Dans ce premier chapitre, vous découvrirez la réaction d'Harry à l'annonce de la mort de sa meilleure amie. Ses pensées qui jaillissent au fur et à mesure de la situation. Livrées sans filtre, sans passer par le papier. Sur le feu de l'action, dans la douleur de l'annonce.
Il reste, vous l'aurez compris, deux chapitres, que je compte publier avant noël. En espérant que cela vous plaise, n'hésitez pas à reviwer :)
J'aime notre tradition. Tous les derniers vendredi du mois, Hermione, Ron, Ginny, Georges, Luna, Neville et moi mangeons ensemble, peu importe les circonstances. Ron et moi partons à pied du bureau des aurors, et nous rejoignons les autres au fur et à mesure, finissant par notre chère Ministre de la Liberté et de l'Egalité qui nous attendais dans son bureau avec un repas commandé par nos soins.
Hermione est très prise par son poste, qui avait été créé à la suite de la guerre, et dont elle est la troisième titulaire. Elle s'applique à tenir son rôle avec toute la fermenté d'un Serpentard, l'intelligence d'une Serdaigle, l'effronterie d'une Griffondor et la gentillesse d'une Poufsouffle. Et elle allie ces quatre compétences avec une classe inégalable. Dumbledore en pleurerait de bonheur, de voir les maisons travailler ensemble dans le corps de la sorcière la plus brillante de notre époque …
C'est quand nous sommes arrivés au croisement de sa rue que la clameur que nous entendions depuis quelques temps déjà à pris tout son sens. Partout la foule se meut, étrangement agitée, mêlant moldus et sorciers vêtus de leurs capes noirs. Ces derniers nous lancent des regards plus qu'étranges, et, tentant d'oublier l'angoisse qui monte en moi, je m'approche d'une journaliste qui parle à toute vitesse devant une caméra.
Qu'il y ait du monde dans la rue du bureau d'Hermione n'est pas inhabituel. Elle est adulée par le peuple anglais dans son intégralité, que ce soit pour son rôle pendant la guerre, ou pour son engagement dans la politique moldue en matière de droit des personnes discriminées. Souvent, des gens font la queue pendant des heures ici pour essayer de glisser quelques mots à la Ministre sur leur terrible situation.
Mais je n'ai jamais vu autant de monde. Jamais. Et je ne crois pas avoir vu un tel air sur leurs visages. Ils rayonnent habituellement d'espoir. Mais je ne veux pas voir ce qu'ils montrent actuellement.
« -Excusez-moi, pourriez-vous m'expliquer ce qu'il se passe ici ?
-Comment, mais vous n'avais pas entendu la nouvelle, me réponds la journaliste. Hermione Granger vient d'être retrouvée morte par son secrétaire. On murmure que ça serait un meurtre perpétré par des extrémistes ! »
Et elle se retourne, sans plus un regard vers moi. J'entends Ginny tomber au sol à côté de moi. Georges est en train de vomir. Et moi, je reste là, debout, les yeux dans le vide. Hermione, morte ? Je ne peux croire ce que je viens d'entendre. Luna sanglote, Neville essaie de réveiller un des Weasley qui vient de s'évanouir. Je ne sais pas lequel. Mes yeux sont flous. Ma vie est floue. Un long hurlement retenti à côté de moi, et je ne sais pas d'où il vient. Ma gorge brulante m'apprend qu'il vient de moi.
Hermione.
Pardonnes moi.
C'est de ma faute. C'est de ma faute. Je t'ai tuée Hermione. Je t'ai tuée et je ne me le pardonnerais jamais. Tu m'as tant donné et je n'ai jamais eu le courage de te rendre ne serait-ce que la moitié de tout ce que tu as fait pour moi. Tu m'as aidé à surmonter tant d'épreuves, à sauver tant de vies.
Mais Hermione, depuis qu'on a onze ans il ne s'est pas passé une seule semaine sans que nous ne nous voyions, où au moins que nous ne nous écrivions. Comment veux-tu, ma jolie, ma belle, ma douce Hermione, comment peux-tu ne serait-ce qu'imaginer qu'il puisse y avoir une vie pour moi alors que tu n'es plus là ?
Mes mains sont rouges, le sol est rouge, rouge comme notre maison, rouge comme notre amour. Rouge.
Hermione, mon Hermione adulée, toi qui as réussi ta vie si parfaitement, si merveilleusement alors que tout était lié contre toi.
Cette grande découverte que tu as faite à onze ans. Ton amitié avec moi, notre septième année et Bellatrix, tes fausses couches à répétition. Et Ron était là pour toi, et il était un bon mari, et Ginny était là pour toi, et elle était une bonne sœur, et j'étais là pour toi, et je n'étais pas un bon ami. Et malgré tout ça, tu es restée forte et belle et imprenable et dure et violente et merveilleuse et aimante et délicate et puissante et juste et tellement parfaite, Hermione. Bien trop parfaite, comme sortie tout droit de l'imagination la plus fertile de l'homme le plus imaginatif.
