Ma·lev·o·lent /məˈlevələnt/ adjectif anglais.
« Avoir ou montrer un souhait de faire souffrir les autres. »

Pdv d'Alexis Matthews.

(18 aout 1990, Amérique)

Tout avait commencé comme une journée assez banale, en soit. Cela faisait une semaine –sept longs jours– que Alexis Matthew avait emménagé dans la ville de Portland, Oregon, avec toute sa petite famille. La ville la plus ennuyeuse des États-Unis et dire que la brunette était peu ravie d'y être serait vraisemblablement un putain d'euphémisme, mais ce n'était pas comme si elle avait réellement eu le choix après tout. Son adorable paternel avait décidé, de son propre chef, qu'ils déménageraient pour être plus proche du Clan, et donc comme à son habitude sa mère avait simplement acquiescer, loin de ne se serait-ce que penser a s'y opposer. Alexis avait par conséquent été la plus heureuse du monde quand il lui avait été annoncé que sa vie entière aller s'effondrer, qu'elle ne reverrait probablement plus jamais son petit ami, ses amies, sa ville bien aimée et qu'ils partaient à l'autre bout du pays, dans ce qui semblait être le trou du cul du monde, simplement pour être plus proche d'un Clan qu'elle ne pouvait pas voir en peinture ; donc oui, on pourrait dire sans trop se tromper qu'Alexis était relativement agacée d'être dans les parages. Et aujourd'hui, contrairement a d'habitude, elle ne resterait pas cloitrée à la maison à bouder. Oh, non ! Cette fois elle avait décidé de leur faire payer.

C'est donc ainsi qu'elle s'était retrouvée à faire le mur.

Alexis a fermé les yeux un court instant, appréciant simplement la sensation du soleil caressant sa peau, au moins même dans ce trou il lui restait cela. C'est probablement une des choses qu'elle préférait le plus en Californie, le soleil. Elle a tiré une longue latte de sa cigarette avant d'en recracher la fumée blanche, sa bouche formant un rond tentant de faire des espèces de forme ronde avec la fumée et, échouant lamentablement, elle a très légèrement soupiré. Une moue se dessina alors sur ses lèvres : Evan arrivait toujours à faire des formes amusantes avec la sienne, lui. Il était doué en tout, son ami le plus fidèle, celui qui s'était transformé en son premier amour. Personne ne le remplacerait jamais. San Francisco semblait bien loin a présent, 863 kilomètres qui la séparait de l'endroit qui fut sa maison pendant les trois quarts de sa vie. Perdre ses amis, ses repères, elle aurait pu le supporter, mais perdre Evan était probablement ce qui l'avait le plus blessée. Ils savaient pertinemment tous les deux qu'une relation longue distance serait impossible et c'est donc contraint et forcés qu'ils avaient dû se résoudre à se dire adieu, à se séparer pour ne plus jamais se revoir.

Une ombre assez imposante vint soudainement se placer devant son soleil, lui retirant brusquement toute sensation de plénitude. Elle a écrasé le restant de sa cigarette contre la table en brique avant de lever son regard noisette vers la silhouette qui l'avait privé de sa chaleur ; se trouvait debout, en face d'elle, un jeune homme d'une vingtaine d'années, assez grand et mince. Il avait un visage fin et enfantin, des yeux bleus-gris perçants et des lèvres fines. Il était charmant, elle ne le nierait pas, après à savoir ce qu'il lui voulait. Il est resté planté là, silencieux, avant de pencher la tête sur le côté, comme s'il attendait quelque chose de sa part ; elle l'a alors imité, un sourire en coin un tantinet moqueur.

« C'est ma place.

- C'était, » elle a rétorqué, sarcastique. « Parce que maintenant, tu vois, c'est ma place. »

- Décampe. » Il a ordonné, d'une voix presque sifflante.

« Ou alors tu ferras quoi ? » Elle l'a ouvertement provoqué, se soulevant brusquement afin de lui faire face ; c'est seulement à ce moment là qu'elle se rendit compte qu'il devait bien faire au moins une tête de plus qu'elle, pour autant elle ne s'est en rien démontée. Elle a soulevé le menton, ses yeux encrés dans ses yeux bleus/gris. « Je m'assoie où je veux, y'a pas ton nom écrit dessus.

- Pas besoin puisque c'est ma place. »

Elle a roulé des yeux, agacée. « Et tu crois que t'es qui, le roi du quartier ?

- Presque, je suis Kai Parker. »

Il a dit cela d'une telle manière qu'elle se posa brièvement la question à savoir s'il attendait une quelconque réaction de sa part après l'annonce de son identité. Était-elle censée trembler de peur et courir ? Peu probable que cela arrive un jour, mais après tout elle n'était ici que depuis une semaine.