Classé M pour les chapitres à venir. Beaucoup de angst (qu'est-ce que serait Reylo sans?), se déroule quelques semaines après les événements de TFA (toujours pas eu l'occasion de regarder TLJ...). Je sais pas du tout où tout ça va me mener.

Là-haut dans les plaines de Ahch-To le soleil disparaissait lentement, et la chaleur de la journée avec lui. L'atmosphère y était saine, et cela faisait un bien fou à Rey d'inspirer profondément l'air pur- si différente de celui pollué de Jakku. Elle avait passé la journée à suivre rigoureusement l'entraînement de son maître, Luke Skywalker. Tous ses membres étaient engourdis, mais elle accueillait la douleur avec plaisir car celle-ci était gratifiante. Elle se sentait enfin devenir maîtresse de ses pouvoir, et plus puissante de jours en jours, ses progrès constants et rapides. Luke avait même utilisé le mot "douée" avec elle, et pourtant il ne faisait jamais de concessions. Il avait même était parfois sans pitié. Rey lui en était reconnaissante, car non seulement il lui permettait de se dépasser, mais ses attentes toujours plus difficiles à atteindre empêchait la jeune Padawan de se ronger le sang à propos des événements qui s'étaient produits sur Starkiller. Elle regrettait la mort de Han. Ses amis de la Résistance- les seuls qu'elle ait jamais eu- lui manquaient. Et comme son corps était toujours occupé par les tâches physiques, elle ne pensait pas à Lui. Celui qui était la cause de toutes ses peurs, l'ombre qu'elle fuyait dans ses cauchemars.

Parfois elle sentait la plus feinte des sollicitations à l'orée de son esprit, une main qui lui effleure le front, une chaleur sur ses tempes. Elle aurait presque pu croire que c'était un effet du vent si elle n'avait reconnu, à chaque fois, l'appel de la Force. Et elle savait exactement d'où il provenait. Qui l'appelait. Sans défaillir, elle refermait les portes de son esprit, s'assurant que toute communication soit impossible. Il n'insistait jamais.

Rey chassa ces pensées dangereuses. Elle avait peur qu'il l'entende, qu'elle l'invoque inconsciemment juste en formulant son nom et qu'il prenne cela comme une invitation, se répandant dans son esprit aussi facilement qu'il l'avait fait lors de leur première rencontre - sombre, épais, de l'encre renversée par mégarde noircissant tout sur son passage.

Se frayant un chemin dans la forêt, la jeune Padawan passa une main paresseuse dans les fougères ; bientôt il ferait nuit et elle devrait rejoindre sa hutte, mais avant ça elle descendrait dans l'ombre fraîche des grands arbres et elle prendrait un bain honnêtement mérité dans la source.

Rey baigne dans la lumière. Elle n'a ni froid ni peur. Elle fond et goutte et coule dans le fond marin comme l'astre blanc au dessus d'elle. L'eau est chose rare sur Jakku, et les bains sont réservés aux plus privilégiés. La jeune pilleuse se considérait chanceuse si elle avait pu se toiletter dans la journée. Le sentiment d'être totalement submergée dans l'eau est à la fois troublant et apaisant. Rey imagine que c'est comme ça qu'on se sent dans le ventre de sa mère.

Mais sa sérénité est interrompue : ses tempes frémissent, et l'eau imite les vibrations comme un sonar. Un appel. Puis un autre. Et encore un. Rey se redresse précipitamment. La Force est trop insistante, elle se transforme en un long vrombissement. Maintenant c'est son esprit entier qui tremble sous l'assaut. Qu'est-ce qu'il se passe?

Il ne s'est jamais acharné comme ça pour l'atteindre. D'habitude, ses appels sont courts et l'effleurent à peine. Il ne se manifeste seulement pour lui rappeler sa présence à ses côtés, régulièrement, patiemment. Elle sait qu'il s'en sert pour se rassurer lui-même. Tu vas bien? Tu es toujours là? Pourquoi as-tu arrêté de répondre?

Je pense à toi.

Rey lutte pour le garder en dehors d'elle, mais son instinct lui hurle que quelque chose ne va pas. Il est en danger. Qu'il meurt. Elle s'empresse de retrouver la terre dure et de se rhabiller. L'appel s'interrompt au moment où sa volonté la trahit et Rey se fige, ruisselante, haletante. Le silence, loin de la rassurer, l'angoisse et la culpabilise.

Après son arrivée sur Ahch-To, Rey avait secrètement espéré que Luke et elle s'entendrait aussi bien que ça avait été le cas avec Han. Elle avait été un peu déçue par l'accueil froid du Jedi, puis par son caractère taciturne. Avare en mots, la curiosité de Rey s'était toujours heurtée à un mur de silence alors qu'elle mourrait d'envie de créer une connexion, un lien avec son maître.

