MERCI DE BIEN LIRE LA DESCRIPTION
16/08/2013
Ce texte est la traduction d'une fanfiction écrite par Cormak3032, « Mysterious Fate ». Elle relate l'aventure d'une mortelle de notre monde arrivant mystérieusement en Terre du Milieu, s'y adaptant afin de survivre, se liant d'amitiés avec ses compagnons et se laissant transporter dans une histoire d'amour.
J'ai été agréablement surprise par le développement de la relation amoureuse et la qualité de l'écrit, l'attention portée au réalisme des sentiments et au développement de la personnalité des personnages. Cependant, l'auteure n'a jamais complété cette fanfiction. Elle est restée intouchée depuis 2005.
Je m'attelle tout de même à la traduction de cette œuvre; il y avait longtemps que je n'avais pas été autant charmée par des écrits davantage à caractère romantique, et plus encore longtemps que je n'avais pas été emballée par une fanfiction. La fin de cette histoire ne coïncide pas avec la fin de ce que Cormack avait voulu raconter, mais je persiste à croire que les 37 chapitres qu'elle a écrits forment à eux seuls une magnifique histoire qui vaut la peine d'être lue (sinon, que ferais-je ici à traduire tout ça, si je n'y croyais pas moi-même? ) Cela se termine sur un chapitre qui laisse une fin que je juge satisfaisante, pour ce qui est de la relation entre les deux protagonistes. (Même si, je l'avoue, j'aurais adoré en apprendre davantage...)
J'ai terminé ma lecture il y a de cela quelques jours et j'ai été complètement ravie des bons moments passés. Cela m'a donné envie de partager cette fanfiction à un plus grand public, d'où cette traduction! (À moins que ce ne soit le seul moyen que j'aie trouvé afin de remplir le gouffre que cause en moi la fin d'une si belle histoire haha!)
Si l'aventure vous intéresse, malgré la fin qui devra rester ouverte faute d'une réelle conclusion (je préfère prévenir, plutôt que faire des déçus!), je vous invite à vous laisser glisser l'espace d'un moment en Terre du Milieu.
Voici quelques précisions supplémentaires qui pourraient vous intéresser :
- Bien que l'histoire comporte un personnage original venant de notre monde, il ne s'agit PAS d'une Mary-Sue.
- Puisque ce personnage ne connaît rien de la Terre du Milieu, c'était (à mon avis!) un double plaisir que de découvrir à nouveau par ses yeux le bagage culturel de ce monde fantastique.
- Bien que la romance entre un personnage original et l'un des membres de la Communauté soit thème qui peut sembler récurent sur ce site; il est ici délicieusement bien exploité dans cet écrit.
- Les premiers chapitres sont assez calqués sur le déroulement du film, mais ils permettent de bien camper les personnages.
- Je ne suis évidemment pas traductrice de profession, veuillez donc m'excuser si quelques passages vous semblent maladroits. J'ai tenté d'altérer le moins possible le texte d'origine, en dehors de quelques endroits où je me suis permise l'ajout de petits passages descriptifs.
Dislcaimer : Je ne possède aucun matériel résidant dans cette fanfiction, si ce n'est que la traduction francophone. Les lieux et personnages appartiennent à Tolkien, l'histoire ainsi que certains personnages inventés à Cormak3032.
Chapitre 1
L'étrangère sans royaume
La lumière qu'insufflait le bâton de Gandalf repoussait les ombres des cavernes ténébreuses de la Moria. Les débris de l'entrée de la mine et la poussière de roche qu'avait soufflé son effondrement s'accrochaient encore à la gorge des voyageurs, rendant difficile la simple tâche de respirer.
Le Magicien Gris soupira. Il portait ses longues robes grisâtres et arborait une longue barbe tout aussi grise, de même que la moustache qui chatouillait son nez. « Nous n'avons plus le choix désormais. Il nous faut affronter les ténèbres de la Moria.» Il inclina son bâton afin de d'éclairer les noirceurs étouffantes de la Moria et commença à s'enfoncer dans le tunnel de la caverne. « Soyez sur vos gardes. Il y a des êtres bien plus anciens et bien plus répugnants que les orques dans les profondeurs du monde ».
