Bonjour, bonjour.
Il ne faut jamais dire jamais. En effet, l'histoire de "C'est toi et moi", devait à l'origine, n'être qu'un Os. Il s'est transformé en Two shot. Et aujourd'hui, voici la suite qui se présente à vous sous forme de fiction à chapitre.
J'espère que cette suite vous plaira autant que les deux chapitres "originaux" et que vous prendrez autant de plaisir à lire que j'en ai eu à écrire. J'ai tenu compte de vos remarques et j'ai essayé de faire des chapitres plus courts, quitte à ce qu'ils soient plus nombreux. Je ne vous promets pas d'avoir toujours réussi, mes doigts ont la fâcheuse tendance à s'emballer seuls... mais j'ai fait de mon mieux.
J'écris encore et toujours avec mes deux bons amis M. Petit Robert et M. Bescherelle, mais il n'est pas dit que le texte ne contienne pas encore ça et là des petites (ou grosses) fautes qui auraient échappé à leur vigilance. Toutes mes excuses si tel est le cas.
Un grand merci à mon amie Caro, qui est ma bêta lectrice et dont les conseils avisés m'ont permis de sortir de certaines situations dans lesquelles j'étais empêtrée.
Encore une fois, je vous invite à me laisser vos avis grâce aux reviews. J'accepte toutes les critiques constructives et argumentées (elles me sont même nécessaires pour évoluer). Et n'oubliez pas que vos petits mots sont mon seul salaire et aussi la seule manière pour moi de savoir ce que vous attendez/ce qui vous dérange/ce que vous aimez (ou n'aimez pas...)...
Je tenais à remercier du fond du cœur toutes les personnes qui m'ont laissé une review sur les chapitres de "C'est toi et moi". Vous n'imaginez pas à quel point ils m'ont aidé dans les moments où la page restait obstinément blanche, à quel point ils m'ont amusé, à quel point ils m'ont touché, parfois... Merci à ceux qui laissent encore une petite trace de leur passage après deux, trois, quatre lectures... (je n'en reviens déjà pas que vous aimiez mon histoire au point de venir la relire plusieurs fois...). Merci aussi aux reviewers anonymes, à qui je ne peux pas répondre mais qui font tout de même l'effort de laisser un petit mot. Merci, merci, merci.
Je réponds à chaque review que je reçois qui ne soit pas anonyme (le site ne le permet pas). Peut être pas immédiatement, mais je peux vous assurer que je le fais (sauf quand le site bug et oublie de me prévenir que j'ai de nouvelles reviews. Oui, oui, c'est arrivé il y a quelques mois...).
Sur ce, il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne lecture.
Disclaimer: L'univers et les personnages de la saga Harry potter appartiennent à la talentueuse (et richissime) JK Rowling.
Chapitre 1
Dans la gueule des lions
Drago Malfoy nageait dans une sorte d'obscur brouillard. Il ne savait pas où il était, ni depuis combien de temps il y était. Tout ce qu'il savait c'est que tout ici était paisible et doux et que pour rien au monde il n'avait envie de quitter ce cocon protecteur. Merlin ne sembla pas l'entendre car il fut un moment où Drago se sentit petit à petit prisonnier d'un corps, devenant plus lourd, retombant de ce nuage enchanteresse où il faisait bon vivre... ou plutôt où il faisait bon ne rien faire car Drago ne faisait que flotter agréablement depuis... eh bien, il ne savait pas depuis quand.
Lorsqu'il se réappropria son corps, la première chose qu'il ressentit fut la douleur. Fulgurante et vengeresse, comme si elle n'attendait qu'une chose: que son subconscient soit à nouveau capable de lui envoyer des décharges nerveuses. Et Drago voulut hurler tant la souffrance envahit ses membres. Pourtant il ne put bouger un cil. Ce fut comme si il était devenu statue de cire. Mais il souffrait, indéniablement. Son corps le lançait tellement qu'il ne savait plus d'où venait la douleur. Il était devenu la douleur. Drago regretta amèrement son doux cocon et cette fois ci, merlin sembla être avec lui car il sombra à nouveau dans une inconscience salvatrice.
Lorsque Drago prit une nouvelle fois conscience de la réalité, la douleur était toujours présente. Légèrement plus diffuse mais bien là. Il voulut tenter de bouger, mais à nouveau, son corps resta parfaitement immobile. Le blond fulminait, son corps ne lui répondait plus. Il se concentra alors. Puisqu'il ne pouvait pas utiliser son corps, il allait utiliser sa tête. Et tout doucement, des sons parvinrent à ses oreilles. Il y avait des voix près de lui. Il ne savait pas ce qu'elles disaient ni à qui elles appartenaient mais il y en avait au moins deux. Il y avait des bruits de pas également. Mais plus éloignés, le bruit était plus atténué. Des grincements également... ça, il n'avait aucune idée d'où cela pouvait provenir. Drago sentit sa tête lui tourner après l'effort fourni et il sombra à nouveau. Cette fois-ci, il n'y avait plus rien de douillet. Il était dans le noir total et il avait froid. Il n'aimait pas du tout cet endroit.
La troisième fois, Drago eut la satisfaction de sentir son corps plus réceptif à ses ordres. Il se dit que puisque de toutes évidences, il n'avait plus accès à son douillet cocon, autant voir ce qui l'attendait à l'extérieur. Et c'est avec une immense volonté et après ce qui lui sembla être des heures de tentatives infructueuses qu'il parvint à ouvrir un œil. Aussitôt, un lumière aveuglante l'attaqua et la douleur se fit ressentir de plus bel. Malgré lui, Drago referma son œil et il entendit un gémissement rauque... qui, après réflexion, devait provenir de sa propre bouche. Il entendit quelqu'un se précipiter vers lui et sentit un mouvement tout proche, mais la douleur était trop forte et Drago n'eut pas la force de lutter suffisamment pour ne pas repartir faire un tour dans les ténèbres. Tant pis pour la personne à côté de lui, elle devrait attendre le prochain round.