Tu étais un idéal, mon Hermione. L'idéal d'un futur heureux, d'un pays comblé, d'un espoir sans cesse renouvelé, sans cesse amélioré, sans cesse adapté et surtout sans cesse à portée de main. Ne sais-tu pas que ta perte plongera l'Angleterre et mon âme dans le chaos ?
Chère, chère Hermione, comment veux-tu que je continue à vivre, que je continue à sourire alors que tu n'es plus là, plus à mes côtés ? Tu as changé ma vie, celle de milliers d'autres personnes, tu as changé le monde et tout ce qui va avec.
On parle d'un meurtre et je tuerai ceux qui t'ont fait ça, chérie, je les tuerai même si tu ne l'aurais pas voulu, même si tu voudrais un procès juste et équitable dans lequel leurs raisons seraient écouées et jugées à leur juste valeur. Mais je les tuerai parce qu'ils m'ont enlevé un ange et qu'on ne fait pas de mal à un ange. Putain mais écoutes moi, je parle comme un Poufsouffle de bas étage.
Te savoir morte me vrille le cœur, mais je préfère le meurtre au suicide. Je ne me serai pas remis d'un suicide. Remarque, je ne me remettrai pas de ça non plus. Mais t'imaginer en proie à une douleur si insupportable qu'elle te fasse lâcher prise sans que tu ne me l'ai dit suffit à couper mon souffle.
J'ai vomi. Je vomis. Ma tête tourne. Ou es-tu, Hermione ? Ou es-tu, dis-moi ?
Hermione. Je pensais être ton frère et toi ma soeur, je pensais que nous étions une famille, des amis, des amants, des âmes soeurs spirituelles, des tout. Je pensais que nous pouvions tout nous dire. Ou es-tu partie, mon amour, ma soeur, mon âme ?
Nous t'aimons tellement. Tellement. Comment est-ce qu'on doit se remettre de ta disparition alors qu'il nous a fallu vingt ans pour réaliser la mort de Fred ?
Georges ne supportera pas une autre perte; il s'est déjà évanouie. Madame Weasley ne supportera pas la perte de sa belle-fille la plus intelligente. Et Monsieur Weasley, avec qui parlera-t-il de la politique moldue maintenant que tu ne fais plus partie du gouvernement ? Et Ginny, à qui pourra-t-elle raconter nos problèmes de couple ? Et Ron, qui pourra-t-il chérir comme il t'a chéri toi, qui pourra ne serait-ce que t'arriver à la cheville dans son cœur ? Et tes enfants, comment vivront-ils la disparition de cette mère si idéale ?
Et moi ?
Et moi, le Survivant, le si célèbre Harry Potter, le Sauveur, comment est-ce que je peux avouer à tous ces gens qui croient en moi et qui me veulent ministre de la magie qu'il m'est tout simplement impossible de vivre sans ma meilleure amie ? Hein, comment je suis supposé expliquer que je ne sais pas respirer sans toi, alors gouverner un pays … Comment je vais leur dire que plus rien ne devrait exister si tu n'es plus ? Comment je vais leur dire qu'ils n'ont qu'à se terrer dans leurs maisons, tristes maisons sans bruit ni vie, en attendant que la mort vienne parce qu'elle viendra forcément et qu'il ne sert à rien de prétendre le contraire ? Comment leur prouver que tu étais tout et que je ne suis rien, que Ron et toi étaient tout et que je n'étais rien ? Comment leur faire comprendre que nos plans, tu les as montés, nos sorts, tu me les as appris, nos cours, tu me les as expliqués ? Que mon courage, c'est Ron qui me l'a donné, que nos rires, c'est Ron qui les a créés ? Comment leur faire comprendre que vous avez toujours été là, dans chacun de mes bruyants succés tu étais la fidèle, la parfaite meneuse et lui le fidèle, le parfait accompagnateur? Comment leur faire comprendre que sans toi à mes côtés, je serais parti en même tant que Ron, j'aurais tout abandonné, tout laissé de côté, et j'aurais décidé comme j'en ai souvent été tenté de vivre ma vie d'adolescent sans plus me battre ?
Comment leur faire comprendre Hermione, que si j'ai tenu la baguette, c'est toi qui a visé, toi qui a prononcé la formule, toi qui fait preuve d'une force morale suffisante pour faire plier Voldemort ?
Comment leur faire comprendre que si l'amour de ma mère m'avait sauvé, c'est mon amour, ma foi en vous deux qui a sauvé l'intégralité du monde sorcier ?
Je ne peux rien sans toi Hermione. Je ne peux pas vivre, pas aimer, pas mourir.
