Bonjour !
J'avais envie d'écrire sur un Kuroko qui devient plus grand, et traiter avec ça le thème du changement, plus largement de l'évolution. Je ne sais pas si le concept est original, mais je n'ai jamais vu ça en français, sauf erreur de ma part, en anglais non plus (bien que là j'imagine que ça a dû être fait), et j'avais envie de l'exploiter. Concrètement, la fic se passe quand ils sont en deuxième année, et en été parce que ce sont les seules vacances longues qu'ont les japonais. (D'ailleurs j'ai fait des recherches pour les dates, histoire que ça fasse réaliste, mais je n'ai rien trouvé de précis, les différents sites où je cherchais les informations se contredisaient entre eux, donc j'ai fait un choix) Aussi, le texte soulève le problème lui-même, mais je ne pense pas qu'il soit possible de grandir autant en un laps de temps si court, d'où le titre, qui signifie "5 centimètres par secondes" (inspiré par un J-Film que je n'ai pas vu, en fait XD), pour souligner l'ironie de la situation.
A la base, je comptais en faire un OS, mais comme j'ai essayé un mode de narration un peu différent de ce que je fais d'habitude, je me suis dit que ça se prêtait au découpage en chapitres. Il y en aura au moins un deuxième, c'est sûr, un troisième, forte probabilité, et peut-être un quatrième, mais ça n'ira pas au delà.
Cette première partie est un peu fluffy, sans prise de tête, elle introduit le sujet.
T pour quelques allusions sexuelles et du langage fleuri.
KNB ne m'appartient pas, mais ça coule de source.
Bonne lecture !
« Je dois partir chez une de mes tantes le long des vacances d'été. Je ne pourrais pas participer au programme d'entraînement, désolé, Aida-san. »
La coach de Seirin grimaça. Comme l'été dernier, elle jugeait qu'un entraînement suivi pendant les vacances ne ferait pas de mal à ses joueurs. Ils auraient toujours une semaine de répit pour réviser ou se la couler douce, mais quatre semaines complètes ? Parfaitement hors de question. C'était avec cet argument qu'elle avait proposé l'idée. Ajouter à cela le fait que, bien sûr, ils participeraient de nouveau à la Winter Cup et étaient en attente des résultats de l'InterHigh. Ils devaient se maintenir à niveau en travaillant leurs améliorations. Leur victoire postérieure ne justifiait aucun laissé aller. Elle insistait là-dessus. Quand bien même ce mois dont ils disposaient était donc habituellement réservé aux sorties scolaires ou en club avant d'être de vraie vacances, la Golden Week ainsi que les jours fériés étaient là pour le relâchement, elles n'étaient pas obligatoires. Avant d'être des joueurs, ses garçons restaient avant tout des lycéens avec une vie. Kuroko n'avait pas été le seul à se signaler comme absent.
Izuki partait en campagne pour honorer un congé exceptionnel de son père, et il ne pouvait s'y dérober. Kiyoshi devait s'occuper de sa grand-mère, qui s'était cassé le fémur en faisant une chute sur le carrelage de leur cuisine. Les parents de Kawahara estimaient qu'il était temps que leur fils travaille, ce pourquoi il avait décroché un petit job, avec des horaires assez souples ne coïncidant bien évidemment pas avec un voyage, pour la totalité des vacances.
Elle se serait presque attendue à ce que Kagami déclare se rendre aux États-Unis, mais heureusement, ça n'avait pas été le cas. Avec quatre joueurs en moins, ils pouvaient toujours partir au camp. Leur absence l'enquiquinait tout de même assez, pour être tout à fait honnête. D'autant qu'elle appréhendait que la liste s'agrandisse, que les petits nouveaux se sentent inspirés par leurs aînés, sachant qu'il restait encore deux semaines avant ces fameuses vacances. Oh, à tort, du moins elle l'espérait, un vent de désistement aurait été une sacrée mauvaise blague. Ce serait passablement compliqué de faire quelque chose de concret pour le travail d'équipe avec un sous-effectif. Son ventre pesait déjà du sentiment d'angoisse, le stress lui faisant se mordre furieusement le pouce. Elle se reprit tant bien que mal, replaçant une mèche derrière son oreille, affectant une mime complaisante. Elle n'était pas une furie, quand bien même son sadisme était un proche ami de la tyrannie.
