois mois.

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S'était vraiment étrange de penser à ça maintenant se dit Harry. Il était en train de se faire battre comme un plâtre, avait des blessures et un bras cassé mais il pensait à autre chose. La folie l'avait peut-être gagné finalement. Mais était-ce celle venant de son lien psychique avec Voldemort ou était-ce dû à toutes ces années de souffre-douleur ? Bonne question.

C'était la ceinture maintenant. Harry n'aimait pas la ceinture.

Les coups se sont arrêtés. Il le traîne hors du salon, le long du couloir jusqu'au placard. Les poils de tapis frottent contre son dos blessé et lui arrachent une grimace de douleur.

Ça fait mal. Puis c'est le noir.

Harry est dans le placard.

Il a perdu connaissance.

Flash back

Harry regardait la couverture d'un livre moldu entre ses mains. Le globe rouge sang du soleil sur une vision de l'Antarctique. Il pensait.

Il pensait à ce livre qu'il venait de terminer et qui l'avait bouleversé. Il pensait à cette façon de décrire l'indescriptible avec de simples mots. Il pensait au contenu de ce livre, fictif évidemment mais pourtant si réel.

Il pensait à la façon de dire « je t'aime » des personnages du livre. Il ne le disait pas à proprement parlé. Il disait je suis à lui. Je suis à elle. Et cela suffisait.

Harry se dit qu'il aurait bien aimé être à quelqu'un le temps d'un battement de cœur.

Mais déjà il entendait une voiture se garer dans l'allée. Il reposa le livre à sa place, se demandant comment des gens aussi peu enclin aux sentiments que les Dursley pouvait posséder une telle merveille dans leur salon. Il retourna dans son placard, ferma les yeux et repoussa le loquet grâce à un cintre déformé. Personne ne devait savoir qu'il avait trouvé un moyen de sortir. Personne.

Son oncle le découvrit quelque jour plus tard en le découvrant assis dans un fauteuil en train de relire un passage d'un livre à la couverture de soleil et de glace. Il avait juste oublié sa mallette. Ce simple détail venait de faire de la vie d'Harry un enfer un peu plus dur.

Ce gamin faisait vraiment tout pour se faire remarquer râla Severus en se dirigeant à grand pas vers la maison du survivant à Privet Drive. Incapable de se rendre lui-même à une convocation du directeur. Et lui était maintenant obligé de se déplacer pour ramener cet idiot à Poudlard.

Le quartier dans lequel il se trouvait ne correspondait pas vraiment à l'idée qu'il avait de la vie de famille du survivant. Il imaginait mal le héros du monde sorcier, l'adolescent insolent qui passait son temps à le faire – soyons honnête – chier, dans ce décor navrant de banalité. Voir le jeune Potter et son air rebelle, ses yeux pleins de défi et son apparence peu commune dans ces rues si calmes, ces jardins si parfaitement parfait, ces gens qui respiraient le commun à plein nez.

4 Privet Drive. Il était arrivé. La maison était comme toute les autres, le jardin impeccable et des rideaux en dentelles masquaient les fenêtre du salon. Navrant. Ainsi c'était là que vivait la dernière famille du survivant. Il se serait attendu à plus… d'opulence peut-être. Ou de fantaisie. Après tout peu de gens pouvait se vanter d'élever le garçon qui a survécu. Il sonna à la porte. Attendit. Se dit que la famille du jeune insolent allait tout aussi l'énerver que le rejeton. Le professeur de potion n'était pas connu comme quelqu'un de patient et c'est donc sans surprise qu'il ouvrit lui-même la porte et pénétra dans la maison.

Il n'aurait jamais pu prévoir ce qu'il vit à ce moment là.

Flash back

Il patrouillait dans les couloirs comme tous les soirs. Son rôle de professeur et de directeur de Serpentard l'obligeait de faire cette corvée mais il l'effectuait malgré tout. Cela lui permettait de rappeler ses élèves à l'ordre, d'enlever des points aux autres maisons tout en protégeant les siens. Cette nuit devait être bénie des Dieux se dit-il quand il attrapa Potter en mauvaise posture.

-Potter, pouvez-vous m'expliquer ce que vous faites avec un serpent venimeux dans les bras en face de la salle commune des Serpentard ?

-Je l'ai trouvé dans le parc, je me suis dit qu'il serait mieux accueilli chez les Serpentard qui en prendrait soin que chez les Griffondor. Après tout c'est le symbole de cette maison non ?

Toujours cette lueur de défi et d'insolence dans les yeux. Même s'il se faisait prendre, même s'il se faisait coller, même quand il l'insultait et le ridiculisait devant tous ses amis il avait toujours le même regard. Celui qui disait qu'il n'était qu'un sale con aux cheveux gras et au grand nez qui mériterait de crever ou de se faire enculer par le premier venu. Enfin c'était comme ça qu'il le percevait.

-Je ne pense pas que votre intention première était la sécurité de ce serpent monsieur Potter. Vous viendrez en retenue dans mon bureau durant les deux semaines à venir.