Nous sommes un trio. Toi, Ron, moi. Ca a toujours été comme ça. Toujours reliés les uns aux autres, mais un trio ça ne marche pas à deux et sans cet amour triangulaire je fais comment pour vivre moi ? Pour avancer ?
Mais Hermione, Hermione de mon cœur et de mes pensées, Hermione adorée, Hermione si belle et si gentille, comment ai-je pu te laisser m'approcher ? Je sais que je détruis tout ce qui me touche. Je sais que je tue tous ceux qui m'aiment, qui m'aident. Et pourtant, stupide petit égoïste que je suis, je t'ai pris dans mes filets, je te voulais toute entière à moi, je voulais tes mots, ton intelligence, je voulais que tu sois en moi, je voulais que tu sois moi et que nous ne fassions qu'un. Je voulais ta vie, ton sourire, je voulais ta joie, je voulais tes rêves et tes espoirs. Je voulais faire de toi mon rayon de soleil, et te protéger du reste du monde pour ne plus que personne profite jamais de toi.
Parce que je t'aime trop, bien trop pour pouvoir appeler ça de l'amour. J'aurais voulu que nous grandissions ensemble, que nous nous côtoyons depuis toujours et que nous soyons issus du même placenta.
Je voulais pouvoir te contrôler en utilisant ma parole de frère pour t'empêcher de fréquenter les autres garçons. Je voulais contrôler chacun de tes actes pour que tu ne me quittes jamais. Je voulais être tout et que tu ne sois rien, que je ne sois rien et que tu sois tout.
Ils t'ont tuée pour moi.
Je t'ai tué.
Je t'ai tué avec mon égoïsme et ma possessivité. J'aurais dû disparaitre quand il en était encore temps.
Je sais, je sens Ginny aussi dévastée que moi à mes côtés. Tu nous brise, tu vrille nos cœurs, tu nous tue. Hermione, tu prends notre couple et tu brises nos deux âmes. Les deux nôtres, et celles de tant d'autres personnes. On t'aime tous tellement. On t'aime tous si fort.
Bordel ne nous quitte pas.
Reviens, reviens, reviens. Je t'aime, ma sœur, ma fille, ma mère, mon âme. Ne pars jamais loin de moi. Reste, même dans la mort, cette lumière qui m'accompagne à chaque mouvement. Qui m'éclaire et me montre que tout n'est pas si noir.
Promet de me suivre, de nous suivre, dans ses longs moments qui nous séparent encore de nos retrouvailles.
Je suis terrifié, si terrifié à l'idée que tu ne sois plus à mes côtés. Qui m'indiquera les choix à faire, qui m'apprendra des choses que personne ne sait ?
Voilà presque trente ans que nous vivons tous ensemble, les Weasley et l'âme de Fred, et toi, et moi. Et tu romps le cercle, toi qui nous guidais.
Hermione, Hermione, Hermione, la nouvelle de ta mort m'a brisée, tuée, écartelée. On se baladait tranquillement tu sais, on venait pour notre repas habituel, pensant à t'embrasser, enlacer, caresser, aimer. Et cette foule, grand Dieu, cette femme, si froide, si monstrueusement froide qui nous annonce ta mort. Oh Hermione, je n'aurais pas plus souffert si le mage noir m'avait tué. Je n'aurais pas eu plus mal si je m'étais jeté du haut de mon balai. Et tu sais pourquoi ? Tu sais ?! Parce que j'ai mal au cœur, au corps, à l'âme, partout. Parce que ton absence est si douloureuse, si horriblement douloureuse que rien n'est comparable. Je te vois déjà partout. Cette femme porte ton alliance, celle-là ton parfum, cette autre ton foulard, tu es partout, tu es tout. Je te vois et tu me manque, et tu me manque tellement, tellement, que je donnerais ma vie et celle de tous les volontaires pour te ramener! J'ai mal, Merlin.
Mais non. Non, tu n'es pas morte. Tu ne peux pas l'être. Non, c'est une blague, c'est une blague, je ris, je suis mort de rire. Maintenant montre toi ! Dis-moi que tu vas bien je te vois, là, là, là et là, là aussi, là et ici. Là et ici. Là . Et ici. Là. Ici.
Tu as disparue, morte. Morte. Hermione, morte. Je t'aime. Soit ma sœur, mon âme et ma vie, soit celle qui partagera mon sang et le sein de ma mère, soit celle qui m'appellera petit frère et qui m'apprendra à marcher. Soit celle qui me lira des livres et qui, les soirs d'orages, me serrera fort dans tes bras pour que je ne pleure pas. Soit celle que j'appellerais sœur. Et ne me laisse pas.
Hermione.
Les reviews sont le pain de l'auteur.
Des bisous,
Justanothertime.
