Bonsoir ! Me voilà de retour plus vite que prévu ! Non, je vous rassure, je n'ai pas abandonné mon idée d'écrire une fic sur Voldemort, mais je ne me sens pas encore prête à me relancer dans l'immédiat dans une histoire biographique. Alors, l'idée de cette présente fiction m'est tombée dessus sans prévenir, et j'ai senti la frénésie de l'écriture me reprendre tout de suite. Résultat: le jour même, j'ai attrapé mon ordinateur, je me suis lancé dans des recherches un peu fastidieuses, puis j'ai commencé à écrire. Je voulais depuis longtemps m'essayer au thème du voyage temporel, et donc maintenant, c'est chose faite!

Donc, petite précision par rapport à cette histoire : contrairement à mon autre fic où j'avais exploité Rose Weasley (Le sang de licorne), celle-ci respectera beaucoup plus strictement la chronologie de HP. Avant, je ne vous cache pas que je ne prenais pas trop le temps de vérifier la fiabilité de mes dates et d'être vraiment cohérente avec le canon, mais maintenant, ça me tient vraiment à coeur. Sur ces mots, bonne lecture!

Disclaimer : J.K Rowling est la seule propriétaire de l'univers de Harry Potter et de tous les personnages de la saga.

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1. L'encre magique

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Avril 2020

« (…) La campagne a toujours été un terrain de prédilection pour la famille Potter. Depuis des siècles, elle y est enracinée et n'a aucune inclination pour le prestige de Londres. Si l'on considère son patrimoine, il n'y a d'ailleurs rien de particulièrement attractif : des maisons sans prétention et quelques inventions, tout au plus. La plupart des familles de sang-pur jugent pourtant qu'il est légitime de glorifier leurs statuts, ainsi, toutes les extravagances étaient bonnes pour afficher leurs richesses aux yeux des autres. Bien que la famille Potter n'ait jamais figuré dans le registre des Sang-pur – et n'ait même d'ailleurs jamais eu la volonté d'y figurer – beaucoup de ses membres ont joué un rôle considérable dans l'histoire du monde de la sorcellerie, et elle est l'une des plus anciennes familles de sorciers.

Pourtant, avant la naissance de Harry Potter, jamais le nom des Potter n'a été mentionné dans un livre d'histoire. Qui sont donc les mystérieux ancêtres de cette famille dont le nom est aujourd'hui sur toutes les lèvres ? »

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Harry Potter replia le journal avec indifférence, tandis que son fils James, le nez toujours collé au papier bible où serpentaient des images animées, laissait fleurir sur ses lèvres un sourire satisfait – visiblement, la vue de leur propre nom sur un article officiel ne laissait pas l'adolescent indifférent. Ce dernier n'avait jamais vraiment compris pour quelle raison son père était la proie d'une foule d'admirateurs depuis toujours, mais il n'avait jamais cherché à obtenir des réponses à ce sujet. La célébrité passive suffisait à le satisfaire. Il imaginait déjà la réaction de ses camarades, à Poudlard, quand le dernier numéro du Chicaneur leur tombera entre les mains.

Du reste, en supplément de ce numéro, ses parents avaient déniché un objet fort intéressant, ce matin, dans leur coffre-fort à Gringotts. Il s'agissait d'un manuscrit vieux de plusieurs siècles, puisqu'il était daté du 1 janvier 1630 et qu'il appartenait à un certain Ralston Potter. Hormis des extraits de codes pénal gribouillés sur toutes les pages, le manuscrit ne contenait rien d'intéressant. « Ce devait sûrement être l'un de ces balourds de la justice », se dit James. Il sourit derechef en songeant qu'il allait pouvoir tirer profit de cet « aïeul ». Il lui inventera un destin de guerrier héroïque devant ses professeurs, et pourra aisément tricher en cours d'histoire de la magie.

- James, tu dors ou quoi ? J'aimerais bien que tu me répondes quand je te poses une question.