Les hobbits, petits de nature, avec de larges pieds et des cœurs tout aussi grands, marchaient tout près les uns des autres. Legolas, l'elfe à la stature imposante et au teint pâle de la distante Forêt Noire, marchait devant eux, ses yeux vifs et perçants, tout comme ses oreilles, prêts à détecter le plus infime des mouvements et le plus distant des bruits. Aragorn et Boromir, tous deux hommes mortels, gardaient les arrières du groupe. Ils étaient détrempés et avaient la respiration saccadée résultant de leur combat avec le monstre qui avait tenté de tuer Frodon.
Ils commencèrent à gravir des escaliers, Gandalf menant le groupe. « Ne faites pas de bruit. », ordonna-t-il. « Il faudra quatre jours de marche pour atteindre l'autre côté. Espérons que notre présence passera inaperçue.»
La Communauté voyagea pendant une journée, jusqu'à ce que Gandalf, réalisant que tous avaient besoin de repos, arrêta le groupe le long d'un large tunnel menant plus profondément encore à l'intérieur des mines. Tous avaient été silencieux, particulièrement Gimli qui tentait encore de se remettre du chagrin causé par l'exécution de plusieurs des siens par des orques. Ils n'avaient croisé pas une âme qui vive tout au long de leur trajet, que des squelettes mutilés et oubliés.
Pendant que les hobbits se blottissaient les uns contre les autres, tentant de trouver quelque peu de sommeil, Legolas se tenait en retrait du groupe, ses yeux scrutant les alentours.
Aragorn prit place à ses côtés. « Qu'y a-t-il? », demanda-t-il à voix basse.
L'elfe continua à se concentrer, ses yeux et ses oreilles capturant davantage d'indices l'informant sur ce qui se déroulait plus loin, dans l'obscurité. « Quelque chose approche, bien que je ne crois pas que ce soient des orques », commenta l'elfe. Il regarda le mortel aux cheveux foncés pendant un moment avant de scruter à nouveau les confins de la caverne. « Les pas sont trop légers. Cela peut être une créature, ou bien deux. »
Legolas se tendit soudainement, son corps devenant rigide et les muscles de sa mâchoire se raidissant. Il dégaina rapidement son arc, l'armant du même mouvement d'une flèche de son carquois. Aragorn hocha de la tête et dégaina également son épée. Il pouvait maintenant entendre les bruits de pas se rapprocher; ils étaient légers, lents et timides. « Peu importe ce que c'est, cela doit être attiré par la lumière », suggéra Aragorn en lançant un regard rapide vers le bâton illuminé de Gandalf.
Le Magicien regardait les deux guerriers d'où il fumait sa pipe, assis inconfortablement sur le sol rocheux de la mine. Il fronçait des sourcils, donnant à son visage un aspect grave que les ombres ne faisaient qu'accentuer.
Les hobbits étaient à présent éveillés, leur repos n'ayant été que de courte durée, et ils prirent place devant Gandalf et Boromir, leurs yeux grands ouverts et égarés. Quelque chose émergeait des ombres.
« Peut-être devrions-nous l'effrayer », murmura Aragorn à Legolas.
L'elfe tira sa flèche et elle fila rapidement tout près de l'étrange silhouette sombre, heurtant le mur derrière et rebondissant sur la pierre en émettant un bruit sourd.
Il y eut un cri égaré semblable à un sursaut ainsi que le bruit distinct de pas s'éloignant, se précipitant littéralement dans la direction opposée.
« Ça ne ressemblait pas à un orque », précisa Pippin.
Merry s'avança légèrement. Le hobbit à la chevelure claire, aux yeux sombres mais habituellement chaleureux, arborait une expression de profonde incrédulité. « On aurait dit une femme. »
Legolas et Aragorn avaient déjà sauté à cette conclusion, et ils courraient dès à présent à la suite de l'intrus. Ils n'eurent pas à parcourir une longue distance. La silhouette s'était précipitée dans un cul de sac.
