Disclaimer : Il y avait une place à prendre, c'est JK Rowling qui s'y est mise :)

Note : Et moi qui me disais que j'allais écrire des nouvelles fics comme s'il en pleuvait, me voilà à exhumer des vieux machins datant de Pâques 2006... c'est un poil pathétique, je sais. En bref, il s'agit ici de deux fics écrites pour le défi "easter egg" 2006 de la communauté livejournal True Gryffondor d'Itsuki, il fallait piocher des pairings (avec Neville en point commun de chaque pairing puisque la communauté lui était dédiée), des lieux et des mots et en produire une fic. J'ai déjà publié ici deux fics dont je devais être moins honteuse à l'époque ("Hier encore j'étais leur chef" et "Dans le miroir") et je termine par ce vieux diptyque un peu moisi ces fameux easter eggs 2006.

Première partie (à situer au milieu du tome 5, après Neville en visite auprès de ses parents à Ste Mangouste), mes choix étaient Neville/Angelina Johnson, Tour des Gryffondor, allumer. Autant dire que j'ai triché...


La salle commune était bruyante.

Le dortoir était silencieux.

Trop silencieux pour y dormir tout de suite quand, comme lui, on avait tellement mal à la tête. Le silence ne faisait rien d'autre que de rendre le tap tap tap oeuvrant dans sa boîte crânienne plus présent, jusqu'à ce toute autre pensée devienne totalement non préhensible.

Non préhensible… est-ce que ça voulait seulement dire quelque chose ?

Il aurait fallu qu'il s'en assure auprès d'Hermione, mais Hermione n'était pas dans le dortoir des garçons. Elle y venait parfois, jamais pour s'adresser à lui directement, même si elle le saluait souvent d'un mot aimable, sans réfléchir.

Elle avait l'air de réfléchir à tout, à présent, quand elle lui envoyait son bonjour, avait l'air de peser chaque phrase avec prudence, comme si elle craignait de le blesser en étant simplement naturelle.

C'était peut-être toujours mieux que Ron.

Ron, lui, avait tenté une dizaine de fois de débuter une longue tirade, sans jamais la finir. Tous ces mots s'étouffaient dans un « désolé, vieux » ou un timide « tu sais, si tu veux causer… » auquel il devait certainement redouter une réponse.

Harry ne lui parlait pas.

Enfin, si, bien entendu, il lui parlait comme il parlait aux autres, avec absence, avec paresse, avec humeur. Souvent, il se parlait à lui-même et on se croyait tenu de lui répondre, pour qu'il ne passe pas totalement pour un cinglé.

Mais, au moins, Harry ne parlait jamais de ça, de ce moment-là, après Noël, où Neville avait tant voulu disparaître sous terre.

Il n'était pas reparti voir ses parents depuis. Il y pensait tous les jours. A cause des papiers dorés, entre autres, mais aussi à cause des lettres de sa grand-mère racontant chacune de ses visites.

A cause de Bellatrix Lestrange, paradant quelque part en liberté.

Il avait la migraine.

Il aurait pu aller demander une potion à Madame Pomfresh, elle avait certainement de quoi apaiser son malaise, mais ça voulait dire quitter la tour des Gryffondor, s'aventurer dans l'école après le couvre-feu… Les mauvaises rencontres devenaient presque quotidiennes depuis qu'Ombrage avait nommé Malefoy à la tête de sa petite brigade inquisitoriale. Même avec l'excuse d'une visite à l'infirmerie, il préférait s'abstenir de les croiser.

Le moyen le plus efficace, avait-il remarqué depuis peu, de venir à bout de ses maux de crâne, plutôt que le silence assourdissant du dortoir, c'était d'aller s'endormir devant le feu allumé, dans le vacarme anonyme de la salle commune.

Il allait se poser, un livre sur les genoux, dans le fauteuil un peu défoncé qu'il était le seul à trouver confortable, à droite de la cheminée, s'y assoupirait, les joues brûlantes et le front en sueur, anesthésié par la chaleur.

Ca avait marché les trois semaines précédentes.

Souvent, quand il remontait deux heures plus tard, tête vide et reposée, il ne restait plus que Harry, Ron et Hermione, plongés dans leurs devoirs jusqu'à ce que leurs fronts buttent contre leurs encriers et parchemins, écroulés de fatigue.

Le membre du trio le plus alerte lui faisait un petit signe de la main pour lui souhaiter bonne nuit et il allait rejoindre la fraîcheur des draps de son lit, si délicieuse après la sieste devant l'âtre.

Ce soir, quand il ouvrit enfin les yeux après que les flammes ne soient plus que braises crépitantes face à lui, il remarqua de suite que les autres occupants de la salle commune n'étaient pas les mêmes qu'habituellement.

Pas de plumes grattant sur les parchemins, pas de pages tournées avec bouderie, pas de sourdes réprimandes d'Hermione à Ron.

Il y avait deux voix, familières mais pas assez pour qu'il les reconnaisse sans tourner la tête, qui chuchotaient des mots d'amour à l'autre bout de la pièce.

