Pour tout vous dire, j'ai commencé depuis plusieurs mois une fic que je n'arrive pas à terminer. Je suis en cours d'achèvement du troisième chapitre et je n'avance plus : envolé, l'élan de départ T_T. Et je ne sais pas quand j'arriverai un jour à boucler l'histoire, si de pareilles idées viennent parasiter mon inspiration ! Enfin, cela fera peut-être quelques heureux. Moi, je me suis beaucoup amusée à écrire ces « Rocamboles ».

Disclaimer : J'emprunte les personnages et l'univers du manga de monsieur Tite Kubo, BLEACH, sans autre but - ni profit d'aucune sorte - que le simple amusement.


ROCAMBOLES


C'est le printemps, au Seireitei. La saison du renouveau... et des amours. Byakuya arrivera-t-il à passer à travers les mailles de la conspiration dont il est l'objet et à sauvegarder son célibat sacré ?

Une petite comédie romantique (à tendance yaoï), extravagante et frivole, pour se changer les idées. Avec, dans les principaux rôles : Byakuya, Renji, Shûhei, Rukia, Ichigo, Kisuke, Yoruichi...et quelques autres.


scène 1 : L'officine

Un soupir de contentement se fit entendre. Kisuke Urahara, propriétaire d'une humble boutique à l'apparence extérieure peu reluisante mais au contenu sortant de l'ordinaire, reposa délicatement sa tasse de thé sur la surface polie de la table ronde de son séjour. Il goûtait à la tranquillité des lieux, jouissant de l'agréable langueur de cette soirée dont la douceur annonçait déjà les jours les plus longs de l'année. Dehors, il entendait les voix de Jinta et de Ururu qui se chamaillaient comme à l'habitude, en balayant au pied de la devanture du magasin. Tessai s'affairait à la cuisine, préparant le repas du soir. Pour une fois, chacun et chaque chose semblaient à leur place, et cet ordonnance de son univers avait de quoi réjouir Kisuke, car le monde était ainsi fait qu'il tendait vers le désordre et qu'un événement viendrait donc inévitablement perturber cette ennuyeuse paix.

Un miaulement ténu et solliciteur retentit à travers la porte. Kisuke eut un sourire de plaisir en devinant l'identité de sa charmante visiteuse. Il se leva et fit coulisser les panneaux de la cloison donnant accès à la boutique. Une élégante chatte noire se tenait sur le seuil.

« Bonsoir, Yoruichi », salua-t-il.

Balançant nonchalamment la queue, le félin pénétra dans la pièce d'une démarche gracieuse et tranquille. Au passage, l'animal arrondit le dos en se frottant contre le mollet de Kisuke, puis s'installa sur un coussin disposé au pied de la table basse, comme si l'endroit lui appartenait.

« Est-ce un vent de bon ou mauvais augure qui t'amène entre mes murs, chère Yoruichi ? », s'enquit Kisuke avec esprit, ayant repris sa place.

Un rire retenu cascada des tréfonds d'une gorge faite ordinairement pour ronronner. Puis, alors qu'une brume mystérieuse entourait la chatte, jaillirent des paroles qu'une humaine aurait pu prononcer :

« Ma foi, Kisuke, seuls les jours prochains nous l'apprendront. Pour ma part, je dirais que c'est un vent de folie qui m'amène, dont le plus noble des capitaines du Gotei ne va pas tarder à faire les frais ».

Sur ce, une aimable figure émergea du nuage dont les dernières volutes se dissolvaient dans l'atmosphère. Deux yeux en amande, à l'éclat doré et rieur ; une bouche fine dont les lèvres, légèrement entrouvertes, laissaient voir une rangée de dents parfaitement blanches ; un menton délicat et pointu... Tout renforçait l'air joueur et taquin de la jeune femme qui se dressait à présent devant les yeux de Kisuke. Ce dernier se garda bien de détourner le regard, profitant sans vergogne des courbes féminines exposées dans leur entière nudité et goûtant au délice que dégageait ce corps à la peau couleur de pain d'épices.
L'attention ne déplut pas à la demoiselle et, si elle ne fit pas le dos rond sous la caresse visuelle, ayant perdu ses caractéristiques félines, elle se plut à assurer sa posture, mettant ainsi en valeur son buste et sa gorge pleine, prouvant que l'orgueil félin était encore en elle, même après avoir restauré sa forme humaine.