Il sursauta. Quand sa mère lui donnait un ordre, il obtempérait généralement dans la seconde qui suivait, alors qu'il se permettait bien plus d'écarts de conduite avec son père. Ginny Potter était tout sauf une femme ordinaire, à bien des égards : journaliste sportive, elle avait su s'imposer dans un milieu masculin sans aucune difficulté. Elle avait rapidement fait taire toutes les mauvaises langues dès qu'elle avait commencé à travailler pour la Gazette du sorcier. Ses propres frères craignaient ses éclats de voix et ses sortilèges féroces, tout comme James, qui savait que le compromis était impossible avec sa mère. Elle obtenait toujours ce qu'elle voulait.

Un éclat de rire nerveux manqua de s'échapper de ses lèvres quand le regard marron flamboyant de cette dernière le scruta. Elle déclara d'une voix implacable :

- Je t'avais dis de ne pas toucher à ce manuscrit ! Je vais passer dès demain à Gringotts pour le remettre à sa place.

- Mais, m'man... !

- Ne me dis pas que tu as un soudain regain d'intérêt pour les livres, je ne te croirai pas. C'est ce que tu as prétendu, l'année dernière, quand tu as recopié l'intégralité d'un mémoire de potions pour ton examen... Et je ne parles pas de la fois où tu es devenu passionné par les runes juste pour pouvoir garder la carte de ton père ! Qu'est-ce que tu comptes faire, cette fois-ci ?

James réfléchit à toute vitesse. Il savait qu'il prendrait moins de risques avec un petit mensonge, alors il répondit :

- J'ai simplement envie de faire une farce à des amis ! Qu'est-ce que tu veux que je fasses avec les codes pénal de ce crétin ennuyeux qui nous sert d'ancêtre ? Pourquoi est-ce que tu ne me fais pas confiance ?... Papa, dis-lui que ce n'est pas juste ! Pour une fois qu'on peut s'amuser, ici !

Les supplications de James s'étaient closes par une exclamation de dépit. Il connaissait d'avance la réponse de son père, mais préférait toujours tenter le tout pour le tout. Quoique Harry Potter fût rarement opposé aux décisions de sa femme, il lui arrivait de lui tenir tête avec intransigeance à celle-ci dès qu'il estimait que l'un de ses choix manquait de justesse. Considéré par beaucoup comme un père exemplaire, il savait faire preuve de diplomatie et de souplesse quand il le fallait, ce dont James lui était très reconnaissant. En regardant avec fermeté son fils, il finit par rendre son verdict :

- Tu peux le garder avec toi jusqu'à la fin des vacances si ça te fait plaisir, James, mais il est hors de question que tu l'emportes avec toi à Poudlard. Et n'influence pas ton frère qui va passer ses BUSE, d'accord ?

- Merci, p'pa ! Tu peux compter sur moi.

James avait prononcé ces derniers mots d'une voix posée qu'il espérait crédible. Ginny conservait un air sceptique, et une réplique lui démangeait visiblement les lèvres. Ce fut seulement lorsque James fut hors de portée de sa vue qu'il sentit que tout danger était écarté de lui.

Une fois dans sa chambre (par précaution, son père s'était toujours refusé à le laisser dans la même pièce qu'Albus), il se jeta sur son lit avec contentement et attrapa le manuscrit poussiéreux qui reposait dessus. « Je vais dire à Camille Crivey que Ralston Potter est l'un des descendants des chevaliers de la Table ronde, se dit James, fier de lui. Après ça, elle sera obligée de sortir avec moi ». Il songea ensuite à sa cousine Rose et imagina ses yeux ronds ébahis quand elle verrait son « trésor » ; elle était une amoureuse inconditionnelle des livres.

Soudainement, sans prévenir, une nouvelle idée se faufila dans l'esprit de James. Il se redressa, fébrile : Rose allait lui servir d'alibi ! Ses parents n'y verraient que du feu ! Il rit, loin de se douter des surprises que le manuscrit qu'il tenait en main allait leur réserver.

...