Lorsque Drago se réveilla à nouveau, il eut la surprise de ne plus sentir de douleur. Il put prendre conscience du monde qui l'entourait. Au vue de la douceur et de la chaleur qui l'entouraient, il était dans un lit. Il n'y avait que très peu de bruit, cette fois-ci. Il entendait le froissement caractéristique d'une page qui se tournait de temps à autre. La pièce lui semblait assez sombre. Peut être était-ce la nuit? Avec précaution, Drago ouvrit un œil. A son grand soulagement, il ne fut pas agressé de la même manière que la fois précédente et il put ouvrir le second. Sa vue trouble mit un petit moment à se stabiliser et Drago pu apercevoir le mur qui faisait face à son lit. Il était vraisemblablement dans une chambre et il faisait effectivement nuit. La lueur sur son côté droit semblait indiquer qu'une bougie servait d'éclairage. Après une brève hésitation, Drago tourna tout doucement la tête et fut heureux de constater que la douleur, même si elle revenait, n'était pas aussi forte qu'avant et il put alors se concentrer sur la personne assis au fond d'un large fauteuil. Une jambe repliée sous lui, un livre ancien à la main, Blaise Zabini semblait lutter contre le sommeil au grand damne de ses yeux qui semblaient vouloir se fermer tout seuls.
Malgré lui, Drago sentit un sourire étirer ses lèvres. Il voulut parler mais il eut l'impression qu'un grognement sortit de sa bouche. Cela fut néanmoins suffisant pour faire sursauter le mulâtre qui laissa tomber son ouvrage et qui le regardait à présent avec des yeux grands écarquillés. Drago aurait bien aimé se moquer du visage de son ami si il n'avait pas été certain que la douleur transpercerait ses poumons au moindre mouvement brusque.
-Drago!
Blaise se leva précipitamment et s'approcha du lit pour le serrer dans ses bras. Drago laissa échapper un gémissement de douleur.
-Oh, désolé! reprit le black, je me suis laissé emporté!
Mais le sourire qu'il avait sur le visage était éclatant.
-Comment vas-tu? Tu as mal quelque part? On t'a donné des potions contre la douleur... mais comme tu étais inconscient, je ne sais pas si elles ont été suffisamment efficaces? Comment tu te sens? Tu veux que j'aille chercher Severus? Oui, je crois que c'est une bonne idée...
Et avant que Drago ait le temps d'assimiler toutes les questions, Zabini avait déjà passé la porte de la chambre, un air toujours aussi stupide sur le visage. Drago sentit tout son corps se décrisper. Il n'avait pas conscience d'avoir été si stressé à l'idée de découvrir où il était tombé. Il avait du mal à s'éclaircir les idées et ne savait plus trop comment s'étaient déroulés les derniers événements avant qu'il ne s'évanouisse. Lorsque Severus passa la porte, Blaise à sa suite, Drago mit toutes ces questions de côté, il y reviendrait plus tard. Il put lire le soulagement sur le visage tiré et cerné de son parrain. Il rassembla ses maigres forces et tenta de lui offrir un sourire rassurant. Le brun lui répondit de la même manière et s'approcha du lit. Il sortit sa baguette et la pointa vers le blond, lançant quelques sorts de diagnostic en tout genre qui révélèrent un nombre assez important de lésions et de plaies. Une fois fait, il s'installa à côté de lui et lui prit la main.
-Comment te sens-tu, Drago?
Le blond se concentra pour ouvrir la bouche sans grogner.
-Ca... va... arriva-t-il à articuler.
Severus hocha la tête.
-Bien, écoute, je me doute que tu as une multitude de questions, mais il faut que tu te reposes pour le moment. Sache juste que tu es en sécurité, tu es au QG de l'ordre du phénix.
Drago n'était pas vraiment certain que d'être ancien mangemort dans le nid des lions soit particulièrement sûr, mais il ne fit pas de commentaire. D'une part, il n'en avait pas la force, d'autre part il faisait confiance à son parrain. Et puis il sentait la fatigue l'envahir petit à petit et il sut qu'il lui faudrait un certain temps avant de pouvoir rester éveiller plus de quelques minutes.
-Nous allons te laisser dormir. Nous reparlerons de tout cela demain. Monsieur Zabini restera ici avec toi cette nuit, nous alternons nos tours de garde. Si il y a le moindre soucis, il m'appellera. A demain.
Drago, trop fatigué pour répondre, se contenta de cligner des yeux en signe d'assentiment. Severus sortit de la chambre, le laissant à nouveau seul avec Zabini. Il n'eut pas le temps de lui demander de retirer ce stupide sourire de sur son visage qu'il sentit déjà ses yeux se fermer. Severus avait raison, ils parleraient demain.
La fois suivante, Ce fut Severus que Drago trouva installé dans le fauteuil, un livre à la main. Il l'observa quelques minutes et malgré la fatigue bien présente sur ses traits, il avait un air plus apaisé que les fois où il l'avait croisé au manoir. Drago se demanda si le fait de ne plus avoir à jouer un rôle d'espion y était pour quelque chose. En venant le chercher dans les cachots du Lord, son parrain avait certainement ruiné vingt années de couverture et Drago sentit un sentiment de remord l'envahir. L'ordre n'avait plus aucun espion auprès du seigneur des ténèbres... tout du moins à sa connaissance. Si ils devaient avancer en aveugle, ils auraient un sacré handicap. Une fois certain que sa tête ne lui tournait plus, Drago fit une tentative pour se tourner du côté de son parrain. A sa grande surprise, il eut l'impression que son corps était particulièrement lourd et qu'il n'avait plus de jambe. Une horreur subite lui traversa l'esprit et il éjecta ses draps, ouvrant à nouveau quelques plaies au passage qui le firent couiner de douleur pour finalement soupirer de soulagement en constatant que ses jambes étaient bien présentes et entières. Cependant, le mouvement de rotation de son corps leur avait fait prendre une drôle de posture et Drago semblait incapable de les bouger. Il lança un regard angoissé à Severus que les mouvements frénétiques du blond avaient sortit de sa concentration.
-Severus... je ne sens plus mes jambes...
L'horreur peignait les traits du jeune Malfoy et le brun eut toutes les peines du monde à ne pas laisser transparaître sa propre angoisse à la vue de son filleul. Il s'approcha du lit en dégainant sa baguette, d'une main il repoussa Drago pour l'allonger sur le dos, puis il commença à lancer différents sorts de diagnostic spécifiquement sur ses jambes. Après quelques minutes d'un silence pesant, Severus releva les yeux vers le jeune homme.
-Dis quelque chose...
Severus se reprit et se racla la gorge.
-Hmm... il semblerait que les différents sorts que tu as reçu aient endommagé ta moelle épinière...
-Sans rire... je ne l'aurai pas deviné seul...
Le regard que Severus lui lança suffit au blond pour ne pas continuer sa phrase. Légèrement tremblant, il se frotta légèrement les yeux avant de reprendre.
-Ce que je veux savoir, c'est si c'est provisoire ou... ou permanent.
Drago tentât d'ignorer le tremblement de sa voix à la fin de sa phrase. Et l'air incertain de son parrain ne l'aidait en rien à rester confiant.
