Chapitre 1: Tournesol

Gouenji s'étira avant d'étouffer un bâillement dans le creux de sa main. Il se leva de son bureau et quitta son lieu de travail en éteignant les lampes. Il était le dernier à partir, ses collègues ayant tous filés à l'anglaise les uns après les autres. Il ne pouvait que les comprendre. Le 14 février était un jour spécial que tous avaient envi de passer auprès d'une personne encore plus spéciale.

Une fois dans la rue, il prit son téléphone dans sa poche et lança un appel. En attendant que son interlocuteur ne décroche, il rajusta sa vieille écharpe rouge sombre autour de son coup. Il allait falloir qu'il songe à en acheter une autre pour l'hiver prochain.

Enfin, il entendit que son appel était prit.

_ Quoi ?

La voix était froide, agacée et passablement désagréable.

_ Fudou ? Pourquoi c'est toi qui décroche au portable de Kidou ?

_ Je t'en pose des questions, moi ? Passons. Le match de Teikoku contre Raimon dure beaucoup plus longtemps que prévu, du coup Yuuto est trop occupé à tenir son rôle de coach. Et moi je joue au secrétaire.

_ Tant mieux s'il y a des prolongations ! Tu pourras prévenir Kidou que je suis en retard sur mon planning et que s'il pouvait retenir Mamoru un peu plus longtemps, ça m'arrangerait.

Gouenji entendit distinctement le soupir de Fudou avant qu'il n'accepte sa demande.

_ Merci ! A plus, Fudou.

_ C'est ça.

Gouenji raccrocha et se hâta de rentrer chez lui. Kidou était gentil, mais lui aussi voudrait passer sa soirée tranquillement avec son compagnon, il ne pourrait donc pas retenir Endou ad vitam aeternam.

_oOo_

Endou tourna la tête vers Kidou. Il discutait avec un Fudou passablement contrarié. Le jeune homme reporta son attention sur le match de son équipe qui approchait de son dénouement sans qu'un vainqueur ne soit encore désigné. Les matchs Teikoku/Raimon étaient vraiment ceux qu'il préférait, les deux équipes étant de forces égales. Des rivales depuis très longtemps, même si leur coachs actuels étaient les meilleurs amis du monde.

_oOo_

Endou soupira en tentant de joindre Gouenji pour s'excuser de son retard non négligeable. Et dire qu'il lui avait promit de rentrer de bonne heure pour fêter dignement la Saint-Valentin !

Il allait quitter le terrain de Teikoku quand il aperçut Kidou qui l'attendait à la sortie.

_ C'était un sacré match, pas vrai Endou ?

_ Ça oui ! 3-3 ! Il faudra faire le match retour rapidement !

_ Oui.

Endou tourna la tête et la pencha sur le côté.

_ Tiens ? Fudou n'est pas avec toi ?

_ Non, il est rentré à la maison. Je voudrais discuter avec toi.

_ Ah bon ? De quoi ?

Kidou parut hésiter avant de répondre lentement, comme s'il pesait ses mots.

_ De football.

_ Tu veux pas attendre demain, Shuuya va se faire un sang d'encre si je rentre en retard. Il a toujours peur que je me fasse agresser ou quelque chose dans ce goût là. Je ne savais pas qu'il était d'une nature à s'inquiéter comme ça ! C'est mignon !

_ Euh… Non, je ne veux pas attendre demain. Moi aussi j'ai envi de rentrer. Surtout qu'Akio est déjà suffisamment contrarié comme ça… Bref. J'ai eu une idée qui pourrait être intéressante pour aider nos joueurs à s'améliorer…

Endou pencha la tête sur le côté en écoutant son meilleur ami.

Dès qu'on lui parlait de football, il finissait toujours par oublier ce qu'il devait faire. Aussi oublia-t-il qu'il devait rentrer.

_oOo_

Gouenji acheva ses préparatifs et observa son œuvre avec satisfaction. Il envoya ensuite un texto à Kidou pour lui dire qu'il pouvait relâcher Endou tout en le remerciant de l'avoir retenu.

_oOo_

Endou courut le long du trajet de retour. Il avait perdu la notion du temps en discutant football avec Kidou. Mais maintenant, il n'avait qu'une hâte : retrouver Gouenji.

Il arriva en moins de cinq minutes chez lui, la ville d'Inazuma n'était pas si grande que ça, après tout !

La maison qu'il habitait avec Gouenji était calme. Il entra et se déchaussa en annonçant son retour.

_ Il faudra vraiment qu'on fasse quelque chose contre ta manie d'être toujours en retard, Mamoru !

Il leva ses yeux marron vers Gouenji qui venait d'arriver dans l'entrée, le bras curieusement ramené dans son dos. Il portait une chemise blanche et un pantalon noir, ses cheveux blond attachés en queue de cheval basse, mais Endou ne prêta pas attention au soin qu'il avait mit dans son apparence.

_ Désolé Shuuya ! C'est Kidou, il voulait parler football et… bah ça a duré plus longtemps que prévu ! Pardon !

Il joignit les mains en s'inclinant pour se faire pardonner, arrachant un sourire amusé à Gouenji.

_ C'est bon va, redresse-toi.

Endou obéit et resta muet, ses yeux s'arrondirent. Il ouvrit la bouche pour parler mais se retrouva incapable de formuler un mot.

Gouenji avait sorti de derrière son dos un bouquet de tournesols d'un jaune magnifique. Il avait eu beaucoup de mal à les trouver. Le jeune homme blond tendit on bouquet à son compagnon avec un sourire paisible

Endou le prit et son regard fut attiré par une carte qui dépassait des fleurs. Il cala précautionneusement les tournesols contre son bras avant de prendre le carton. Il reconnu immédiatement l'écriture fine et déliée de son amant.