La plume tantôt vacillante, tantôt immobile, Rose Weasley contemplait passivement la pluie qui s'égouttait sur les vitres de la fenêtre de sa chambre. Les joues en feu sous l'effet de la frustration, elle cherchait désespérément un point de départ pour son devoir d'histoire de la magie. Elle avait relut le sujet une bonne dizaine de fois : « Le code international du secret magique a été mis en place en 1689, alors que la coexistence du monde des sorciers et du monde des moldus avait eu pour conséquence des persécutions massives. À partir de vos connaissances sur le XVIIe siècle, expliquez la nécessité du code international et évoquez quelques noms associés à son établissement. ». Elle qui se vantait fréquemment de connaître l'histoire du monde des sorciers sur le bout des doigts, et qui n'hésitait pas à reprendre sévèrement son frère, ses cousins et ses amis lorsqu'ils confondaient des dates ou des événements, se retrouvait démunie face à ces quelques lignes.

Ce n'était pas normal. Jamais aucun travail scolaire ne lui avait posé une pareille difficulté. Et encore moins un devoir d'histoire de la magie, la matière où elle excellait le plus. Exceller davantage dans ses études que son frère et ses cousins la rassurait, quelque part. Ses bonnes notes compensaient le peu de dons naturels qu'elle possédait. Ses cousines Victoire et Dominique étaient suffisamment belles pour que leur charisme soit crédible en toute circonstance. Sa cousine Roxanne dessinait comme personne. Son cousin James avait su démontrer très tôt son aisance sur un balais. Son cousin Albus était un très bon duelliste. Et enfin, sa cousine Lily et son frère Hugo étaient si sociables qu'ils s'entendaient même avec la chatte féroce de leur voisin. Et elle, que possédait-elle, sinon une bonne mémoire et un certain sens de l'analyse ?

« Rien, pensa Rose en finissant par se prendre la tête dans les mains, un soupir aux lèvres. Je dois bien l'admettre, j'ai tout à envier aux autres. Je suis une nullité... J'ai quinze ans, et ma vie est déjà finie. » Elle prêta à peine attention à la main qui lui tapota l'épaule.

- Rose ! Eh ! Dis donc, je ne peux pas croire que tu sois toujours là ! Entendit-elle s'exclamer la voix de Roxanne. D'habitude, tu es la première à finir de remplir tes parchemins.

- N'en parle pas, geignit Rose en relevant le visage, les cheveux devant les yeux. C'est vraiment horrible... Pourquoi est-ce que ça m'arrive maintenant, à quelques semaines des BUSE ?

Les iris bruns de Roxanne rivés sur elle brillèrent de compassion. Il fallait dire qu'elle avait de quoi comprendre le désemparement de Rose : en sixième année à Poudlard, elle avait un an de plus qu'elle, et les études étaient loin d'être son domaine de prédilection. Seul un travail acharné lui permettait généralement d'obtenir des résultats appropriés. Et son talent d'artiste était peu pris au sérieux par son entourage, hormis par son père, George Weasley. Rose entretenait tout de même avec elle une complicité particulière, car Roxanne était la seule à partager sa passion pour les livres.

De plus, Roxanne avait un charme vraiment atypique, avec son teint doré, et ses cheveux noirs épais et sombres. « Moi, je suis pâle comme un gnome malade, et rousse, comme tous les Weasley » se dit Rose, jalouse.

- Je pense que tu as trop travaillé, dit doucement Roxanne en lisant le sujet de son devoir par-dessus son épaule. Si tu continues encore comme ça toute la soirée, tu finiras juste avec une migraine.

- Non, je dois au moins rédiger un paragraphe, s'entêta Rose. Imagine un peu que je me retrouve dans le même état à l'examen !

- De toute façon, il est l'heure d'aller manger. Tes parents vont bientôt nous appeler.

Les rires de Hugo et Dominique, perceptibles depuis l'étage du bas, freinèrent toutefois les bonnes résolutions de Rose. Elle laissa donc finalement tomber sa plume, puis se changea pour le dîner.

