Auteur : Séléné
Disclaimer : Rien n'est à moi, sauf Aramante et les armures divines de Merlin et Nanna.
Note : « La Sixième Sentinelle » est ma première fic sur Saint Seiya, donc je compte sur de potentiels lecteurs pour me dire si le début est bien ou pas, et si ça vaut la peine que je la continue. Ensuite, je n'ai pas eu la joie de voir les épisodes de Saint Seiya, ni de lire les mangas, donc je vous prie de pardonner certains écarts fait aux personnages et à l'histoire. Quant à Perséphone, Hadès étant mort, elle reste tout de même la reine des Enfers. Avant de vous laisser lire en paix, quelques petites précisions :
Merlin : dans la mythologie celte, c'est le plus célèbre des enchanteurs. Né d'une vierge et du diable, Merlin parle dès sa naissance afin d'éviter d'être sacrifié. Il a le don de lire dans les pensées, de se métamorphoser en tout et n'importe quoi, ainsi que de prédire l'avenir.
Nanna : dans la mythologie mésopotamienne, c'est le Dieu-Lune que les Babyloniens nommaient Sin.
Camulos: Dieu celte de la guerre.
Cythraul: personnification du Mal chez les Celtes.
Voilà, j'espère que ce premier chapitre vous plaira. Bonne lecture, et n'hésitez pas à me laisser une review.
La Sixième Sentinelle
xo§ox§xo§ox
Chapitre 1
La nuit était depuis longtemps tombée sur le Sanctuaire d'Athéna, et la lune éclairait maintenant les maisons du Zodiaque. Leurs habitants y dormaient tranquillement, se remettant lentement mais sûrement des blessures récoltées lors de la guerre contre Hadès, deux mois plus tôt. Maintenant qu'Hadès avait disparu et que la paix était revenue sur le Sanctuaire, les combattants et leur déesse prenaient un repos bien mérité. Ainsi donc, chevaliers d'or, d'argent, de bronze, Grand Pope et déesse dormaient tranquillement, lorsque le vent de la mer apporta à leurs oreilles, les échos d'un chant.
- "Dormez sans craintes chevaliers victorieux,
Je veille sur votre sommeil.
Vous risquez d'entendre ma voix encore quelques fois,
Mais je ne vous veux aucun mal,
Juste comprendre pourquoi.
Pourquoi êtes-vous revenus et pas lui ?
Lui qui est parti pour combattre à vos côtés,
Il n'est jamais ressorti des Enfers.
Je veux savoir pourquoi l'homme que j'aimais m'a quitté,
Faites-moi confiance, je saurai.
Le jour ne va pas tarder,
Et je vais retourner à mon antre.
Mais chaque nuit vous entendrez ma voix chanter,
Et pleurer sur ce drame.
Jusqu'à ce que je le décide,
Vous ne ferez que m'entendre sans jamais me voir.
Dormez sans craintes chevaliers victorieux,
Car je veille sur votre sommeil."
La voix s'éteignit tandis que l'astre du jour apparaissait.
xoxoxo
Le chevalier du Scorpion se réveilla en sursaut. Il avait entendu une voix alors qu'il dormait. Elle était douce, vibrante, mais triste. Etrangement, il ne s'était pas entièrement réveillé. Il avait juste été bercé par la voix. Mais maintenant qu'il était réveillé, le chevalier d'or se dit qu'il avait rêvé, et que son subconscient lui jouait des tours. Alors il n'en parla pas. Quelle ne fut pas sa surprise, deux jours plus tard, d'entendre Mu, Camus et Aphrodite en discuter.
- Ca fait deux jours que je ne dors pas, disait Aphrodite. Cette voix m'obsède. Dès que je l'entends, je sors de mon temple et je cherche d'où elle vient, mais rien à faire ! Je ne trouve pas.
- Maintenant que tu en parles, dit Camus, il m'a semblé voir une silhouette déambuler près des temples.
- Alors je n'avais pas rêvé, intervint Mu. J'ai aussi vu une ombre près des temples, mais je n'ai pas réussi à voir si c'était un homme ou une femme.
- D'après la voix, je dirais une femme, fit Camus.
Milo, chevalier d'or du Scorpion, n'en écouta pas plus, et retourna à son temple.
"Cette nuit, j'essaierai de suivre l'inconnu qui chante. Il faut que je sache qui il ou elle est !" Mais la nuit venue, lorsque le vent du large porta aux chevaliers la douce voix, Milo eut beau chercher, il ne vit personne.
xoxoxo
Une semaine passa, et le Sanctuaire au complet se demandait qui était la personne qui "hantait" son domaine. Ce n'est que deux jours plus tard que les chevaliers d'Athéna rencontrèrent cette personne.
La nuit venait de tomber, et la voix avait repris sa complainte, quand brusquement, au beau milieu d'un couplet, elle se tut. Les chevaliers d'or se réveillèrent totalement à cause du silence, chacun s'étant habitué à la voix. Ils sortirent tous devant leurs temples, jusqu'à ce qu'une explosion soudaine de cosmos dans le palais du Pope les alarme.
Mais allons plutôt voir du côté de notre mystérieux chanteur. Cela faisait maintenant onze nuits que l'inconnu chantait, et cette nuit-là ne fit pas exception. Il était au milieu d'un couplet, lorsqu'il avait vu une ombre traverser un jardin et entrer dans le palais du Pope par une fenêtre basse. Se taisant brusquement, l'inconnu se lança à la poursuite de l'ombre, assailli par un mauvais pressentiment.
Il entra dans le palais par la même fenêtre que sa proie, et se guida grâce à l'infime trace de cosmos que dégageait l'ombre. L'inconnu s'arrêta devant la porte entrouverte de la chambre du Grand Pope, et entra silencieusement, son instinct l'avertissant d'un danger. L'ombre était là, penchée au dessus du Pope endormi, un poignard à la main, aveugle au reste du monde.
Sans réfléchir, l'inconnu bondit sur la silhouette. Il attrapa la main armée, et envoya son autre poing s'écraser sur le visage de l'assassin. L'ombre, qui s'avéra être un homme, lâcha le poignard qui tomba silencieusement sur un tapis épais, et recula sous le choc. L'inconnu, en position de combat, fit exploser sa cosmo énergie, à la fois pour réveiller le Pope, et pour avertir les chevaliers.
Le Pope se redressa brusquement dans son lit, et au même moment, se voyant découvert, l'assassin s'enfuit, l'inconnu sur les talons. L'homme et son poursuivant se retrouvèrent devant le palais, à l'instant même où les chevaliers d'or arrivaient. Piégé, l'assassin changea de direction, mais les chevaliers d'or les avaient déjà encerclé, lui et l'inconnu.
- Laissez-le moi, gronda celui-ci, la peau blafarde, ses yeux grenat brillant de rage, et la voix rauque. Votre Pope va bien (et pour cause, il venait juste de débouler hors du palais). Je me charge de cet homme, alors n'intervenez pas !