Pour couronner le tout, les premiers jours l'entraînement avait été d'un ennui profond. Le Jedi avait insisté à ce qu'elle médite au moins trois heures par jour, au plus grand dam de Rey qui avait pris l'habitude de s'endormir avant la fin. Quand elle l'avait confronté, remettant en doute l'intérêt de l'exercice, celui-ci avait semblé froissé. Il avait regardé Rey droit dans les yeux avant de lever sa main à hauteur de son front.

« Le principe est simple. Si tu ne maîtrise pas la force, ça se reproduira. »

Et il avait essayé de pénétrer son esprit. Rey avait défaillit et grimacé d'horreur. Elle avait tant redouté le moment où elle ressentirait à nouveau le poids écrasant sur sa nuque, celui qui la mettait à nue et vulnérable contre celui qui se servait dans ses souvenirs, ses pensées, sans qu'elle puisse rien faire. Même si c'était une simple mise-en-garde contre son insolence, elle s'était sentit trahie par son maître. Elle balaya furieusement sa main.

« Ne faîtes jamais ça. »

Enragée, Rey avait courut le long du sentier avant de se faufiler dans les frondaisons. Comment avait-il osé ? Un acte aussi vil alors qu'elle était justement là pour apprendre à se défendre. Quel sorte de Jedi faisait ça ? A bout de souffle, elle s'était laissé tombé contre le tronc d'un arbre. Sa gorge la brûlait douloureusement alors que des larmes âpres se formaient au coin de ses yeux. Le sale connard. Elle attrapa de la mousse de chaque côté de ses genoux et tira rageusement, laissant échapper un couinement dépité.

C'était à ce moment là qu'elle l'avait entendu pour la toute première fois. Ou plutôt, qu'elle avait cru l'entendre. Elle avait d'abord pensé que quelqu'un avait prononcé son nom, là, derrière elle dans l'obscurité de la forêt. Mais il n'y avait qu'elle et les étoiles. Puis elle s'était rendue compte que l'appel venait de l'intérieur de sa tête.

Rey ?

Rey. Réponds moi.

Tous les membres de Rey se raidirent sur place. Elle avait tout de suite reconnu la voix de celui qui l'interpelait. « Kylo... Kylo Ren ? »

Qu'est-ce qu'il se passe ?

Terrorisée, Rey scruta à toute vitesse son environnement, prête à voir surgir l'ombre noir et rouge à tout moment.

« Qu'est-ce que tu fais dans ma tête? »

Je viens voir si tout va bien de temps en temps. J'ai senti de la colère...de la souffrance.

Rey ne put s'empêcher de laisser s'échapper un ricanement.

« Tu es l'exacte cause de cette souffrance, Kylo Ren », ajouta-t-elle comme une insulte. Il vint soudainement à son esprit que le Jedi Noir savait où elle se trouvait et qu'il était en chemin pour l'enlever à nouveau.

Tu veux que je vienne te chercher ?

« Tu ne sais pas où je suis. »

J'ai ma petite idée.

Désirant rompre la communication mais ne sachant pas comment s'y prendre, Rey demanda agressivement : « Qu'est-ce que tu me veux ? »

Je vois que tu ne sais toujours pas comment bloquer ceux qui s'invitent dans ton esprit. Si tu avais accepté ma proposition, si tu avais été sous ma garde, tu aurais maîtrisé cet art au moment où on parle.

Rey gloussa amèrement.

«Luke n'avait aucun droit de lire mes pensées. Même pour me faire peur. Et si un Jedi peut me faire ça, je n'ose pas imaginer ce que toi tu me ferais. »

Le Jedi Noir ignora sa remarque.

Je parle de moi, Rey.

C'est vrai ça, pensa Rey, comment s'y prenait-il pour communiquer avec elle d'aussi loin ? Ses pouvoir étaient-ils aussi extraordinaires que ça ?

J'aimerais m'en attirer les mérites mais je ne sais pas comment ça s'est produit. J'ai senti que je pouvais t'atteindre, et tu as répondu. Miraculeusement.

Rey tressaillit. Ça voulait dire qu'il pouvait s'inviter dans son esprit quand il le voudrait. Même à des années-lumières de Starkiller, elle était vulnérable. Elle en deviendrait folle.

Rey ? Je vais te laisser tranquille maintenant. Mais je reviendrais. Si tu as besoin de moi, utilise la Force pour me joindre. Je répondrai.

Comme si elle aurait jamais besoin de lui pour quoi que ce soit. Fallait-il être crédule.

Et... la voix se fit presque hésitante. Non, douce. Avec lui, celui que tu as choisi pour t'enseigner les voix de la Force, je sais comme on peut se sentir seul. J'ai été à ta place.

Rey sentit distinctement qu'elle était à présent seule. Vraiment seule.