Quand elle descendit au salon en compagnie de Roxanne, sa mine défaite attisa aussitôt l'hilarité de son frère Hugo, et Dominique prit un air incrédule alors que Hermione Weasley positionnait sur la table une salade aux champignons. Sans savoir pourquoi, Rose se sentit agacée de voir sa mère. Elle ne supportait plus de porter la lourde charge d'être « la fille du cerveau brillant » depuis ses onze ans. En pressant ses lèvres l'une contre l'autre, elle meurtrit du regard les cinq paires de yeux tournés vers elle. Ron Weasley rit, et fut interrompu par un coup de coude de sa femme.

- Est-ce que ton devoir d'histoire de la magie a avancé ? Demanda Hermione en posant une main compréhensive sur le bras de sa fille.

- Non.

Rose engloutit son repas pour éviter de parler davantage. Son père prit alors le relais :

- Hugo et Dominique sont allés au centre-ville avec Teddy, tout à l'heure. Tu aurais dû les rejoindre, au lieu de te ramollir le cerveau dans ta chambre ! Crois-en mon expérience, plus tu t'attardes sur un travail, et moins tu es productif !

- Et d'après mes souvenirs, Ronald, ce conseil n'a pas tellement fonctionné sur toi, répliqua Hermione sans pouvoir s'empêcher d'adopter un petit air prétentieux.

De plus en plus exaspérée, Rose manqua de se blesser avec sa fourchette. Les disputes étaient de rigueur à chaque fois que son père et sa mère étaient réunis dans la même pièce. Cependant, Rose savait qu'ils aimaient feindre la mésentente devant les autres, et qu'ils se retrouvaient dans des étreintes passionnées une fois seuls. Elle les avait surprit à plusieurs reprises.

- … J'ai une idée, poursuivit Ron d'un ton animé. Puisque ta mère est très douée, Rosie, elle va t'aider à rédiger une partie de ton devoir.

- Je n'ai pas envie, bougonna Rose. Il faut que je puisse m'entraîner seule pour les BUSE et je déteste tricher. Je vais passer dès demain matin à la librairie et je m'achèterai un document sur le XVIIe siècle.

Son père la regarda comme si elle venait de prononcer une infamie.

- Bon sang, Rosie ! Est-ce que tu plaisantes ? Tu as la chance de pouvoir passer ton dernier jour de vacances à t'amuser, et tu ne veux même pas en profiter ! Moi, à ta place...

Les yeux réprobateurs d'Hermione le dissuadèrent de poursuivre son discours. Cette dernière reporta par la suite son attention sur sa fille en déclarant être fière de sa ténacité, après quoi, à défaut de la solution de son mari, elle proposa à Rose de lui donner de quelques éléments de repères pour l'aider. La jeune adolescente finit par céder, puis termina son repas avec plus de sérénité.

La soirée s'acheva sur une atmosphère plus légère : Rose joua aux échecs version sorcier aux côtés de Dominique et Hugo – elle avait hérité du talent de son père à ce jeu – et remporta neuf parties sur dix. Roxanne, quant à elle, s'éclipsa dans la chambre de Rose pour peindre. Rose la rejoignit aux alentours de vingt-deux heures afin d'écrire une lettre à son ami Scorpius.

...

Rose passa son ultime journée de vacances avant la rentrée de Pâques chez ses cousines Victoire et Dominique. La chaumière aux coquillages, située sur les côtes de Cornouailles, était un endroit qu'elle affectionnait particulièrement, car, à son image, il était paisible et solitaire ; le mouvement langoureux de la plage rythmait les journées de cette charmante demeure. Et, par chance, le temps était particulièrement ensoleillé, ce jour-là. Les adolescents se concertèrent et décidèrent d'aller se baigner à la crique sauvage qui longeait la côte non loin de là. En chemin, Rose parcourut des yeux le gros ouvrage qu'elle s'était procurée dans une librairie il y a quelques jours ; les illustrations animées sur toutes les pages facilitaient son apprentissage.