Gandalf les avait rejoints, et s'aidant de son bâton, il illuminait les parois rocheuses de la mine sans pour autant parvenir à éclairer la silhouette qui respirait bruyamment tout au fond du tunnel.
« Sortez de l'ombre, que nous puissions vous voir », commanda-t-il. La figure ne bougea pas, excepté pour se presser davantage contre le mur.
« Nous ne vous ferons pas de mal », ajouta-t-il un peu plus doucement. Legolas, aidé de ses yeux perçants, pouvait voir la silhouette se relever avec hésitation et regarder dans leur direction. Des pas incertains se rapprochèrent et Aragorn releva son arme. L'elfe ne banda pas son arc; il resta complètement immobile, préférant observer, attendre.
La silhouette recula sensiblement à la vue d'Aragorn levant son épée, en garde, prêt à attaquer ou à se défendre.
« Abaissez votre arme, Aragorn », ordonna Gandalf. Le Rôdeur fronça des sourcils à cette requête, mais il fit comme il lui avait été demandé.
« Vous n'avez rien à craindre de nous. Pardonnez les précautions que nous avons prises. » Le Magicien s'appuyait sur son bâton, qui était la seule source de lumière dans la caverne. « Avancez que nous puissions vous voir. »
Il y eut quelques moments de silence et d'hésitation. Après ce qui paru plusieurs heures, mais ne fut en fait que quelques minutes, le son de la roche et de la saleté sous des pas se fit entendre. Une femme entra dans la lumière et s'y arrêta, agrippant maladroitement un sac contre sa poitrine. Ses yeux étaient écarquillés par la peur.
Les hobbits, Boromir ainsi que Gimli s'approchèrent, tout comme le fit davantage encore la nouvelle venue. Elle les scruta avec précaution, ses sombres sourcils abaissés défensivement sur ses yeux verts étincelant d'effroi. Elle plissa des yeux, tentant de s'adapter à la soudaine clarté des lieux, tentant de saisir ce qui se présentait devant elle dans la pénombre.
« C'est une femme. » Pippin énonça l'évidence, bien qu'il ne semblait pas tout à fait en croire ses yeux. Merry fit un signe de tête en guise d'acquiescement, alors qu'il lorgnait curieusement la silhouette.
Elle était vêtue d'étranges habits; d'amples et longs pantalons noirs ayant deux lignes blanches qui descendaient le long de ses jambes, ainsi qu'une cape à capuchon comme il n'en avait jamais vu auparavant étaient ses apparats. Il y avait des cordes au capuchon, ainsi qu'un semblant de petit sac sur le devant. Ce qu'il prenait pour une drôle de cape s'arrêtait aux hanches, comme l'aurait fait l'une de ses chemises. Elle agrippait toujours son sac vert délavé. Elle était jeune d'apparence, quelque part dans la vingtaine et certainement pas plus âgée que trente ans, avec ses longs cheveux noirs retenus loin de son visage et ses yeux verts brillants. Elle semblait jolie, mais elle n'était pas d'une beauté remarquable. De la saleté marquait ses traits, tout comme ses habits.
« Eh bien, qu'est-ce qu'une femme fait à se cacher dans l'obscurité? Elle doit être un espion de Saruman », accusa Gimli.
« Je ne suis pas un espion », affirma la femme d'une voix ferme. Sa posture s'était redressée lorsqu'elle avait pris la parole et elle tentait d'apparaître brave, mais Legolas ne se laissait pas berner. Il pouvait sentir sa peur.
« Alors que faites-vous ici? C'est un endroit dangereux, » lui répondit Gimli. Le nain n'appréciait guère l'idée d'une créature inconnue déambulant dans les mines de la Moria. Les défunts de sa race y reposaient et ils méritaient d'être laissés en paix après leur misérable infortune.