« Ce n'est pas grave, Kuroko-kun. N'oublie pas de t'entraîner. Je t'enverrais par e-mail quelques exercices de pratique à faire tous les jours. Et tu les feras, d'accord ? »
Derrière l'aimable jeune fille, une entraîneuse rigide se jouait impérative. Le garçon n'acquiesça pas, mais répondit sans sourciller.
« Aucun problème, je ne négligerai pas le basket. »
En s'inclinant respectueusement, Kuroko disparut. Riko eut un soupir. Avec les changements entourant le bleu, ça aurait franchement été bien, voire primordial, de l'avoir entre les mains pour contrôler son évolution. Surtout que ses pronostics le concernant avaient récemment changés, et que, diantre, ces changements étaient stupéfiants. Au point qu'elle remettait en cause ses capacités de jugement. Enfin, comment elle avait-elle pu passer à côté ça ! Plutôt, comment Kuroko avait pu dissimuler un tel potentiel derrière sa transparence ?! C'était à s'en arracher les cheveux par de grosses poignées. Elle émit un 'argh !' très élégant en s'effondrant contre le petit bureau bancal où elle était assise dans le local attenant au terrain de basket du gymnase, ses brouillons des futurs entraînements gribouillés à la hâte remplis de traits barrés à la barbare et de symboles illisibles.
Il fallait qu'elle trouve une solution pour ça.
Leur joueur fantôme allait voir son potentiel physique grandir. Deux petits centimètres s'ajoutaient déjà à son compteur, et ils venaient accompagnés, les bougres.
À l'aube du 27 juillet, les étudiants se levèrent sur la pensée que son couché de soleil signerait l'officiel début des vacances scolaires. La journée se passa lentement et rapidement à la fois, comme toujours lors de ces dates exceptionnelles. La dernière heure de cours sonna, une tête rouge et une bleue marchant côte à côte, les rayons perfides de l'astre nullement mieux intentionné cuisant leurs épaules. Kagami soupira. Les étés japonais étaient toujours très chauds, c'en était presque insupportable. Dieu savait que ceux des américains aussi. Il se demandait de temps à autre s'il y avait un foutu pays dans cette foutue planète où se réfugier, avec une température agréable, non étouffante comme ce salopard d'air condensé se révélait être. La chaleur oppressait leur corps, comme la soif pesait sur leur gorge, et comme un léger déchirement opprimait leurs poitrines. Oh, le fait qu'il n'y ait plus cours n'avait rien à voir là-dedans. Comme tout le monde, ils étaient heureux d'avoir enfin l'opportunité de grappiller des heures de sommeil supplémentaires, ainsi que d'avoir plus de temps pour s'occuper. Ils ne dérogeaient pas à cet engouement général pour l'oisiveté, quand bien même ils ne décrocheraient pas entièrement des études, et surtout du basket.
Les vacances étaient rares, surtout si longues, donc ça leur faisait du bien.
Le problème était le suivant : pour l'une des très rares fois où cela s'était produit, bien heureusement à leurs humbles avis, ils seraient séparés. Une cause un peu stupide qui plombait néanmoins leur moral d'adolescents aux cœurs emmêlés. A seize ans, dix-sept pour Kuroko, on était idiot, en étant amoureux. Marcher dans un lieu public leur imposant un minimum de décence, ils ne se tenaient pas la main. Ils avançaient assez près pour qu'elles se frôlent, de manière machinale, en apparence accidentelle. Pour sa part, Kagami faisait peut-être un peu exprès d'étendre les phalanges. Kuroko semblait répondre, ses doigts tressautant en direction des siens, se rétractant aussitôt. Ils finirent par se sourire arrivés à un coin de rue. Celui où ils devaient bifurquer chacun de leur côté. Le rouge eut du mal à retenir son soupir. Partir près de la plage comme l'été dernier avec l'équipe, c'était cool, ils allaient jouer au basket, ça serait drôle et utile. Mais sans Kuroko, merde, ça ne serait pas pareil.