Et ce morveux avait simplement haussé les épaules avant de tourner les talons pour rejoindre son dortoir. Et quand il lui avait demandé de lui remettre le serpent pour qu'il s'en occupe il avait eu un sourire moqueur avant de parler en fourchelang alors que le serpent se jetait sur lui. Sa voix ironique avait retentit dans le couloir pour lui dire que le serpent ne lui ferait pas de mal alors qu'il avait eu un sursaut de frayeur.

Ce qu'il voyait lui paraissait tellement improbable, tellement stupéfiant qu'il resta quelques seconde tétanisé avant de réagir. Harry Potter, le fils de James Potter, le filleul de Sirius Black, le digne héritier des Maraudeurs, l'étoile des sorciers, l'adolescent rebelle que tout le monde vénérait. Entièrement nu. Couvert de sang et de bleus, à moitié conscient, le corps ouvert de partout entièrement dominé par un moldu énorme qui le violait dans le couloir. Comment pouvait-on ? Pourquoi personne ne réagissait ? Ni l'énorme enfant qui regardait le spectacle avec un plaisir non feint, ni la femme sèche qui nettoyait la pièce d'a côté ni même lui. Lui qui avait vaincu Voldemort, qui avait survécu à bien des horreurs et qui se trouvait dans un état lamentable, se laissant faire, ne semblant même pas être là.

La suite ne devint vite qu'une suite d'événement qui se suivait. Face à ce spectacle Severus ne se contrôla plus. Cela lui rappelait trop sa propre enfance même si son père n'était jamais allé aussi loin. Le père et son fils se retrouvèrent collé au mur sans moyen de bouger tandis que la femme hurlait. Potter n'avait toujours pas bougé. Maintenant qu'il s'était approché, il pouvait voir le regard vide du survivant. C'était impossible. Il ne prit même pas conscience qu'il lançait un sort de légilimencie sur l'enfant à ses pieds. Il n'avait même pas à forcer constata t-il avec horreur. L'enfant laissait ses pensées à la merci de tous, ne se rebellait pas alors qu'il faisait intrusion dans sa vie privée. Et il vit tout. Chaque souvenirs plus écœurant que le précédant. L'enfance en tant qu'esclave, l'importance de la lumière, la relation particulière avec la douleur, le bonheur de pouvoir s'échapper pour dix mois, le malheur ressenti face à ses mensonges, la résignation, la honte, le dégoût de soi, la minuscule lueur d'espoir que la mort viendrait le délivrer, anéanti lorsqu'il avait tué Voldemort.

Combien de personne avait-il trompé ainsi ? Aucun de ses précieux Griffondor n'était au courant, aucun professeur ni même Albus ! Pourquoi s'était-il tut ? Alors que si un seul sorcier avait été au courant, les Dursley seraient en train de faire un séjour éternel à Azkaban !

Combien de réflexion sur le petit prince, combien de mensonges, combien de douleur qu'il avait tu, répliquant pour ne pas cacher son désespoir ?

Et qui était-il, lui, pour avoir oser le juger sans chercher à savoir, sans voir toutes ces blessures, sans remarquer leur ressemblance ?

Qui était-il pour oser le regarder alors qu'il souffrait depuis toujours, alors qu'on lui demandait en plus de tuer le magicien le plus puissant depuis des siècles ?

Et il l'avait tué ! Sans rien dire, sans bien comprendre, sans ressentir de haine à son égard, parce qu'il était tout simplement incapable de haïr !

Même pas cet homme, ce déchet, ce misérable qui appartenait à sa famille.

Il était si léger. Si fragile dans ses bras. Il lui semblait qu'il pouvait se briser à tout moment.

Et tous ces regards ! Ces moldus qui étaient sortis de chez eux comme des charognards en entendant les cris. Et comme il le regardait avec pitié et gourmandise sortir du 4 Privet Drive avec son précieux colis dans les bras. Et comme il haïssait ces regards qui se posaient sur Harry, alors qu'ils ne comprenaient pas, qu'ils ne connaissaient même pas la douleur, celle qu'Harry avait toujours connu !

Et comme il regrettait de ne pouvoir leur dire que l'enfant brisé dans ses bras avait sauvé le monde alors qu'il n'avait que seize ans !

Et comme il se haïssait, lui, de ne pas avoir su, de ne pas l'avoir protéger plus tôt !

Ce corps si fin, déjà plus que marqué par la vie, protéger son esprit si fragile, lui faire oublier les coups et les morts, simplement le tenir dans ses bras, à l'étouffer pour que plus jamais personne ne touche son Harry.

Que plus personne ne voit ses magnifiques orbes verts, que personne ne découvre la douceur de sa peau, qu'il soit le seul.

Et tant pis s'il ne comprenait même pas pourquoi il agissait ainsi, si s'était son élève, son ennemi, là il n'était rien d'autre qu'un enfant devenu homme qui souffrait et qui avait besoin de lui.

Il avait eu raison sur un point malgré tout, ces dernières années.

C'était bien un prince.

Son prince.