« Ce pauvre Kuchiki taichô ! », s'apitoya faussement l'ancien capitaine de la douzième division, « Tu ne cesseras donc jamais de lui chercher des noises ? »

Intérieurement, Kisuke se réjouissait déjà d'entendre les futurs malheurs du fier et puissant capitaine de la sixième division, naguère jeune héritier du clan et actuellement leader incontesté des Kuchiki, qui n'avait jamais pu garder son stoïcisme légendaire face aux facéties de sa malicieuse aînée.
Avec une bienveillance issue d'une longue collaboration, il tendit à cette dernière la sur-veste de kimono noire qu'il portait, parce que, sa nudité et son aisance avait beau être un plaisir pour les yeux, la fraîcheur printanière n'en était pas moins présente.
Avec gratitude, Yoruichi s'empara du vêtement. Sans se presser, elle en enfila les manches et en croisa les pans sur son ventre. La veste prit sur elle l'allure d'un kimono court, s'arrêtant à mi-cuisses, dont l'encolure allait en s'évasant largement sur la forme rebondie de ses seins. Une ceinture nouée hâtivement à la taille acheva d'en remonter légèrement les pans en s'épanouissant le long de ses flancs, sauvegardant toujours la pudeur, mais soulignant ainsi la fermeté et la rondeur de ses fesses. Sa tenue, accompagnée d'une désinvolture naturelle, laissait maintenant, au plus grand bonheur de Kisuke, juste ce qu'il fallait à la curiosité pour s'enflammer. Ainsi parée, Yoruichi déclara, abaissant subtilement les paupières dans une mimique imitant l'innocence offusquée :

« Moi ?! Ai-je jamais agi de la sorte avec mon petit Byakuya ? Non, non, non... Écoute plutôt la conversation que j'ai surprise hier... »

Et Yoruichi s'empressa de raconter, avec force détails, les échanges auxquels elle avait assisté :

« J'avais décidé d'aller faire un tour incognito à la Soul Society, histoire de me tenir au courant de ce qui se passe au Seireitei. "Qui est né chat pourchasse les souris", comme on dit », cita-t-elle en faisant un clin d'œil à Kisuke, « enfin bref, je n'avais rien entendu d'intéressant jusqu'ici lorsque, de la fenêtre d'un appartement de la neuvième division, où je rodais discrètement en cheminant sur les toits, j'ai reconnu trois voix qui discutaient entre elles, et je me suis tout de suite mise aux aguets :

Voix 1 — Mais pourquoi vous vous acharnez contre moi ?
Voix 2 — Parce que tu traînes ton malheur partout où tu passes et ça finit par contaminer l'atmosphère ! Personnellement, j'ai atteins mes limites. Donc, tu vas me faire le plaisir d'être raisonnable et nous dire ce qui te tracasse.
Voix 3 — Raisonnable ? Lui ? On peut toujours rêver.
Voix 1 — Hé ! Un peu de respect, tu veux. D'ailleurs, qu'est-ce que tu fais là, toi ? T'as pas des cours ou des examens pour t'occuper ?
Voix 3 — Nope, ce sont les vacances. Rukia est venue me chercher. T'as un problème, parait-il ?
Voix 1 — Je vois pas en quoi ça te regarde. Mêle-toi de tes affaires.
Voix 3 — Oh d'accord, si c'est comme ça que tu le prends. Continue de faire ton fier et porte-toi bien. Salut !
Voix 2 — Ah, mais non ! Reviens ici séance tenante !

