Hellow ! Après plusieurs crises de désespoir devant mon ordinateur, dont la connexion Intermerde laisse à désirer, j'ai enfin trouvé le truc : mettre mes docs sur une clé USB ! (temps de l'opération, 20 minutes, le temps de comprendre, 1), comment ça fonctionnait, 2), enlever/remettre la clé pasque j'avais éteint la petite fenêtre, 3) mettre/remettre les documents pas mis à leur place, enfin bref U_U) Donc voilà, je reviens avec cette fiction dont, perso, je me sens plutôt fière...

Disclaimer : Debi et le garçon blond ne sont pas à moi. La ville, Theme Of Day et la fille brune, si. Eh, j'ai plus de trucs qu'Hoshino ! YEAAAH ! \o

ENJOY !


Debitto traça un dernier trait de maquillage noir sous son œil gauche puis, satisfait, se détourna du miroir et sortit de sa chambre en prenant garde de ne pas réveiller ses parents qu'il entendait ronfler dans la chambre voisine. De toute façon, ils ne s'inquiéteraient pas pour lui. L'aube venait de se lever, noyant tout dans une lumière froide, comme la température. Il dévala les marches de l'escalier, les portes toutes closes des autres habitants. Il était vraiment tôt… Pourtant les rues étaient déjà pleines de monde, les voitures des gens partant au travail produisant l'habituelle cacophonie tellement ordonnée. Debitto frissonna et regarda autour de lui. Ceux qui le fixaient, une bande de plusieurs hommes portant couteaux et mines patibulaires, le dissuadaient d'aller à droite. Mais il s'en fichait. Il croisait autant de regards de mépris, de la part des gens bien mis, que de regards d'envie des midinettes qu'il croisait à chaque coin de rue. Il s'en fichait royalement. Rien ne l'atteignait.

Il traversa la rue sans même se soucier de la circulation, le regard perdu dans le vague. Il n'avait même pas de but, il se sentait… Perdu. Il tourna distraitement à un virage, croisant deux filles qui gloussèrent en le voyant. N'importe quel autre garçon de son âge aurait profité de la situation, mais il était blasé, fatigué. La réalité de la ville ne le touchait plus, et, de toute façon, ces filles ne l'attiraient pas. Même celle au décolleté avantageux et au maquillage aussi provocant que le sien. Rien.

Il se retrouva face à une petite boutique, coincée entre deux immeubles passablement délabrés. Il ne connaissait pas cette boutique, il devait donc la voir. La comprendre, la faire sienne. En devenir propriétaire à sa façon, en la connaissant. Il poussa la porte, elle s'ouvrit facilement, bien que la poussière sur la vitre laissait croire qu'elle était fermée depuis longtemps.

C'était une librairie.

A l'intérieur, il faisait chaud, presque rien ne bougeait. La poussière dansait entre des rayonnages de livres, éclairée par les rayons pâles du soleil levant. Le comptoir était vide, seule trace de vie : la musique faible qu'il entendait, à moins qu'elle ne provienne d'une voiture dehors. Il resta planté devant la porte, respirant l'odeur étrange de fumée, de poussière et de chocolat à la cannelle, quand un bruit retentit à sa droite avec la force d'un boulet de canon – du moins pour les oreilles habituées au silence de Debitto. Une porte qu'il n'avait pas vue s'ouvrit et un garçon de son âge en sortit, l'air fatigué, les traits tirés et les habits froissés. Pourtant, malgré cela, on aurait dit un ange. De longs cheveux blonds, des yeux verts brillants, et le soleil froid qui semblait l'avoir transformé en pierre… Il bâilla et esquissa un sourire d'excuse.

- Excusez-moi, je viens de me réveiller… Bienvenue à la librairie Theme Of Day !

Debitto restait figé sur place, incapable de prononcer le moindre mot. L'autre pencha la tête de côté.

- Tout va bien ?

- Ahem… Je… Oui. Oui, tout va bien, finit-il par prononcer.

Le blond sourit quand un bruit de course retentit derrière lui. Une fille en pyjama, bien plus jeune que lui, aux cheveux noirs et à la mine aussi détruite que le blond poussa ce dernier et courut vers un rayonnage.

