Ron,
Mon cher Ron,
J'aimerais t'aimer toujours.
J'aimerais me contenter de ton corps mais le sien m'obsède. Tu es beau, je le sais, mais je ne le vois pas, je ne le ressens pas, je n'arrive qu'à te comparer, qu'à voir tes yeux et à penser que les siens me regarderaient si différemment. Car c'est cela : il ne m'aime pas à ta façon, lui ne reste pas béat d'admiration face à moi, mes manies et mon intelligence. Lui ne veut que me traîner plus bas que terre, faire de moi sa reine déchue, celle qu'il pourra fouler de son pied, celle qu'il peut détruire de par le moindre de ses sourires. Et je ne veux qu'être ça, je le ressens au plus profond de moi, tout détruire, s'abaisser à n'être qu'un corps, un corps mutilé par sa bouche, violenté par ses mains et fracturé par ses mots. Je ne m'épanouis pas dans tes tendres caresses et les discussions paisibles dans notre lit. Tu n'es qu'un esprit, pas même artistique, tout juste prêt à parler de tes journées monotones et occuper mes pensées.
Ça ne va pas, plus rien ne me séduit chez toi, je ne t'envisage que comme un ami avec lequel je couche parfois, sans volonté ni désir. Mais vois comme je suis lâche : je ne vais pas t'envoyer cette lettre, je ne veux pas te briser : pourquoi le serions nous tous deux alors que le suis déjà depuis si longtemps ? Je ne vais pas rompre, je suis bien trop égoïste pour cela. Car oui, je profite de toi, tu es mon cathartique, rester avec toi m'empêche de devenir la loque accourant se jeter à ses pieds que je suis. Tu occupes assez mon esprit pour qu'il se court-circuite et se déleste de ses passions néfastes qui ne mènent qu'à lui. Alors je me jetterai dans tes bras chaque matin, te répéterai que je t'aime, qu'il n'y a que toi, je m'offrirai à tes caresses et glousserai sous tes baisers, tentant continuellement de convaincre mon esprit et mes sens que tes yeux tirent sur l'anthracite et que tes cheveux ne cessent de s'éclaircir.
