Eternal Rebirth.
.
.
.
Il y a longtemps de cela, Tentei décida de détruire le monde.
Tous les êtres vivants, les hommes, les animaux et les plantes furent donc transformés en œufs, sauf douze êtres humains.
Chacun d'eux reçut une branche, portant trois fruits, un serpent enroulé autour.
Chacun des douze serpents se déploya afin de soutenir une part du ciel, tandis que les fruits tombèrent au sol.
Le premier fruit devint la terre, qui engendre les habitants; Le second devint le royaume, qui créé les lois; Le dernier devint le Trône, l'incarnation de toutes les vertus de l'empereur, le Kirin.
Quant à la branche, elle devint le pinceau avec lequel les historiens écrivent l'Histoire...
...
Cependant , l'histoire pouvait se montrer bien plus ironique que l'on put le croire au premier abord . Si le Kirin et le roi Tai n'avaient pas chacun disparu en pleine nature , personne n'aurait su pour cette histoire . Personne n'aurait mis son nez dans ses affaires et elle aurait gentiment continué à couler des jours heureux dans le plus parfait des anonymats . Oui , c'était comme ça qu'elle avait prévu de vivre le reste de sa vie .
Mais rien ne pouvait être aussi facile n'est-ce pas ?
Car lorsque le destin s'en mêlait , il était impossible de parvenir à en réchapper indemne ...
.
.
.
Chapitre 0 : Introduction.
Environ 1200 ans plus tôt :
Chang'an , capitale de la Chine. En plein ère des Tang.
Ce fut une ère riche et prospère, du moins , en apparence... Et c'est à partir de là que tout commence, à la naissance d'une petite fille, la dernière d'une fratrie de sept enfants, dont deux fils et cinq filles . Or, les filles dans ce temps-là ne servaient à rien, surtout chez les Song, une des plus nobles familles du royaumes qui eut l'immense honneur de compter les généraux les plus audacieux et les plus dignes de l'époque Tang.
Dans cette famille il y avait trop de femmes inutiles à marier et pas assez d'hommes pour se battre. Or, le chef de famille désirait désespérément un fils supplémentaire pour l'honneur et la gloire. Sauf qu'il ne l'eut jamais.
Il fut décidé aux yeux de tous que cet enfant s'appellerait Wu Lei et que même s'il n'eut la chance d'être né homme, il serait élevé comme tel, du moins, ce fut l'idée.
Wu Lei est donc née dans une famille d'illustres militaires de la haute noblesse, la famille Song. Elle a vu le jour en hiver 776 dans la forteresse familiale de Sanquiao aux abords de la capitale.
C'étaient des temps troublés , vraiment troublés... Treize ans plus tôt , Trisong Detsen roi du Tibet conduisit une armée vers la capitale ce qui força l'Empereur à prendre les devants pour mieux s'enfuir tel un lâche .
La capitale fut alors mise à sac et un empereur fantoche fut installé sur le trône , bien que défait deux semaines plus tard par l'empereur cité plus tôt . Cela ne fut possible que grâce aux efforts du père et du grand père de Wu Lei qui levèrent une armée afin de remettre au pouvoir leur souverain, en échange d'une faveur inestimable, la main d'une des filles de ce dernier.
Le grand père de Wu Lei fut nommé grand général des armés et beau-père de l'empereur, une distinction émérite , enviée de tous et par tous.
Mais la défaite face au Tibet fut difficile à avaler pour lui , , une insulte terrible qui le poussait à vouloir à tout prix rétablir l'honneur de sa famille et celle de son pays. Son fils, le père de Wu Lei, y perdit la vie quelques mois après la naissance de Wu Lei alors que la mère de l'enfant périt après lui avoir donné le jour, la laissant orpheline.
Pour résumer , la Chine de l'époque perdit faire au tibet et du non seulement céder des terres mais aussi payer un lourd tribut en rouleaux de soie ... Nul doute , la Dynastie des Tang , celle des grands hommes vertueux et éclairés était sur le point de sombrer. Et les Wu allaient tomber eux aussi s'ils ne trouvaient pas un moyen de s'en sortir ...
Le Grand père Song Tao était craint et respecté , mais il avait perdu son fils unique à la guerre , ainsi que sa belle-fille en couche ... Sa femme était partie avant lui , un coup de froid dévastateur parait-il ... Et il se retrouvait à vivre sous le même toit que ses petits-enfants , dernier espoir qu'il lui restait afin de restaurer le blason de leur famille ... Deux fils et cinq filles, dont quatre déjà mariées. Song Li Bai , Song Bao Xing et Song Wu Lei restaient encore sous sa protection et sous son regard strict, ils étaient voués à accomplir de grandes choses ...
