Bonjour!

Voici ma première histoire.

J'ai beaucoup lu de perles ici, qui m'ont vraiment ravies.

N'hésitez pas à me donner votre avis !

To build a home - The Cinematic Orchestra

La silhouette de Beth se dessinait à travers la moustiquaire. Elle la poussa d'une épaule, les mains menottées dans le dos. Michael la suivait, son arme solidement enfoncée entre les omoplates de la jeune femme. Ils s'arrêtèrent, regardèrent la vingtaine d'hommes. Beth sentait sa vue se troubler. Elle avait une balle dans la hanche. Une autre dans la cuisse. Peut-être une autre dans l'épaule, elle ne savait pas. Elle avait été tellement battue que chaque centimètre de son corps lui donnait la nausée. La chaleur texane fit remonter dans sa bouche un filet de sang tiède. Elle toussa et vit des gouttelettes rouges éclaboussées le parquet de la véranda. Elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Michael attrapa ses longs cheveux blonds et l'obligea à se relever. Beth grimaça de douleur. Elle avait vu cet homme perdre la tête en quelques jours. La panique, sa schizophrénie supposée, ses crises d'épilepsie avait fait de lui un homme perdu, épuisé. Il avait en quelques heures plongé dans une folie violente. Il avait tout fait pour la soumettre, pour se prouver qu'il pouvait gagner sur quelqu'un. Il lui avait imposer son existence. Il avait fait d'elle un exutoire.

Prentiss eut le coeur fendu en voyant la jeune femme, d'habitude si forte, aussi cassée. Elle la voyait chanceler, le visage tuméfié, couvert de sang coagulé et de poussière, les yeux dans le vague, des cheveux collés au front. Son tee-shirt était tâché de sueur et de sang. Beth descendait les quelques marches difficilement, Michael la tenant par les cheveux. Elle titubait, aveuglée par la lumière. Rossi s'approcha lentement de deux ou trois mètres.

- Michael, je suis l'agent Rossi. Laissez l'agent Fields partir. Tout est fini pour vous, vous le savez.

- On doit négocier. Il faut qu'on négocie.

- Vous avez pu négocier avec le shérif. Vous avez déjà eu une chance d'arrêter tout ça il y a deux ans. C'est terminé.

Devant son calme, Michael comprit que la chute était proche. Il sentait le pouvoir lui échapper. Il regarda rapidement tous les visages face à lui, les armes, Beth qui allait une nouvelle fois tomber. Il sentait la sueur dans son dos, son cœur battre à tout rompre. La jeune femme allait perdre connaissance. Il lâcha ses cheveux, la saisit par le bras.

- Mets-toi à genoux.

Elle avait du mal à s'exécuter. Il perdit patience et la frappa derrière le genou. Elle tomba en hurlant de douleur. Dans la poussière, elle explosa. Son cri mêlait des années de galère, des heures de torture et une peine sans nom. Ça n'a pas duré longtemps. Son sanglot eut le même effet qu'un éclair. Elle sentait un torrent de larmes se déverser dans son cou. Reid la regardait, avec ce mélange d'impuissance et d'injustice. Il tentait de brider cette panique qui le gagnait. C'était irrationnel. Tout était irrationnel entre eux. Morgan se tourna vers lui. Il hocha brièvement la tête, pour lui assurer que tout allait bien se passer.

Hotch était sur ses gardes. Michael agitait son arme en criant. Ses phrases étaient incompréhensibles, ponctuées de plaintes. Il craignait un coup de folie.

- Nous vous comprenons. Nous sommes là pour vous aider. On ne vous veut pas de mal.

Beth s'affala sur le sol, sans bruit, face contre le sol. Elle entendait les voix s'éloigner. Elle sentait la terre tiède contre sa peau. Elle se sentait bien. Comme si ses longues heures de calvaire n'avaient jamais existé. Comme si chaque obstacle rencontré dans sa vie ne l'avait jamais blessée.

En voyant sa proie s'écrouler, Michael paniqua. Il la secouait en criant.

Les agents profitèrent de la panique du jeune homme. Morgan le ceintura au sol, un flic lui passa les menottes et le conduisit à l'arrière de sa voiture. Reid se précipita sur Beth. Il parcourut les quelques mètres qui les séparaient la peur au ventre. Il s'agenouilla près d'elle.

- Eh... Beth...

- Yo...

Il sourit en enlevant ses menottes. Il la prit dans ses bras avec précaution. Beth glissa sa main dans celle de Reid. Elle avait besoin de ça, là, maintenant. D'un peu d'affection. D'un peu d'humanité. L'agitation autour d'eux n'avait aucune importance. Un hélicoptère allait conduire la jeune femme à l'hôpital le plus proche. La police fouillait la maison.

- C'est une journée de merde... murmura Beth en fermant les yeux.

Son corps inconscient pesa dans les bras de Reid.

A cet instant même, chacun regarda vers eux.

A cet instant, chacun mesura combien cette drôle de fille avait bouleversé leur vie.