Évidemment, il avait sa fierté. Il ne déballerait pas tout ça de but en blanc, il ne déballerait pas tout court. Il était un homme digne de ce nom qui devait donner l'air de résister à l'absence de son petit-ami, puisse sa poitrine l'élancer à cette idée. En outre, il se contenta d'un simple et composé :
« Grandis pas trop. »
Cette blague perdurait depuis que Kuroko avait commencé à gagner en taille. Il faisait à présent la même taille qu'Akashi, qui n'avait pas eu l'air ravi lors de leur dernière entrevue étant donné qu'il ne grandissait plus, et avait aussi vu sa carrure se renforcer. De peu, mais ses muscles étaient devenus plus saillants, ses épaules plus carrées, son buste plus large. Kagami avait écrasé sa main sur le crâne de Kuroko, aplatissant ses cheveux. Celui-ci grimaça, un inaudible son amusé franchissant la barrière de ses lèvres. La main s'était retirée, puis le rouge s'était gratté l'arête du nez avant de le regarder droit dans les yeux. Il se mordit la joue ; ses sentiments l'écrasaient, il leur cédait. Un peu.
« Tetsuya…Tu vas me manquer. »
Un peu étonné de la confrontation directe, Kuroko avait senti son visage chauffer. À peine.
« Toi aussi, Taïga-kun. »
Sans avoir besoin de se concerter, ils s'entraînèrent dans une petite ruelle ombragée, délaissée entre deux murs. Le baiser avait eu lieu. Doux, insistant, profond, long. Ils s'étaient reculés, aussi rouges l'un que l'autre cette fois-ci, le souffle court et le cœur en émoi.
« T'as pas une petite heure à tuer chez moi ? demanda Kagami avec espoir.
—Mes parents vont se fâcher si je rentre tard. J'ai des affaires à préparer, je n'ai pas eu la foi de le faire hier, je dois me coucher tôt et faire mes devoirs. »
Le rouge se sentit idiotement offensé que son petit-ami refuse de lui accorder un peu de temps. C'était puéril, il le savait bien, Kuroko le faisait sans aucun doute à contre cœur. Se mordant la lèvre, il raffermit sa prise sur la nuque du plus petit, se pencha un peu, approchant leurs visages, menton frottant contre le front blanc.
« Rien qu'une heure, ça sera pas tard. Steuplais… »
Le soupir de Kuroko offrit un courant d'air agréable à son torse par l'ouverture de sa chemise. La chaleur finissait par appesantir leurs corps et aucun vent ne soufflait, même à l'ombre. Ils auraient pu rester si proche dans ce silence cogitant, mais le rouge sentit la bretelle de son sac glisser. En rien de temps, la besace se retrouva pendue à son coude. Grommelant, il fit un pas en arrière, remontant la lanière sur son épaule. Le bleu le fixait, exempt d'expression.
« Ça m'énerve de ne jamais pouvoir te dire non. »
Il eut alors une ébauche de sourire et Kagami, lui, un fin rictus satisfait. Une sensation bienheureuse flotta dans le haut de son corps. Il avait ce qu'il voulait. Dans un brusque acquis de conscience, il se sentit obligé de rétorquer :
« Bon si t'as vraiment pas le temps, c'est pas grave. »
Kuroko secoua la tête. Il s'avança, entoura le torse de Kagami de ses bras pour y apposer la tête.
« Je veux aussi passer cette heure avec toi. »
Ils s'embrassèrent amoureusement, pour la deuxième fois. Ils reprirent tranquillement leur route jusqu'à chez Kagami, l'air de rien, où ils eurent tout le loisir d'occuper leurs derniers instants d'intimité…Enfin, ils en avaient le projet, mais la mère de Kuroko appela, le bleu décrochant son téléphone en balbutiant (une sorte de marmonnement confus, difficilement audible et un raclement de gorge), plus rouge que les cheveux de Kagami. Ce qui amusa considérablement ce dernier. Heureusement qu'ils n'avaient rien commencé –ils étaient allongés sur le lit, encore habillés – ou peut-être pas, selon le point de vue. En effet, voir Kuroko perdre le contrôle était tellement rare que le dunkeur appréciait ça. Oh, ça ne dura pas, son petit-ami se recomposa bien vite une façade neutre et une voix atone, promettant à sa génitrice qu'il travaillerait directement en rentrant et qu'il participerait même aux corvées ménagères du soir. À l'oreille experte, l'intonation de sa voix était blasée, Kagami devina qu'il était irrité du probable savon qu'il recevait de l'autre côté du fil.