Les chevaliers regardèrent leur Pope, et celui-ci leur fit signe de ne pas bouger. Satisfait, l'inconnu laissa un sourire carnassier fleurir sur ses lèvres charnues.
- Tu es ma proie Monsieur l'assassin. Pour avoir tenté de tuer le Grand Pope d'Athéna, tu vas mourir. Mais avant, tu vas me dire qui t'envoie.
- Dans tes rêves, ricana l'homme en se jetant sur l'inconnu.
Les deux hommes roulèrent au sol, se rouant de coups. Il y eut un craquement sonore, puis les deux belligérants se relevèrent, l'un en face de l'autre, en position de combat. Quelque chose tomba à terre derrière l'inconnu, libérant une épaisse chevelure brune qui cascada sur les épaules de son propriétaire.
- Une fille ?! s'exclama l'assassin, ahuri. Et tu comptes me tuer ? se reprit-il rapidement. Ne te surestimes pas, gamine !
- Toi, ne me sous-estime pas, grinça la jeune femme.
"Elle ne doit pas avoir plus de vingt ans" songea Aphrodite, alors que l'inconnue faisait apparaître un long bâton en bois d'if, orné d'une étoile d'argent cerclée d'un anneau de même métal, le tout encadré d'une paire d'ailes d'or.
- Je te présente Camulos, sourit cruellement la jeune femme.
- Tu prétends me tuer avec un vulgaire morceau de bois ? demanda l'assassin en haussant un sourcil perplexe et ironique à la fois.
- Pour que tu meures moins idiot cette nuit, sache que ce "morceau de bois" est un sceptre druidique, et que son nom est celui du dieu Celte de la guerre, répondit calmement l'inconnue, ses yeux grenat brillant de colère contenue.
- Bouhou ! J'ai peur ! ironisa l'homme.
- Tu devrais pourtant, car…
- Trêve de bavardage, la coupa l'assassin, lançant une petite sphère à son adversaire qui, par réflexe, l'évita.
Mais un chevalier eut moins de chance et se prit la sphère de plein fouet. Au contact de l'homme, la sphère explosa, blessant grièvement le chevalier aux cheveux turquoise, qui ne put retenir un cri de douleur. L'inconnue fit volte face et s'approcha du chevalier blessé d'un bond. Elle se baissa et passa une main sur la blessure. Le chevalier hurla de douleur quand la jeune femme toucha sa plaie, et l'inconnue grimaça de dégoût en voyant l'état de la chose.
- Je peux le soigner, mais avant, il faut mettre de la glace sur la blessure, dit-elle rapidement. L'un de vous doit avoir ce pouvoir.
Un des chevaliers d'or s'approcha du blessé, passa la main au-dessus de la plaie, et celle-ci se recouvrit d'une épaisse pellicule de glace.
- Tu dois être Camus du Verseau. Enchantée de te rencontrer, sourit gentiment la jeune femme.
Mais avant que le chevalier d'or ne dise quoi que ce soit, la physionomie de l'inconnue se tordit de rage, et elle fit exploser son cosmos. Au même instant, une attaque la frappait dans le dos, et un épais nuage de poussière aveugla chevaliers, Pope et assassin.
- Adieu gamine. Tu n'aurais pas dû me tourner le dos ! ricana l'homme.
Soudain, le nuage de poussière se dissipa, et meurtrier et chevaliers purent voir avec stupéfaction la jeune femme accroupie, auréolée d'une aura argentée, les cheveux parcourus d'éclairs rouge et or, les bras passés autour du Verseau pour le protéger, son sceptre planté dans le sol. L'inconnue se releva lentement, son aura flamboyante de rage.
- Chevalier du Verseau, veille sur ton frère d'arme. Je m'occupe de ce lâche, et je viendrai soigner ton ami.
La jeune femme recula de quelques pas, leva Camulos, le fit tournoyer au-dessus de sa tête et cria :
- Stars Wall !
Un mur de lumière se dressa entre les chevaliers et les deux adversaires, puis la lumière s'éteignit et le mur devint invisible. L'inconnue se tourna alors vers son adversaire, et tout le monde put voir son visage défiguré par la rage.
- Espèce de misérable petit cancrelat ! Je suis ton adversaire, alors c'est moi que tu essayes de tuer, pas eux ! Pour le double crime que tu as commis, je vais te faire endurer mille tourments. Tu souffriras tellement que tu me supplieras de t'achever.
- Cause toujours, tu m'intéresses, fit l'assassin, n'écoutant pas un traître mot de la menace.
Et sans ajouter autre chose, l'homme se jeta sur l'inconnue à la vitesse de la lumière.
- Par la foudre de Dargorlas !
L'attaque fonça sur la frêle jeune femme qui, d'un simple geste de son sceptre Camulos, la dissipa.
- Tu viens de trahir ton maître, sourit sadiquement l'inconnue.
- Menteuse ! cria l'homme, encore sous le choc d'avoir vu sa si puissante attaque réduite à néant.
- Je ne mens pas, répliqua durement la femme. Un seul être est capable d'enseigner "la foudre de Dargorlas", et cet être, je le connais.
L'assassin pâlit brusquement et se mit à trembler de terreur.
- Non, c'est impossible ! s'écria-t-il, au bord de la syncope.
- Pourtant je connais l'identité de ton maître, sourit cruellement la jeune femme. Et maintenant, c'est à mon tour d'attaquer.
L'inconnue leva Camulos de la main droite. L'étoile ailée brilla, et la jeune femme fondit sur son adversaire à la vitesse du son. L'assassin crut voir des loups autour de son ennemie quand celle-ci attaqua, et, sans qu'il ne s'en rende compte, la femme se retrouva derrière lui, lui tournant le dos. L'homme crut alors entendre un loup hurler, puis il entendit la femme prononcer quelques mots :
- Toi aussi tu l'as entendu, n'est-ce pas ? Le hurlement du loup.
Et à la surprise générale, l'assassin tomba raide mort, le visage et le corps lacérés.
- Finalement, tu es mort rapidement, dit l'inconnue, d'un ton badin. Je deviens trop gentille.
Se détournant du cadavre, la jeune femme se dirigea rapidement vers le blessé. Elle s'agenouilla près de lui, ramassant une fleur brûlée et abîmée qui gisait aux côtés de l'homme.
- Comment s'appelle ce chevalier ?
- Aphrodite, répondit Camus, qui était toujours près de son ami.
- Cette fleur est-elle représentative de cet homme ? demanda la jeune femme.
Camus eut un sourire amusé et répondit que oui. Alors l'inconnue toucha la fleur de son sceptre, la faisant refleurir et retrouver sa beauté originelle. Puis elle posa la rose rouge sur la plaie glacée, sa main gauche recouvrant la plante, et elle mit Camulos au-dessus du tout.
- Chevalier d'or, gardien d'Athéna, psalmodia la jeune femme. Aphrodite des Poissons, reviens !