-Je n'ai pas la réponse à ta question Drago. Tout ce que je peux te dire c'est que je t'ai fourni des potions régénératrices suffisamment tôt pour avoir l'espoir que ça fonctionne.
-Je veux plus qu'un espoir Severus... bon sang, je... je ne sens plus mes jambes!
-C'est tout ce que je peux t'offrir pour le moment, avec mes compétences. Pour le reste, il faudra compter sur le temps, la volonté, le travail... et la chance.
Drago laissa tomber sa tête sur son oreiller et essaya de maintenir son regard fixé sur une légère fissure dans le bois pour endiguer ses larmes. Il était paralysé. Il était paralysé et il n'était pas sûr de pouvoir un jour remarcher.
-Je suis désolé.
Drago sentit la main de son parrain se poser sur son bras et il apprécia le geste à sa juste valeur. Il y avait là une barrière qui tombait. Plus jamais Lucius Malfoy ne pourrait tomber par hasard sur une marque d'affection de Severus envers son fils. Ainsi, si Drago en doutait encore, il eut la confirmation que Severus serait toujours à ses côtés et que désormais, les gestes entre eux seraient autorisés. Il faudrait bien sûr, que d'un côté comme de l'autre, ils s'y habituent...
Severus retrouva sa place dans le fauteuil après avoir aidé Drago à se réinstaller. Les minutes s'écoulèrent lentement, laissant un silence reposant s'installer entre les deux hommes. Drago avait besoin de digérer les informations et son parrain semblait l'avoir parfaitement compris. Le blond tentât de réaliser les événements qui lui étaient arrivés. La dernière chose dont il se souvenait était d'être transi de froid au fond de son cachot, attendant la mort. Puis il y avait eu du bruit... Potter était venu, avec Severus. Un petit sourire étira les lèvres du jeune homme, vite réprimé par l'angoisse de se retrouver à nouveau face au brun. D'ailleurs, il trouvait étonnant de ne pas l'avoir encore vu. Il tourna doucement la tête vers son parrain, hésitant à lui poser la question. Severus releva les yeux de son livre et attendit que le jeune homme se décide.
-Potter...
Drago ne sut quelle fin donner à sa phrase. Comment allait-il? Etait-il dans le coin? Le détestait-il? Il était évident que jamais il ne poserait cette question à Severus. D'une part parce qu'il ne voulait pas lui donner l'impression d'y accorder une quelconque importance, d'autre part parce que qu'il doutait que Potter et Severus entretenaient des liens suffisamment étroits pour échanger plus de mots que la politesse ne l'obligeait. Quoiqu'ils avaient fait équipe pour venir le chercher... Heureusement pour lui, Severus comprit à peu près sa demande sans qu'il ait besoin de la formuler. Et malgré une légère grimace, il répondit sans que son ton ne laisse paraître la moindre rancœur envers le survivant.
-Potter est parti avec Monsieur Weasley et Mademoiselle Granger à la recherche des horcruxes du seigneur des ténèbres. Les horcruxes sont des...
-Je sais ce que sont les horcruxes, Severus.
Le brun lui jeta un regard étonné et Drago sentit la bile lui remonter dans la gorge en repensant à certain souvenirs.
-Confidences sur l'oreiller, souffla-t-il, la voix rauque.
Un éclair de compréhension passa dans les yeux de l'aîné et ses poings se crispèrent, froissant les pages du livre qu'il tenait. Il eut la décence de ne rien ajouter. Ce fut Drago qui reprit après quelques secondes d'un silence qui devenait pesant.
-Depuis combien de temps je suis ici.
-Une semaine. Tu as été inconscient tout ce temps.
-Hmm... pas vraiment tout le temps. Il y a eu des moments où j'entendais des voix et des pas... mais je suis bien incapable de te dire quand.
Severus hocha la tête.
-Je peux vous aider pour les horcruxes, le... Lord m'en a dit suffisamment.
Severus haussa un sourcil.
-Serais-tu en train de proposer ton adhésion à l'ordre du phénix, Drago?
-Merlin non! Si tu es suffisamment suicidaire pour aller jouer les bons samaritains, c'est ton problème. Et puis, m'allier à une bande de gryffondors décérébrés... non merci.
Severus esquissa un sourire.
-Disons que ce sera ma vengeance personnelle pour les petits séjours passés dans les cachots. continua le blond.
-Pour le moment Drago, tu te reposes et tu récupères. Ensuite, on verra. Tu n'es vraiment pas passé loin, cette fois.
-Attention, Severus, on pourrait croire que tu t'es inquiété pour moi, lança Drago un sourire en coin aux lèvres.
-Tu n'es qu'un sale gamin stupide et inconscient... lui dit Severus, mais la douceur de son ton démentait ses paroles. Et tu as agi en vrai gryffondor! ajoutât-il perfidement.
-Eh! Ca, c'est bas...
Cet instant de complicité fit beaucoup de bien à Drago qui sentit son ventre se décontracter un peu. Il n'était pas seul et même si il devait affronter un troupeau de gryffondors enragés, il aurait des alliés. Enfin, deux. La fatigue revint prendre sa place et rapidement Drago sentit ses paupières se faire lourdes. Avant de s'endormir, Severus lui fit avaler encore quelques potions, puis il se réinstalla dans son fauteuil. Drago s'endormit, un petit sourire aux lèvres.
A son réveil, ce fut Blaise qui l'accueillit, sortant tout juste de sa salle de bain personnelle - merci aux riches familles sang-pur et leur sacro-sainte envie que chacun de ses membres ait son petit confort - avec une bassine d'eau et un grand sourire!
-C'est l'heure de la toilette mon grand!
Drago regarda la bassine, puis le black, puis à nouveau la bassine.
-Tu n'espère tout de même pas que je vais me laver avec ça...
-Non... JE vais te laver avec ça...
Drago laissé échapper un rire qui ressemblait davantage à un couinement horrifié.
-C'est une plaisanterie, Blaise?
-Non. Severus pense que tu seras moins gêné avec moi qu'avec lui. C'est vrai, après tout, on s'est suffisamment vu sous la douche tous les deux. Allez, plus vite commencé, plus vite terminé.
En disant ces mots, il attrapa la couette recouvrant le blond et voulut tirer dessus. Drago, l'ayant sentit venir, avait fermement attrapé son rempart de protection et fusillait le black lui faisant face.
-Zabini, tu retires tout de suite tes mains de là! Il est hors de question que tu... me laves...
Le mulâtre perdit un peu de son sourire et soupira un grand coup.
