Je n'y croyais pas, tout ça était impossible. Il ne pouvait pas se tenir en face de moi et me dire ces mots, si douloureux, si horrible. Ses lèvres continuaient à bouger, mais je n'entendais rien, mon esprit était ailleurs. Il est mort. C'est la seule phrase qui est resté dans ma tête. Et alors qu'un soldat se tenait debout devant moi, continuant à parler, je ne pouvais que me souvenir de son visage, son rire, si magique, précieux, et puis cette lettre qui était venu gâcher notre bonheur, annonçant qu'il devait repartir là-bas, là où le mot paix n'a même pas de définition, car il n'existe pas, là où tant d'homme, innocent ou coupable son mort. Je ne voulais pas qu'il parte, nous nous sommes battus pour que ça n'arrive pas, mais on a perdu, notre bonheur a perdu. Il devait partir, il n'avait pas le choix.
Je regardais l'homme devant moi, qui devait sans doute présenter ses condoléances, dire à quel point Jay était un grand homme. Mon esprit ne pouvait s'empêcher de rire, qu'est ce qu'il en savait ? Est-ce qu'il l'a déjà rencontré une seule fois ? Moi je le savais, parce que mon partenaire, mon ami, mon amant m'a sauvé, sans lui je serais morte, et maintenant qui viendrait me sauver, s'il n'est plus là, il ne reste rien, ça ne sert à rien de vivre sans lui.
Maintenant il me semblait que le soldat disait que Jay était un héros. Bien sûr que c'était un héros mais j'aurai préféré qu'il soit un homme ordinaire et vivant, plutôt qu'un héros mort.
J'aurais aimé pouvoir dire aux hommes en uniforme de partir, pour pouvoir rien qu'une seconde imaginait que l'amour de ma vie n'était pas mort, mais je ne pouvais pas, mon corps refusait de m'obéir, tandis que mon esprit repassait en boucle tous les moments que nous avons eu ensemble. Les bières au bar avec l'équipe, ou rien que lui et moi. Toutes nos discussions en planque, plus ou moins sérieuses, plus ou moins professionnelles. Tous les rires. Ces moments passés rien que tous les deux. Notre premier rendez-vous, ah… il avait mis le paquet ça je pouvais vous le dire. Il m'avait dit que c'est parce que je le méritais, mais je n'ai jamais pensé que je le méritais lui, il était fantastique, drôle, gentil, intelligent, beau, en colère… parfait. Qui aurait cru que l'homme parfait existait ? Et moi je l'ai eu pendant un an. Seulement un an, une courte année durant laquelle je n'ai jamais assez profité de son sourire, son odeur, la chaleur de son corps… de lui.
Je donnerais n'importe quoi pour revenir en arrière, revivre nos moments ensemble une dernière fois, ou des milliers de fois.
L'homme devant moi c'est arrêté de parler, finalement, je pense qu'il s'est rendu compte que je n'écoutais pas, il me regarda droit dans les yeux, avec ce regard sérieux qu'on tous les militaires, mais que n'avais pas Jay, parce qu' ce n'était plus un soldat mais un flic.
-Vous avez besoin de quelque chose Madame ?
-De lui… J'ai besoin de lui. Dis-je en sanglotant, je m'écroulais par terre, désespéré, je ne pourrais plus jamais vivre.
FIN