Un halo rouge et or illumina la main posée sur la blessure, et, brusquement, le chevalier se redressa, une main crispée sur l'endroit où, quelques secondes plus tôt, se trouvait sa blessure.
- Bon retour parmi les conscients, Chevalier, sourit la jeune femme en s'écroulant sur Aphrodite.
- Hé ! s'exclama Aphrodite en rattrapant son médecin.
- Désolée, j'ai un peu forcé sur le cosmos, dit l'inconnue, essoufflée.
- Emmenons-la au palais, intervint le Pope. Saga, tu peux t'occuper du corps ?
D'un hochement de tête, Saga acquiesça, et un "Another Dimension" plus tard, le cadavre avait disparu. Aphrodite se remit alors debout, l'inconnue toujours dans ses bras.
- Tu sais, je peux marcher, lui dit la jeune femme.
- J'en doute, répondit le chevalier des Poissons. Tu n'as même pas la force de t'accrocher à moi.
- Satanés chevaliers et leur esprit chevaleresque ! marmonna la jeune femme, arrachant un sourire moqueur à Aphrodite.
xoxoxo
Lorsqu'ils arrivèrent dans la salle du trône, le chevalier des Poissons déposa son médecin sur le siège du Pope, avec l'accord de celui-ci.
- Bien. Pour commencer, dit le Grand Pope, je te remercie de m'avoir sauvé la vie…
- Comme vous en parlez, le coupa la jeune femme, tout en essayant de ne pas glisser de son siège, je trouve qu'il y a du laisser aller au Sanctuaire ! Vous êtes vraiment inconscients, ma parole ! Ce type est passé par une fenêtre toute simple et n'a rencontré aucun obstacle dans les couloirs !
- Tu vas trop loin ! gronda le chevalier d'or du Capricorne en avançant d'un pas vers l'inconnue, menaçant.
Mais la jeune femme n'eut aucun mouvement de recul et rétorqua durement :
- Peut-être, mais j'ai raison ! Si je n'avais pas suivi ce type, vous vous seriez retrouvés avec un Grand Pope mort ce matin !
- Ce n'est pas une raison pour…
- Ayant risqué ma vie pour vous, je m'octroie le droit de critiquer votre système de sécurité !
- Risqué ta vie… C'est un bien grand mot, ricana le chevalier du Cancer.
Piquée au vif, l'inconnue fit augmenter l'intensité de son cosmos.
- Je te mets une raclée où tu veux et quand tu veux ! répliqua-t-elle, vindicative.
Le Grand Pope s'interposa alors, faisant revenir le silence.
- C'est vrai, le palais n'est pas assez protégé, dit Shion. Mais les effectifs du Sanctuaire sont réduis. De plus, je doute que tu sois venue ici pour parler sécurité.
La jeune femme hocha la tête en signe d'assentiment et laissa le Pope continuer.
- Si tu le veux bien, je vais te poser quelques questions, histoire d'y voir plus clair.
- Comme vous voulez, mais je me réserve le droit de ne pas répondre à certaines de vos interrogations, répondit l'inconnue.
- Tout d'abord, acquiesça le Pope, comment t'appelles-tu ?
- Je me nomme Aramante, et, avant que vous ne posiez la question, je viens de Brocéliande, en France.
- La Forêt de Brocéliande ? intervint alors Camus du Verseau.
- Oui, répondit en souriant Aramante. Tu connais ?
Le chevalier acquiesça mais garda le silence, réfléchissant visiblement.
- Pourquoi es-tu venue au Sanctuaire ? embraya le Pope.
- Pour savoir ce qui est arrivé à mon frère, répondit la jeune femme, redevenue sérieuse. Il est parti il y a six mois pour venir vous prêter main forte pendant la Guerre Sainte. Il devait me donner de ses nouvelles lorsqu'il serait revenu, mais il n'en a rien fait. Comme les douze chevaliers d'or et même le Grand Pope sont vivants, je subodore qu'il est quelque part ici.
Un chevalier aux cheveux mauves et avec deux points rouges sur le front demanda :
- Ton frère, comment s'appelle-t-il ?
- Tu es Mu, n'est-ce pas ? demanda Aramante sans répondre.
Le chevalier acquiesça et attendit la réponse à sa question. La jeune femme sourit doucement et répondit :
- Il s'appelle Timothy.
- Timothy comme dans Tim, chevalier divin de Nanna ? demanda Aphrodite.
- Oui, répondit prudemment Aramante. A vos têtes, je sens que je ne vais pas aimer ce que vous allez me dire.
- Tu ferais mieux de t'asseoir, prévint un chevalier aux longs cheveux bleus et au casque en forme de queue de scorpion.
- Je suis déjà assise, imbécile ! sécha la jeune femme. Pour faire une remarque aussi stupide, tu dois être Milo du Scorpion.
Vexé comme un pou, le chevalier se tut, et ce fut Mu qui reprit la parole.
- Ton frère a passé un pacte avec Perséphone. Il a échangé son âme, son corps et son armure contre nos vies.
Ces paroles semblèrent n'avoir aucun impact sur Aramante. Elle regardait Mu dans les yeux, fixement. Puis elle ouvrit la bouche et dit seulement deux mots :
- Je vois.
La jeune femme se leva du trône et fit un pas en avant, mais ses jambes ne purent la porter, et elle s'effondra dans les bras du chevalier le plus proche : Aphrodite.
- Il ne faudrait pas que finir dans mes bras devienne une habitude, murmura-t-il en soulevant Aramante.
Mais ses mots n'atteignirent pas l'esprit de la jeune femme. Fronçant les sourcils, le chevalier des Poissons fit part au Grand Pope de la décision qu'il venait de prendre, en un quart de seconde.
- Elle passera la nuit dans mon temple. Elle ne semble pas entendre ce qu'on lui dit, et je ne sais pas comment elle va digérer ce que nous lui avons dit à propos de son frère. Donc je préfère garder un œil sur elle cette nuit. Ou plutôt cette fin de nuit.
Shion donna son accord, et Aphrodite retourna à son temple, imité par les onze autres chevaliers du Zodiaque.
xoxoxo
Le chevalier d'or des Poissons posa Aramante sur le canapé de son temple, lui apporta une couverture et lui dit :
- Je vais te laisser, il faut que tu te reposes. Si tu as besoin de moi, tu n'auras qu'à m'appeler.
L'homme se releva et alla se coucher. Une petite heure plus tard, Aphrodite fut tiré du sommeil par une étrange émission de cosmos, et par des cris. Sur ses gardes, le chevalier se leva et alla dans son salon. Eberlué, il vit un homme translucide entouré d'une aura dorée, assit sur le canapé, à côté de la jeune femme.
Le chevalier vit l'homme poser une main sur les yeux d'Aramante, et celle-ci, qui était agitée et criait, retomba brusquement en arrière, l'homme la rattrapant doucement. L'être translucide allongea la jeune femme et dit :
- Approche Chevalier.
"Comment sait-il ? Je suis derrière lui, il ne peut pas me voir !"