Devant elle, ses cousins et son frère se pressaient sur les hauteurs de Cornouailles en tenues de bain. Lily revint vers Rose d'un pas vif et l'attrapa par le bras en s'écriant :

- Rose ! Dépêche-toi ou tu vas nous perdre ! Pourquoi est-ce que tu as apporté ça avec toi ? (elle désigna le livre) Tu ne vas pas te baigner ?

- Je ne crois pas.

À la pensée de devoir s'élancer dans le vide pour s'engouffrer dans une eau profonde, Rose réprima un frisson. Elle ne nourrissait pas de crainte particulière envers l'eau, mais son vertige l'empêchait toujours de s'approcher de trop près de la crique. Lily s'indigna contre son abstinence avec son énergie habituelle, et s'étonna :

- Est-ce que tu es juste venue ici pour lire ?

- Oui, répondit Rose en souriant. C'est plus agréable de lire à la lumière du jour, et le panorama de la crique est très inspirant.

En haussant les épaules, Lily rejoignit Hugo au galop. Dix minutes plus tard, Rose s'installa tranquillement sur une dune entourée d'un terrain fertile, et elle observa ses cousins sauter un à un dans la crique ; son regard s'attarda sur les interminables cheveux d'un blond argenté de Dominique qui flottaient au vent avec une pointe de jalousie, puis elle replongea son nez dans son ouvrage.

- Qu'est-ce que tu lis, Rosie ?

Rose fut surprise d'apercevoir James en levant la tête. De coutume, il était le premier à se jeter à l'eau. Mais aujourd'hui, il avait même renoncé à son habit de bain. Quant on voyait James Potter, on pouvait être frappé par les similitudes apparentes qu'il avait avec son père, depuis sa chevelure brune dressée en épis jusqu'à ses mimiques. Cependant, il y avait quelque chose de différent chez lui, alors que Albus était la copie conforme de Harry Potter. Plus vigoureux que son père physiquement du haut de ses dix-sept ans, James semblait moins vulnérable et plus confiant que ce dernier. Il avait hérité de la vaillance et du tempérament sanguin de la famille Potter.

En se levant de sa dune, Rose lui dit :

- C'est un livre d'histoire. Ça parle de la révolte des gobelins, des créatures magiques, et du rôle des chamanes dans les sociétés d'extrême Orient... Mais tu t'en fiches, je suppose, ajouta-t-elle, non sans un certain sarcasme.

- Oui, tu as raison, je m'en fiche complètement, fit James en glissant ses doigts dans ses épis pour faire davantage régner le chaos sur sa tête. Je déteste tout ce qui a trait à l'histoire. C'est gavant !

Le silence s'installa autour d'eux. Rose en profita pour distraire son regard en contemplant la crique ; elle réprima une exclamation de frayeur en voyant Hugo s'éloigner vers le large de la mer le plus hostile à coups dans une brasse rapide. « Qu'est-ce que je peux être peureuse ! » songea-t-elle en frissonnant malgré elle.

- Pourquoi est-ce que tu ne vas pas nager avec les autres, James ? Murmura-t-elle.

- Aujourd'hui, je ne veux pas... J'ai quelque chose à te montrer.

Elle considéra son cousin avec un air sceptique ; en règle générale, il valait mieux se méfier quand James avait un objet en sa possession. Il éclata de rire en lui disant de ne pas s'inquiéter, puis il plaça brusquement dans ses mains un petit livre. Un livre magnifique, bien que flétri par les années. Il sentait bon le cuir, l'encre parfumée, et le vieux parchemin. James lui expliqua qu'il provenait d'un ancêtre à lui, lequel avait probablement travaillé dans le domaine de la justice. En l'ouvrant, Rose vit la date de janvier 1630 qui y était annotée, et une fébrilité l'envahit. Elle avait en sa possession un témoignage vivant du XVIIe siècle ! Désormais, elle avait toutes les clés en mains pour réussir son devoir !

- Je te le prête, dit James en la regardant. Je n'en ai pas besoin pour le moment.