-Mouais, je me doutais que ça ne serait pas si facile. Ecoute, Drago, les sorts de toilette, c'est bien, mais au bout d'une semaine, ce n'est plus vraiment très efficace, c'est le strict minimum. Tu vas bientôt commencer à refouler et puis, tu ne dois pas te sentir très à l'aise non plus, non? Et puis je dois aussi accéder à tes blessures.
-Zabini, tu-ne-me-laveras-pas! Asséna Drago en appuyant volontairement sur chaque syllabe.
A nouveau, Blaise soupira. Il apporta ensuite la bassin et fit léviter une petite tablette auprès du lit. Il y déposa la bassine, un gant de toilette, un savon et une serviette.
-Ok, fais le tout seul. Mais Severus pense que tu es encore trop faible. Je reste là.
Drago suréleva un sourcil, faisant lever les yeux au ciel du black.
-Je ne sortirai pas d'ici Drago. Tu peux penser ce que tu veux, mais tu n'es pas en état de faire ça tout seul. Si il t'arrivait un truc, Severus ne me le pardonnerait pas et serait capable de m'empoisonner et on mettrait des mois à retrouver mon corps si on le retrouve un jour. Et il serait alors en stade avancé de décomposition, ce qui serait vraiment dommage, parce que, avouons-le, un si beau corps, ça serait du gâchis!
Drago réfléchit quelques instants. Il se savait affaibli, mais il était vrai qu'un peu d'eau pour sa toilette lui ferait du bien. Mais son ami n'avait absolument pas l'air décidé à sortir de la pièce.
-Tourne toi. Lui demanda-t-il.
-Oh, Drago, je t'en prie, je t'ai déjà vu à poil... c'est même moi qui t'ai lavé quand...
Blaise s'interrompit lorsqu'il se rendit compte de ce qu'il allait dire. Drago avait les yeux fixés dans les siens et la lueur qui s'y reflétait était meurtrière. Sa « première fois » avec le Lord n'était vraiment pas un souvenir que Drago souhaitait revivre.
-Très bien, je me tourne. Souffla le black, je vais aller te chercher des affaires propres.
Blaise se dirigea vers une armoire qui faisait l'angle de la pièce et sans jamais jeter un œil vers Drago, il choisit de quoi l'habiller avant de revenir sur ses pas, à reculons. Pendant ce temps, le blond avait repoussé ses couvertures et avait réussi tant bien que mal à retirer son caleçon, seul rempart contre la nudité, jusqu'à ses genoux. Avant même d'avoir débuté, Drago sut qu'il n'aurait pas la force suffisante pour tout faire. Malgré tout, il serra les dents et ne dit rien. Il attrapa le gant de toilette qu'il trempa dans la bassine d'eau chaude, y apposa du savon et s'occupa de sa toilette intime, lavant ce qu'il pouvait, rinçant et séchant. Il attrapa ensuite un caleçon propre que Blaise avait déposé sur la tablette. A l'aide de ses bras, il se tint en position assise, le temps de retirer le caleçon sale et d'enfiler le propre. Le tout dura un bon quart d'heure et lorsqu'enfin, le vêtement fut enfilé, Drago se laissa retomber sur son lit, complètement vidé. Sa respiration était sifflante et rapide, les murs semblaient danser autour de lui et Drago ferma les yeux avant de prononcer les paroles qui lui donnèrent l'impression de lui arracher la langue.
-Blaise... peux-tu... m'aider... s'il te plait...
En moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, le jeune Zabini avait attrapé le gant et avait entamé le savonnage des jambes du blond, tout en les faisant travailler légèrement, assouplissant les articulations et vérifiant si le blond ne ressentait toujours aucune sensation au niveau des membres inférieurs.
-Tu sais, tu es plutôt chanceux d'être sorcier, il y a des choses que la magie rend nettement plus facile. Un petit sort et hop, ta vessie est vidée. Tu savais que les moldus, dans ton cas, on leur enfonce une sorte de tuyau dans le... enfin dans le machin quoi, qui remonte jusqu'à la vessie pour qu'elle se vide. Non, mais tu imagines, un tuyau la dedans... ça doit être atrocement douloureux...
Drago grimaça en imaginant et effectivement, il remercia Merlin d'être né sorcier. Le blablatage de Blaise n'était pas très naturel, mais il évitait l'installation d'un silence pesant et Drago lui en était reconnaissant. Il accomplissait sa tache, vite et bien sans jamais faire la moindre réflexion sur l'incapacité du blond à faire sa propre toilette.
-Et ça, ce n'est rien. Pour... le reste, tu sais, ils doivent être posés sur une sorte de toilettes portables à moitié aplaties qu'ils glissent sous le derrière et tu dois faire la dessus.. et parfois encore ils enfilent des couches! T'imagines, des couches! Ils sont fous ces moldus!
-Blaise... je te remercie pour tous ces détails, mais, si tu pouvais éviter de me mettre ce genre d'images en tête, ce serait charmant.
Blaise releva la tête et lui fit un magnifique sourire. Il continua en silence. Drago s'étant occupé de sa toilette intime, le reste se fit avec nettement moins de gène et peu de temps après, le black reposa le gant dans la bassine.
-Bon, je dois m'occuper de tes blessures, maintenant. Par contre, désolé, mais nous sommes en rupture d'essence de dictame, la cicatrisation sera donc beaucoup plus longue.
Drago souffla, mais ne fit pas de commentaire. Blaise imbiba donc quelques compresses de désinfectant et les minutes qui suivirent furent assez désagréables pour le blond, certaines plaies, parfois assez profondes, le lançant régulièrement. Enfin, la séance s'acheva.
-Terminé! Tu dois te sentir mieux, non?!
Drago grogna pour la forme, pas prêt à avouer qu'effectivement, la toilette lui avait fait le plus grand bien.
-Ravi de retrouver ta mauvais foi, Drago! Elle m'avait presque manqué!
-L'humour de Weasley déteint sur toi Zabini, fais attention.
Mais rien ne semblait pouvoir entamer l'humeur du black. Au contraire, on aurait dit que d'entendre le prénom de son petit ami lui avait allumé quelque chose au fond des yeux. Drago ne s'attarda pas sur l'infime sentiment de jalousie qui lui traversa les entrailles. Il concentra à nouveau son attention sur Blaise qui s'apprêtait à lui enfiler un pantalon qui, clairement, n'était pas tout neuf.
-Zabini, tu n'as tout de même pas l'intention de me faire enfiler cette chose, n'est-ce pas?
-Si! C'est ça ou alors tu restes en caleçon.
-Mais c'est immonde!