Elle le détailla avec circonspection. Malgré sa courte stature, il semblait détenir une force et une puissance qu'il ne fallait pas oublier de considérer. Il avait une longue et fouilleuse barbe tout comme l'étaient ses sourcils froncés au dessus de ses yeux. Il était vêtu d'une armure faite de métal et de cuir qui couvrait son corps entier, en plus de porter un casque qui protégeait sa tête et ses oreilles. Il transportait une hache dans sa main, en portait une à son dos et une plus petite encore à sa ceinture.
« Très dangereux », ajouta Gandalf tout en frottant doucement son menton, l'air pensif en observant la femme. Celle-ci frissonna légèrement et s'écarta de l'homme courtaud afin d'observer le Magicien qui venait de parler.
Legolas posa son regard sur Gandalf. Le Magicien avait l'air calme. Il se tenait là simplement, appuyé contre son bâton, tout en jouant distraitement avec sa barbe.
Le regard de la femme inconnue les embrassa tous, cherchant à mieux saisir l'étrange groupe qui se tenait devant elle. Il y avait un homme blond de grande taille près d'elle et son regard s'y attarda, le scrutant intensément. Il était plaisant à regarder, avec son visage clair, ses cheveux brillants, et ses yeux bleus. Différents tons doucereux de verts l'habillaient et il portait un carquois de flèches à son dos. Dans sa main trônait fièrement un arc d'un bois foncé arborant d'étranges inscriptions dorées. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'elle constata quelque chose d'étrange à propos de lui.
Legolas inclina sa tête, se demandant ce qu'elle pouvait bien observer de la sorte.
« Vos oreilles… » Ses sourcils se froncèrent, reflétant la confusion qui grandissait en son esprit.
« Je suis un elfe », lui dit-il doucement.
Elle fit un pas en arrière, soudainement troublée, ce qui causa un nouveau froncement des sourcils de Legolas.
Son estomac se retourna et elle se sentit mal, nauséeuse. « Ça ne se peut pas… Tout ça ne peut pas être réel…», murmura-t-elle déconcertée, définitivement rongée par l'effroi.
« Qu'est-ce qu'elle est? », demanda Sam, le visage soucieux, les lèvres pincées d'incompréhension. « Elle est vêtue bizarrement. »
La femme porta sur lui son regard, le détaillant également. Cet homme était plus petit que celui arborant la barbe touffue. Il était bien en chair, avait des cheveux pâles ondulés et des yeux noisette. Elle remarqua qu'il était nu pied, tout comme l'étaient trois autres du groupe; ses pieds étaient larges et poilus.
« Elle est mortelle, une humaine comme Aragorn et Boromir », Gandalf répondit-il à Sam. Le Magicien l'observa, alors que la femme détaillait à nouveau chacun de ses compagnons. « Elle a cet accoutrement particulier puisqu'elle ne vient pas de ce royaume ni de ce temps. »
La femme reporta son attention vers le Magicien, le regard perdu. « Oh… Non, non… Ça ne se peut pas... Tout cela est bien trop étrange… » Elle recula davantage, retrouvant un peu de pénombre, tournant la tête de droite à gauche en déni; son cœur cognait violement contre sa cage thoracique.
« Depuis combien de temps nous suivez-vous? », questionna Aragorn, ignorant délibérément ses derniers mots. Le Rôdeur semblait tout autant mal à l'aise que l'était la jeune femme.
Elle regarda l'homme qui venait de prendre la parole. Il avait de longs cheveux bruns ondulés et semblait ne pas s'être rasé depuis des semaines. Il portait des vêtements aux couleurs sombres; une épée pendait à sa ceinture et son dos était ceint d'un petit arc ainsi que d'un carquois.
Peut-être tout cela n'était qu'un rêve des plus réalistes. Peut-être que si elle suivait les fabulations de son esprit, le rêve se terminerait plus rapidement. La jeune femme tentait de se raisonner, de trouver une explication à la situation illogique dans laquelle elle se trouvait.
