Hop hop hop ! Mais oui c'est bien moi – si quelqu'un se souvient de moi, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais. Depuis ma dernière fiction de noël, j'avais un peu disparu du réseau, mais il faut dire qu'entretemps j'ai (re)passé mon concours, j'ai révisé, j'ai mangé plein d'œufs de pâques, la vie quoi ! Je suis donc de retour avec une nouvelle Dramione, qui se rapprochement d'avantage de la Couleur de l'Equinoxe puisqu'il s'agit d'une quête plus que d'une histoire d'amour pure et dure comme dans La vie est une Chienne (bien qu'il peut aussi s'agir d'une quête d'identité, mais passons).

Pour ceux qui se demanderaient, oui, je compte finir les Soldats de Marbre, un jour, mais je dois retravailler toute la trame et je n'ai pour l'instant pas l'inspiration. Par contre, inspirée, je le suis pour cette nouvelle fiction : Le Marchand d'Ame. Le contexte est différent de mes précédentes dramiones, je vous laisse découvrir pourquoi dans ce premier chapitre qui servira plutôt de prologue à la fiction.

On se retrouve en bas pour en parler. En attendant je vous dis bonne lecture !


Journal de Drago Malefoy – 30 octobre 2004

« J'ai l'impression de vivre dans un brouillard d'acide qui m'entaille continuellement la chaire. J'ignore comment je fais pour continuer à vivre. Ou peut-être que je ne vis pas, peut-être que j'existe, seulement. Le monde qui m'entoure n'a plus aucun sens. Je ne parviens même pas à me souvenir qu'il eut jamais de sens. La nourriture n'a plus de saveur, l'eau ne me désaltère plus – peut-être parce qu'à chaque verre d'eau avalé, je verse deux bouteilles de larmes. Dix jours se sont écoulés, dix jours durant lesquels je l'ai cherchée, inlassablement. Jusqu'à ce que l'on comprenne, que je comprendre qu'il n'y avait plus d'espoir. Je me sens dévasté, mais je ne suis pas stupide, il était peine perdue de la chercher davantage. J'avais tout essayé pour la retrouver. Comme j'avais retrouvé Hermione. En vain. Aujourd'hui, mon cœur à l'agonie crie en silence.»

Tout avait commencé comme cela. Par le silence.

Celui qui tiraille, qui entaille, celui qui souffre d'exister mais qui survit, inlassablement. Il était plus de trois heures du matin, pourtant, les résidents de l'ancienne maison de la noble famille Black étaient bien réveillés. Attablés à la table de la cuisine du 12 Square Grimaud, dix sorciers avaient les yeux rivés sur leur montre. Ils avaient parlé pendant des heures, pour combler le silence, pour passer le temps. Mais leur gorge s'était serrée petit à petit, jusqu'à ce que la crainte et l'angoisse ne la noue définitivement.

Harry et Ron avaient été les premiers à se taire. Cela faisait trois mois qu'ils attendaient ce moment, et ils se repassaient en boucle le plan qui avait été mis au point, dans l'espoir sans doute vain de se rassurer. Molly avait tenté de les tranquilliser, leur assurant que tout irait pour le mieux, mais sa voix chevrotante en disant long sur ce qu'elle pensait vraiment. A minuit, las d'attendre, Remus et Arthur avaient sorti une bouteille de whisky Pur Feu, et cela les avait occupés un moment, jusqu'à ce que la bouteille se vide et que les verres s'assèchent.

Et puis, quelques minutes avant quatre heures, un bruit sourd avait retenti près de la porte d'entrée. Les cris de Mrs. Black s'en étaient suivis, et chacun put entendre quelqu'un jurer dans l'obscurité. Harry et Ron furent les premiers à réagir. Ils se précipitèrent vers l'entrée et allumèrent les lumières à l'aide de leur baguette. Ils étaient là, tous les deux. Drago tenaient fermement le corps frêle et terriblement affaibli d'Hermione dans ses bras. Harry douta un instant qu'elle fût bien vivante, mais, à la lumière tamisée des bougies, il put apercevoir le corps de sa meilleure amie se soulever au rythme de sa respiration douloureuse. Il sentit son estomac se nouer cependant, lorsqu'il entrevit les nombreuses plaies qui recouvraient le visage d'Hermione, ainsi que ses pommettes saillantes qui trahissaient une sous-nutrition chronique.

—Par Merlin, souffla Minerva McGonagall en plaquant une main sur sa bouche.

