Chapitre 1 : Cela ne cessera jamais…
Après la chute de Sauron, Seigneur des Ténèbres, les contrées étaient devenues plus verdoyantes ; les villes se reconstruisaient peu à peu et tous les hommes pansaient leurs blessures et celles des Terres du Milieu. Aragorn Roi du Gondor, avec l'aide d'Arwen, oeuvrait à faire le bien et aidait à la reconstruction du Royaume. Quant à Gandalf le Blanc, Frodon Sacquet et son oncle, ils étaient partis pour un voyage sans retour sur les terres immortelles auprès de Galadriel, Céléborn et Elrond . Les Terres du Milieu étaient dorénavant calmes et les créatures du mal s'étaient résignées à se réfugier dans de profondes cavernes où la lumière ne pénétrerait pas. De grands magiciens, venus de loin, sillonnaient les terres du Mordor pour fertiliser la terre meurtrie mais c'était une très longue et dure tâche ; en deux ans, ils avaient réussis à faire pousser seulement quelques arbres mais ceux-là étaient morts peu de jours après. Il faut croire que le Mordor est la racine du Mal et éradiquerait toute vie naissante jusqu'à la fin d'Eä…
Sam Gamegie, époux de Rosie et père de deux petits marmots joufflus vit paisiblement avec sa petite famille à Hobbitebourg prés de Pippin Touque et Merry Brandebouc. Depuis le départ de Frodon, ils tentent de reprendre leur vie paisible et connaissent des plaisirs incomparables. Mais combien de fois ont-ils pensé que c'était bien trop calme ?
Legolas Greenleaf est retourné dans la forêt de Mirkwood. Toutes les créatures maléfiques qui y avaient élu domicile se sont réfugiées dans les terres du nord, toujours arides. Gimli, est reparti dans la Montagne Solitaire mais aucun des nains d'Erebor n'est encore retourné à la Moria pour s'assurer que les créatures du Mal n'y étaient plus. En effet, malgré la chute de Sauron, le Mal n'avait pas disparu ; Sauron n'était qu'une manifestation de sa source maléfique et tous craignaient la suite des évènements…
Beaucoup répétaient que depuis la création d'Eä, les forces du Mal, représentées par Melkor, étaient toujours présentes et que cela durerait car Illúvatar, s'il n'avait pas pu l'éviter au commencement, le pourrait encore moins plus tard. Les représentants du Mal se succéderaient sur les Terres du Milieu et ravageraient tout jusqu'à leur mort où d'autres encore plus puissants prendraient leur place. Malgré cela, certains gardaient encore l'espoir de rassembler tous les valars présents sur Eä pour qu'ils puissent ainsi avoir une chance de vaincre les forces de Melkor. Mais tout ça n'était que des rêves dans l'esprit de gens vivants dans la peur depuis le premier jour…
Dans la forêt de Fangorn, où les Ents avaient retrouvé leur paisible existence, le silence était revenu perpétrer. La jeune elfe qui était nommée Faëlan parcourait la forêt agilement et sûrement jusqu'à ce qu'elle arrêta sa course prés d'une grotte. Elle joignit ses mains et héla d'une voix claire le vieux Ent, tant connu sous le nom de Sylbebarbe. Celui-ci se tourna lentement vers elle et articula ses grandes racines pour la rejoindre. Un doux sourire se dessina sur le visage de la jeune femme puis elle s'élança pour s'accrocher à ses longues et solides branches.
-Sylvebarbe…, souffla Faëlan en entortillant les fibres végétales autour de ses doigts ; tu sais très bien ce qui me tourmente un peu ces temps-ci… Hum, voilà j'aimerais, enfin, tu comprends…
-Ne te fatigues pas ma petite, l'interrompit-il de sa voix rauque; tu veux voir le monde, rencontrer des gens de ta race et construire ta famille… Je me doutais qu'un jour cela arriverait ; tu ne peux pas vivre ici, avec nous, à notre rythme de vie. Je te comprends Faëlan…
La jeune elfe le regarda avec un regard perplexe puis acquiesça.
-Je veux juste que tu saches que, malgré la guerre de l'anneau terminée, le mal est encore sur les Terres du Milieu… enchaîna-il ; J'ai surpris plusieurs orques dans le coin en peu de temps et cela ne me dit rien qui vaille ; je sens qu'ils manigancent quelque chose pour reprendre le pouvoir… Mais ce n'est plus du ressort des Ents tant qu'ils ne viennent pas couper notre famille. Maintenant que tu veux nous quitter, je suis plus inquiet, mais ne t'en fait pas ; je veux juste que tu fasses attention à toi…
-Ne t'en fais pas… répondit-elle ; je sais me débrouiller et chevaucherais jusqu'au village le plus proche.