« Je ne vous ai pas suivis. Je croyais être seule ici. La seule vivante », ajouta-t-elle en jetant un regard circulaire aux parois de la caverne l'entourant.
Gimli abaissa la tête, assailli par le chagrin que rappelait en lui les paroles de la femme.
Aragorn la regarda intensément, ses yeux bleus brillants de curiosité. C'est pourtant avec une voix rude qu'il s'exprima. « Comment êtes-vous entrée dans les mines? »
« Je ne sais pas comment je suis arrivée ici. Je ne sais même pas où nous sommes. » La femme détesta entendre sa voix trembler.
« Vous êtes dans la Moria, autrefois la demeure des Seigneurs Nains », l'informa Gandalf.
« Vous avez bien dit « Seigneurs Nains »? » Elle eut un rire strident, marqué par le malaise évident qui l'affublait. « Bien fait, et lui là-bas c'est le cousin de Mr. Spock. » Elle jeta un regard à Legolas qui ne put empêcher sa mâchoire de se serrer, ni ses sourcils de se froncer.
« Dites nous comment vous êtes entrée. La porte était bien fermée », ordonna calmement Gandalf.
« Je ne suis pas entrée par la porte… », répondit la femme, sa voix révélant quelques notes irritées.
« Alors comment?! », questionna Boromir, la suspicion embaumant tant ses traits que son timbre de voix. « Les femmes n'apparaissent tout simplement pas au beau milieu des mines de la Moria. À moins que vous ne soyez une sorte de sorcière et faisiez usage de magie. »
La jeune femme jeta un coup d'œil à l'homme qui venait de s'exprimer. Ses cheveux tombaient tout juste sous son menton et il portait également une armure. « Moi, une sorcière? » La femme sembla incrédule avant d'éclater d'un rire sonore. « Une sorcière… Elle est bonne celle-là. »
Boromir grimaça de colère.
« Ce n'est pas un sujet propice aux rires », la rabroua Aragorn. « Ces mines sont un endroit dangereux. Dites nous comment vous y êtes entrée. Êtes-vous une enchanteresse? »
La femme se sentit à nouveau mal à l'aise, troublée. Ce « rêve » commençait à être trop réel. Elle soupira. « Je ne suis ni une enchanteresse ni une sorcière. Je n'ai aucune magie. Tout ce que je sais, c'est que je marchais dans les bois près de chez moi, et je me suis reposée près d'une chute, comme je le fais habituellement. J'ai somnolé avant d'être transportée dans un étrange rêve où quelqu'un me parlait. »
Gandalf la regarda pensivement. « Quelqu'un vous a adressé la parole? »
Elle se retourna pour faire face au vieil homme. « Oui, une femme, bien que je ne me souvienne pas ce qu'elle m'a dit. Puis je me suis réveillée dans cette caverne. Il y fait froid, c'est d'un silence de mort et il y a des cadavres partout. » Elle frissonna en se rappelant les squelettes qu'elle avait vus.
« J'ai essayé de trouver le chemin de la sortie, mais je n'avais aucune idée de la direction que je prenais », continua-t-elle. « Puis j'ai vu de la lumière et je me suis dirigée vers elle, espérant qu'il s'agissait d'une sortie, mais je n'ai eu que des flèches jetées vers moi. » Elle jeta un regard à l'elfe.
« Nous ne savions pas ce qui approchait », se justifia l'elfe.
« Vous n'aviez pas à me tirer dessus. Je ne suis pas armée», répliqua-t-elle.
« Comment aurions-nous pu savoir cela? », demanda Aragorn, prenant la défense de Legolas.
« Depuis combien de temps êtes-vous ici? », questionna Gandalf, le ton doux et calme.
« Je n'en ai aucune idée », répondit la jeune femme, l'air franchement ennuyée. Elle ramena son sac sur son épaule et croisa ses bras.
« Combien de temps, d'après vous? », demanda sarcastiquement Boromir.
« Deux jours, peut-êtes trois », répondit-elle, le ton tout aussi venimeux.
Les hobbits commencèrent à murmurer entre eux.