''Ces fleurs pour te dire ce que tu représentes pour moi. Je t'aime.''

Endou releva les yeux et regarda Gouenji, légèrement intrigué.

Le jeune homme blond lui effleura la joue du bout des doigts en souriant.

_ Tu es le soleil de ma vie. C'est la signification du tournesol dans le langage des fleurs.

Bouleversé par cette déclaration, Endou passa ses bras autour du cou de celui qu'il aimait depuis toujours, prenant bien garde à ne pas écraser son bouquet. Il en pleurait.

_ Allons… C'est juste des fleurs, ne pleure pas pour ça, Mamoru !

_ Désolé… C'est juste… Je suis tellement heureux. Je ne savais pas qu'il état possible d'éprouver autant de bonheur !

Le jeune homme brun nicha son visage contre l'épaule de Gouenji, savourant la chaleur de cet instant alors que son amant caressait délicatement sa nuque.

Gouenji finit pas s'écarté et prit la main du brun dans la sienne et l'entraina jusqu'à leur salon.

La table était dressée pour deux, simple mais élégante, avec des bougies et une rose rouge dans un solitaire.

Une bonne odeur flottait dans l'air, même si Endou n'arrivait pas à identifier ce que c'était.

_ C'est super beau, Shuuya…

_ C'est pour ça que Kidou t'a retenu. Je lui ai demandé de le faire pour avoir le temps de tout préparer.

_ C'est vrai ? Donc ce n'est pas de ma faute si je suis en retard ?

_ Pour une fois.

Gouenji sourit et planta un tendre baiser sur les lèvres d'Endou. Ce dernier gardait toujours son bouquet serré contre lui, ce qui amusa le blond.

_ Tu sais, personne ne va venir te le prendre ! Il va falloir le lâcher pour les mettre dans l'eau, tu ne crois pas ?

Le brun sourit largement et hocha la tête.

_oOo_

Ils passèrent ensuite à table. Gouenji avait tout cuisiné lui-même, faisant les plats préféré de l'homme qu'il aimait. Et le voir se régaler le comblait de joie.

_oOo_

Après avoir finit de manger, Gouenji se leva alla tout droit vers une commode de laquelle il sorti une boite carrée. Il avait l'air étrangement nerveux en se retournant vers son compagnon.

_ Mamoru, j'ai quelque chose pour toi…

_ Attends !

Le jeune homme brun plongea sur son sac et en sorti un paquet sans forme, mou et mal emballé. Aucun doute possible, c'était lui qui avait fait l'emballage ! Endou ne savait se servir de ses dix doigts que pour garder un but.

C'était aussi pour ça que Gouenji l'aimait autant.

_ Déballe d'abord le mien, Shuuya !

Il paraissait extrêmement fier de lui.

Gouenji sourit et prit le cadeau tendu vers lui. Il n'eut qu'à retirer le ruban qui l'entourait pour que le papier tombe au sol et dévoile ce qu'Endou lui avait offert.

Une écharpe d'un beau rouge sombre.

Il n'y avait guère que la couleur qui était belle. L'écharpe en elle-même était… moche. Plus étroite d'un côté que de l'autre, des fils dépassant de partout, des mailles inégales…

_ Elle te plait, Shuuya ?

_ Euh… C'est toi qui l'as faite, n'est-ce pas ?

_ Oui ! Et c'était la première et dernière fois que je fais un truc comme ça !

Le jeune homme blond sourit, ses yeux noirs brillant plus que d'ordinaire, ému par ce qu'avait fait Endou pour lui. Son écharpe était affreuse, malhabile, et pourtant…

_ Je l'adore, Mamoru… Et je t'aime tellement !

Il le serra de toutes ses forces dans ses bras, oubliant qu'il ne lui avait toujours pas offert son cadeau.

Il finit par s'en rappeler au bout d'un long moment.

Il donna sa boite à l'homme de sa vie en sentant une pointe d'inquiétude monter en lui.

Endou ouvrit son cadeau et fronça les sourcils. La boite contenait une chose pour le moins insolite.

Un puzzle.

Le brun se mit aussitôt à assembler les pièces avec minutie. Une fois son œuvre achevée, il la regarda dans son ensemble, histoire de voir ce qu'il venait d'assembler.

Les mots qui s'étalèrent sous ses yeux, tracés d'une belle écriture fine et déliée, firent exploser de bonheur son cœur.

'' J'aime tout de toi, Mamoru, surtout ne change jamais celui que tu es.

Mais en y réfléchissant bien, il y a une chose chez toi que je voudrais changer.

Tu ne devines pas de quoi je parle ?

C'est pourtant l'évidence même.

Ce que je veux changer chez toi Mamoru,

C'est ton nom de famille.''

Le jeune homme brun leva les yeux vers le blond.

_ Shuuya… Est-ce… Est-ce que c'est vraiment ce que je crois que c'est ?

_ Oh oui, Mamoru.

Gouenji se leva et prit la main de son amant dans la sienne.

_ Endou Mamoru, veux-tu m'épouser ?

Le jeune homme brun se jeta simplement dans ses bras, la gorge trop nouée par l'émotion pour parvenir à répondre.

Ils s'embrassèrent passionnément ; et ce baiser valait bien tout l'amour du monde, ne laissant aucun doute sur la réponse qu'Endou finit par réussir à souffler contre les lèvres Gouenji.