-J'aurais pu demander à Gandalf de t'accompagner mais celui-ci a quitté la Terre du Milieu il y a quelque temps, ajouta-il ; Chevauche jusqu'en Lothlorien, c'est l'endroit le plus prés où tu pourras trouver des elfes mais je doute que beaucoup y vivent encore depuis que la Dame à quitter l'endroit… Tu trouveras Aragorn, le nouveau roi du Gondor à Minas Tirith, la ville blanche ; Vas voir pour moi deux anciens amis, deux petits hobbits plus exactement, Merry et Pippin. Ils vivent à Hobbitebourg, dans la Comté, tout à l'Ouest…
-J'irais les voir… enchaîna la jeune elfe ; je souhaite tant les revoir depuis que je les ai aperçu ici. J'irais voir tous les membres de la Communauté de l'Anneau pour qu'ils m'en apprennent sur le monde.
L'Ent ne put s'empêcher de laisser échapper un rire rauque et regarda, attendri, la jeune elfe qui descendait de ses longues branches. Sylvebarbe était peut-être un être aigri par sa nature, mais il restait toujours ému, face à la jeune fille qu'il avait trouvé et élevé comme sa propre fille. Après un long silence, il lui assura qu'il l'emmènerait à la lisière de Fangorn, le plus prés de la Lorien et la laisserait là avec Pelori, son cheval blanc. La jeune elfe sentit son cœur se pincer à l'idée qu'elle allait quitter celui qui l'avait tant aidé mais l'espoir de retrouver sa vraie famille la rassura.
A l'aube, Sylvebarbe, comme promis, accompagna Faëlan et son cheval à la lisière de la forêt. Quand tout fut dit et que la jeune elfe promit de venir le voir et de le tenir au courant, elle le quitta, le cœur serré. Elle chevaucha pendant toute la matinée et s'arrêta prés d'un bosquet et d'un point d'eau où elle put se rassasier. Alors qu'elle fit glisser sa main sur l'encolure de Pelori, elle entendit un léger froissement de feuilles. Elle se retourna vivement, les sens aux aguets, et banda son arc vers une ombre derrière quelques buissons. Elle s'attendait à trouvait un horrible orque affamé mais une silhouette frêle se dégagea. Les yeux de Faëlan s'agrandirent quand elle vit une petite créature, à peine haute comme trois pommes, zébrée de noir et avec de grands yeux sombres compatissants. C'était une sorte d'écureuil noir qui, malgré son apparence, semblait inoffensif. Un petit couinement retentit et la petite bestiole fit deux pas vers elle. Faëlan, voyant qu'elle n'avait rien à craindre, s'approcha à son tour et tendit sa main vers la bête. Celle-ci pencha sa tête vers la droite, la regardant avec ses grands yeux luisants et innocents puis sautilla jusqu'à sa main. Faëlan plissa les yeux quand elle vit une petite pierre noire autour de son cou ; elle semblait être vivante et la jeune elfe ne put s'empêcher de la saisir. L'écureuil la laissa faire et l'encouragea même avec ses petites pattes toutes velues de le mettre.
-Oh non, souffla-elle en souriant ; c'est gentil à toi mais je n'ai aucune envie de me balader avec ça autour du cou.
La petite bête sembla alors se vexer et prit un air renfrogné ; son air innocent se changea en un affreux rictus quand elle lui sauta au visage en lui dévoilant des crocs acérés. L'écureuil voulut lui lacérer le visage mais Faëlan le rejeta loin d'elle. Elle saisit son arc qu'elle banda aussitôt avant que la créature menaçante se relève. En un seul mouvement, l'écureuil maléfique se retrouva cloué à un arbre et la jeune elfe se laissa retomber au sol. C'est le museau humide de Pelori qui la sortit de sa rêverie ; elle ouvrit les yeux et regarda l'objet qu'elle serrait avidement dans la paume de sa main. Elle se rendit alors compte que ce qu'elle tenait était la petite pierre noire à l'aura maléfique. Elle ne put s'empêcher de la regarder tout en sachant ce qu'elle risquait. Pelori, lui redonna un coup de museau alors qu'elle enfouissait le pendentif dans sa poche. Sans s'attarder, elle remonta sur son grand cheval blanc et se mit à chevaucher, laissant là le cadavre de la bestiole étrange qui l'avait agressé…
Des cloches retentirent bruyamment alors que Deor se réveilla précipitamment. Dans son sommeil, il crut que c'était un rêve mais c'est quand il entendit les cris des gens qu'il réalisa ce qu'il se passait. Il sortit en hâte de son lit et se pencha à la fenêtre ; le ciel était encore noir et aucune étoile n'était visible. En contrebas, les gens courraient dans tous les sens alors que Imlor, son ami de jeunesse, tambourinait à sa porte.