-C'est un pantalon propre et à peu près à ta taille.
-Mais il est hideux et le tissu est de très mauvaise qualité!
-Bon, je suppose que ça veut dire que tu vas mieux et j'en suis ravi. Mais tu n'as pas le choix.
-Trouve autre chose.
-Drago! Il n'y a que ça. Nous n'avons ni le temps ni les moyens de faire les magasins pour toi. Ces vêtements sont propres, en bon état et chauds et c'est tout ce que tu auras. Pardonne nous si en allant te chercher dans les cachots putrides de Voldemort, nous n'avons pas pris le temps de faire un détour par chez toi pour récupérer tes fringues!
Drago frissonna en entendant le nom du seigneur des ténèbres et finit par se rendre face au dernier argument.
-Ca va, ne t'énerve pas!
-Tu me gonfles.
-Ouais, eh bien figure toi que de porter les anciennes fringues de ton mec ne m'enchantent pas particulièrement.
-Qu'est-ce qui te fait croire que ce sont les anciens vêtements de Ron?
Drago haussa un sourcil suggestif et son ami laissa échapper un petit sourire.
-Bon, d'accord, il est fort probable que ça appartienne à un des Weasley. Ecoute, toutes les choses dont on ne se sert plus finissent dans des coffres communs. Que ce soit des vêtements ou autre. Et c'est très pratique quand nous recevons des gens en urgence, comme toi. Et vu que les Weasley sont assez nombreux, il est fort possible qu'ils aient déposé plus de choses.
Drago ne répondit rien et laissa Zabini lui enfiler le pantalon en l'aidant comme il pouvait.
Et même si il grimaça à la vue du tee-shirt et du pull, il ne fit aucun autre commentaire. Il soupira simplement en constatant qu'il allait être habillé en pur moldu. Si son père avait été là... Drago pouvait parfaitement imaginer l'air de désapprobation et les yeux méprisants de son père qui se posaient sur lui, comme à chaque fois qu'il considérait que son fils n'était pas à la hauteur. A nouveau, il frissonna.
Drago fut sortit de ses idées noires par Blaise qui tirait un vieux fauteuil de toutes les couleurs auprès du lit.
-Tu te sens en forme pour être un peu assis? demanda-t-il au blond.
-Je crois, oui... mais pas là dessus...
-Oh, Drago, arrête de faire ta diva, je n'ai que ça! C'est très confortable et en plus, ça peut s'allonger si tu es fatigué. D'après Hermione, ça s'appelle une chaise longue, c'est moldu. Severus a dit que ça te ferait du bien d'être un peu assis et puis ça permettra aux elfes de changer tes draps. Et puis on va aérer un peu parce que, mon vieux, ça sent le fauve ici!
Drago leva les yeux aux ciels. C'était définitif, son ami s'était transformé en gryffondor. Lorsque le fauteuil fut près, Blaise parut soudain gêné. Du regard, Drago l'encouragea à poser la question qui le taraudait.
-Hum... il va falloir que... je te porte...
Drago ferma les yeux dans un soupir. Il était vraiment dans une situation des plus dégradante et humiliante. Il pria Merlin pour retrouver rapidement l'usage de ses jambes... et pas uniquement de ses jambes. Il s'était vite aperçu que les sensations avait disparu également au niveau du bassin... il se retrouvait donc paraplégique et impuissant. Il ne l'avait dit à personne, certainement pas. Il finit par hocher la tête doucement.
Blaise s'approcha et passa un bras sous ses jambes et l'autre derrière son dos. Drago passa ses bras autour du cou du black et essayé tant bien que mal de ne pas penser à la rougeur due à la honte qui s'étalait sur ses joues. Une fois de plus, Blaise ne fit aucun commentaire et une fois Drago installé sur la chaise longue, il alla juste chercher de quoi le couvrir, ouvrit la fenêtre et le volet et s'installa en face de lui, dans le fauteuil qu'il occupait en alternance avec Severus. La lumière envahit la pièce et Drago sentit avec plaisir une légère brise venir lui caresser le visage.
-Tu sais, reprit Blaise, ça fait vraiment du bien de t'avoir ici. Un serpentard de plus est le bienvenu. Severus est là, certes... mais pour être honnête, il n'est pas très bavard. Et la quasi totalité des autres membres de l'ordre sont des gryffondors. A croire que tous les gentils saints sont des rouges et or et tous les vilains pas beaux serpentards sont du côté du seigneur des ténèbres...
Drago sourit doucement. Blaise avait cette capacité à aborder des sujets importants avec un vocabulaire enfantin, allégeant ainsi l'ambiance et évitant les malaises. Ils continuèrent à discuter un moment, ou plutôt Blaise parla et Drago écouta. Mais il se sentait bien et le black réussit à le faire rire plusieurs fois, notamment en parlant du comportement de son parrain depuis qu'ils l'avaient ramené de chez les mangemorts.
-Tu as ma parole, Drago, il ne laisse pas un gryffon s'approcher de la porte de ta chambre, même Mme Pomfresh a du batailler avec lui pour pouvoir t'ausculter. Et une fois qu'elle a rendu son diagnostic, il l'a foutu dehors en disant qu'il pouvait prendre la relève. Il est pire qu'une dragonne qui couve ses œufs.
Il ouvrit soudainement les yeux en prenant conscience de ses paroles.
-Surtout, ne lui dis pas que j'ai dit ça... je risquerais de prendre cher!
-Je ne te le fais pas dire! ajouta Drago, un grand sourire sur les lèvres. Dis moi, où sommes nous exactement?
-Square Grimmaud, l'ancienne résidence des Black, maintenant en la possession de Harry Potter himself, quartier général de l'ordre du phénix depuis... bien avant ma naissance... Black était ton grand cousin, d'une certain manière tu es un peu chez toi...
-Je ne suis pas sur que Potter voie les choses de cette manière...
-Potter, tu veux rire? Il a insisté pour que tu occupes cette chambre. C'est une des plus belles du manoir. C'était celle de Régulus Black, le fils cadet de la famille.
-Oui, je connais son nom. Il a été mangemort.