- Je te dis que c'est « ordre, terre et or », et pas « or, terre et ordre », marmonna t-elle en fouillant entre les livres.

Le blond bâilla encore, plaquant une main sur sa bouche par politesse, puis sourit encore au brun.

- Excusez-la aussi…Vous vouliez un livre ?

Debitto réfléchit quelques secondes, son regard vague posé sur une cloche de bronze nichée sur une des étagères, reflétant le soleil matinal qui n'avait pas encore percé la brume.

- Hum… Oui… Quelque chose qui pourrait m'étonner…

Le blond passa une main derrière sa tête, gêné.

- Ce n'est pas à moi qu'il faut s'adresser, dans ce cas, mais à ma sœur là-bas.

Il désignait la jeune fille qui avait sorti un livre de son emplacement et qui le feuilletait fiévreusement. Le brun s'en approcha quand elle poussa une exclamation de triomphe en brandissant le livre au dessus de sa tête.

- « Le Jour est mots et rage, Le Jour est ordre, terre et or » Tu vois, je te l'avais bien dit ! J'ai gagné !

L'autre soupira et secoua ses longs cheveux dorés.

- D'accord, tu as gagné. Maintenant, occupes-toi un peu de ton travail.

Elle sembla comprendre qu'il y avait quelqu'un et se tourna vers le brun, un air interrogateur sur le visage.

- Quelque chose dont vous ne seriez pas blasé, hein ?

Elle fourra le livre qu'elle tenait entre les mains de Debitto et sourit.

- C'est un très bon livre, un des meilleurs du genre. C'est dommage que l'auteur n'en ait sorti que deux pour l'instant, j'espère qu'il y aura une suite…

Il serra le livre contre sa poitrine. Il avait la même odeur mélangée, confuse, si peu orthodoxe mais si appréciable que la librairie et ses habitants.

- Par contre… En fait, je n'ai pas d'argent, avoua t-il.

Le blond haussa les épaules.

- Du moment que vous lisez…

Debitto regarda avec incrédulité le garçon qui venait de lui dire ça. Il avait son âge, pourtant ! Pourquoi était-il différent ? Pourquoi était-il aussi… Aussi…

Innocent ?

Ce mot lui faisait presque peur. Il était convaincu que, maintenant, personne ne pouvait être innocent. Ou pur. Personne, même pas lui, ne pouvait être ainsi. A commencer par ses parents. Désintéressé, généreux… Innocent. Impossible. Autant de mots qui n'existaient pas, en fait.

- Mais…

Ah, il le savait. Il l'avait toujours su. Dans ce monde, la pureté n'avait pas sa place. C'était un monde dominé par les instincts et l'avidité.

- Si vous pouviez revenir nous voir, juste comme ça… commença le blond, hésitant.

Debitto fit brusquement demi-tour et s'enfuit, sortant de l'atmosphère effrayante de la librairie. Effrayante, comme ses habitants.

Il n'avait rien demandé ! Pas d'argent, pas de service ! Il n'avait pas demandé de rendre le livre ou, plus vicieux, de payer sa dette en nature comme il avait déjà vu faire ! Rien !

Il ne connaissait pas cette forme d'innocence. Elle ne pouvait pas exister, il l'avait toujours su, toujours appris, toujours compris. Il ne pouvait pas avoir tort.

L'humanité était perdue, pourrie, n'est-ce pas ?

Alors pourquoi avait-il l'impression que, ce matin, avant que le soleil ne se hisse au dessus de la brume et de la pollution, il avait croisé des anges dans une librairie poussiéreuse ?

Il jeta un dernier coup d'œil à la porte qui s'était refermée sur le blond et la brune. Sur la librairie qui avait perdu ses couleurs pâles et se fondait dans le décor.

Non. Les anges n'existaient pas. Le monde qu'il avait cru apercevoir là-bas n'était qu'un rêve, et, loin de l'odeur calme et de la poussière dansante, il était bien simple de s'en convaincre.

Les deux adolescents regardèrent Debitto disparaître au loin. La brune remontait les escaliers quand elle se rendit compte que son frère ne la suivait pas.

- Ne t'en fais pas.

Il tourna ses yeux émeraude vers elle.

- Il reviendra.

Et il sut qu'elle avait raison.