Il ne voulait pas être indiscret, il ne voulait pas rester là, sa vessie le pressait en plus de se dépêcher à rejoindre les toilettes de son dortoir… Se lever, signaler sa présence, ou du moins son éveil, interrompre le moment de confidences, ça n'aurait pas dû lui sembler aussi pénible.

Ca l'était pourtant. Passer pour le voyeur qu'il n'était pas, pour le fouineur à l'affût de révélations croustillantes… Ou pire encore, ne passer pour rien, n'être que Londubat devant qui on ne se cache pas, Neville qui ne répétera rien, le brave, le bête, l'inoffensif.

C'était insupportable, l'envie d'uriner lui cognait le ventre autant que l'angoisse réveillait la migraine.

Il allait se redresser, il allait le faire, tout de suite, pas plus tard que dans trente, vingt, dix secondes, il…

Il allait rester là et NE PAS BOUGER !

A cinq mètres de lui, les chuchotements étaient devenus grondements, les mots d'amour menaces. Son prénom. Son prénom était prononcé parmi les menaces. Il était inévitable qu'il soit poussé à l'indiscrétion après ça, aussi vertueux soit-il !

« Lina, arrête de bouder, merde ! »

« Je ne boude pas, Frederick, tu as pris ta décision, tant mieux pour toi… »

« Ah Merlin, ne m'appelle pas ainsi, j'ai l'impression que tu me trompes avec un autre quand tu m'envoies mon prénom complet à la gueule ! »

« Qu'est-ce que ça peut te faire ? Je pourrais même coucher avec Neville que tu n'en saurais rien, puisque tu ne serais plus là pour le voir. »

« Arf, si tu couchais avec Londubat, crois-moi, je serais au courant… Le pauvre gars serait incapable de garder pour lui une aubaine pareille, il en parlerait forcément aux types de son dortoir, dont mon frère, s'il faut que je te le signale… »

« Crétin, ce n'est pas comme si j'avais réellement l'intention de me taper Neville ! »

« J'espère bien ! »

« Mais si tu persistes à vouloir filer d'ici avec George… »

« Lina, on a assez de gallions pour ouvrir la boutique, on va se faire un max de mornilles ! »

« Et me laisser ici, toute seule ? »

« C'est ta dernière année, ce serait vraiment con que tu ne passes pas tes ASPICs… »

« Ce n'est pas une réponse, Fred ! Je te demande si tu partirais en me laissant ici… »

« Chaton… ma mère me tuerait si elle apprenait que je me barre avec une fille… »

« Ta mère te tuera de toute façon quand elle saura que tu n'as pas passé tes ASPICs ! Et je ne pensais pas que je n'étais qu'une fille… »

« S'il te plaît, Lina… »

« Laisse tomber, Fred, je vais me coucher. »

« Je… oh ok… je peux t'embrasser avant que tu ne grimpes ? »

« Voyons, Fred, ta mère te tuerait si elle apprenait que tu embrasses des filles. »

Neville garda les yeux obstinément clos, Angelina Johnson – car c'était elle, oh que oui – avait beau avoir regagné son dortoir, il restait toujours Fred, à quelques pas, en mesure de s'apercevoir qu'il avait tout entendu.

Et il n'aimerait pas ça.

ILS n'aimeraient pas ça : la conversation que Neville avait surprise ne flattait ni l'un ni l'autre.

Oh bon sang, il fallait pourtant que cela finisse, il allait mouiller son pantalon s'il devait attendre deux minutes de plus !

Ca n'était pourtant pas encore fini.

Fred ruminait entre ses dents des mots qu'il ne comprenait pas mais qui signifiaient qu'il était toujours là, à taper du pied en bas des escaliers du dortoir des filles.

Il en était au point d'être obligé de se mordre les lèvres, d'enfoncer ses ongles dans ses paumes, pour demeurer immobile, quand le jumeau de George poussa un dernier grognement qui ressemblait à : « Lina, je t'aime, mais t'es vraiment une fameuse emmerdeuse ! »

Ce à quoi, un autre grognement plus lointain lui répondit : « Fred Weasley, je t'aime aussi, mais si ton frère t'informes que ton ex petite amie se tape un de ses camarades de chambrée, il ne faudra t'en prendre qu'à toi-même ! »

OoOoOoO

Deux mois plus tard, quand Fred et George Weasley lancèrent leurs adieux pétaradants à Dolores Ombrage, récente directrice de l'école de sorcellerie de Poudlard, le jeune Neville Londubat, témoin comme le reste des élèves du stupéfiant spectacle, se demanda si ça valait la peine d'essayer de croiser le regard d'Angelina Johnson.

Après avoir été distrait un instant par les cris enthousiastes de Peeves, l'esprit frappeur, il décida qu'il serait plus sage de s'abstenir : la jeune fille avait bien assez d'un affront pour subir celui supplémentaire d'entendre sa proposition déclinée.