-Oui! Eh bien, Potter t'a installé là d'office, arguant que c'était une des chambres les plus proches de celle de Severus. Mais c'est aussi une des mieux situées dans la maison et des mieux exposées. Lui, c'est pareil, depuis que tu es là, il faut le voir. Maintenant il ne se dispute plus avec Severus que pour une seule raison, le droit ou non qu'il a de t'approcher. Pour le moment, Severus a déjoué toutes ses tentatives d'approche, mais il est malin le Potter et très obstiné. Tu peux être certain que dès son retour de la chasse aux horcruxes, il va à nouveau tenter de s'infiltrer ici. Et en sachant que tu es réveillé, cette fois, ça m'étonnerait beaucoup que Severus puisse y faire quoi que ce soit. Il faut dire que les jumeaux Weasley lui filent un coup de main et que se sont de sacrés inventeurs. Je n'aimerai pas être leur ennemi... enfin plutôt je suis heureux de ne plus l'être. Parce que quand ils ont appris que je sortais avec Ron, je t'assure qu'ils ne m'ont pas fait de cadeau.
Malgré lui, Drago sentit son ventre se réchauffer à l'idée que Potter se battait pour pouvoir le voir. Et en même temps il angoissa d'avance à l'idée de leur première confrontation. Que pouvait donner une première rencontre avec une personne dont on avait abusé pendant des semaines? Drago laissa Blaise continuer son monologue assommant et se laissa porter par son imagination, sans se rendre compte qu'il s'assoupissait petit à petit, imaginant divers scénarios pour sa première entrevue avec Harry... avec Potter!
Les jours s'écoulèrent doucement pour Drago qui tentait chaque jour de faire bouger ses membres inférieurs sans succès. Ses seules visites étaient celles de Blaise et Severus, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il avait un nœud à l'estomac à l'idée même de rencontrer un autre membre de l'ordre du phénix. Il se demandait d'ailleurs comment ils pouvaient le tolérer dans leur antre, lui qui avait été le geôlier de leur précieux sauveur. Cette fausse tranquillité fut brisée un jeudi. Le temps était beau et Severus tentait de faire verbaliser Drago sur les événements qui s'étaient déroulés dans les cachots du seigneur des ténèbres. Il y mettait si peu de conviction que Drago était certain que l'idée ne venait pas de son parrain, mais de l'infirmière ou bien encore de la matriarche des Weasley, qu'il entendait parfois de sa chambre pester contre ses fils ou Severus, ou Merlin... Drago lui répétait qu'il n'y avait rien à en dire. Et c'était vrai. Il ne se souvenait plus vraiment de la totalité de ses séjours dans les froids et humides cachots du manoir et ce n'était pas plus mal car les quelques moments de lucidité qu'il avait eu le tourmentaient encore et encore dans des cauchemars récurrents. Ca ne ressemblait pas du tout à son parrain de vouloir à tout prix s'immiscer dans sa vie. D'ailleurs rapidement, il conclut la discussion dans un soupire.
-Bon, très bien... sache que si un jour tu souhaites... aborder le sujet...
Drago retint un ricanement. Severus n'avait jamais vraiment été à l'aise avec les gens... surtout quand il était question de sentiments.
-Severus, je sais très bien que je peux compter sur toi et je te remercie de ta touchante sollicitude, mais par pitié, arrête, on dirait un poufsouffle!
Piqué au vif, Severus le foudroya du regard et Drago ne put s'empêcher de laisser apparaître un rictus vainqueur sur ses lèvres. Il n'avait que rarement le dessus dans une joute verbale avec son parrain, il avait encore beaucoup à apprendre pour l'égaler, il n'allait donc pas se priver. Severus ouvrit la bouche pour répliquer sans doute une remarque bien tassée lorsque le bruit d'une course dans l'escalier suivi d'une chute résonna dans tout l'étage. Un bref juron et la course reprit, le bruit des pas se rapprochant et la porte s'ouvrit à la volée.
Drago n'avait pas bougé d'un pouce mais il put constater que malgré la rapidité de l'action, Severus était déjà en position de combat, baguette au point. Baguette qu'il abaissa aussitôt qu'il aperçut leur bruyant visiteur. Harry Potter dans toute sa splendeur se tenait sur le seuil de la chambre. Il semblait essoufflé et sa tenue était totalement débraillée et déchirée, laissant apparaître plusieurs entailles et du sang plus ou moins coagulé en fonction des parties du corps. Son visage était légèrement rouge d'avoir couru et n'avait pas non plus été épargné par les blessures, bien qu'elles semblaient moins profondes que celles parcourant son corps. Le brun se tenait bouche-bée, les yeux écarquillés fixés sur Malfoy.
-Euh... t'es réveillé... je... je savais pas que t'étais... enfin... euh...
Alors que la rougeur s'étendait de plus en plus sur les joues de Potter, une voix féminine résonna fortement.
-Monsieur Potter, venez immédiatement soigner vos blessures si vous ne voulez pas que je vous attache à votre lit!
Potter tourna la tête et lança à la cantonade:
-J'arrive Pompom!
Puis il concentra à nouveau son attention sur le blond.
-Je dois y aller... euh.. je suis désolé... de vous avoir dérangé...euh... oui, j'y vais.
La porte se referma précipitamment pour se rouvrir presque aussitôt.
-Euh.. je suis content de voir... que tu vas bien... ouais, voilà!
Et la porte se ferma à nouveau, pour ne plus laisser qu'un lourd silence dans la chambre. Drago ne savait pas trop si il devait vomir d'angoisse à l'idée d'avoir Potter à nouveau proche de lui ou éclater de rire face à la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux. Il réalisa alors qu'il n'était pas seul dans la pièce et fut persuadé que jamais son parrain ne le laisserai oublier ce moment. Un bref regard vers l'homme confirma ses pensées. Il avait les lèvres ourlées en coin et l'œil moqueur.
-Monsieur Zabini n'a peut être pas choisi le gryffondor ayant le plus de classe, mais il semble que tu n'aies pas choisi le plus intelligent...
Drago grogna.
-Ne dis pas de sottise, je n'ai rien choisi du tout...
Mais la rougeur traîtresse de ses joues ne voulut rien entendre et continua à s'étendre et Severus se fit un plaisir de l'arroser de subtiles remarques tout au long de l'après midi, l'empêchant de reprendre contenance.
Plusieurs jours se passèrent sans autre incident. Blaise avait informé Drago que Potter était sous l'étroite surveillance de Pomfresh qui refusait qu'il se lève avant d'être totalement remis. Drago avait fait semblant d'être totalement imperméable à la moindre information concernant le gryffondor mais le black le connaissait trop bien et chaque jour, il lui faisait un petit compte rendu innocent de son état de santé, passant outre les haussement d'épaules exagérés du blond. Malgré lui, il attendait la venue du brun. Partagé entre l'angoisse et l'impatience, il espérait... il ne savait pas trop ce qu'il espérait. Il ne savait pas ce qu'il avait encore le droit d'espérer de Potter.