Pendant un bref instant, Rose n'en crut pas ses yeux.

- James ! Est-ce que tu te rends compte que tu viens de me sauver la vie ? Se réjouit-elle ensuite d'une voix perçante en secouant le tee-shirt de ce dernier sans s'en apercevoir. Merci ! Comment je vais pouvoir te rendre ça ?

- Ne me rend rien. Au contraire, c'est à moi de te remercier. Grâce à toi, je vais pouvoir garder ce vieux chiffon de papier... Mes parents ne pourront pas refuser que tu t'en serves pour réviser. Par contre, dépêche-toi de le lire ! Je veux l'avoir avec moi à Poudlard.

- Promis, promis !

Spontanément, Rose l'embrassa sur la joue. Elle ne réalisa même pas que son geste fit virer le visage de James à l'écarlate, trop occupée à déchiffrer les belles courbes de l'écriture du manuscrit. Ce jour-là, tous ses problèmes s'étaient arrangés de la plus surprenante des manières.

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Deux mois plus tard...

...

La période des examens de BUSE fit son apparition de manière bien trop prompte pour Rose. Une semaine avant la première épreuve (de défense contre les forces du mal), elle avait passé des journées entières à dévorer tous les livres qui étaient susceptibles de l'aider – en imposant parfois à Scorpius de lui faire réciter plusieurs de ses leçons – avec une redondance si étourdissante que Hugo lui avait demandé comment elle avait pu ingurgiter tant de textes sans souffrir d'une indigestion cérébrale ; la plaisanterie avait amusé tout le monde parmi les élèves de Gryffondor, sauf Albus, qui souffrait du même symptôme d'anxiété que Rose. Scorpius était le seul de leur ami qui se trouvait à Serpentard, et il avait hérité de la nature douce et compréhensive de sa mère, Astoria Malefoy. Rose s'entendait particulièrement bien avec lui et avait eu un coup de foudre amical dès leur première rencontre.

Cet après-midi, à quelques heures de l'épreuve d'histoire de la magie qu'elle redoutait tant, Rose était au bord de la nausée. Elle avait à peine pu avaler son porridge, au petit-déjeuner. À côté d'elle, Scorpius tentait vainement de la rassurer en l'incitant à effectuer des exercices de relaxations idiots. Sans vraiment l'écouter, Rose continuait de tourner d'un geste frémissant les pages de son livre : il s'agissait du fameux manuscrit que James lui avait prêté pendant les vacances, et qu'elle lui avait arraché des bras de force hier soir. D'ailleurs, ce dernier traversa la cour d'entrée aux côtés de Camille Crivey, et il lui fit un clin d'œil en passant devant elle.

- Les élèves de cinquième année sont invités à se rendre en salle d'épreuve, retentit la voix du professeur Binns au même instant.

- Oh non, gémit Rose en se tordant les mains. Qu'est-ce que je dois faire ?

- Tu ne dois pas t'inquiéter, répéta Scorpius. À mon avis, tu t'en sortiras avec un Optimal, comme toujours.

- N'importe quoi ! J'ai des lacunes, cette fois-ci, j'en suis parfaitement consciente.

Avant d'entrer en salle d'examen, Rose consulta une dernière fois son livre par réflexe. C'est alors qu'un objet fin et aérien glissa de l'une des marges de la couverture – une plume. Rose la ramassa en la considérant avec surprise, puis, n'ayant guère le temps de se questionner davantage, elle se précipita vers un pupitre et extirpa ses affaires de son sac. L'épreuve débuta.