« D'accord, j'en ai assez de tout ça. Je ne pourrais pas me réveiller?! », demanda-t-elle dans sa frustration, un goût amer en bouche et ne pouvant empêcher ses yeux de rouler au ciel.
Gandalf fronça des sourcils. « Vous êtes éveillée. »
« Non. » Elle agita négativement la tête. « Je suis sans doute en train de rêver. Je dois être en train de rêver! »
« Pourquoi dites-vous cela? » demanda Frodon. Il avait été des plus discrets jusqu'à présent. La nouvelle venue l'intriguait tout autant qu'elle le terrifiait.
« Parce que tout cela est impossible. J'ai vu des cadavres de nains sur mon passage. Les nains ne sont pas réels, tout comme ne le sont pas les elfes », dit-elle en jetant un regard rapide vers Legolas, troublée et apeurée.
L'elfe n'eut aucune réaction et continua à rester immobile comme il l'avait été tout le long des échanges, les bras le long de son corps.
« Ils sont dans les livres fantastiques, dans les films », expliqua la femme avec ferveur. « Encore qu'ici, je converse avec eux comme s'ils étaient réels. »
« Vous ne croyez peut-être pas que les nains et les elfes sont réels, mais qu'en est-il des hobbits? », demanda Pippin avec espoir. Son visage était souriant et avenant, les sourcils dressés. Le sourire étiré sur ses joues lui donnait l'air d'un charmant lutin.
La femme regarda le petit homme et ses grands yeux bleus scintillants d'espoir. « Je suis désolée, mais je n'ai jamais entendu parler de hobbits auparavant. » Elle ressenti le regret l'assaillir lorsqu'elle vit la désolation se peindre sur le visage du petit homme.
« Petites gens ou semi-homme, qu'on nous appelle parfois. Vous êtes sûre que vous n'avez jamais entendu parler de nous? », précisa Merry.
La femme prit également grande attention à cet homme. Il était un autre petit homme à larges pieds poilus. Elle secoua sa tête, ses longs cheveux noirs retenus en queue de cheval batifolant autour d'elle. « Je suis désolée. Je n'en ai jamais entendu parler. Je… J'ai un peu de mal à croire que vous êtes réels », avoua-t-elle, hésitante.
« Nous sommes bien réels, tout comme l'est cet endroit », Gandalf lui dit-il doucement. « Il sera difficile pour vous de comprendre, mais vous êtes très loin de votre demeure, de votre propre époque. »
Tous les regards se tournèrent vers Gandalf. Il semblait toujours en savoir plus que les autres.
« Ma propre époque? Qu'est-ce que c'est que tout cela? Un roman de science-fiction? » Sa colère et sa frustration augmentaient, ses traits devenant plus durs et son visage davantage rouge. « Comment est-ce que je retourne à mon propre monde? Je veux retourner chez moi! », s'écria-t-elle en cognant du pied en guise d'emphase, n'ayant cure de se comporter comme une enfant. Elle était agacée de ce rêve qui ne finissait plus.
« Vous ne pouvez pas », lui dit alors Gandalf, calmement mais d'une voix bien ferme.
« Qu'est-ce que vous voulez dire, je ne peux pas?! » cria-t-elle, en colère. Sa voix enragée se répercuta en écho contre les murs de pierre froide.
« Parlez à voix basse. Vous allez alerter tous les orques de la Moria en leur indiquant où nous sommes! », cracha Boromir, visiblement irrité.
« Ma famille est là-bas, mes amis, mon travail. Ma vie est là-bas », expliqua-t-elle, ignorant l'homme qui venait de la rabrouer. « Vous ne pouvez pas me faire rester ici. » Le désespoir et la souffrance habitaient sa voix désormais, la colère disparaissant tranquillement.