[ « Là, j'ai entendu un bruit de pas pressés », s'interrompit Yoruichi, « et un coup sourd ». ]

Voix 3 — Oye ! T'es folle ? Qu'est-ce qui te prend ?
Voix 2 — Tu restes et tu m'aides à le convaincre. C'est ton devoir d'ami.
Voix 3 — Comme si j'avais pas assez de mes propres soucis de mon côté. Faut encore que je me farcisse ceux du pigeon de service.
Voix 1 — Eh ! Qui tu traites de pigeon, l'amadoué !?
Voix 3 — Toi, bien sûr, abruti !
Voix 1 — Et de quel droit, monsieur le serviteur de ces dames ?
Voix 3 — Jinta m'en raconte de bien bonnes... On le range où, le plumeau, chez Urahara-san ?
Voix 1 — Ce misérable avorton ! Quand je le revois, je lui fais sa fête !
Voix 3 — T'oserais pas !

[ « Parti comme c'était parti, je m'attendais à ce qu'ils en viennent aux mains », commenta Yoruichi en adressant un regard entendu à Kisuke, « et j'allais abandonner tout espoir d'en savoir plus lorsqu'une quatrième voix s'est mêlée à leur débat. Dès qu'elle a parlé, tout le monde s'est calmé ! » ]

Voix 4 — Hé là ! Si c'est pour vous battre, vous pouvez tout aussi bien le faire ailleurs. Vous n'avez pas besoin de venir chez moi.
Voix 2 — Oh, pardon d'avoir débarqué à l'improviste ! Mais je me suis dit qu'en ta présence, ils auraient la correction de se tenir tranquille. Ils sont intenables. Excuse-les, s'il te plaît.
Voix 1 et 3 — Dis donc, on n'est pas des gamins !
Voix 4 — Tiens, ils sont d'accord.
Voix 1 — Quoi ?! Jamais de la vie ! Surtout que lui, c'est encore un gamin.
Voix 3 — Peuh ! Je suis peut-être un gamin à tes yeux, mais je peux t'en remontrer quand je veux. Il ne m'a pas fallu une centaine d'années pour te vaincre, moi !
Voix 1 — Oh, mais ça, c'était avant ! Tu veux tâter de mon bankai, maintenant ?
Voix 2 — AH ! ÇA SUFFIT, VOUS DEUX !

[ « Ici, j'ai encore entendu une série de coups sourds, suivis d'exclamations de douleurs », se prit à rire Yoruichi, « mais cela a fait son effet, parce qu'après, les deux énergumènes n'ont plus osé élever la voix, et la conversation a enfin pu avancer vers son sujet principal » ]

Voix 4 — Mon pauvre, tu ferais bien de t'avouer vaincu. Tu sais qu'elle ne lâchera pas le morceau tant que tu n'auras pas parlé. Quant à moi, je n'ai pas l'intention d'assister à vos chicaneries toute la nuit. Donc, abandonne ta fierté mal placée et rends-toi à l'évidence. Étale devant nous ton problème, on te dit ce qu'on en pense, et tu te sentiras beaucoup mieux après.
Voix 3 — Il a raison, tu sais. Sérieusement, t'as pas bonne mine. Et si Rukia est venue me chercher, c'est qu'elle s'inquiète pour toi, elle aussi. On est tes amis, pas vrai ? Tu peux tout nous dire.
Voix 1 — C'est pas que je n'ai pas confiance, mais je... c'est... embarrassant.
Voix 2 — Allez, un peu de courage. Je te promets que personne ne se moquera, n'est-ce pas ?