Sous le son particulièrement irritant de l'antique horloge qui trônait au centre de la pièce, Rose scruta son sujet, le cœur battant : elle devait écrire une rédaction sur une époque de son choix entre les années 1200 et 1900. Elle s'empara de la plume qui était tombée du vieux manuscrit et réfléchit. Elle tressaillit lorsqu'une goutte d'encre s'échappa de l'extrémité en bois rêche de la plume et ruissela sur le dos de sa main. « Flûte ! Jura-t-elle intérieurement. Ce genre de chose n'arrive vraiment qu'à moi ! D'où vient cette encre ? ». Elle contint un sursaut d'effroi en constatant qu'une fraction de seconde plus tard, le noir de l'encre s'était complètement estompé de sa main. À la place, une trace donnait à la partie de sa peau, immergée peu avant par l'encre, un aspect étrangement translucide. La trace se densifia par la suite et fut présente sur la totalité de sa main et son poignet gauche.

Les palpitations cardiaques de Rose s'accentuèrent quand elle assista à la disparition de cette partie de son corps alors qu'elle pouvait pourtant encore fléchir ses doigts sans difficulté. Mais ils étaient devenus invisibles. D'un bond, Rose se leva de son siège ; le grincement attira l'attention des autres élèves, mais sans s'en soucier, Rose quitta la salle à grandes enjambées et ferma brusquement la porte derrière elle avant de s'y adosser. Ses jambes tressautaient, et son cerveau était brouillé. Impuissante, elle assista à la disparition de ses bras, puis de ses chevilles, au fur et à mesure que la tâche transparente gagnait du terrain.

- Non... non, blêmit-elle. Qu'est-ce que cette plume bizarre m'a fait ?

Elle marcha à vive allure, comme si cela allait résoudre son problème, toutefois, cela ne fit qu'accélérer la progression de la trace. Quand elle atteignit le parc de Poudlard, ses hanches étaient devenues invisibles. Et hormis ce phénomène visuel, Rose eut l'impression de ressentir de moins en moins la gravitation sous ses pieds et de ne plus distinguer correctement les distances. Son esprit était-il également en train de disparaître ? Sans se poser davantage de questions, Rose ferma les yeux. Une chaleur au niveau de ses tempes lui indiqua que son visage était également en train de se dématérialiser. Bientôt, elle flotta au-dessus du sol, et le paysage tournoya avec une telle frénésie derrière ses paupières qu'elle ne vit plus rien. Cinq minutes s'écoulèrent ainsi.

Et... Boum ! Ses pieds fracassèrent brutalement un sol boisé, lui faisant presque perdre l'équilibre. Toujours étourdie, Rose n'eut conscience de la mobilité du décor autour d'elle qu'après plusieurs secondes. Ce fut une voix grave et solennelle qui attira en premier lieu son attention. Un homme était en train de débiter le discours suivant :

- John Hanston, vous comparaissez devant le Magenmagot pour avoir fait usage du sortilège incendio sur deux fermes moldues la nuit dernière, et pour y avoir immolé plusieurs animaux domestiques de manière intentionnée. Aucun témoin n'était présent, mais le vol de l'un de vos dragons a alerté un homme. Un crime tel que le vôtre doit recevoir une sentence digne de sa gravité...

Comme la voix s'était interrompue, Rose ouvrit enfin les paupières. Un nouveau tressaillement de stupéfaction l'agita : elle se tenait au milieu d'une salle arrondie dont les poutres étaient recouvertes de dorures, et qui était encerclée de gradins. Des sorciers en robe rouge la détaillaient du regard, tout comme l'homme aux longs cheveux qui se trouvait sur la chaise des accusés. Elle venait d'atterrir au tribunal magique.

...

J'ai oublié de vous informer d'une chose, par rapport à Ralston Potter : sachez que ce n'est pas un personnage de mon invention. J.K Rowling a parlé de la famille Potter sur Pottermore et a donné des informations sur les ascendants de Harry Potter. Ralston Potter est l'un d'entre eux, et il a vécu au début du XVIIe siècle, à Londres en tant que membre du Magenmagot. Il y a très peu de détails sur ce personnage, et moi-même, j'ai découvert son existence il n'y a pas très longtemps^^

En tout cas, j'espère vivement que ce premier chapitre vous a plu, et bien évidemment, n'hésitez pas à me donner vos impressions, ça me fera très plaisir. Je vous dis à bientôt pour la suite des aventures de Rose!