Elle aussi venait de réaliser l'état lamentable dans lequel se trouvait Hermione. Harry, Ron et Ginny ne semblaient pouvoir réagir à cet horrible spectacle. Leurs jambes ne leur répondaient plus, aussi, ce fut Remus qui réagit le premier et s'avança en direction de Drago.

—Donne-la moi, proposa-t-il d'une voix douce, je vais la monter à l'infirmerie.

Drago ne répondit pas et se contenta de secouer la tête. Il venait de la sortir tout seul de ce pétrin, il pouvait encore la monter tout seul à l'étage. Sans un mot, il monta les escaliers d'un pas lent, plantant les autres et leur inquiétude pesante dans le couloir de l'entrée. Le premier étage de la maison des Black avaient été converti en infirmerie. L'ordre du phénix s'était largement développé, et de nombreux médecins de Sainte Mangouste et d'ailleurs s'étaient ralliés à leur cause, assurant un suivi médical aux membres qui pouvaient en avoir besoin. De toute évidence, c'était le cas d'Hermione. Quand il entra dans l'infirmerie, un médicomage et une infirmière de garde se précipitèrent vers lui et lui prirent Hermione des bras pour l'allonger dans un des nombreux lits vides et moelleux.

Le médecin tira les rideaux autour d'elle et s'affaira sans doute à la déshabiller pour la coucher dans le lit tiède. Drago aurait donné un bras pour s'allonger lui aussi dans l'un de ces lits, mais le repas du guerrier attendrait : en bas, une dizaine de sorciers attendaient impatiemment son retour.

—Vous avez besoin de quelque chose ? demanda alors l'infirmière à l'intention de Drago.

—Un bon cognac.

—Vous trouverez votre bonheur dans la cuisine.

L'infirmière lui adressa un sourire compatissant et le suivit du regard tandis qu'il descendait les escaliers et rejoignait les autres dans la cuisine. Ils étaient en train de discuter à voix basse, et malgré l'inquiétude de voir Hermione dans un tel état, on pouvait lire le soulagement sur leur visage. Drago s'assit entre Kingsley et Georges, tandis qu'Harry lui servait un verre – ce type avait-il lu dans ses pensées ? Il sentait tous les regards rivés sur lui. Ils attendaient tous des détails, mais à quoi bon ? La mission avait été une réussite, inutile de s'attarder sur ces dernières heures, Ô combien pénibles.

Et puis, n'y tenant plus, Harry prit la parole.

—Alors ?

—Alors, quoi, Potter ? répliqua Drago d'une voix rauque et basse. J'ai ramené Hermione, c'était ce qui était prévu non ?

Harry hocha doucement la tête. Bien sûr c'était ce qui était prévu, mais c'était un plan dangereux et personne n'aurait parié plus de dix gallions sur son succès.

—Voldemort, il…

—Oui. Il sait. Wagner m'a vu m'enfuir avec Hermione, je suis sûr qu'il lui a déjà tout répété.

—On vient de perdre un sacré avantage, marmonna Georges.

C'était en effet, le moins que l'on pouvait dire. Depuis plus de cinq ans maintenant, Drago était devenu l'agent double de l'Ordre du Phénix, marchant sur les pas du défunt maître des Potions, Severus Rogue, il avait donné de nombreuses informations à l'Ordre durant de nombreuses années. Bien sûr, tout ne s'était pas fait en un jour. Mais après que Voldemort eut tué Narcissa pour punir Lucius de son incompétence latente, Drago avait compris que la vie ne se résumait pas à suivre le Lord à la manière d'un mouton. Drago n'avait pas vraiment prévu de se joindre à l'Ordre, et puis petit à petit, il avait compris que l'unique façon de se venger était de s'allier à Potter et sa bande. Il avait fallu des semaines pour conquérir la confiance des membres de l'Ordre, et des années pour en être un membre à part entière, mais à présent, il était un membre respecté et siégeait aux réunions les plus importantes de l'opposition.

—Le plus important c'est que vous soyez sains et saufs, tous les deux, répliqua Molly de sa voix douce.

Personne ne dit rien, mais tous pensaient exactement la même chose. Hermione ne semblait pas dans son état normal. Nul n'osait imaginer ce qu'elle avait pu subir ces trois derniers mois. Drago en avait bien une idée, mais parfois, mieux valait taire la vérité quand elle se révélait être trop pénible à supporter. Et puis, à quoi bon, songea-Drago. Quand Hermione avait disparu, c'était comme si la terre s'était arrêtée de tourner. Quoi que pouvait en dire l'intéressée, Hermione était un pilier majeur de l'Ordre et un fin stratège qui semblait avoir la solution à chaque obstacle qui avait pu se présenter à eux. Sa disparition avait été terrible…

Elle avait disparu le jour même de l'anniversaire d'Harry. Elle n'était pas venue à la fête comme cela avait été prévu, et Ron était donc passé à son appartement pour s'assurer que tout allait bien. Mais tout n'allait pas bien.