Mais lorsque la porte s'ouvrit quelques jours plus tard, ce n'est pas Potter qui entra mais son grand rouquin d'ami, qui avançait clopin-clopant. Weasley ne fit qu'un pas dans la chambre avant de s'immobiliser. Les deux jeunes hommes s'affrontèrent du regard sans dire un mot, comme pour tâter l'atmosphère. Les premiers mots qui seraient prononcés seraient décisifs pour la suite, mais Drago se savait en position de faiblesse. Il se mordit la langue et attendit la pluie d'insultes portant sur son infirmité ou sa déchéance au sein des mangemorts, qui ne vint pas.
Après de longues secondes d'un silence pesant, le rouquin se remit à avancer et claudiqua vers la salle de bain, toujours dans dire un mot. Mais lorsqu'il revint avec des fioles plein les mains, le jeune Malfoy ne put retenir son exclamation.
-Qu'est-ce que tu comptes faire avec ça, Weasley?!
-Ca me paraît évident, Malfoy. répondit le rouquin avec un certain self-contrôle.
-C'est hors de question, dégage!
Weasley posa les fioles assez violemment sur la tablette à côté du lit, manquant d'en casser quelques unes qui roulèrent dangereusement jusqu'au bord.
-Ecoute Malfoy, ça ne me fait pas plus plaisir que toi d'être ici et de jouer l'infirmière. Mais tu vois, il n'y a personne d'autre présent aujourd'hui et Snape pense que tu ne peux pas passer une journée sans soin et m'a expressément demandé de faire...ça! Alors t'es bien gentil, mais je ne te laisse pas le choix.
-Où est Severus?
-Il est occupé ailleurs. Et avant que tu ne me le demande, Blaise n'est pas là non plus! Alors laisse moi l'accès à tes blessures, sauf si tu souhaites que je vire moi même tes couvertures.
Drago hésita un petit moment avant de se décider. Il repoussa ses draps avec lenteur et entreprit de se redresser. Il avait l'habitude maintenant, mais la tâche n'en était pas moins épuisante. Et Drago maudissait ses jambes chaque fois un peu plus. Le souffle court, il chercha comment faire comprendre à Weasley qu'il avait terminé sans avoir besoin de réclamer son aide. Heureusement pour lui, le rouquin n'était pas du genre patient.
-Bon, t'es prêt?
-Oui, c'est bon. marmonna Drago.
Weasley posa son regard sur lui. Drago tourna la tête, ne voulant voir ni de la haine ni de la pitié dans les yeux de celui qui fut autrefois un rival. Mais il semblait que le rouquin, comme Potter, avait mûri avec la guerre car il s'empara des compresses sans faire de réflexion. Il resta quelques instants la main l'air, indécis sur la manière de procéder, puis il s'occupa des jambes du blond avec une douceur étonnante compte tenu de sa carrure. D'une voix étranglée, il parla au jeune Malfoy qui avait toujours la tête tournée.
-Si je te fais mal... enfin, dis le moi, quoi.
-Je suis paralysé Weasley... je ne sens strictement rien.
-Ah oui, c'est vrai, je... désolé...
Drago fit un geste de la main pour balayer le sujet. C'était un fait, ils n'y pouvaient rien, ni l'un ni l'autre. Après quelques minutes de silence, Drago se décida à poser quelques questions au rouquin, faisant attention à ce que sa voix reste neutre.
-Peux-tu me dire où est Blaise?... S'il te plait...
Le rouquin soupira et son visage sembla se crisper.
-Il est parti avec Hermione et Harry à la chasse aux horcruxes. Nous avons eu une information de dernière minute hier et nous avons à peine eut le temps de préparer l'expédition. Je n'ai pas pu y aller parce que je me suis blessé à la jambe la dernière fois.
Weasley semblait vraiment en colère d'avoir été mis à l'écart mais Drago se fit la réflexion que vu la manière dont il boitait, c'était vraiment la décision la plus sage... avant de se rappeler que chez les gryffondors, et chez ces gryffons la en particulier, c'était rarement la voix de la sagesse qui était écoutée.
-Et... et Potter?
Le jeune Malfoy avait hésité à poser la question et il se garda bien de tourner la tête vers le rouquin, mais il avait besoin de savoir.
-Il a été blessé la dernière fois, lui aussi. Mais il s'en est plus vite remis. Il n'avait rien de cassé. Donc, dès qu'il a eu l'information, il n'a pas laissé le choix à Pompon et il s'est levé de son lit pour se préparer à partir.
Drago était étonné de voir que le rouquin lui livrait ces informations si facilement. Il n'avait pas l'air de le considérer comme un ennemi. Le blond se détendit légèrement.
-Alors, me soigner... c'est ta punition pour fréquenter Zabini?
Weasley eut un petit sourire.
-En quelques sortes, oui. Blaise m'a fait jurer de prendre soin de toi... et si possible de ne pas trop te torturer.
Drago esquissa un petit sourire à son tour.
-Ca doit te démanger, non?
Cette fois, les deux jeunes hommes se regardaient en face et l'ambiance était nettement plus légère qu'au début. Et c'est sur le ton de la plaisanterie que Weasley répondit.
-Aussi étonnant que cela puisse paraître, pas tant que ça... pas encore, en tout cas... mais je ne suis là que pour tes blessures, tu peux te brosser pour que je te fasse ta toilette, Malfoy! Tu auras un sort de nettoyage et c'est tout. Même si je dois dormir un mois sur le canapé après ça!
Drago laissa échapper un petit rire.
-Crois moi, Weasley, j'en remercie Merlin!
Le silence se réinstalla quelques temps.
-Et Severus, où est-il exactement? reprit Drago après quelques minutes.
-Il est parti en Transylvanie. Il tente de rallier à notre cause un groupe de vampires qui n'a pas pris position... je me demande bien pourquoi il prend le risque d'aller là-bas... Les vampires ne sont pas vraiment fiables... C'est pas que je sois particulièrement fan de Snape, hein, mais... c'est dangereux...
-Severus a couplé la faculté de potion avec celle de défense contre les forces du mal. Il a fait sa thèse sur les vampires et il a gardé quelques contacts avec certains d'entre eux.
Le rouquin forma un « o » admiratif avec la bouche qui fit sourire le blond, puis eut un petit rire.
-Plus jeune, j'étais persuadé que Snape en était un... un vampire.
Drago se sentit glousser, mais une douleur l'élança au niveau des côtes, ce qui le calma rapidement.
-Bref, après ça, il doit aller faire je ne sais quelle mission pour Voldemort...
Drago sursauta.
-Je t'ai fait mal? Demanda aussitôt le rouquin en éloignant sa main.
