J'ai commencé cette histoire il y a très, très longtemps. Je l'ai redécouverte par hasard au détour d'un nettoyage de fichiers et elle m'a semblé valoir le partage. En tout cas, le scénario est assez éloigné du monde de l'anime et c'est à mon avis plutôt une histoire pour les curieux que pour les vrais fans. A vous de juger.
Trois avertissements à son sujet:
1. Elle se passe dans un univers complètement alternatif, les persos sont peut-être (sûrement?) un peu OOC.
2. L'ambiance et les thèmes abordés sont un peu sombres d'où le classement M.
3. Il n'y a pas de VegeBul! :)
EVERY PLANET WE REACH IS DEAD
Chapitre 1 -
Le dernier mécanicien avait quitté le hangar et le silence était enfin retombé, à peine perturbé par le mugissement du vent qui s'engouffrait de temps à autres sous la tôle du toit. Au milieu de l'immense garage déserté, il ne restait que le vaisseau, dont l'ombre massive se projetait de manière inquiétante sur le sol bétonné.
Ils avaient fait du bon boulot. Un seul coup d'œil à l'engin n'aurait pas permis de dire les combats acharnés qu'il avait connus. L'aile éventrée, qui avait failli valoir la perte de tout l'équipage, avait été reconstituée scrupuleusement, et sauf quelques soudures suspectes, elle semblait presque d'origine. En réalité il n'y avait plus beaucoup de pièces d'origine sur ce rafiot qui était devenu, à l'instar de ses occupants, un patchwork de blessures mal recousues.
Debout devant la carlingue, les bras croisés, le capitaine Marron Juu le considérait avec un œil satisfait, un sourire au coin des lèvres. Au fil du temps, ce vaillant amas de ferraille était devenu comme un membre de sa famille, un compagnon fidèle, son compagnon même, puisqu' elle en était le maître. Il était même plus que probable qu'il l'accompagnerait jusqu'à la mort. Elle s'approcha et scruta le métal poussiéreux attentivement, en plissant les yeux, jusqu'à y repérer l'inscription qui y était encore maladroitement gravée. Every Planet we reach is dead.
Cette simple phrase l'emplissait tout à la fois d'une certaine fierté et d'une certaine tristesse. Elle avait été tailladée grossièrement dans le métal rebelle par Bra, un soir où elle avait un peu trop fêté une victoire durement remportée. Depuis ce jour, quelques années auparavant, ces quelques mots étaient devenus la devise incantatoire de son équipage et le nom du vaisseau. A chaque réparation, par superstition, chacun s'assurait que les mots tordus avaient échappé au chalumeau des mécanos zélés. Les quelques fois où ils avaient été effacés, quelqu'un les avait réécrits, sans consulter les autres, sans explication.
De toute façon leur vaisseau n'avait même été baptisé. Il était comme eux, il n'existait pas vraiment dans la hiérarchie de la très puissante et redoutée armée royale saïyenne. Il était une ombre sur le registre officiel de l'inventaire du matériel militaire, comme ses passagers sur la liste des troupes. Il ne comptait ni en perte ni en profit, et s'il disparaissait demain, personne ne s'en rendrait vraiment compte. Il était juste devenu l'Every, et plus précisément, dans les capitaineries, Every Freaks On Board.
Marron monta la rambarde jusqu'à la porte d'accès et pénétra dans l'habitacle. Elle actionna l'éclairage et resta stupéfaite par l'ordre et la propreté qui y régnait. D'habitude, les équipes de maintenance ne s'intéressaient jamais à l'espace de vie des soldats. C'était d'ailleurs complètement inutile car son équipage était totalement réfractaire aux règles draconiennes d'hygiène de vie de l'armée traditionnelle. Cet endroit redeviendrait vite le même bazar habituel, dès qu'ils auraient regagné leurs postes.
Marron haussa les épaules elle avait déjà remarqué les usages particuliers de ce port où ils avaient atterri en catastrophe du fait d'une avarie inattendue.
D'abord, le connard qui dirigeait la capitainerie l'avait convoquée très officiellement par téléphone pour un ordre de mission « de la plus haute importance ». Marron avait été surprise par cet appel. Personne ne l'avait jamais vraiment convoquée depuis bien longtemps. Quelle connerie. Elle avait répondu à la voix cassante et nasillarde du connard par quelques grognements et avait raccroché avant de se rendormir dans les draps crasseux de la chambre d'hôtel qu'elle s'était prise quelque part dans les ruelles mal famées du port. Au réveil, quelques heures plus tard, elle avait simplement oublié.