- Je me doutais que tu viendrais, je n'ai pas caché ma présence, dit l'homme.
"Il lit dans les pensées ?" se demanda Aphrodite, méfiant.
- Seulement les pensées de surface, répondit l'homme en rabattant la couverture sur Aramante. Mais viens t'asseoir Chevalier, j'ai des choses à te dire.
Aphrodite approcha et prit place au bord du canapé, près de la tête de son invitée. Il jeta un œil sur la jeune femme, puis tourna son attention vers l'homme doré. Il vit un jeune homme d'une beauté irréelle, presque surnaturelle, aux cheveux mi-longs et au regard dur et doux à la fois.
- Je me nomme Merlin, sourit l'homme, le regard rivé sur Aramante. Cette femme t'aime bien, Aphrodite des Poissons. La façon dont elle t'a soigné me le laisse entendre.
- C'est-à-dire ?
Aphrodite ne savait plus s'il devait se méfier de cet homme étrange, ou s'il devait lui faire confiance - comme le lui soufflait sa conscience. Mais il cessa de réfléchir pour se concentrer sur la réponse de son vis-à-vis.
- Quand elle utilise la méthode de la Reine de Cœur, c'est que soit la blessure est très grave, soit elle souhaite de toutes ses forces guérir le blessé. Dans ton cas, c'était un peu des deux.
- Et en quoi consiste cette "Reine de Cœur" ? demanda le chevalier des Poissons.
- Pour guérir avec la Reine de Cœur, Aramante a besoin d'un objet qui représente, qui incarne le blessé. Pour toi, elle a utilisé une fleur. Une rose je crois. Mais le problème avec cette méthode, c'est qu'elle nécessite énormément de cosmo énergie.
- Elle peut donc en mourir ?
- Si elle désire sauver un être cher à son cœur, Aramante n'hésitera pas à sacrifier sa vie.
"Une façon détournée de dire oui" pensa Aphrodite.
- Si tu veux, sourit Merlin.
- C'est très énervant quand vous faites ça, soupira le chevalier.
- Je sais. C'est pour ça que je réponds à voix haute, c'est amusant.
- Et… Au fait, vous êtes qui pour Aramante ? demanda alors le gardien du temple des Poissons.
- Je suis son ancêtre. D'ailleurs, elle porte mon armure.
- Elle porte votre… QUOI ?!?!
- Chut ! Tu vas la réveiller !
- Quoi ?! lança Aphrodite, estomaqué, baissant un peu le volume de sa voix. Aramante est le chevalier divin de Merlin ?!?!
- Une crevette pareille, chevalier divin ? Oui, je me suis dit la même chose la première fois qu'elle a mis l'armure, sourit Merlin, amusé.
- Je n'ai pas dit que c'était une crevette, murmura Aphrodite, encore abasourdi.
- Je sais.
- Pourquoi l'avez-vous endormie ? demanda le chevalier, reprenant ses esprits.
- Parce qu'elle a mal réagi à l'annonce de la mort de son frère.
- C'est compréhensible, dit tristement Aphrodite.
- Mais c'est surtout qu'elle culpabilise, ajouta pensivement Merlin.
- Aramante culpabilise ? Mais pourquoi ?
- Il faut savoir qu'Aramante et Timothy sont chargés de protéger Brocéliande, car c'est un lieu où réside encore la magie des Druides. Mais il arrive parfois qu'un des deux gardiens vienne apporter son aide aux chevaliers d'Athéna lors des guerres saintes. Généralement, c'est l'aîné. Sauf que c'est Aramante l'aînée. Elle était très malade lorsque son frère a décidé de vous rejoindre, et elle n'a pas pu le retenir. Ce n'est pas faute d'avoir essayé pourtant.
- Comment ça ? demanda le chevalier des Poissons.
- Malgré sa maladie, reprit Merlin, elle a suivi Tim dans le blizzard, mais ne elle ne l'a pas retrouvé. Elle est restée trois jours dans la neige et le froid de l'hiver, jusqu'à ce qu'une meute de loups ne la découvre et ne s'occupe d'elle.
- Ils ne l'ont pas dévorée ? demanda Aphrodite, surpris et captivé par le récit.
- De mon vivant, j'ai permis aux loups de vivre en paix à Brocéliande, et ils ne l'ont jamais oublié.
Le chevalier se contenta de cette explication et tourna son regard sur Aramante. "Elle aurait voulu mourir à la place de son frère ? Quelle étrange petite femme. Elle mesure un petit mètre soixante, ne doit pas avoir plus de vingt ans et semble déjà aussi amère et cynique que Kanon" pensa-t-il. "Je ne sais pas pourquoi, mais je suis heureux que tu ne sois pas morte. Tim, ta sœur semble être forte, mais tu l'avais bien définie : comme la rose, elle est dangereuse et fragile à la fois."
Merlin sourit en entendant ces pensées, et se dit que sa descendante ne craindrait rien avec cet homme à ses côtés.
- J'ai une dernière chose à te dire, Chevalier.
Au ton de la voix de Merlin, Aphrodite sut que l'homme était sérieux, et il se concentra sur les paroles qui suivirent :
- Aramante, en tant que chevalier divin de Merlin, et la seule désormais, puisque son frère n'est plus, à pouvoir lutter contre un être plus puissant encore que Zeus.
- Comment ?! Qui est cet être ? demanda le chevalier, alarmé.
- Tu le sauras en temps utile, Chevalier, répondit Merlin. Elle te le dira quand elle sera prête. En attendant, je voudrais que tu prennes soin d'elle. Elle est forte, mais a trop tendance à vouloir se débrouiller seule.
Merlin reprit son souffle, et, braquant son étrange regard dur et doux sur Aphrodite, demanda :
- Puis-je compter sur toi, Chevalier ?
- Je veillerais sur elle, je vous le promets Merlin.
- Tu m'en vois ravi, Chevalier, sourit l'Enchanteur. Je retourne à Brocéliande le cœur heureux et l'âme apaisée. Adieu, Chevalier.
Et dans un chuintement de cosmos, Merlin disparut. Perturbé par les révélations de Merlin l'Enchanteur, Aphrodite ne put fermer l'œil, et passa le reste de la nuit à veiller sur Aramante.
xoxoxo
Lorsqu'elle se réveilla, Aramante ressentit le besoin de se défouler. Elle se sentait trahie. C'est elle qui aurait dû participer à la Guerre Sainte, et pas son jeune frère. Seulement, elle avait eu une pneumonie carabinée et Timothy en avait profité pour partir.
"En plus, tu savais qu'Il allait revenir, et tu as préféré partir et me laisser seule avec ce fardeau. Tu es un lâche Tim ! Un lâche et un tir au flanc ! Tu as même cédé l'armure divine de Nanna à Perséphone, traître !" pensa la jeune femme en se levant. "Je te déteste Tim ! J'irais chercher Nanna, même si pour cela je dois passer par le Tartare !" se jura-t-elle en sortant du temple des Poissons.
- Aramante ?