Il faillit en rire mais se contint, ça aurait été inapproprié, après tout, c'était à cause de ses caprices que cela se produisait. Finalement, son petit-ami avait des réactions d'adolescent normal. Enfin, il ne trouvait plus Kuroko particulièrement bizarre à force de le côtoyer, en dehors de son manque de présence et de sa neutralité, mais justement, c'était tellement exacerbé chez lui que ça le choquait encore parfois. Le joueur fantôme raccrocha. Il clôt ses paupières un bref instant, comme soulagé.
« J'ai la permission de rester. »
Kagami acquiesça, rasséréné, mais ne rebondit pas là-dessus.
« J'adore vraiment quand tu es gêné.
—Si tu te taisais, Taïga-kun ?
—J'ai pas envie.»
Kuroko donna un coup de poing éclair sur le bras de son amant. Surprise passée, ce dernier le lui rendit. Ça restait un jeu gentillet, il n'avait aucune intention belliqueuse. Le bleu tomba néanmoins sur le dos, la tête sur l'oreiller, une portion de ses courts cheveux bleus recouvrant la taie noire. Tout en contraste. C'était la position adéquate, décida Kagami. Se couchant au-dessus de lui, le rouge se vanta, énonçant l'évidence :
« J'ai plus de force que toi.
—Voyez-vous ça. »
Ironie quand tu nous tiens. Bien sûr, le bleu n'insinuait nullement le contraire. Comme l'heure tournait vite, ils ne tergiversèrent pas davantage. Ils se retrouvèrent bientôt nus et s'unirent, pour finir par se câliner mollement entre les draps, les doigts de Kagami rasant l'épaule d'un Kuroko confortablement allongé sur son torse. Ils ne parlaient pas, ils n'avaient pas besoin de mots superflus. Pourtant, le dunkeur ressentit le besoin de briser cet accord tacite de silence.
« J'aimerais que tu viennes. »
Kuroko comprit immédiatement où portait l'allusion.
« Je ne pars pas à la guerre, tu sais. »
La tête du bleu bougea, de sorte à pouvoir le regarder dans les yeux. Kagami détourna brièvement le regard, encoléré. Il devait l'avouer, il se faisait lui-même l'effet d'être un gros lourd-dingue enfermé dans une bulle de romantisme, en overdose de petits cœurs dégueulasses à vomir. Mais toujours, quatre semaines sans Kuroko, qui était tout le temps avec lui… Il pouvait les tenir et allait le faire, ce n'était pas comme si le choix lui était laissé. Seulement, la perspective ne lui plaisait pas, il ne pouvait pas lutter contre le sentiment.
« Te fous pas de moi.
—Tu es susceptible.
—Et alors ? »
Il croisa les bras. Kuroko l'embrassa au milieu du torse, juste sous ses membres.
« Je ne me rends pas encore bien compte du fait que je vais partir. Ça sera sans doute plus dur pour moi que pour toi. »
Kagami fronça les sourcils devant son air mélancolique.
« Pourquoi ?
—Tu seras avec les autres et Aida-san, pendant que je serais tout seul.
—Ouais, mais toi tu seras pas là. »
Et voilà, il l'avait dit. La tête bleue se frotta pendant que son corps s'étira. Un léger frisson le traversa au contact de leur nudité respective. Un petit sourire orna les lèvres fines.
« Content de savoir que je te suis indispensable.