L'appartement avait été saccagé, les coussins éventrés, les meubles renversés. Les traces de lutte évidentes, et les larges traînées de sang qui marbraient le sol, ne laissaient pas de doute quant à la situation : Hermione s'était fait enlever par les sbires de Voldemort.

Grâce à Drago, ils avaient pu très vite se rendre compte qu'Hermione se trouvait dans les cachots du Manoir Jedusor, nouveau quartier général de Voldemort depuis que Lucius Malefoy s'était fait enfermer à Azkaban. Malgré tout, Drago n'avait pas été autorisé à lui rendre visite, et pour ne pas éveiller les soupçons il avait fallu établir un plan. Trois mois de surveillance, de rondes, de réunions pour organiser une contrattaque. En vain. Finalement, Drago avait été missionné pour la sortir de là, quitte à y perdre sa couverture. Hermione était trop importante aux yeux de l'Ordre, et surtout d'Harry et Ron pour la laisser à la merci du Seigneur des Ténèbres.

—Elle s'en remettra, grogna Ron comme pour conjurer ce silence maudit qui reprenait peu à peu ses droits.

—Tu n'en sais rien, répliqua Ginny.

La dernière des Weasley avait le teint si pâle que Drago s'étonnait de la voir tenir encore debout. Adossée contre le vaisselier, elle avait croisé les bras sur sa poitrine et regardait Ron d'un air mauvais.

—Elle est forte.

—Tu ne sais pas ce qu'elle a subi, Ron.

— Toi non plus, éluda Harry à voix basse.

Drago les regarda tour à tour avec un petit rictus. Depuis la disparition d'Hermione, ces deux-là passaient leur temps à se chamailler. Comme s'il s'agissait de l'unique solution pour la sortir de là. A bien y réfléchir, Drago ne se souvenait pas les avoir déjà vu rester plus d'une semaine sans se disputer, depuis cinq ans qu'il partageait leur vie. C'était ce genre de couple électrique qui aimait se rentrer dedans, pour mieux se retrouver dans l'intimité.

—Les médicomages lui feront une batterie de tests, dit Remus de sa sempiternelle voix calme. Ça ne sert à rien de se disputer, pour l'instant.

Chacun acquiesça, mais on pouvait sentir, malgré tout, l'épée de Damoclès, grande et menaçante, au-dessus de la table de la cuisine. Pour couper court à la conversation, Georges sortit une bouteille poussiéreuse d'hydromel et en servit un verre à tout le monde. Quand chacun eut achevé de se délecter du nectar, Drago se releva doucement et jeta un coup d'œil à l'assemblée.

—Bien, si tout est dit, je vais rejoindre ma femme.

Ce fut comme si Drago avait donné le coup d'envoi. D'un seul homme, chacun se leva à son tour. Au milieu des discussions et des bruits de chaises que l'on repousse, Harry s'approcha de Drago avec un sourire chaleureux et lui donna une tape sur l'épaule.

—Merci, Malefoy. Pour ce que tu as fait.

—Laisse tomber, Potter, c'est mon job de faire ce que vous êtes incapables de faire.

Les deux hommes échangèrent un sourire discret, et se serrèrent une dernière fois la main. Ginny s'approcha d'eux à son tour, et offrit un sourire rayonnant à Drago.

—Embrasse Livia pour moi.

—Je n'y manquerai pas.

Cela faisait un mois que Drago n'avait pas vu son épouse. Le plan nécessitait qu'il soit en permanence au côté du Seigneur des Ténèbres afin de connaître ses habitudes et trouver une brèche dans son emploi du temps. De plus, son statut d'homme marié n'était connu que de l'Ordre et de l'entourage proche des jeunes mariés, afin de protéger Livia. Voilà plus d'un an qu'ils étaient mariés et jamais Drago n'avait été aussi heureux. Ils avaient emménagé dans un petit pavillon non loin du quartier général de l'Ordre, et Livia était devenue la gardienne du secret de leur nouvelle adresse. Ainsi, même Drago – en contact régulier avec le Lord – ne pouvait laisser échapper une telle information.

—Bonne nuit Drago.