Le chevalier se trouvait sur le parvis de son temple, en tenue d'entraînement.
- Aphrodite, j'ai besoin de bouger, dit doucement la Française, intériorisant sa haine pour son frère.
- J'aillais justement m'entraîner, répondit le chevalier. Suis-moi, je vais te montrer le chemin.
Aramante emboîta le pas au jeune homme, et fut stupéfaite par la taille de l'arène d'entraînement lorsqu'ils y arrivèrent. Mais son émerveillement retomba quand elle vit le chevalier du Cancer approcher à grands pas.
- Tu me dois un combat, petite, dit-il, un sourire ironique aux lèvres.
- Tu me laisses cinq minutes et je suis à toi… Masque de Mort, c'est ça ?
- Angelo, je préfère, grimaça l'homme.
- Donc dans cinq minutes, sois prêt à te prendre la raclée de ta vie, Angelo, sourit Aramante.
Le chevalier eut un rire froid et sarcastique, et s'éloigna vers un petit groupe de chevaliers d'or, parmi lesquels la jeune femme reconnut Mu et Camus. Mais elle délaissa les chevaliers pour se concentrer sur son échauffement. Cinq minutes plus tard, l'arène se vida rapidement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le Cancer, Aramante et le chevalier des Poissons.
- Ne t'inquiète pas pour moi, Aphrodite, sourit la jeune femme.
- C'est pour lui que je m'inquiète, murmura le jeune homme en quittant l'arène.
Passant à côté du chevalier du Cancer, Aphrodite lui dit :
- Ne la sous-estime pas, Angelo. Tu as vu comme nous tous de quoi elle est capable.
- T'en fais pas mon vieux, sourit Angelo. Je n'abîmerai pas trop ta petite copine.
Aphrodite leva les yeux au ciel et murmura un "tant pis pour toi" que son ami ne prit pas en compte. "Grand bien te fasse, Angelo" pensa le chevalier des Poissons tout en s'asseyant dans les gradins entre Mu et Kanon. "Tu riras moins quand elle t'auras mis une trempe".
- Cette fille est étrange, dit Kanon, pensif. Elle est petite, frêle et semble fragile, mais elle cache en elle une force immense.
- C'est vrai, acquiesça Aphrodite.
- Et l'aperçu que nous avons eu cette nuit de sa cosmo énergie laisse penser qu'elle n'a pas encore fini de nous surprendre, intervint Mu.
- Potentiellement, Aramante peut dépasser la puissance des chevaliers d'or, reprit Kanon, tandis qu'en bas, dans l'arène, Angelo et la jeune femme se battaient depuis quelques minutes. Mais réellement, elle est au niveau d'un très bon chevalier d'argent.
- Je crois que tu te trompes Kanon, dit Aphrodite. Elle est de notre niveau, et je pense même qu'elle est un peu plus forte que nous.
- Angelo a pris le dessus ! lança alors Milo du Scorpion en se levant brusquement.
- Tu disais, Aphro ? sourit Kanon des Gémeaux.
xoxoxo
Pendant que les chevaliers discutaient tranquillement de ses capacités, Aramante se retrouvait coincée sous le chevalier du Cancer, assis à cheval sur elle, les mains retenues au-dessus de sa tête par l'homme.
- Alors cette raclée, je l'attends toujours ! ricana Angelo.
- Tu me laisses respirer et je te mets en pièces, répondit la jeune femme se débattant, la respiration rendue sifflante par le poids de l'homme sur elle.
Aramante cessa ensuite brusquement de se débattre, surprenant Angelo qui desserra sa prise sur elle. Ses jambes n'étant plus bloquées, la jeune femme leva vivement un genou qui atteint sa cible dans un "ouf" de douleur de la part du Cancer. Profitant de ce moment de faiblesse, Aramante repoussa Angelo et se releva.
xoxoxo
Dans les gradins, la plupart des chevaliers plaquèrent leurs mains sur leur entrejambes en grimaçant.
- Elle triche ! s'exclama Milo avec un rictus compatissant pour Angelo.
- Non, sourit Kanon. Elle se sert de sa tête.
- De son genou plutôt, ricana Aphrodite.
- Woua, la morue fait de l'humour ! rit Shura du Capricorne.
- Qu'est-ce qu'il a l'canasson ? grogna le chevalier des Poissons, reportant son attention sur l'arène où Aramante venait de mettre Angelo à terre.
"Penser à trouver un surnom pire que « canasson » pour Shura" nota mentalement Aphrodite.
xoxoxo
- C'est le dernier coup, Angel, sourit la jeune femme en levant son poing droit.
- Je m'appelle Angelo ! s'exclama le Cancer, avant que le poing auréolé de cosmos de son adversaire ne s'abatte sur lui.
xoxoxo
Kanon se leva pour voir Aramante frapper Angelo. Un épais nuage de poussière s'éleva dans l'arène, témoignant de la puissance du coup. Quand le nuage se dissipa, les chevaliers d'or virent avec stupéfaction que la jeune femme avait frappé le sol à côté de la tête de leur ami.
- J'ai gagné, dit Aramante en se relevant.
Tous les chevaliers d'or avaient été témoins de la victoire de la jeune femme, et personne ne la contesta, pas même Angelo. Aphrodite passa en coup de vent devant Kanon et lui lança :
- Un très bon chevalier d'argent, c'est ça ?
Et le chevalier des Poissons se précipita dans l'arène pour aller féliciter sa, désormais, protégée. Celle-ci tendait la main au Cancer quand il arriva près d'eux.
- Sans rancune, Angel ? sourit la jeune femme.
L'homme saisit la main tendue et répondit :
- Sans rancune, mais je m'appelle Angelo.
Aramante aida le chevalier à se relever et répliqua :
- Je préfère Angel, c'est plus joli.
- J'abandonne ! dit Angelo en roulant des yeux. Tu es une vraie tête de mule !
- Regardez-moi qui parle, intervint Aphrodite, inspectant minutieusement Aramante.
- Un problème, Aphrodite ? demanda la jeune femme, perplexe devant le manège du chevalier.
- Tu es blessée à la joue, au bras et à l'épaule, répondit-il en effleurant les blessures de sa protégée.
- Ce n'est rien, sourit Aramante, désinvolte. J'irais chercher quelques plantes médicinales et je serais guérie en un rien de temps.
Aphrodite soupira mais ne dit rien. Elle avait l'air d'aller mieux. Quand il l'avait croisée sur le parvis de son temple, le chevalier des Poissons avait senti sa colère et sa rancœur. Mais maintenant, après avoir passé une bonne partie de sa matinée à combattre, Aramante semblait plus calme et détendue.
Un doute assombrit cependant la pensée d'Aphrodite : comment réagirait-elle quand elle saurait qu'il avait vu Merlin ? Préférant ne pas y penser, le chevalier posa une main sur l'épaule intacte d'Aramante et dit :
- Rentrons. Il faut soigner tes blessures.
- D'accord.