…
15 ans plus tard , en 781 ...
- Ah ! Je savais bien que je te trouverais ici ! Toujours à fainéanter ... Grand frère ...
La personne en question tressauta. La surprise le fit même lâcher sa bouteille qui se répandit par terre , au grand dam de ce dernier.
- Wu Lei ! C'est pas vrai ... Ma bouteille ! Tu sais que celle ci vient du nord ? Elle était de très bonne qualité ...
- Mais oui ! Mais oui ... De toute façon , tu bois trop . Fit cette dernière sérieusement . Et d'ailleurs , comment veux tu te battre sérieusement contre moi si tu ne tiens plus sur tes jambes ? Franchement ...
Trop , c'était trop . Bao Xing se leva subitement et commença à la courser. Wu Lei s'écria en courrant , le défiant d'arriver à l'attraper .
- Et qu'est-ce que je gagne ?
- Un bisou ! fit cette dernière en riant .
- Tss ... Ça ne vaut rien . T'es une gamine effrontée qui m'empêche de boire mon vin en paix ... Si encore t'étais aussi belle que ma douce Yu Lin ... Haaaaa ... Fit il rêveur. Mais cet instant de rêverie le fit trébucher et tomber , face contre terre dans le crotin de son fier destrier. Wu Lei s'arrêta , incapable de retenir son rire.
Oui , les temps semblaient heureux.
Ce n'était pas fait pour durer.
L'annonce d'une guerre était proche. Wu Lei le savait , elle avait en grande partie espionné ses frères lorsque ceux ci se faisaient convoquer dans le bureau de leur grand père... A chaque fois que cela arrivait , elle avait peur pour eux , peur que leur vie protégée , que leur bonheur s'effrite et disparaisse. Et puis ... S'il n'y avait que ça ... Pire encore que la guerre ... Le mariage . Ses frères allaient se marier. Ils étaient en âge après tout . Mais elle ne pouvait le tolérer. Pas question de partager ses frères avec des idiotes.
- Mon frère ... As tu fini de t'amuser avec notre sœur ? Son précepteur la cherche partout et nous devons partir demain afin de livrer bataille.
Wu Lei se figea . Nul doute que son autre grand frère , Li Bai , l'ainé , était impressionnant. Il était calme et discipliné en toutes circonstances, c'était un stratège hors pair et un général talentueux.
Ses deux frères étaient généraux et pas des moindres. Ils dirigeaient des armées et combattaient pour l'empire. Elle était fière d'eux et les admiraient , surtout Li Bai qui lui avait appris les rudiments de la stratégie militaire . Oui , elle admirait son grand frère et l'étendue de son intelligence... Elle aurait donné n'importe quoi pour lui ressembler. Mais celui dont elle était le plus proche , c'était son deuxième frère , le turbulent Bao Xing. Il buvait beaucoup , s'amusait avec des femmes et pariait ... Tout le contraire du délicat Li Bai ... Cependant , contrairement à ce dernier , il n' y avait aucune distance entre les deux qui passaient leur temps à chevaucher, s'affronter à l'épée ou tout simplement à se faire de mauvaises farces.
Jamais une fois Wu Lei n'avait pu vaincre son frère à l'épée. Ou encore au tir à l'arc ou à quoi que ce soit relevant de l'art martial. Bao Xing était un prodige. Et sa renommée traversait toute la Chine.
- Maitresse ! Que faites-vous encore ici ? Fit alors celle que l'on avait chargé de la surveiller. Si le seigneur votre grand père apprend où vous êtes ... Vous n'êtes pas un homme voyons, mais une femme et il a été décidé que prochainement, vous épouseriez l'un des hommes les plus riches du royaume. N'avez-vous pas envie d'être traitée telle une princesse ? Vous êtes la nièce de l'empereur. Un peu de tenue voyons !
Wu Lei soupira . Elle ne voulait pas se marier. Mais comme tant d'autres, elle devait se plier aux décisions familiales ou il lui en couterait. C'est donc avec regret qu'elle salua ses deux frères, qu'elle leur dit au revoir avant de suivre sa gouvernante pour telle ou telle leçon d'instrument dont elle se serait vivement passée.
Elle leur lança un dernier regard, ignorant qu'il allait être le dernier.
…
Quelques mois plus tard, la nouvelle tomba. Wu Lei, dévastée sortit de sa chambre en courant et se dirigea vers la cour où les corps de ses frères avaient étés ramenés. On avait bien tenté de la dissuader, de la forcer à rester dans ses quartiers, mais rien à faire. Cependant, lorsqu'elle arriva et qu'elle vit ce qu'il restait d'eux, ce fut le choc, la rage et puis l'horreur. Elle tomba à terre en poussant un grand cri suraigu, leurs têtes ! Disparues ! On les avait décapitées pour les afficher comme trophées chez l'ennemi. Quelle honte !