Il ne l'avait pas lâchée si facilement et il avait rappelé avec insistance. Elle s'était contentée de couper son portable avant de sortir en quête de nourriture. Un des rares avantages quand on était personne dans la hiérarchie millimétrée du royaume, était qu'on se passait d'obéir trop strictement au règlement. C'était un moindre privilège comparé au sale boulot qu'on lui confiait et au nombre incalculable de fois où elle avait risqué sa vie et celle de ses compagnons pour la simple gloire du roi le plus puissant de sa galaxie.
Mais le chef de la capitainerie était de cette catégorie de connard obstiné et discipliné. Il lui avait envoyé un boy qui l'avait retrouvée dans une échoppe glauque où elle était en train de manger. Le gamin s'était planté nerveusement devant sa table.
- Vous… Vous êtes le capitaine Juu ? avait-il bredouillé.
Elle l'avait dévisagé froidement. Il paraissait mort de trouille et elle avait été tentée de l'effrayer un peu plus pour qu'il dégage. Il arborait déjà un magnifique cocard et une cicatrice à peine refermée sur le front. Ce n'était pas un saïyen de toute évidence. Il devait avoir tout juste quinze ans, et nageait dans ses guenilles trop grandes pour son corps frêle. Elle avait continué son repas sans un mot.
Le gamin s'agitait, visiblement indécis sur la meilleure façon de procéder. Il avait demandé son identité mais en réalité, il avait déjà repéré sur la veste en toile râpée de la jeune femme, les misérables galons qui annonçaient son grade. Elle portait toujours sa veste en escale parce qu'elle annonçait son appartenance à l'armée saïyenne et lui épargnait des aventures contrariantes, surtout avec son physique atypique. Sans ce signe de reconnaissance, beaucoup la prenait pour une simple terrienne sans défense et ça générait invariablement des malentendus quand elle déambulait seule dans les bars.
- Le commandant de capitainerie m'envoie vous chercher. Il dit que c'est important, insista le môme.
- Dis-lui que je bouffe, grogna Marron, sans prendre la peine de lever les yeux.
- Mais…Il a dit que c'était… urgent, bégaya le boy sur un ton implorant.
Elle s'aperçut avec amusement qu'il était sur la défensive, prêt à détaler au moindre de ses mouvements brusques. Elle le fixa d'un œil noir, sans faire mine d'interrompre son repas. Il s'était reculé avec méfiance et embarras.
- Je… Je vais lui dire que vous êtes en route.
Elle hocha la tête et le laissa repartir en courant. Qui était ce connard de Commandant de capitainerie pour l'emmerder à ce point ? Un petit fonctionnaire qui n'avait jamais vu une goutte de sang de sa vie, certainement.
Mais son insistance avait piqué la curiosité de Marron malgré tout, et quand elle eut payé son repas, elle prit la direction du port d'un pas résigné. Son équipage attendait une affectation depuis bientôt un mois. C'était anormalement long. En général ils avaient tout juste une semaine entre deux missions. Et les permissions étaient très exceptionnelles. Ils étaient les chiens de chasse de Sa Majesté et sa Majesté chassait beaucoup.
Marron se laissa tomber sur son siège de capitaine avec un soupir. La salle de pilotage était totalement vide de toute vie et de tout bruit. Bientôt, ils reviendraient et tout recommencerait, une fois de plus. Every Planet we reach is dead.
La tactique militaire du roi Végéta était assez sommaire. Raser ou soumettre. Une politique d'expansion qui semblait sans limite. Parfois, il y avait des guerres. Marron devait admettre qu'elle avait cessé de chercher du sens à tout ça. Elle et son équipage étaient devenus des machines à tuer. Il n'y avait plus d'espoir, plus de réflexions. Quand une mission était terminée, ils recousaient leurs plaies et passaient à une autre sans s'attarder et sans émotion.
Tout ça était loin des enseignements de son père mais son père était lui-même si loin dans sa mémoire maintenant. Et Marron prenait bien soin de vivre au présent, consciente que son existence aurait été difficilement supportable autrement.
Elle sortit de son sac la liasse de paperasses que le commandant de capitainerie lui avait remise. Elle n'avait pas été très surprise de découvrir qu'il s'agissait d'un petit saïyen tout gonflé de l'autorité ridicule et absolue qu'il détenait sur ce port merdique. Elle avait été à deux doigts de le saisir par le col pour le soulever de terre quand il s'était mis à lui aboyer dessus, en utilisant des mots menaçants comme « désertion » ou « mutinerie ». Elle s'était contentée d'abattre son poing sur son bureau qui s'était fissuré dans toute sa longueur et ça avait suffi à calmer la superbe de ce connard hurlant. Marron savait toujours faire preuve de sang-froid, c'était une des raisons pour laquelle elle avait été désignée capitaine de sa bande de fêlés.