— …
Voix 2 — N'EST-CE PAS ?!
Voix 3 — Sûr, promis, croix de bois, croix de fer...
Voix 2 — N'EST-CE PAS, SENPAI ?
Voix 4 — Euh... Moi non plus, je ne rirai pas.
Voix 1 — A-Alors, cela fait quelques temps que j'y pense... sans arrêt, à vrai dire. Et je sais que c'est voué à l'échec mais je ne peux pas me l'ôter de la tête. Ça me rend fou.
Voix 3 — Attends, là. T'es pas en train de nous dire que t'es tombé amoureux ?!
Voix 1 — Si.
Voix 2 — Mais c'est formidable, au contraire. De qui ?
Voix 1 — C'est là le problème.
Voix 3 — Arrête de tourner autour du pot et dis-nous de qui !
Voix 1 — Je... Je suis amoureux de... de... du taichô.
Voix 2 — De Nii-sama !
Voix 4 — Du capitaine Kuchiki !
Voix 3 — De Byakuya !
Voix 1 — Oui.
Voix 4 — Alors là, effectivement, problème...
Voix 1 — Je vous l'ai dit, c'est sans espoir.
Voix 2 — Mais... Mais non ! Tant qu'on n'a pas tout essayé, il reste un espoir.
Voix 3 — Dans le genre banalité, on fait pas mieux. Tu réalises de qui on parle, là ?
Voix 2 — Bien sûr ! C'est Nii-sama, quand même.
Voix 3 — Ben justement. Question émotions, zéro... que dalle ! Les règles, les règles, les règles... Y a que ça qui l'intéresse.
Voix 4 — Je n'irais pas jusque-là. Il a été marié, souvenez-vous.
Voix 2 — Mais oui ! Avec ma sœur, Hisana.
Voix 3 — Une femme.
Voix 1 — Aaaaaah...
Voix 3 — Eh, là ! Ça va aller ?
Voix 1 — Aaaaaah...
Voix 2 — Comment veux-tu que ça aille, abruti ! Après ce que tu viens de dire... Le pauvre.
Voix 3 — A-Attention, je n'ai pas dit qu'il devrait abandonner. C'est juste que je suis d'avis que cela vaudrait mieux. Mais c'est rien que mon avis, et... j'ai des a priori, vis-à-vis de ton frère.
Voix 1 — Et alors, ça change quoi ? Je suis toujours pas une femme !
Voix 3 — Ah, misère ! T'as vraiment touché le fond, toi. Alors... Euh... Les gens peuvent changer, après tout. Voilà !
Voix 2 — Tiens, tiens... Ce ne serait pas une banalité, ça ?
Voix 4 — Le capitaine Kuchiki ? Changer ? T'es sérieux ?
Voix 3 — Ben, euh... Selon les circonstances... Cinquante ans de célibat, c'est long quand même. Même pour un Kuchiki.
Voix 4 — Sûr.
Voix 3 — Après une abstinence pareille, n'importe qui ferait l'affaire, non ?
Voix 1 — Je ne sais pas si je devrais m'en réjouir...
Voix 2 — Allons, Nii-sama sait que tu n'es pas n'importe qui !
Voix 3 — Et puis, qu'est-ce que tu risques à te déclarer ?
Voix 1 — Le ridicule ? La révocation ?
Voix 4 — Reprends-toi, tu dramatises. Le capitaine Kuchiki n'est pas du genre à se moquer des sentiments d'autrui.
Voix 1 — Peut-être bien, mais...
Voix 2 — S'il te renvoie, au moins, tu auras une raison d'être déprimé. Tandis que là, tu te morfonds tout seul dans ton coin sans même savoir si oui ou non, il y a une chance que tes sentiments soient partagés. C'est pathétique !
Voix 1 — Vous vous rendez pas compte. Mettez-vous un peu à ma place.
Voix 3 — Justement, qu'est-ce que tu lui trouves, à Byakuya ? C'est vrai, ça ! Je suis sûr qu'il n'y a pas pire personne pour tomber amoureux. Tiens ! Je parierais même que si d'aventure il éprouvait quelque chose pour toi, il ne te l'avouerait jamais. Peut-être même qu'il ne se l'avouerait pas à lui-même, alors...
Voix 1 — T'as pas dû tomber amoureux souvent, toi.
Voix 3 — Euh...
Voix 1 — Je m'en doutais. C'est pas le genre de truc qu'on peut contrôler, tu sais. C'est difficile à expliquer. Quand il n'est pas avec moi, c'est comme si le monde n'était pas à sa place, il me manque quelque chose. Quand je suis avec lui, tout me paraît possible. J'aime le voir traverser la cour, à la garnison. Il a l'air de ne faire attention à rien, et il fait attention à tout. Il parle peu, mais lorsqu'il le fait, chaque mot a son importance. Parfois, il nous rabroue rudement. Mais c'est tellement flagrant qu'il n'agit ainsi que dans notre intérêt que c'est attendrissant. Mon cœur s'affole à ses moindres attentions.