-Deor ! lui cria-il ; qu'est ce que tu fais bon sang ?! Le village est attaqué !!!
Le semi-elfe ouvrit de grands yeux et porta son regard sur le portail de la ville ; un amas sombre d'éparpillait aux portes et les cris qu'ils lançaient lui rappela des orques. Il en avait longtemps combattu en tant que Rohirrim ; en effet, il faisait partie des chevaliers du Rohan comme son ami et avait reçu l'autorisation d'Eowyn de retourner à son village pendant quelques jours. Il avait bravement combattu au Gouffre de Helm et aujourd'hui, son village était attaqué…
Il enfila rapidement sa chemise et saisit son arc et son épée avant de descendre en trombe dans la rue. Quand il posa un pied sur la terre sèche, Imlor l'empoigna et l'entraîna contre le mur pour éviter d'être vu.
-Il faut faire quelque chose ! hurla-il ; ils sont trop nombreux…
-Des orques ? demanda Deor tout en bandant son arc.
-Et Uruk Haïs… enchaîna son ami ; je pense qu'il y a aussi des loups d'Isengard et des sortes de trolls !
Deor se retourna vivement et jeta un œil à la bataille qui faisait rage sur la place centrale ; des hommes se battaient vaillamment mais ils n'étaient pas formés pour ça et se retrouvaient vite dépassés. Les attaquants étaient d'une laideur incomparables ; c'étaient des orques et des Uruk Haïs qui semblaient avoir été croisés avec des gobelins. Deor voulut se lancer au milieu de la bataille pour repousser les immondes créatures mais Imlor lui empoigna le poignet. Il fut tout d'un coup assailli par un flot de visions obscures ; le combat, la détresse, la peur, la mort et surtout la défaite. Quand il ouvrit les yeux, son ami lui lâcha la main.
-Tu sais ce qu'il faut que tu fasses… souffla-il ; on est pas assez nombreux, il faut que tu ailles chercher de l'aide à Edoras ! C'est notre seule chance ; tu es rapide, et plus résistant que moi…
Deor secoua la tête alors qu'il empoignait son arme et se précipitait vers les premières créatures maléfiques qu'il voyait. C'est un Uruk Haï qui se tourna vers lui, montrant une gueule béante, couverte de lambeaux de chair. Deor attaqua le premier et réussit à le toucher à l'épaule droite mais la bête réagit vite et se jeta sur lui pour le clouer à terre. Soudain, alors qu'il se débattait, il sentit le poids de son attaquant devenir plus intense et il le vit s'écrouler sur le côté. Imlor se tenait là, et l'amena vers lui en prenant soin de ne pas toucher sa peau.
-Regardes-les Deor! lui cria son ami avec un regard suppliant; ils sont bien trop nombreux ! on a besoin d'aide !
Deor sentit son cœur se serrer quand il vit que son ami avait raison ; les orques avaient déjà commencé à s'attaquer aux femmes et aux enfants et de nombreux corps, immaculés, étaient étendus au sol. Il eut le temps d'éviter un loup d'Isengard qui fonçait sur eux puis il regarda son ami lutter ardemment. Soudain, il se précipita vers l'écurie et fracassa la porte pour laisser son cheval sortir. Giliath, son bel étalon noir, bondit de l'écurie et son maître l'empoigna au vol. Il chevaucha à travers la foule, tranchant les vilaines têtes des orques, puis jeta un dernier regard à son ami qui défendait son village. C'est quand il arriva aux portes, qu'il s'aperçut qu'il était poursuivi par deux loups d'Isengard, montés par deux orques. Il donna un coup de talon dans les flancs de Giliath pour que celui-ci accélère mais, en vain, ils étaient toujours derrière lui. Il monta la colline pour se rendre à Edoras et empoigna son arc tout en décochant une lignée de flèches. Un orque tomba à terre mais il restait encore la bête sauvage et le deuxième adversaire. Dans un geste rapide, une flèche alla droit dans le cœur du second orque. Deor esquiva les deux loups d'Isengard, qui courraient vers lui, affamés. C'est à deux reprises qu'il essaya de toucher l'un d'eux avant de l'achever et le deuxième s'arrêta, épuisé. En effet, Giliath était un redoutable étalon du Rohan et il a la qualité d'être rapide et inépuisable. Après avoir parcouru quelques kilomètres, Deor tourna son regard derrière lui et vit une épaisse fumée noire se joindre aux nuages ; son village était perdu…