—Tetsuya, ta gueule. »
Il tempêtait vite, mais le rouge ne s'énerva pas réellement pour autant. Il échoua sa main dans les cheveux bleus et elle s'y perdit quelques minutes. D'un commun accord, ils se rhabillèrent à regret. Kuroko ne devait pas s'attarder. Une fois sur le pas de la porte, le joueur fantôme n'eut pas la force de partir sans une longue étreinte dont il fut l'initiateur, surprenant Kagami qui retenait la cloison d'un pouce hésitant, cloitré dans ses tentatives d'avoir l'air détaché.
« On s'appelle. »
Ils avaient parlé d'une même voix. Kuroko garda une expression sereine pendant que Kagami se sentit embarrassé. Un très rapide baiser volé et la demeure du dunkeur fut close.
Il y eut ce moment précis, la rentrée du 26 août. Après le bon mois de vacances dont avaient bénéficié les jeunes japonais, la reprise ne fut pas des plus aisées pour tout le monde, quand bien même la plus part des gens n'avaient pas profité de la pause pour se laisser aller, bon grès malgré –la chaleur suscitait des envies d'inaction, c'était bien connu. Au lycée Seirin, dans la classe B des deuxième années, quatre garçons discutaient ensemble, essuyant quelques bâillements. Le professeur les avait convoqué une demi-heure plutôt pour une mise au point, et ils étaient bien évidemment venu en classe à l'avance. Il n'était pas encore arrivé et tous les élèves n'étaient pas entrés dans la salle, aussi pouvaient-ils bafouer le placement. Le plus grand s'était assis à sa place, et les autres aux bureaux autour, en prenant soin de laisser celui de fin de rangée libre pour leur ami inhabituellement retardataire par rapport à eux.
« Ta dernière semaine de vacances, Kagami ? »
Furihata demanda avec enthousiasme, rencontrant le regard blasé du rouge qui avisa ses trois camarades.
« Mouais, ça peut aller. Et vous ?
—Tranquille. »
Ils répondirent d'une même voix. Sur un nouveau bâillement, Kagami eut un léger rire, et s'adressa directement à Furihata qui sembla peiner à comprendre le pourquoi du comment en premier lieu.
« Je me rappelle encore de sur la plage.
—On avait dit qu'on en parlait pu ! »
Le châtain rougissait. Kagami haussa les sourcils de manière appuyée, tout en opinant.
« On en parle pu, mais je m'en rappelle.
—Il s'est passé quoi ? »
L'insinuation piquait naturellement la curiosité de Kawahara et Fukuda. En triturant sa manche, Furihata regarda ses chaussures solidement appuyées contre le sol, résigné à se mettre à table.
« En fait, un soir où on est parti courir ensemble, une vague m'a emporté. Je suis tombé et quand elle s'est retirée y avait un crabe à deux centimètres de mon nez, ça m'a fait flippé et j'ai, pour ainsi dire, crier comme une fillette.
—Comme une putain de gonzesse, oui, c'était tellement énorme. »
Kagami souriait en se remémorant le souvenir et, en dépit de sa gêne, Furihata finit par rire, les deux autres regrettant de ne pas avoir été présents au moment des faits, l'un n'étant pas là, et l'autre ayant préféré se reposer après la dure journée d'entraînement plus que bien rigoureux de leur coach bien aimée…ou pas tellement après les mauvais traitements qu'ils avaient subis. Le rouge cessa de sourire pour râler de sa voix bourrue.
« Bon il est où Kuroko ? Le cours va commencer.
—Je suis juste derrière. Bonjour à vous. »
Kagami sursauta. Quoique "sauta au plafond" aurait été plus exact. Les trois garçons rirent, parce que son expression figée du mec qui se prend une bassine d'eau froide dans le dos avait été tellement ridicule qu'il y avait de quoi. Un sentiment d'irritation grimpa en lui – il détestait être surpris par Kuroko, et cet abruti aurait pu se manifester quand il était arrivé. Il n'allait d'ailleurs pas se gêner pour le lui dire. Il ne remarqua pas les visages choqués de ses compères en premier lieu.
« Toujours aussi discret. Tu peux pas dire quand t'es là au lieu d'atten…C'est quoi c'te merde ?!
—Kuroko-kun !
—Kuroko !
—Putain !
—Ravi de vous voir également.»
Le rouge fut le détonateur, ils avaient tous explosé en chaîne.