Eden. Marron leva les yeux au ciel. Elle se demandait qui avait eu l'idée d'affubler une planète d'un nom aussi ridiculement poétique. Quoiqu'il en soit, Eden était leur destination. Elle repéra brièvement sa position sur la carte, avant de lire la fiche concernant ses caractéristiques essentielles. Elle fut étonnée de la pauvreté des informations. Les satellites avaient récolté quelques données scientifiques et on n'avait détecté aucune civilisation avancée. Marron chercha dans la liasse d'autres informations mais ne trouva rien. Elle balança négligemment les documents sur la table à côté d'elle et entreprit de sortir son matériel pour se rouler une cigarette assaisonnée.
L'équipage avait besoin d'action et, de ce point de vue, Eden ne paraissait pas très prometteuse. La dernière mission remontait à un mois et elle les sentait nerveux. Déjà, l'avarie qui les avait collés au sol sur cette planète pourrie était une grâce de Goten qui avait un peu forcé son entraînement. Marron avait été contrainte à plusieurs escales pour leur permettre à tous de prendre du bon temps à défaut d'action. Le résultat n'avait pas été des plus brillants et elle avait eu toutes les peines du monde à sortir diplomatiquement Pan des prisons de l'un de ces ports d'escale, tandis qu'ils avaient dû littéralement s'enfuir d'un autre.
Finalement, en dernier ressort, elle avait décidé de faire cap sur Vegitasei. Que les Huiles là-bas se démerdent avec leurs rejetons turbulents. Et puis il y avait eu « l'avarie » et ils s'étaient arrêtés dans ce port misérable. Quand elle avait compris qu'une nouvelle affectation venait de tomber, elle avait eu l'espoir de les ramener au feu pour les calmer un peu. Eden.
Marron alluma sa cigarette conique avec un soupir de lassitude. Tandis qu'elle fumait rêveusement, l'écho métallique d'un pas qui montait à bord rompit le silence. Elle resta immobile, essayant de deviner lequel d'entre eux regagnait déjà le vaisseau.
Elle sursauta légèrement en voyant arriver un inconnu du coin de l'œil. Elle se redressa sur son siège moelleux et se tourna vers lui avec un œil méfiant.
- Capitaine Juu ? demanda-t-il sur un ton assuré.
Elle le jaugea ostensiblement avant de répondre. Un terrien, cheveux clairs, pas trop mal foutu, sûrement plus fort qu'il n'en avait l'air. Inconnu de sa mémoire. Il portait un uniforme complet, très formel, comme elle n'en avait plus vu depuis très longtemps.
- Vous êtes ? grogna-telle finalement avant de tirer une bouffée sur sa cigarette.
Il plissa froidement les yeux d'une manière qui se voulait certainement sévère. Marron soutint son regard avec défi.
- On ne vous a rien dit ? répliqua-t-il.
Marron eut un petit rire.
- Je sais pas… J'ai vu un singe hurleur à la capitainerie mais… J'ai pas vraiment écouté ce qu'il avait à dire.
L'homme haussa un sourcil, cette fois-ci franchement décontenancé par la nonchalance du capitaine, qui n'avait rien de vraiment militaire. Il croisa les bras calmement.
- Je suis le Prince Trunks, annonça-t-il.
Ce fut au tour de Marron de pencher la tête avec incrédulité. Elle le regarda plus attentivement et repéra l'insigne royal sur son plastron. Il avait effectivement des airs de famille avec Bra. Elle l'avait déjà croisé quand elle était enfant, mais évidemment il n'avait rien à voir avec son vague souvenir. Elle pinça les lèvres.
- Vous voulez voir votre sœur ? Elle n'est pas ici, marmonna simplement Marron.
Le Prince laissa ses yeux errer sur le poste de contrôle. Pour l'instant, il était impeccablement propre et rangé mais c'était surtout grâce aux employés de la maintenance. Marron comprenait maintenant leur zèle à travailler sur son rafiot. Elle comprenait aussi la nervosité du connard de la capitainerie. Elle eut un demi-sourire à l'idée que son Altesse croyait peut-être faire une inspection surprise alors que tout avait été arrangé avant son arrivée.
- Je ne viens pas voir ma sœur, répondit-il distraitement en commençant à faire le tour du pont.