Le sourire que la jeune femme lui donna conforta Aphrodite dans sa décision. "Oui, je la protègerais de toutes mes forces" pensa-t-il, reprenant le chemin de son temple, Aramante à ses côtés. Quand ils arrivèrent chez le chevalier des Poissons, celui-ci demanda :
- Quelles plantes te faut-il ?
Aramante réfléchit quelques instants, puis répondit :
- J'ai besoin de soucis, de plantain et d'arnica.
- Je te ramène tout ça. Si tu veux prendre une douche, la salle de bain est au fond du couloir, à droite.
- Merci, sourit la jeune femme en allant s'enfermer dans la salle d'eau.
Dix minutes plus tard, elle ressortit de la salle de bain propre, ses blessures lavées, vêtue d'un pantalon de coton noir et d'un débardeur orange. Aphrodite l'attendait dans le salon, assis sur le canapé, les plantes demandées posées sur une table basse.
- J'aurais aussi besoin d'huile et d'un mortier, dit Aramante en s'asseyant par terre, aux pieds du chevalier, ses plaies suintantes de sang.
- Je vais te chercher ça.
Aphrodite se leva et disparut dans une pièce que la jeune femme soupçonna être la cuisine. Il en ressortit quelques instants plus tard et posa à côté des plantes un mortier et un pilon, ainsi que deux bols, l'un vide et l'autre plein d'eau, au cas où. Aramante remercia le jeune homme et commença à préparer ses remèdes. Elle prit les feuilles de plantain, en mâcha quelques unes et étala la pâte ainsi obtenue sur ses plaies à la joue et au bras.
- Aphrodite, tu peux faire la même chose pour mon épaule s'il te plaît ? Je n'arrive pas atteindre la blessure.
Le chevalier prit des feuilles de plantain et répéta les mêmes gestes que sa protégée.
- A quoi vont te servir ces plantes ? demanda-t-il en se rinçant les doigts dans le bol d'eau.
- Les feuilles de plantain broyées mises sur les plaies arrêtent le saignement et améliore la cicatrisation. Le souci en crème est un antiseptique et améliore aussi la cicatrisation. Quant à l'arnica, c'est pour éviter ou restreindre les ecchymoses, expliqua Aramante.
Aphrodite hocha la tête et regarda la jeune femme mettre les fleurs fraîches de souci dans le mortier avec un peu d'huile et les écraser à l'aide du pilon, jusqu'à ce qu'elle obtienne une crème très épaisse qu'elle mit dans le bol vide. Aramante nettoya le mortier avec un peu d'eau qu'elle mélangea avec la crème pour la fluidifier.
La jeune femme enleva ensuite le plantain de ses blessures accessibles, laissant Aphrodite s'occuper de son épaule, puis elle étala la crème de souci sur sa joue et son bras gauche. Elle tendit alors le bol au chevalier qui recouvrit de crème la blessure à l'épaule pendant qu'Aramante grignotait des feuilles d'arnica.
Quand Aphrodite eut fini de s'occuper de son épaule, la jeune femme utilisa son cosmos sur ses blessures, au plus grand étonnement du chevalier.
- Mon cosmos accélère la guérison en activant les propriétés des plantes, expliqua Aramante, avant qu'Aphrodite ne pose de questions. C'est-à-dire que d'ici quelques secondes, je serais guérie, et tout ça en n'utilisant qu'une infime partie de ma cosmo énergie.
Le chevalier des Poissons fut ébahi de voir que, lorsque le cosmos d'Aramante s'éteignit, ses plaies avaient disparues.
- Cette méthode est moins dangereuse que la Reine de Cœur ? demanda-t-il soudainement.
- Comment connais-tu ce nom ? siffla la jeune femme, méfiante.
Aphrodite se sentit brusquement mal à l'aise. "Bravo crétin, tu viens de te faire griller ! Et dire que je ne voulais pas lui parler de Merlin tout de suite !" se sermonna-t-il mentalement. "Situation d'urgence ! Il me faut une idée pour éviter la mort assurée !... Bingo, j'ai trouvé !"
Le chevalier porta vivement une main crispée à sa poitrine et grimaça de douleur. Aussitôt, la méfiance de la jeune femme laissa place à l'inquiétude.
- Tu as encore mal ? Enlève ta chemise, il faut que je voie si tu es vraiment guéri, ordonna-t-elle, anxieuse.
"Arg, je me suis fait avoir !" pensa Aphrodite, obéissant néanmoins.
- Je ne comprends pas, marmonna Aramante en passant une main auréolée de cosmos argenté sur le torse du chevalier.
"Athéna, faites qu'elle ne découvre pas la supercherie" priait au même moment le jeune homme. Mais Aramante semblait ne pas se rendre compte qu'Aphrodite détournait juste son attention.
- Non pourtant, murmura Aramante, passant et repassant sa main sur le torse du chevalier. Tu es complètement guéri. Tu as toujours mal ?
- Oui, grimaça le chevalier des Poissons. Particulièrement ici, fit-il en montrant l'emplacement de ses poumons.
La jeune femme fronça les sourcils et claqua des doigts, faisant apparaître sur la table basse une petite fiole de cristal. "Toi mon tout beau, tu essayes de me détourner de ton allusion à la Reine de Cœur" pensa Aramante, ignorant le regard étonné de l'homme. "Mais rira bien qui rira le dernier !"
- Tiens, reprit la jeune femme. Bois une gorgée de cet élixir, tu te sentiras mieux, dit-elle en tendant la fiole au chevalier.
Aphrodite prit délicatement la petite bouteille, la déboucha et but une gorgée du liquide clair, avant de redonner l'élixir à sa protégée. Aramante attendit quelques instants, puis demanda :
- As-tu encore mal, Aphrodite ?
- Non, plus du tout, répondit le jeune homme.
- Bien, sourit Aramante. Comment connais-tu le nom de ma méthode de guérison ?
- C'est Merlin l'Enchanteur qui me l'a dit, répondit le chevalier en fronçant les sourcils de perplexité.
- Oh, aurais-je oublié de te dire que cette fiole contient un Elixir de Vérité ? sourit Aramante, amusée. A chaque question que je vais te poser, tu te sentiras obligé de me répondre la vérité.
"Arg la sale bête !" pensa Aphrodite, résigné, mais préparant sa vengeance.
- Je me suis fait avoir comme un débutant, dit-il en grimaçant.
La jeune femme sourit, et demanda :
- Quand as-tu rencontré Merlin ?
- La nuit dernière, après qu'il t'ait endormie.
- Je vois. Que t'a-t-il dit sur moi ?
- Il a dit que la Reine de Cœur pouvait t'être fatale, répondit docilement le chevalier, ne pouvant empêcher les mots de sortir. Il a dit que tu es le chevalier divin de Merlin. Il a aussi dit que tu n'avais pas pu retenir ton frère.
Aphrodite se tut alors, semblant à la fois réfléchir à sa réponse, et lutter contre l'Elixir de Vérité.
- Quoi d'autre ? demanda Aramante.