Kagami sentit son esprit se geler. Il y avait un problème. Et pas des moindres. Alors, d'accord, ça lui faisait plaisir de revoir son petit-ami. Ils avaient bien échangés quelques appels et conversations par messagerie instantanée lors des vacances, non, ils ne s'en étaient franchement pas privés. Il jugeait ces événements forts heureux, car s'il s'était débrouillé pour ne plus se conduire de manière aussi tarte que la veille du départ de son ombre, son absence s'était en effet ressenti comme un vide. La rentrée l'avait même réjoui, pour cette simple raison, lui qui était un grand paresseux – sauf quand ça concernait le basket, là, il aurait soulevé des montagnes sans aucune mollesse. Non, ce n'était pas être idiot, ça s'appelait être passionné, il y avait une nuance. Parfois faible, certes. Toujours est-il que quelque chose n'allait pas avec Kuroko.
Ce qu'il avait devant lui n'était pas le Kuroko qu'il voyait tous les jours auparavant.
Le garçon aux cheveux bleus et à la peau pâle assis derrière lui faisait pratiquement sa taille. Alors, ouais, Kuroko avait commencé à grandir avant les vacances. Mais sans déconner ?! C'était une blague, un rêve, une parodie de son esprit. Bientôt, il apprendrait que Kuroko n'était même pas Kuroko, mais un extraterrestre qui avait foiré son déguisement de Kuroko. Seulement il savait bien qu'il ne rêvait pas. Merde, ce n'était pas possible de grandir autant en si peu de temps, n'est-ce pas ?!
« Putain, mec, t'as bouffé quoi ? »
La question s'imposait, elle était foutrement de circonstance. Un petit son amusé sortit de la bouche du bleu.
« Rien de mauvais, rassure-toi, Kagami-kun. »
Le rouge restait estomaqué. Furihata se racla la gorge et déclara avec circonspection :
« C'est hyper surprenant, que tu aies grandi à ce point. »
Kuroko acquiesça.
« Je ne sais pas comment ça se fait non plus, mais c'est arrivé.
—Ouais ben c'est trop bizarre. »
Kagami se retourna sur cette phrase. Les élèves déferlaient depuis les portes, aussi chacun regagna sa place et le silence fut quand l'enseignant entra une poignée de secondes après. Kuroko suivit le cours avec attention, mais ne put s'empêcher de se sentir piqué par la réaction de Kagami. Il réagissait comme d'habitude, en un sens, et son inquiétude était peut-être due au fait qu'il était aujourd'hui très loin de l'amoureux transi qu'il était avant leur séparation. Chose qui l'avait incontestablement attendri, malgré le comique de son comportement, son amant était fier et s'abaissait rarement à laisser transparaître son côté sentimental. Quand il fut l'heure de l'intercours, le bleu décida de se rendre à la bibliothèque pour emprunter un livre. Il avait lu tous ceux qu'il avait achetés récemment et désirait un peu de renouveau dans son divertissement, quand bien même relire un bon roman ne le gênait jamais. En sortant, sa nouvelle acquisition en terme de contenu ludique rangée dans sa besace, le couloir était désert à l'exception de Kagami.
« Oh, Taïga-kun, tu étais là. »
Il n'y avait personne, aussi Kuroko s'autorisait à relâcher la formalité. Le dunkeur eut un sourire en coin.
« Ouais, je me doutais que tu serais ici. Pour une fois que c'est pas toi qui me surprends. »
Kuroko s'approcha, se plaçant à ses côtés, adossé au mur. Il y eut un petit silence avant que Kagami ne le crève.
« Pas que ça me gêne, mais pourquoi tu m'as rien dit, en fait ?
—Je ne savais pas comment le dire. J'aurais dû t'envoyer un message disant 'Taïga-kun, j'ai grandi' ? »
Le susnommé sourcilla.
« Ben j'vois pas où est le problème.
—Je ne vois pas ça comme un problème. Je savais que tu t'en rendrais compte en me voyant, je ne jugeais pas nécessaire d'en parler.