- Grand père ! fit elle en se retournant , le visage déformé par l'horreur et la rage. Voyez ce que ces chiens ont faits à mes frères ! Que comptez-vous faire pour les venger ?!Si vous levez une armée, je veux en être ! Je veux venger mes frères !
Une femme ne peut habituellement se mêler d'armée, mais ce jour-là il acquiesça silencieusement. Sans doute était-ce le choc, ou bien le fait qu'il ne lui restait que Wu Lei à disposition… Dans tous les cas l'armée rebelle marchait sur la ville et ils n'avaient pas de temps à perdre, il fallait riposter ou Chang An tomberait !
…
Comme prévu, la guerre était une chose atroce. Les soldats en première ligne mouraient les uns après les autres devants les diables de tibétains. Et comme ces derniers vivaient dans les montagnes, ils avaient l'avantage du terrain. 70 000 face à 200 000. Autant dire david contre goliath. Les armées de l'empire étaient affaiblies et les tibétains étaient aidés par des opportunistes cherchant aveuglément le pouvoir. Et leur chef, celui qui avait prit la vie de ses deux frères ainsi que celle de nombreux autres généraux de l'empire, se nommait Zhou Hsin, ou Hsin le héros. Wu Lei souriait amèrement. Un héros ? Cet homme n'était qu'un chien galeux, un traitre allié aux tibétains , un loup assoiffé de sang et de pouvoir. On disait même qu'en réalité il s'agissait d'un démon pourvu de longues cornes et d'une queue de serpent.
- Ressaisissez-vous ! hurla alors son grand père aux autres généraux. Si nous continuons comme ça, nous allons tous mourir et l'empereur avec nous ! Voulez-vous voir la splendeur de Chang'an tomber en disgrâce une fois de plus ?! Non ? Alors montrez à l'ennemi votre fierté d'appartenir à un royaume dirigé par les Tang !
Alors que les autres généraux partaient en grommelant, le général en chef fit signe à Wu Lei qui accourra.
- Grand père ? Fit elle alors.
- Hum… Ca ne va pas. Le moral des troupes est bas et des cas de désertions ont déjà été signalés. Si seulement on arrivait à obtenir une victoire pour redonner du courage aux hommes, peut être que nous pourrions inverser la tendance…
- Grand père… J'ai peut-être une idée.
- Toi ? Si tu crois être meilleure que mes stratèges…
Elle s'empara de la carte et pointa du doigt la rivière la plus proche.
- Ici. Fit elle à l'un des embranchements. Il y a quelques mois on a construit un barrage pour alimenter les rizières de la région voisine. Si on le détruit, notre champ de bataille sera en grande partie inondé et la majorité de leurs soldats noyés. Les montagnes environnantes forment comme une cuve, ce qui ne leur laissera aucune chance. Par contre, pour que le plan fonctionne, il va falloir sacrifier des hommes qui devront servir d'appât. Je dirai au moins dix mille.
- C'est trop. Si on réduit les pertes à cinq mille on pourra tenter le coup.
- Je vois. Et lorsque ce sera la nuit, rajouta Wu Lei, on pourra en profiter leur porter le coup de grâce en brulant leurs réserves de nourriture afin de saper définitivement leur moral. Termina t'elle froidement.
- Essayons ça, alors.
…
Le lendemain, le combat reprit de plus belle tandis qu'un convoi de mille hommes suivaient Wu Lei dans les plaines jusqu'au barrage de Yulang qu'il leur fallait détruire. Ils ne furent pas trop de mille pour réussir cet exploit. Durant des heures et des heures, ils attaquèrent la digue et ne laissèrent que ce qu'il fallait pour la retenir jusqu'au signal. Lorsqu'ils virent de la fumée au loin, Wu Lei su qu'il s'agissait du moment jouissif où au moins la moitié des troupes tibétaines allaient se noyer et mourir dans d'atroces souffrances.
Que ces chiens aient ce qu'ils méritent ! Fit elle froidement. Vous qui convoitez l'opulence, allez donc vous vautrer dans la boue !
Le reste des hommes acquiescèrent. Exténués, mais heureux, ils retournèrent au campement.
Cependant, lorsque Wu Lei retrouva son grand père, celui affichait une mine dure et implacable.
- Que se passe t'il ?
- Notre attaque de nuit a échoué. L'ennemi avait prévu le coup et nous avons encore perdu des hommes. Cet Hsin est vraiment un démon !