Il déambulait dans le poste de pilotage et examinait scrupuleusement les lieux, repérant les consoles de commandes, étudiant les systèmes de manœuvre sans un mot. Il alluma même un écran. Marron n'avait pas bougé, toujours vautrée sur son fauteuil, fumant avec désinvolture. Elle le surveillait avec méfiance malgré tout. S'il n'avait été un Prince de sang, jamais elle ne l'aurait laissé poser la main sur son équipement. Pour finir, il se retourna vers elle et s'adossa au fauteuil du pilote.
- On m'avait prévenu que vous étiez… spéciale, reprit-il calmement.
Elle eut un demi-sourire. Il n'avait pas idée de ce dont il parlait.
- On m'a quand même confié votre sœur, souligna-t-elle avec amusement.
- Justement, c'est pas par hasard, répliqua-t-il sans humour.
Il marcha jusqu'à la table où Marron avait abandonné les documents de son ordre de mission. Il avança sa main pour les saisir. Sans réfléchir un instant, Marron abattit son poing sur la liasse de papier pour lui en interdire l'accès. Il fut surpris par son geste et leva les yeux sur elle. Il veut pas que je lui montre ma culotte, non plus ? Marron retint ses mots in extremis.
Mais l'étonnement dans les yeux du Prince se transformèrent rapidement en colère froide.
- Vous n'avez aucune idée de ce que je suis venu faire ici, Capitaine Juu, hein ? demanda-t-il d'une voix sourde
- Aucune idée…
Elle se mordit la langue pour ne pas ajouter qu'elle n'en avait rien à foutre.
- Je prends le commandement de cette mission, lâcha-t-il calmement.
- Quoi ? coassa-t-elle, vous prenez quoi ?
Cette fois-ci, elle s'était redressée et son ton avait perdu toute désinvolture. Il la défiait du regard avec une jubilation évidente.
- Je prends le commandement de ce vaisseau et de cette unité. Vous serez mon second.
Elle se leva d'un bond pour être à sa hauteur. Il était plus grand qu'elle mais elle ne se laissa pas déstabiliser.
- Je ne suis le second de personne, cracha-t-elle.
- Il y a un début à tout, vous serez le mien, désormais.
Il détourna les yeux comme pour signifier que la discussion était close et entreprit de réunir les papiers sur la table.
- Vous voulez aller sur cette planète pourrie ? Prenez un de vos escadrons habituels ! Pourquoi mon vaisseau et mon équipage ?
Trunks ne répondait pas, il égalisait la liasse avec application et semblait ne plus se préoccuper d'elle. Marron le scrutait avec haine. Elle écrasa nerveusement son mégot dans un cendrier propre sur la table.
- Ils ne vous obéiront pas, reprit-elle sourdement.
- Les soldats ? demanda Trunks distraitement.
- Ce ne sont pas vraiment des soldats justement… Ils ne vous écouteront pas, vous craquerez avant même qu'on ait quitté l'atmosphère.
Trunks se tourna à nouveau vers elle, un sourire narquois au coin des lèvres.
- Je ne crois pas que ça arrivera, répliqua-t-il avec assurance.
Elle croisa les bras et eut un petit rire.
- Vous avez l'air très mal renseigné. Ici, c'est pas Vegitasei. Y aura pas de courbettes, y aura pas d'Altesse. Aucun d'entre eux ne vous connait assez pour vous faire confiance et vous serez seul face à eux...
- C'est vrai, ils ne me connaissent pas, moi. Mais vous, oui. C'est pour ça que vous serez mon second.
- Mais va te faire foutre ! explosa Marron.
Avant même qu'elle ait pu réaliser ce qui arrivait, il avait plaqué son avant-bras en travers de sa gorge et l'avait collée au mur derrière le fauteuil. Marron avait été soulevée du sol dans le mouvement et l'un de ses poignets étaient coincé contre le mur par le coude de son assaillant. D'une seule main, en une fraction de seconde, il avait réussi à l'immobiliser. Elle n'avait ni perçu ni anticipé son attaque et la stupéfaction la figea autant que la prise qu'il lui faisait. Il appuya son radius contre sa gorge et elle ressentit une douleur au niveau de sa pomme d'Adam. Son souffle devint aussitôt pénible. Elle tenta de se dégager avec la seule main qu'elle avait encore de libre mais lui aussi avait une main libre et il saisit son bras facilement et fermement pour l'empêcher de s'en servir.
- On arrête de jouer, siffla-t-il avec colère, tu vas faire exactement ce que je te dis. D'abord et surtout, tu vas le faire parce que je suis le Prince de l'armée saïyenne et que tu en fais encore partie… ensuite et aussi, tu vas le faire parce que tu y as tout intérêt.
- Sinon quoi ? siffla Marron avec insolence.
Trunks appuya un peu plus son bras sur sa carotide et elle eut un gémissement étouffée. Elle ferma les yeux et se concentra pour respirer plus calmement.