- Il a fini par me dire que, ton frère étant décédé, tu étais désormais la seule à pouvoir lutter contre un être plus puissant que Zeus.
- Ce vieux fou sénile ne se mêlera-t-il donc jamais de ses affaires ? marmonna la jeune femme, visiblement contrariée. T'a-t-il dit le nom de cet être ? demanda-t-elle au chevalier des Poissons.
- Non.
- Pas si fou que ça le vieux, en fin de compte, soupira Aramante, soulagée.
La jeune femme claqua une nouvelle fois des doigts, et une seconde fiole de cristal apparut sur la table basse. Mais alors que l'Elixir de Vérité était clair comme de l'eau, le liquide contenu dans la seconde fiole arborait une jolie couleur émeraude. Aramante prit la fiole contenant le liquide vert et la tendit à Aphrodite.
- Tiens, dit-elle doucement. C'est un antidote à l'Elixir de Vérité. Une gorgée suffira.
Le chevalier s'exécuta docilement, voulant ce débarrasser au plus vite de ce sentiment d'obligation que l'élixir lui faisait ressentir. Une fois la gorgée d'antidote avalée, Aphrodite se sentit tout de suite mieux. Aramante lui dit alors :
- Je vais te poser une question et tu vas devoir me mentir. C'est pour voir si l'antidote a bien fonctionné.
Aphrodite acquiesça et attendit la question.
- Es-tu une femme ?
Bien que surpris par la question, le chevalier mentit sans hésiter :
- Bien sûr que oui voyons, minauda-t-il en faisant apparaître une rose dans ses mains.
Aramante éclata de rire et tendit au jeune homme la chemise qu'il avait enlevé quelques minutes plus tôt.
- Remet ta chemise, planche à pain, sourit la jeune femme. Cache cette poitrine plate qui est une insulte aux femmes, ô Aphrodite mon ami !
Ledit Aphrodite sourit et finit de reboutonner sa chemise, la rose entre les dents.
- J'ose espérer que tu as remarqué que je fais partie de la gente masculine, dit le chevalier des Poissons, amusé, et après avoir enlevé la rose de sa bouche.
- Je me permets de te rappeler que je t'ai soigné Aphrodite, répondit malicieusement Aramante. Alors à moins que tes pectoraux ne soient une poitrine de femme très peu, voire pas développée du tout, oui, tu es un homme.
Le chevalier poussa un soupir exagérément soulagé sous le regard amusé de sa protégée.
- Trêve de plaisanterie, dit alors Aramante, redevenue sérieuse. C'est un peu injuste ce que je t'ai fait avec l'Elixir de Vérité. Donc, à mon tour, je vais en boire une gorgée, et tu pourras me poser toutes les questions que tu voudras, sauf une. Promet-moi de ne pas me demander le nom de l'être que je dois vaincre.
Aphrodite regarda la jeune femme dans les yeux et dit :
- Tu as ma parole de chevalier.
Aramante sourit avec reconnaissance au chevalier des Poissons, et but ensuite une gorgée de l'Elixir de Vérité.
- Vas-y, dit-elle après quelques instants de silence.
Aphrodite réfléchit plusieurs secondes, puis demanda :
- Merlin pouvait lire dans mes pensées. Toi, as-tu ce pouvoir ?
- Etant la descendante de ce vieux chnoque, je possède effectivement ce don, répondit Aramante.
- As-tu d'autres dons ?
- Oui.
- Quels sont-ils ? demanda le chevalier, de plus en plus intéressé.
- Je peux lire l'avenir, me métamorphoser en tout, que ce soit en animal, en végétal ou en minéral, et je peux aussi me téléporter, ainsi que faire apparaître des objets comme ces deux fioles, répondit la jeune femme, montrant d'un geste de la main la fiole d'Elixir, et son antidote.
- Tout ça en plus de la télépathie ? s'exclama Aphrodite.
- Oui.
- Wouaw, impressionnant, siffla le chevalier.
Aramante sourit doucement et attendit la prochaine question.
- Quel âge as-tu ? demanda Aphrodite.
- J'ai vingt ans, répondit la jeune femme.
- Et tu es le chevalier divin de Merlin à cet âge-là ? lança le jeune homme éberlué.
- Je suis chevalier divin depuis mes dix ans, sourit gentiment Aramante. Et puis ne sois pas étonné. Tu es bien chevalier d'or d'Athéna, et pourtant tu n'as que 22 ans.
- Comment connais-tu mon âge ? Et comment connais-tu le nom des chevaliers ? demanda Aphrodite, soudain méfiant. Tu as lu dans nos esprits ?
- Non ! s'exclama vivement Aramante. Je ne lis dans les pensées des gens qu'en cas de grand danger, pas pour connaître leurs secrets ou leurs vies ! C'est Timothy qui m'a dit vos noms, âges et à quels chevaliers ils correspondaient dans une lettre. La seule que j'ai reçue de lui en six mois, avant qu'il… que vous ne partiez en guerre contre Hadès.
- Je vois, murmura le chevalier des Poissons. Pardonne-moi, mais imaginer quelqu'un lisant ce qui se trouve dans ma tête est un peu… effrayant.
Et il tendit la fiole d'antidote à Aramante. Celle-ci en but une gorgée, referma la fiole et fit disparaître l'Elixir de Vérité et son antidote d'un claquement de doigts avant de dire :
- Je comprends. Mais sache que jamais je ne lirais dans tes pensées ou dans celles des autres chevaliers d'Athéna. Sauf cas extrêmes.
- Qu'appelles-tu "cas extrêmes" ? demanda Aphrodite.
- Disons lors d'une guerre, ouverte ou non, si j'ai des soupçons graves et fondés concernant la sécurité d'Athéna, ou si je pense qu'il y a un traître dans mon entourage, répondit la jeune femme.
- Je vois. Avec cet être que tu vas devoir affronter, j'espère que tu n'auras jamais à soupçonner un chevalier d'Athéna.
- Moi aussi Aphrodite. Moi aussi, soupira Aramante. En parlant d'Athéna, je ne l'ai pas vue cette nuit, reprit elle. Pourtant, avec l'émission de cosmos qu'il y a eu, cela aurait été normal de la voir.
Le chevalier rougit de gêne en se disant que cette fille avait un don pour appuyer là où ça faisait mal.
- Euh… Et bien… Quand ton cosmos a explosé, elle est sortie de sa chambre en courant, et elle s'est cassé la jambe dans l'escalier qui mène à la salle du trône, avoua d'une traite le jeune homme.
Aramante regarda fixement Aphrodite tout en se demandant : "si je lui explose de rire à la figure, est-ce qu'il me tuera pour m'être moquée de sa déesse ou parce que ça la fout mal pour une déesse de se casser une patte dans un escalier ?" Mais la jeune femme ne montra rien et hocha la tête, comprenant.
- Je la soignerai cet après-midi. En même temps je lui parlerai de certaines choses, dit-elle.