« Vous avez raison. Nous ne pouvons pas vous faire rester ici », lui dit Gandalf. Le Magicien Gris regarda l'étincelle d'espoir s'allumer au fond des prunelles de la jeune femme, puis s'éteindre à ses prochains mots. « Vous pourriez errer dans le noir jusqu'à ce que des créatures vous trouvent, et ultimement vous seriez envoyée à la mort. »
La femme parut hésiter devant pareille idée, ses yeux s'agrandissant de terreur et le souffle lui manquant.
« Nous n'avons pas la capacité de vous renvoyer chez vous. C'est d'ailleurs une capacité qu'aucun de mes amis ou connaissances ne possèdent. » Gandalf s'appuya davantage contre son bâton et fixa pensivement sur elle son regard. « Le destin vous a amené ici pour une raison, bien que je ne sache pas encore laquelle. Toutefois, vous vivrez et vous mourrez dans ce monde. De cela, je suis bien certain», dit alors Gandalf avec sympathie.
La femme soupira audiblement et un gémissement s'échappa de ses lèvres; elle leva ses mains à sa bouche, la couvrant de celles-ci. Ses yeux semblaient épouvantés, accusant le coup terrible de ces révélations, s'emplissant de larmes. Elle se sentit nauséeuse, son estomac se tordant, son cœur battant la chamade, sa tête victime d'élancements douloureux. Elle secoua à nouveau sa tête de part et d'autre en un déni amer, voulant chasser ce qui semblait être la réalité. Elle continuait de croire qu'il s'agissait d'un rêve, mais plus le silence les enveloppait, plus ces yeux la scrutaient, plus son estomac gémissant lui rappelait sa faim, plus elle réalisait que tout cela était bien réel et non un rêve. Cela la terrifia plus que jamais.
« Nous ne pouvons pas nous attarder ici. Vous allez venir avec nous », lui intima Gandalf.
Tous les membres de la Communauté se regardèrent.
« C'est de la folie. Amener une femme avec nous n'est pas un plan sensé », dit Boromir.
« Que feriez-vous, Boromir? Vous la laisseriez ici à se débrouiller seule? », demanda Gandalf. « Elle est déjà chanceuse d'avoir survécu aussi longtemps. Trois jours sans nourriture, sans doute sans grand repos, aucune arme et en la présence d'orques et d'autres créatures infectes. Elle voyagera avec nous et le destin nous aidera à décider ce que nous ferons d'elle lorsque nous aurons quitté la Moria. »
« Peut-elle se battre? », demanda immédiatement Aragorn.
« Peux-tu manier l'épée, enfant? », lui demanda Gandalf.
Cela lui prit quelques moments avant de s'exprimer. Sa gorge était sèche et sa voix était douce et frêle. Elle secoua la tête. « Je n'ai jamais tenu d'épée de ma vie. Je déteste les couteaux. »
Aragorn fronça les sourcils, déjà soucieux. Cela n'était pas de bon augure. Une femme ne pouvant se défendre dans les ténèbres de la Moria serait un fardeau.
« Elle devra apprendre. Le temps viendra où elle aura besoin de se défendre, elle-même et les autres » dit Gandalf, tout en se tournant directement vers Aragorn.
« Me défendre contre quoi? » Elle mordit sa lèvre inférieure afin de l'empêcher de trembler.
« De créatures qui vous voudraient morte pour le simple plaisir de regarder votre sang se verser», lui répondit Aragorn, d'une voix plus dure qu'il ne l'avait voulu.
La jeune femme avait l'air terrifiée. Aragorn riva son regard au sien. « Vous devriez être terrifiée », la pressa-t-il. « Vous n'avez aucune idée des dangers qui nous attendent. »
« Je ferai face à tout ce qui croisera mon chemin », affirma-t-elle bravement. « Je l'ai toujours fait. »
Aragorn était satisfait des mots qu'il venait d'entendre, mais il savait qu'elle les abandonnerait sûrement lorsqu'elle ferait face à un réel danger. Elle n'était pas une guerrière.
« Nous devons partir », annonça Gandalf.
« Partir où? » La question de la jeune femme était restée en suspend, le Magicien n'ayant pas pris la peine d'y répondre. Il marchait déjà au loin.