- Ecoute-moi, susurra Trunks, écoute-moi bien… Tu n'as peut-être plus grand-chose à perdre mais je sais ce que tu as à gagner…Je sais exactement à quoi rêve le capitaine Juu ces derniers temps…
Marron rouvrit les yeux en grand et le fixa avec étonnement et colère. Il lui souriait cyniquement, visiblement satisfait de sa réaction.
- Allez, si je fais le compte, t'as bientôt trente ans et tu sillonnes la galaxie et part au feu depuis que tu en as dix-sept, susurra-t-il sur le ton de la confidence, ça en fait des années sur le champ de bataille… C'est fatigant, tout ça et je parierais que t'as un petit coup de barre, pas vrai ?
- Conneries ! chuchota rageusement Marron qui manquait trop de souffle pour parler normalement.
- Connerie ? T'aurais pas essayé d'acheter un misérable terrain sur une planète pourrie qui a malheureusement explosé lors d'un combat ? Et t'aurais pas failli crever aussi dans une certaine mission l'année dernière ?
Les paroles de Trunks glaçaient Marron plus sûrement que l'idée qu'il pouvait la tuer en une fraction de seconde. Elle l'écoutait subitement attentivement, choquée de s'apercevoir qu'il connaissait des détails de son existence que même son équipage ignorait. Elle avait toujours cru que les puissants de Végitasei se souvenaient à peine son existence. Elle découvrait en fait avec stupeur que sa vie était minutieusement observée. Trunks relâcha un peu la pression en sentant qu'elle ne résistait plus.
- T'as été drôlement imprudente au cours de cette fameuse mission, pas vrai ? reprit-il
- Je… J'ai fait mon boulot… Toutes nos missions sont dangereuses, où tu veux en venir ?
Il la lâcha soudainement et, d'un geste rapide, fourra sa main dans la poche de la veste de la jeune femme. Il en ressortit un flacon de pilules qu'il agita sous ses yeux.
- Et ça ? C'est quoi ? demanda-t-il.
Elle essaya de récupérer l'objet mais il le mit hors de sa portée.
- C'est rien qui te regarde ! Qu'est-ce que tu me fais ? protesta-t-elle d'une voix rageuse et enrouée en se frottant le cou.
Il se recula d'un pas sans lui rendre le flacon.
- J'ai un deal pour toi. Tu m'obéis sur cette mission et ce sera la dernière, annonça-t-il.
Elle le regarda avec incrédulité. Il la scrutait calmement en retour et croisa les bras avec assurance, attendant sa réponse avec un demi-sourire qui trahissait sa confiance en lui.
- Vous, les saïyens, vous êtes des vraies ordures, marmonna-t-elle avec défi.
- Tu auras ce que tu voudras. Du fric, des terres… Ce que tu veux, je signerai moi-même, ajouta Trunks en élargissant son sourire, oh… Et la paix, bien sûr…
Marron était toujours adossée au mur et massait son cou endolori. Elle avait conscience qu'il aurait pu la tuer. Il était évidemment bien plus fort qu'elle, étant un hybride de saïyen. Mais elle savait aussi qu'il était loin d'être le seul capable de la neutraliser et de la tuer en un instant et Marron savait aussi qu'ils étaient de plus en plus nombreux à en être capables dans l'univers. Et un jour, elle tomberait sur l'un d'eux au combat. Elle baissa les yeux.
- Et si tu reviens pas de la mission ? Qui tiendra ta parole ? demanda-t-elle.
- Si je reviens pas ?... T'en fais pas, si je reviens pas, tu reviendra pas non plus.
Elle releva la tête et pinça les lèvres.
- Je t'aiderai en second, mais y'aura pas d'Altesse, y'aura pas d'uniforme, de garde à vous ou ce genre de conneries, c'est compris ?
Trunks eut un sourire carnassier.
- T'inquiète pas, si j'avais envie de ce genre de conneries comme tu dis, je serais resté sur Vegitasei. Tout ce que je veux c'est que tu fasses respecter mes ordres et que tu m'aides à diriger cette bande de tarés.
Marron hocha la tête d'un air renfrogné. Il commença à s'éloigner vers la table sur laquelle les documents étaient demeurés.
- Hep ! rappela-t-elle, le flacon !
Trunks baissa les yeux sur le flacon de pilules qui était resté dans sa main. Il hésita un instant, puis le lui balança d'un geste adroit. Elle le rattrapa en plein vol.
- Comme tu veux, répondit-il.
- Connard siffla-t-elle à voix basse.
ooo0ooooo0ooo