—Ouais, c'est sûr que je m'en suis rendu compte, ça m'a carrément sauté à la gueule. »
Kagami ébouriffa les cheveux de Kuroko en ricanant, et reprit de manière anodine :
« À part ça, t'as passé de bonnes vacances ?
—C'était calme, j'ai beaucoup lu et je me suis entrainé seul. Et toi ?
—Le camp était sympa. Après, j'aurais dû aller voir mes parents aux States, mais ils m'ont rappelé que mon bulletin était trop pourri pour que je voyage, ils ont voulu que je reste au lycée pour réviser. » Avec un regard amer, il ajouta : « Et me sortir les doigts du cul, comme dirait mon père. » Un soupir ponctua la phrase. « J'ai passé la dernière semaine dans cette putain de bibliothèque avec ces connards de bouquins partout.
—Taïga-kun et bibliothèque dans une même phrase…C'est une antithèse. »
Kuroko garda son sérieux, malgré sa boutade. Il comprenait tout à fait que Kagami déplorait ce changement de programme. Après tout, ne jamais voir ses parents en étant adolescent était une épreuve morale. Il pouvait facilement reconnaître le sentiment du rouge, avec ses parents voyageurs, il l'éprouvait également. Sa grand-mère était là, ce qui l'empêchait de se sentir seul. Quoiqu'il en soit, distraire son petit-ami de l'apitoiement lui apparaissait comme la bonne réaction. Ils auraient bien le temps d'en reparler s'il en éprouvait le besoin.
« Très drôle. C'était horrible, je voulais me taper la tête contre tous les murs de chez moi jusqu'ici en faisant le trajet.
—Tu es d'une fainéantise exubérante.
—En japonais standard, tu me dis que j'en branle pas une, enfoiré. »
Kagami traduisit avec veine battante sur le front, physiquement exaspéré. Un sourire se dessina sur les lèvres de Kuroko, qu'il réprima en moue réprobatrice.
« Je dis ça poliment, au moins.
—Pff, p'tit con. »
Kagami lui donna une pichenette plutôt violente avant de détourner le regard, faussement encoléré. Kuroko se frotta le front, bien qu'il n'ait émis aucun son manifeste de douleur.
« Ce n'est pas de ma faute si Taïga-kun est fainéant.»
Il rit pendant que la veine explosa sur le front du rouge, qui entreprit de lui coincer la tête sous son aisselle pour mélanger ses cheveux. Étant donné leur écart de taille presque absent maintenant, être si brutalement baissé fut douloureux pour le bleu. Alors que Kuroko protesta de sa douceur monocorde 'Arrête ça, on doit retourner en classe, tu me décoiffes' et que Kagami semblait mu par le plaisir de le tourmenter, il réalisa qu'il avait été idiot de penser que sa taille posait problème, presque comme s'il lui plaisait moins –la crainte passée, il se résignait à l'avouer, c'était effectivement l'imbécilité qui avait traversé son esprit, mais ils n'étaient pas des enfants. Bien sûr, le changement déroutait, lui en premier, et il pouvait comprendre que le rouge aurait voulu être averti. Il n'y avait cependant pas de quoi en faire une maladie, puisqu'après tout, il restait la même personne. Ce n'était qu'un bouleversement d'ordre physique. Des choses seraient chamboulées, certainement, mais le bilan ne se ressentait pas négatif.
Il était déjà plus qu'heureux d'avoir retrouvé son meilleur ami et amant.
Petit point pour ceux que ça pourrait surprendre, les établissements scolaires japonais restent bel et bien ouverts pendant les vacances, aussi pas mal d'élèves y restent pour réviser.
J'espère que ce début vous aura donné envie de lire la suite :). Et je l'avais précisé dans la note d'en haut, mais ce premier chapitre est pas mal fluffy, bon concrètement je ne pense pas que ça soit une catastrophe (du moins je l'espère sincèrement XD), mais ça me fait toujours bizarre de poster ce genre de chose X).
En ce qui concerne le rythme de publication, j'avoue que je préfère ne pas trop m'avancer à promettre une date précise, mais soyez sûr que la suite viendra !
Reviews ^^ ?
Merci d'être arrivé jusque là !
