That Godlike Spark

Les tresses brunes de la fille retombaient sur son chemisier rose fluo. Devant elle, un ordinateur portable trônait sur une table, ainsi qu'une paire d'écouteurs reliés à l'engin par un câble, pour lui permettre d'écouter de la musique.

Invisible, silencieux et immobile derrière elle, Métatron n'avait pas besoin de sonder son esprit pour voir que la fille était énervée. Des ondes de frustration émanaient de son corps à une puissance telle que même un humain aurait pu les percevoir.

Visiblement, son histoire n'avançait plus.

« Si tu savais » chuchota l'ange sans être entendu.

Il avait vu Dieu à l'œuvre pendant qu'il créait les constellations, la Terre et les règnes animal et végétal. Et à chaque fois, à chaque nouveauté qu'il concevait puis faisait venir à l'existence, Dieu s'était heurté aux mêmes problèmes que cette jeune fille.

Le doute. Le manque d'inspiration. L'énervement. L'étonnement, quelquefois, devant le résultat final.

Elle rejouait la Création. Et elle ne le savait même pas.

Poussant un énorme soupir, la fille se frotta les tempes. Métatron éprouva le désir de poser une main sur son épaule. De la réconforter. De l'encourager. Comme il l'avait tant fait auparavant.

N'abandonnez pas, Père. Je sais que Vous réussirez à produire un chef d'œuvre. Comme Vous l'avez toujours fait.

Il n'était qu'un ange. Il n'avait pas eu la capacité de créer, de produire quelque chose à partir d'une idée venue de nulle part. Il n'était qu'un scribe.

Les anges et les humains ne cessaient pas de déblatérer au sujet du libre-arbitre des derniers. Personnellement, Métatron estimait que les anges aussi pouvaient commettre des sottises s'ils en éprouvaient l'envie. Non, si son espèce devait se sentir lésée, c'était à cause d'un autre don que possédaient les humains.

Cette étincelle quasi divine qui leur permettait de faire naître des univers entiers à partir du néant.

Pourquoi les anges prétendaient-ils que Dieu s'était enfui ? Métatron l'avait vue, lui, la vérité, alors qu'il lisait les histoires que lui fournissait le gérant de l'hôtel.

Dieu transparaissait au-travers des humains. Non, les humains devenaient eux-mêmes Dieu. Par le simple fait d'inventer une histoire, de peindre un tableau ou de réaliser une sculpture.

Dieu n'était jamais parti.

La jeune fille se raidit subitement et tapota sur son clavier. Elle se fit pensive un instant, puis frappa brusquement dans ses mains et Métatron entendit son sourire distinctement dans son esprit.

Il sourit à son tour pendant qu'elle se remettait à taper.

« Si tu savais ce que tu es, à cet instant » chuchota-il sans être entendu. « Si seulement tu savais. »