Ginny pressa doucement la main de Drago, et plongea ses yeux mordorés dans les siens. Ce geste, à la fois si simple et si intime, en disait long sur la relation étrange qui les liait. Cela avait été comme une révélation. Dès l'instant où Drago était devenu membre à part entière de l'Ordre du Phénix, Ginny et lui étaient devenus comme les deux doigts de la main. C'est étrange comme deux personnes peuvent passer des années à se haïr et puis, soudain, muer cette haine en une amitié sincère. Si on devait lui demander, Drago serait bien incapable de l'expliquer. Rendu mal à l'aise par le regard empli de reconnaissance de Ginny, il haussa les épaules et leur adressa un dernier regard avant de quitter la cuisine, et le Square Grimaud pour rejoindre Livia et leur foyer.

Journal de Drago Malefoy – 30 octobre 2004

« Quand je suis rentré ce soir-là il n'y avait que le néant. L'absurdité et l'incompréhension de ne pas la trouver allongée dans notre lit. Au lieu de cela, il n'y avait rien d'autre que du sang sur les murs et des meubles renversés. J'ai crié son nom, encore et encore, et puis j'ai trouvé ce qui signerait ma perte. Un petit morceau de parchemin épinglé sur la table basse, dans le salon, sur lequel on pouvait lire « Traitre ».

Tout ce qui suivit est encore trop trouble pour que je m'en souvienne vraiment. Je suis retourné au Square Grimaud et j'ai tiré Potter de son lit. J'étais fou de rage et il n'a sûrement pas compris ce que je lui racontais. La détresse dans mes yeux avait fait le reste, néanmoins.

Des jours durant, nous l'avons cherchée. En vain. Livia restait introuvable, et peu à peu j'ai commencé à perdre espoir. Jusqu'à ce qu'un matin, Ginny vienne me chercher, chez moi, la mine déconfite. On l'avait retrouvée, enfin. Rejetée sur une des rives de la Tamise, inerte. J'avais compris à cette même seconde ce que cela signifiait que de perdre un morceau de son âme. Mon cœur avait vu ses dernières braises d'espoir s'éteindre, et c'était sans doute cela, le plus douloureux. Perdre l'espoir. C'était pire que de perdre la vie.

Je m'en vais. Plus rien ne me retient vraiment ici. J'avais un job et une épouse, et me voilà sans l'un ni l'autre. Maintenant qu'il est certain que ma couverture d'agent double a volé en éclat et que l'on vient d'enterrer Livia dans le caveau familial, il ne me reste rien. Je ne l'ai dit à personne. Ils voudraient me retenir, me raisonner. Mais ce n'est pas ce dont j'ai besoin. Tout ce que je veux c'est m'éloigner de ce pays de douleur, partir prendre un l'air. Un moment. Je ne sais pas si je reviendrai. Mais c'est mieux. »

Blaise referma d'un geste sec le petit carnet qu'il venait de trouver sur la table basse. Drago l'avait laissé pour lui, il en était certain. Ils avaient convenu que Blaise viendrait le chercher pour aller manger chez Pansy, mais il avait tout prévu. Quand Blaise était arrivé, personne n'avait ouvert la porte. Cette dernière n'était pas verrouillée cependant, et quand il entra dans le petit pavillon parfaitement rangé du couple, Blaise ne fut pas étonné de n'y trouver personne.

Il le connaissait par cœur. Il n'avait même pas besoin de ce fichu carnet pour savoir que Drago était parti. Et comment l'en blâmer ? Résigné, Blaise rangea le petit carnet dans sa poche et quitta l'appartement. Il avait mal au cœur, il se sentait terriblement petit et faible. Parce qu'il n'avait pas joué son rôle, parce que son meilleur ami était parti, sans bruit. Bien sûr, il aurait pu se lancer à sa poursuite, je retrouver et le convaincre. Mais ce n'était pas son genre. Il pleurerait son frère en silence, en espérant, peut être naïvement, qu'il revienne un jour frapper à sa porte.


Voilà pour le premier chapitre. J'espère que celui-ci vous a plu même si pour l'instant, il ne dévoile pas grand-chose sur l'histoire. Pas trop de détails sur Hermione, mais le prochain chapitre devrait vous éclairer. Pour ceux qui cela intéresse, je posterai une fois par semaine (sûrement le dimanche). Comme toujours, n'oubliez pas que les reviews sont le pain de l'auteur, alors si vous avez quelques minutes de plus à consacrer à cette histoire, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ça me ferait très plaisir ! En attendant je vous dis à très vite, et surtout, portez-vous bien.