-Non, mais... Severus... le Lord... je veux dire...Comment peut-il encore travailler pour lui alors qu'il est venu me libérer au manoir?
-Voldemort n'est pas au courant que c'est lui qui est venu. Il n'a pas utilisé sa baguette, seuls Harry et Blaise l'ont fait, donc il n'a laissé aucune empreinte magique... quant aux mangemorts sur place... disons qu'après leur départ, il ne restait plus personne pour témoigner de la présence des intrus...
Drago hocha la tête doucement. Son parrain était encore sous la coupe du mage noir le plus puissant depuis Grindelwald et il jouait encore double jeu... Le blond sentit son ventre se contracter à cette idée. Etre espion n'était vraiment pas un job de tout repos et le seigneur des ténèbres n'était pas idiot. Il finirait bien par s'apercevoir de quelque chose et Drago n'était vraiment pas prêt à perdre son parrain. Il tentât de se rassurer en se disant que Severus jouait ce rôle depuis de nombreuses années déjà et qu'il commençait à être rôdé.
Les soins des membres inférieurs furent terminés et Weasley s'occupa du torse du blond. Un malaise s'était installé et les coups d'œils réguliers du rouquin finirent par agacer le blond. Il soupira et relança la conversation.
-Vous, les gryffons, vous ne savez jamais vous taire. Pose ta question Weasley, tu es aussi discret qu'un troll dans un magasin de porcelaine. Et je sais que je suis très beau, mais je ne crois pas que Zabini apprécierait de savoir que son petit ami me matte sans vergogne!
Le rouquin rougit brusquement mais ne se démonta pas. Il grommela dans sa barbe quelques mots qui ressemblaient à « même pas en rêve » et « aristo narcissique de mes deux », avant de se racler la gorge et d'aborder un sujet plus sérieux.
-Je voulais juste te remercier. dit-il le plus rapidement possible.
Drago écarquilla les yeux, laissant tomber complètement son masque de froideur tant cette phrase lui semblait incongrue.
-Me remercier? Et pourquoi ça?
Weasley sembla contrarié de devoir préciser sa pensée car la phrase suivant vint dans un grognement.
-Te remercier d'avoir permis à Harry de venir me voir quand j'étais à Sainte Mangouste... et aussi de l'avoir sauvé.
Drago se rembrunit immédiatement et son ton se fit sec.
-Il était mon prisonnier, Weasley. Je n'ai vraiment aucun remerciement à avoir pour cela.
-Je le sais bien, contra le rouquin, mais tu as fini par le libérer... et... je ne sais pas comment dire ça. Il a retrouvé une volonté de vaincre que je ne lui avais plus vu depuis... depuis longtemps. Et pour ça, je suis prêt à passer l'éponge sur... le reste.
Un silence pesant s'installa à nouveau entre les deux hommes. Ce fut Weasley qui le rompit, refusant de laisser s'installer une telle ambiance après avoir presque réussi à parler civilement avec le serpentard.
-Ecoute, Malfoy. Harry est mon frère. Et je ne laisserai personne lui faire du mal. Quand il a été fait prisonnier...
La douleur au fond du regard du rouquin était telle que Drago ne put que baisser les yeux.
-Enfin... on a vraiment cru que c'était la fin et puis après... je ne sais pas ce qu'il s'est passé. On a appris qu'il n'était pas mort, qu'il n'était plus sous la coupe des mangemorts mais chez toi... on était un peu paumé, je dois dire... on ne savait pas trop à quoi s'attendre. Alors on est venu le chercher chez toi après avoir fait diversion, mais il dépérissait, littéralement. Et on ne savait pas pourquoi, ni quoi faire! On en est même arrivé à l'attacher parce que la seule chose qu'il arrivait à dire, c'était ton nom et que dès qu'il en avait l'occasion, il tentait de repartir...
La voix du gryffondor était tremblante, comme s'il revivait ces moments douloureux en direct. Drago était suspendu à ses lèvres.
-Alors nous avons décidé qu'il fallait le laisser repartir... Ca a été l'une des pires décisions de ma vie, Malfoy. D'ailleurs la plupart des membres de l'ordre n'étaient pas d'accord. Nous avons préparé son évasion dans le dos des autres et ça n'a pas été simple. Ca a été une grosse période de crise pour l'ordre. Et voilà que comme par enchantement, Snape part un jour sans explication aucune, après un message reçu d'un hiboux et revient quelques heures plus tard avec Harry... en bonne santé. Et ce jour là, Malfoy, ça a été un des plus beaux souvenirs que j'ai de cette foutue guerre. Parce que tu m'as rendu mon frère et tu as rendu aux résistant un souffle d'espoir que nous avions tous perdu. Alors quoiqu'il se soit passé dans ta petite tête de fouine entre le moment où tu as eu droit de vie et de mort sur Harry et celui où tu as choisi de le libérer... je tenais vraiment et sincèrement à te remercier. Je... je voulais juste que tu le saches.
Drago sentit une grosse boule dans sa gorge et il se contenta de hocher doucement la tête, incertain de ses capacités vocales. Le rouquin finit ses soins, jeta les compresses usagées et recapuchonna les fioles de potions.
-Tu as changé. lui avoua Drago, une fois ses capacités vocales retrouvées.
Le rouquin eut un petit sourire triste.
-La guerre... et la perte des gens qu'on aime... je crois que ça change n'importe qui...
A nouveau, Drago se contenta de hocher la tête. Et soudain, une information vieille de plusieurs mois lui revint en mémoire.
-Je suis désolé pour ton frère... Perceval, c'est cela?
Nouveau hochement de tête de la part du rouquin.
-Percy, oui. Merci... mais tu n'y es pour rien.
Drago sentit une boule se former dans son estomac. Il n'osa pas répondre qu'il n'en était pas si sur. Après tout, il avait été l'instigateur de la plupart des attaques du Lord... les plus meurtrières.
Weasley finit par ranger les affaires utilisées puis lui lança le sort de nettoyage avant de sortir de la pièce en lançant un « à plus tard ».
Drago reposa sa tête sur les oreillers. Il ne savait plus très bien dans quelle dimension il était. Il venait de passer toute une heure avec la belette sans échanger aucune insulte, ni même tenter le moindre coup bas. Finalement, il se dit que son séjour auprès des gryffons risquait fortement de s'étirer et qu'il valait mieux faire un petit effort auprès des membres de l'ordre. Vidé, Drago ne mit pas longtemps à s'endormir, vite rattrapé par ses cauchemars de torture, accompagnés d'un rire féminin à vous glacer le sang.
A suivre...