[« Tu te rends compte, Kisuke. C'est de Bya-kun qu'il parle ! Ah ! J'en ai des palpitations rien qu'à te raconter », s'émut Yoruichi en revivant son souvenir. « Peut-être bien, Yoruichi, mais franchement, je ne vois pas où tout cela nous mène », critiqua son auditeur. « Attends un peu, j'en arrive au plus excitant », assura la narratrice. « Donc, notre homme, – et cet homme, je suppose que tu l'as reconnu –, décrivait à ses amis les raisons de son attachement et c'était si romantique que j'en avais le cœur serré... »]

Voix 2 — Nii-sama...
Voix 3 — Et ben...
Voix 4 — Hum...
Voix 1 — Voilà, vous connaissez mon secret. Je sais que c'est idiot, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Voix 2 — Non, non, et non ! Ce n'est pas idiot du tout. C-C'est... magnifique ! Il faut à tout prix que Nii-sama soit au courant. Tu dois le lui dire. Absolument. Nii-sama ne pourra pas repousser une telle confession. Ah, je tremble encore d'émotion.
Voix 1 — Mais enfin, je suis un homme !
Voix 2 — Et alors ? Tu en as honte ?!
Voix 1 — Évidemment, présenté comme cela.
Voix 2 — Bombe le torse, Renji. Crois-moi, tu as tout ce qu'il faut pour que Nii-sama te tombe dans les bras.
Voix 4 — De toute façon, le fait est que tu te tortures la cervelle sans raison. Que tu sois malheureux parce qu'il t'a repoussé, je le comprendrais, mais là...
Voix 2 — Je suis d'accord. Et puis, combien de temps tu penses durer, à afficher une mine pareille, à traîner les pieds, et avoir la tête dans les nuages, avant que Nii-sama ne te fasse des remontrances ?
Voix 3 — Elle a raison. Avec quelqu'un comme Byakuya, d'une façon ou d'une autre, t'es fichu. Si c'est pour persévérer dans la déprime, autant lui dire la vérité, comme cela, au moins, tu n'auras aucun regret.
Voix 1 — Et bien, merci pour ce vote de confiance.
Voix 3 — Désolé, mais il faut voir la réalité en face. À mon avis, t'as aucune chance. Mais ce n'est pas ton genre de t'avouer vaincu d'avance. Donc, ce qu'il faudrait maintenant, c'est trouver un moyen pour que tu puisses lui révéler tes sentiments.
Voix 2 — Pourquoi pas un rendez-vous ?
Voix 1 — Un rendez-vous ?!
Voix 2 — Bah, oui : tu l'emmènes quelque part – un endroit pas trop fréquenté, que vous puissiez être tranquilles –, et tu lui déclares ta flamme. Ah ! Cela va être adorable... Euh, mémorable, je veux dire.
Voix 1 — Mouais. Sauf que je ne me vois pas lui demander un rendez-vous. Il va comprendre tout de suite et je vais perdre tous mes moyens.
Voix 4 — Propose-lui de boire un verre, c'est commun entre personnes qui travaillent ensemble.
Voix 2 — Mais voilà ! Quelle bonne idée, senpai.
Voix 4 — N'exagérons rien.
Voix 1 — Si, elle a raison. Ça pourrait me sauver la vie ! Je crois que je peux le faire...
Voix 3 — Si tu pars avec aussi peu de conviction, c'est même pas la peine d'y penser. Imagine-toi en face de lui, tu lèves le menton et tu lui dis : « Byakuya, viens boire un verre avec moi. »
Voix 1 — ...
Voix 2 — Oh ! Tu rougis. C'est mignon.
Voix 4 — Pfft !
Voix 1 — Eh ! Vous avez promis de ne pas rire.
Voix 3 — Allez répète après moi, mon bonhomme, tu as besoin d'entraînement : « Byakuya, viens boire un verre avec moi »
Voix 1 — M-Mais, je ne peux pas l'appeler... Byakuya... et le tutoyer !
Voix 2 — C'est vrai, ça ! Nii-sama se doutera de quelque chose si tu sors de l'ordinaire tout d'un coup.
Voix 3 — Raah ! Qu'est-ce que vous êtes pénibles à tout compliquer ! Alors, répète : « Taichô, viendriez-vous boire un verre avec moi, ce soir ? »
Voix 4 — Il serait peut-être bon d'ajouter une remarque visant à expliquer le pourquoi. Tu ne l'as jamais invité quelque part, n'est-ce pas ?
Voix 1 — Non, c'est vrai. Il va trouver ça bizarre.
Voix 3 — Ah bon sang ! Quand je vous disais qu'avec quelqu'un comme Byakuya, tout devient un véritable calvaire. Bon ! Alors, que dites-vous de : « Taichô, viendriez-vous boire un verre avec moi, ce soir ? J'ai besoin de me détendre, et aucun de mes amis n'est disponible : la dernière mission a été particulièrement stressante ». Avec ça, sûr que, connaissant Byakuya, il va se sentir obligé de se dévouer.