Aphrodite acquiesça et demanda, changeant radicalement de sujet :
- Est-ce que tu peux vraiment te transformer en tout ?
- Bien sûr ! répondit Aramante. Si tu m'invites à déjeuner, je te ferais une petite démonstration.
A ces mots, le jeune homme se précipita dans sa cuisine, suivit par une Aramante hilare. Pendant que le chevalier préparait le repas, la jeune femme se métamorphosa en chat et alla se frotter contre les jambes de son hôte. Surpris, celui-ci mit quelques secondes à comprendre que ce petit félin noir ronronnant était le chevalier divin de Merlin.
- Tu peux aussi devenir une plante ? demanda Aphrodite.
Le chat miaula et laissa bientôt place à une rose blanche. Après un instant sous cette forme, Aramante redevint humaine.
- C'est génial, sourit le chevalier des Poissons, en continuant sa préparation.
- Ce n'est pas tout, ajouta la polymorphe. Je peux aussi prendre l'apparence de n'importe quelle personne.
Et en quelques secondes, Aphrodite se retrouva nez à nez avec un autre lui.
- C'est étrange de se trouver en face de soi-même, murmura-t-il.
- Le problème, dit Aramante, c'est qu'il faut que j'aie vu la personne en qui je souhaite me transformer au moins une fois.
Aphrodite avait sursauté en entendant sa propre voix sortir de la bouche de son double.
- Tu imites également la voix ! Et tu peux aussi te transformer en un animal mythique ?
- Respire entre tes questions, sourit Aramante, amusée par l'enchaînement rapide de paroles du jeune homme. Et regarde.
Et Aramante-Aphrodite laissa place à une petite licorne blanche. Emerveillé, le chevalier en oublia leur repas, jusqu'à ce qu'Aramante redevienne humaine et ne lui fasse remarquer l'odeur de brûlé.
- Arg, le poisson !
Aphrodite retira la poêle du feu et fit cuir des pâtes.
- Et est-ce que tu peux ne transformer d'une partie de ton corps seulement ? demanda le jeune homme, intéressé.
Pour toute réponse, Aramante transforma ses mains en pattes de lion, et sur sa tête poussa une ramure de cerf. Le repas fut bientôt prêt, et, après que la jeune femme eut fait disparaître ses attributs d'animaux, les deux jeunes gens déjeunèrent tranquillement, jusqu'à ce que Camus débarque dans le temple des Poissons.
- Aramante, Athéna souhaite te voir tout de suite.
- J'arrive, Camus, sourit la jeune femme. Aphrodite, on se verra plus tard.
Aramante suivit le Verseau après avoir fait un signe de la main au Poisson.
xoxoxo
Arrivés devant la salle du trône, Camus frappa à la porte et la referma derrière Aramante, une fois celle-ci entrée.
- Approche, Aramante, dit Athéna.
La jeune femme s'avança devant la déesse et inclina légèrement le buste en signe de salutation et de respect.
- J'ai appris que vous vous étiez cassé la jambe, dit Aramante. Je peux vous guérir, si vous le désirez, Majesté.
- J'aimerais voir cela, en effet. J'ai entendu parler de la guérison d'Aphrodite des Poissons. C'est un miracle, sourit Athéna.
- Pas un miracle. C'est une méthode de guérison dangereuse dont le nom est la "Reine de Cœur", répondit Aramante en s'approchant de la déesse. Je peux ? demanda-t-elle en désignant la jambe droite d'Athéna.
La déesse acquiesça, et le chevalier de Merlin remonta la robe de la jeune fille jusqu'au genou. D'un claquement de doigts, Aramante fit apparaître un petit pot de verre rempli de poudre blanche, une soucoupe vide et une bouteille d'eau. Athéna regarda la jeune femme mélanger dans la soucoupe de la poudre blanche avec un peu d'eau jusqu'à obtenir un baume assez épais.
- Quelle est cette poudre ? demanda la déesse, curieuse.
- Ce sont des os broyés mélangés à de la poudre de lait, répondit Aramante. Le baume que je viens de faire aidera vos os à se solidifier et se renforcer lorsque je vous aurais guérie.
Athéna n'ajouta rien et observa la jeune femme lever sa main droite auréolée de cosmos argenté, et la passer sur sa jambe brisée. Quand le cosmos s'éteignit, Aramante prit le baume et l'étala sur plusieurs endroits de la jambe blessée d'Athéna.
- Vous pourriez me donner un de vos cheveux, Majesté ? demanda Aramante.
La déesse obtempéra en silence. Le chevalier de Merlin prit le cheveu violet et l'enroula sur la jambe brisée en remerciant Athéna. Une fois cela fait, Aramante ferma les yeux et laissa sa cosmo énergie l'envahir. Une aura argentée teintée de rouge et d'or engloutit la silhouette de la jeune femme, et celle-ci passa ses deux mains sur la jambe de la déesse.
Aussitôt, le baume et le cheveu disparurent, tandis que les os brisés se ressoudaient. Lorsque son cosmos s'éteignit, Aramante fit disparaître l'eau, la poudre d'os et la coupelle, tout en se relevant.
- Essayez de marcher, Majesté, dit-elle à la déesse.
Athéna s'exécuta avec appréhension, et une fois certaine de tenir debout, elle fit quelques pas.
- Je n'ai plus mal ! s'exclama-t-elle, émerveillée. Merci Aramante, sourit Athéna en se rasseyant sur son trône.
- De rien. Mais je dois vous parler de certaines choses Majesté.
- Je t'écoute.
xoxoxo
Deux heures plus tard, Aramante sortit du palais d'Athéna, soulagée. Sur le chemin menant aux temples du Zodiaque, elle croisa Mu du Bélier. Ils se saluèrent et la jeune femme demanda :
- Mu, je vais rester quelques temps au Sanctuaire, et je voudrais savoir s'il y a une petite place pour moi quelque part.
- Athéna ne t'a pas dit où tu pouvais loger ? interrogea le Bélier.
- Non, elle m'a juste dit de voir ça avec les chevaliers d'or, répondit Aramante.
- Je vois. J'héberge déjà mon apprenti Kiki, mais tu peux demander à Aphrodite. Je suis sûr qu'il acceptera, ajouta doucement Mu.
Aramante réfléchit quelques secondes, puis sourit au chevalier et prit congé de lui après l'avoir remercié. Elle se dirigea ensuite vers le temple des Poissons, devant lequel elle retrouva Aphrodite.
- Alors, cet entretien ? demanda le chevalier.
- Je reste au Sanctuaire pendant quelques temps. Il faut que je m'entraîne impérativement pour affronter Tu-Sais-Qui. Et pour ça, les meilleurs combattants sont ici, sourit Aramante. Athéna est guérie, et je devais te demander si tu pouvais m'héberger le temps de mon séjour, continua-t-elle.
- Bien sûr, tu as emménagé hier, sourit Aphrodite, faisant allusion à la nuit précédente qu'elle avait passée sur le canapé.
Aramante éclata de rire et entra dans le temple à la suite du chevalier.