Wu Lei fronça les sourcils et serra les poings. Alors cet homme, ce général ennemi avait prévu son coup ? Soit. Elle doutait qu'il puisse prévoir celui-là.
- Demain, ce sera une bataille décisive. Toutes leurs troupes risquent d'attaquer en même temps. Et nous, on va en profiter.
- Attends Wu Lei, que veux-tu dire par là ?
- Que je vais y aller. En tant que général en chef des armées, ce Hsin se doit de rester en retrait dans son camp. Moi, je vais trouver ce camp et ramener sa tête !
- Et s'il te tue ?! Petite idiote !
- Je préfère mourir en essayant que de vivre dans la honte.
…
Le jour qui suivit fut comme l'avait prédit Wu Lei. Les tibétains voulurent en finir au plus vite et envoyèrent la totalité de leurs hommes au combat. 90 0000 face à 50 000. C'était encore du quitte ou double mais c'était faisable. Le moral de leur armée était revenu et le ciel était avec eux.
Alors que la guerre faisait rare, que fantassins et cavaliers s'entrechoquaient, un petit groupe dirigé par Wu Lei et composé d'à peine cent personnes faisait une percée dans la foret. Ils ignoraient où pouvait bien se trouver le camp de l'ennemi et doutaient le trouver par chance. Wu Lei savait qu'un campement était placé sur le terrain de manière logique. Il devait être à l'abri et en retrait, mais ne devait pas pour autant être trop coupée des troupes et ce, tout en gardant une vue sur le champ de bataille.
En partant sur ces principes, il ne restait pas beaucoup d'endroits à fouiller et elle décida de tous les faire, quitte à y passer un temps fou.
Et ça paya.
Au bout d'un moment qui parut être une éternité, ils virent enfin les tentes de commandement, dont celle particulièrement grande du général en chef des armées. D'un geste silencieux, elle leur fit signe de contourner le campement et de tuer silencieusement les gardes. Elle voulait savourer sa vengeance seule.
Wu Lei respira un bon coup. Bientôt, ses frères allaient être vengés et son univers écroulé pourrait enfin retrouver sa dignité et sa sérénité. Mais pour cela, elle livrait au dieu de la mort et sous les yeux du Ciel cet impudent qui osa salir son destin !
D'un geste vif, elle entra dans la tente qu'elle trouva déserte. Elle s'affola. Où était il ?! Soudain elle entendit un bruit sur sa gauche. Une lame était tendue vers elle, à proximité de son cou.
- Qui va là ?!
Wu Lei écarquilla les yeux, pas tant pour le fait d'être démasqué, mais à cause de la beauté irréelle de cet homme qui se tenait devant elle et de son regard aussi perçant que froid. Pour elle, il n'y avait pas le moindre doute, cet homme était bel et bien celui qu'elle recherchait : Hsin !
Mais c'était trop dangereux de l'affronter ici . Elle s'enfuit de la tente en courant tout en manquant de trébucher sur le feuillage humide. Elle monta son cheval et chevaucha dans la forêt. Très vite, elle entendit un hennissement derrière elle à quelques mètres. Hsin la pourchassait, comme ce qu'elle avait prévu. Elle l'entraina loin du champ de bataille, dans un endroit désert à proximité d'un ravin en haut dans la montagne escarpée.
Un combat s'en suivit alors. Epée contre épée, le choc fut violent. Suffisamment pour désarçonner Wu Lei de son cheval et pour faire tomber son casque, libérant ses splendides cheveux d'Onix et l'étendue de sa beauté illusoire à son ennemi juré.
De son coté, Hsin était stupéfait. La plus belle femme qu'il n'ait jamais vu se tenait là, devant lui et prête à le tuer. Si son regard d'un bleu pâle presque blanc pouvait tuer, il serait déjà mort.
- Tu es une femme. Ta place n'est pas sur un champ de bataille. Fit il calmement.
C'est pourtant cette femme qui a coulé la moitié de tes hommes et tu subiras bientôt le même sort pour la mort de mes frères que tu as tué !
- C'est donc toi le talentueux stratège qui a mis en échec une partie de mes projets … Ton nom ?
- Tu le sauras en enfer ! s'écria elle alors en brandissant son épée droit vers lui.
Mais c'est précisément à ce moment-là qu'un éclair aveuglant s'abattit sur eux, preuve que le Ciel les entendait.
- Ne vous battez pas !
Une voix presque surnaturelle sortit de l'éclat et une bête étonnante en sortit. Ce qui retint le plus leur attention fut sa couleur. Rouge, comme le sang. Et après ça, tous deux furent emportés dans un vortex vers quelque enfer que ce fut.
…A suivre.