Voix 1 — Ah bon ? T'es sûr ? Et si il n'y a pas eu de mission ?
Voix 3 — Ah ! Tu m'énerves. Quel empoté ! Tu remplaces par l'entraînement, la patrouille... Je sais pas, moi, tu trouveras bien quelque chose !
Voix 4 — Faire appel à son sens du devoir est une bonne idée. Cela peut marcher.
Voix 2 — Je suis sûre que cela va marcher.
Voix 3 — Tu vois, tout le monde est d'accord. Alors, répète, et cette fois-ci, c'est la bonne, pas d'autre excuse : « Taichô, viendriez-vous boire un verre avec moi, ce soir ? J'ai besoin de me détendre, et aucun de mes amis n'est disponible : la dernière mission a été particulièrement stressante. »
Voix 1 — Alors... Euh... Je me lance... « T-TAICHÔ ! V-VENEZ BOIRE UN VERRE : J'SUIS STRESSÉ ! ».
Voix 3 — Ha ! Ha ! Ha ! Ha, ha, ha !
Voix 2 — Oups !
Voix 4 — Ha... Hum... C-C'est un peu trop fort, Renji. Tu n'auras pas besoin de hurler pour qu'il t'entende.
Voix 3 — Ha ! Je suis mort de rire... T'as sacrément besoin d'entraînement, mon vieux.
Voix 1 — Et je peux savoir d'où te vient ta science ? Pourquoi je devrais faire ce que tu me dis ?
Voix 3 — Crois-moi, quand on a fréquenté Ishida aussi longtemps que moi, on est habitué aux invitations en tout genre, des plus saugrenues aux plus ordinaires. C'est fou ce que ce gars attire la population féminine. Et il a une manière de toutes les évincer, ça fait froid dans le dos. Allez, courage, mon pote. Tu vas y arriver. On y va en plusieurs fois, parce que ça n'a pas l'air de passer d'une seule traite. D'abord : « Taichô, viendriez-vous boire un verre avec moi, ce soir ? »
Voix 2 — Courage !
Voix 1 — « Taichô, viendriez-vousboireunverreavecmoicesoir »
Voix 3 — Oui, mesdames et messieurs, il l'a fait ! C'est presque bon. Encore une fois, en oubliant pas de respirer, cette fois-ci.
Voix 1 — « Taichô, viendriez-vous voire un verre avec moi, ce soir »
Voix 3 — Mouais, on va dire que c'est bon. Essaie juste de ne pas fourcher la langue, la prochaine fois. On comprend le sens mais ça fait moche. Attention, c'est : Boire un verre, et non pas : Voire un verre. Passons à la suite – surtout, fais gaffe aux intonations de voix, c'est important dans cette deuxième partie – : « J'ai besoin de me détendre, et aucun de mes amis n'est disponible : la dernière mission a été particulièrement stressante. » Ça va aller ? Pas trop long ?
Voix 1 — J'en-J'en fais mon affaire ! Foi de Renji, j'y arriverai.
Voix 3 — Voilà ! C'est exactement l'état d'esprit dans lequel tu dois être. Enchaîne : « J'ai besoin de me détendre... »
Voix 1 — « J'ai besoin de me détendre, et mes amis m'ont laissé tomber : la mission a été tuante. »
Voix 2 — Bravo !
Voix 3 — Tu crois ? C'est un peu différent de la formule de départ.
Voix 2 — Oui, mais ça lui ressemble plus.
Voix 1 — Ah ! Vous voyez, quand je veux. « Taichô, j'ai besoin de me détendre. Viendriez-vous boire un verre ? La mission m'a tué. » Hé, hé... Simple, en fait.
Voix 2 — Ah, il est tout ragaillardi !
Voix 4 — Alors c'est ça l'effet "Ichigo" dont tout le monde parle ? Ça force l'admiration...
Voix 3 — Hein ?
Voix 1 — « Voulez-vous boire un verre avec moi, ce soir ? ». Formidable, je peux y arriver !
Voix 4 — Regarde : tu as fait du bon boulot, il est requinqué.
Voix 3 — Hum... peut-être qu'il a retrouvé le moral, mais pour le reste, j'ai de gros doutes. Il aurait besoin de s'entraîner encore.
Voix 2 — Compte sur moi ! Je vais lui faire répéter. Merci, Hisagi-san. Merci, Ichigo. Allez rentrons ! Je t'accompagne chez toi, Renji, on a du pain sur la planche.
Voix 3 — À tout à l'heure, Rukia. À plus, Renji. Tous mes vœux de réussite t'accompagnent.
Voix 1 — Merci, vieux. Content que tu sois venu.
Voix 4 — Bonne chance, Renji !
Voix 3 — Ah ça, il va en avoir besoin. »

Lorsque Yoruichi eût terminé son récit, Kisuke était écroulé de rire, le front contre la table. L'image de Renji s'entraînant sous la houlette d'Ichigo pour inviter son noble capitaine était irrésistible. Et celle de l'obstinée Rukia, s'emparant du problème, ne l'était pas moins.

« Aaah, soupira-t-il, retrouvant son souffle, j'aurais bien voulu assister à la scène.
— Ce que j'aimerais, moi, c'est pouvoir assister à la déclaration de Renji et voir l'air que Byakuya-kun prendra. Mais, impossible de connaître la date et le lieu du rendez-vous.
— Surtout qu'il n'est pas dit que Kuchiki taichô réponde favorablement à cette invitation, s'époumona Kisuke, à nouveau pris d'une crise de fou rire.
— J'y retournerai dans quelques jours, et je me fais fort de suivre de près cette affaire.
— Je compte sur toi pour me tenir au courant, Yoruichi ».

rOc

Ce soir-là, les employés de l'officine, qui résidaient à demeure, entendirent à plusieurs reprises s'élever un brusque fou rire de la chambre de leur patron, à peine étouffé, coloré d'accents diaboliques. Les deux plus jeunes s'enfoncèrent dans leurs couvertures, le plus ancien accueillit stoïquement la bonne humeur de leur fantasque employeur, priant intérieurement qu'elle ne s'exerce pas aux dépends d'un des membres de la maisonnée.

fin scène 1


Si le suspens vous tient en haleine à l'issue de cette introduction, vous devrez, tout comme Kisuke Urahara, attendre également quelques jours pour lire le conte des événements à venir dans le prochain chapitre, intitulé : La gargote.
Mais vous aurez l'avantage, à la différence de l'ancien capitaine du Gotei exilé, d'assister à une retransmission en direct de la progression de ces événements, grâce à la toute puissante magie de l'écriture.