Moderne UA, basé sur les personnages de Frozen, mais aussi d'autres récents Disneys.

Le point de vue est essentiellement celui d'Anna, héroïne de cette histoire, qui s'apprête à 17 ans à commencer son année de terminale au lycée d'Arendelle. Le style est volontairement léger, pour décrire les pensées et les mots de cette adolescente.

A/N : Attention, il y aura dans cette histoire une relation entre deux personnages féminins. Don't like it, don't read it, je vous aurai prévenus !

Disclaimer : Je n'ai aucun droit sur Frozen.


Chapitre 1

Tut... tut... tut...

Anna éteignit son réveil d'un coup de poing avant même de réaliser qu'elle venait de se réveiller. Elle s'assit sur son lit presque immédiatement pour être sûre de ne pas se rendormir, une main cachant un impressionnant bâillement, et l'autre grattant l'arrière de son crâne. Elle eut un grognement dépité en voyant l'heure affichée sur son réveil. Six heures cinquante. Il y a moins d'une semaine, c'était presque l'heure à laquelle elle allait dans sa tente se coucher, après avoir pris un dernier bain dans une eau de mer bien tiède.

Elle se leva de bien mauvaise grâce, et commença à s'habiller. Deuxième grognement de sa part en voyant son reflet dans le miroir.

Bonne résolution de cette année : ne plus me coucher avec les cheveux mouillés.

Armée d'une brosse, elle entreprit de démêler l'énorme sac de boucles rousses qui lui servait de cheveux. Comme d'habitude, le seul moyen pour qu'ils ne retournent pas à l'état sauvage était de les tresser. Anna acheva de s'occuper de ses cheveux, puis se passa de l'eau sur le visage et un trait de crayon noir sous les yeux. Elle enfila un jean, une chemise blanche au col et aux manchettes vert foncé, et attrapa une veste de cuir brun qu'elle jeta sur son épaule.

Une fois préparée, elle descendit dans la cuisine se préparer un petit déjeuner. Il faisait beau dehors, c'était un temps à prendre un petit déjeuner à midi sur la terrasse, pas à passer la journée enfermée dans une salle grise. Par la fenêtre, Anna voyait le cerisier du jardin montrer déjà des signes avant-coureurs de l'automne, et elle soupira. Ouaip, c'était bien la rentrée.

Un bon gros ronflement venant des étages retentit tandis qu'elle prenait un bol dans un placard.

- Qu'y a-t-il de pire que de se lever quand ses parents dorment encore, je vous le demande ! grommela-t-elle à haute voix dans le silence de la cuisine.

Trois coups secs portés à la fenêtre de la cuisine la firent sursauter. Elle se retourna vers la source du bruit, sourit, puis ouvrit la porte qui donnait sur la terrasse surplombant le jardin. Un adolescent mince aux lèvres étirées en un grand sourire attendait de l'autre côté de la vitre.

- Bonjour Anna, s'exclama-t-il d'une voix enjouée, en entrant dans la maison.

- Bonjour Hans ! répondit-elle en répondant à son sourire.

Le garçon passa un bras autour de la taille d'Anna et l'attira à lui. Il souriait encore plus largement tandis que son autre main caressait la joue de l'adolescente puis il l'embrassa.

- Tu as déjeuné ? lui demanda Anna lorsqu'ils se séparèrent après leur baiser.

- Ouaip ! Mais pour l'heure, c'est toi que j'ai envie de manger !

Elle éclata de rire et sourit. Ils s'assirent tous deux côte à côte, et Hans s'empara d'un pain au lait, qu'il entreprit de tartiner généreusement de Nutella avant de le dévorer à pleines dents. Sa main gauche était posée sur la cuisse d'Anna, qui remplissait un bol de céréales au chocolat et les recouvrait de lait.

Un bruit de pas dans l'escalier annonça l'arrivée de son père, et les deux adolescents se retournèrent vers le nouveau venu.

- Salut Anna, dit-il en baillant.

- Salut P'pa, dit-elle d'une voix aussi fatiguée que celle de son père.

- Bonjour monsieur Andersen !

- Oh bonjour Hans, je ne t'avais pas vu. Que fais-tu là ?

- Je suis arrivé il y a cinq minutes, expliqua le jeune homme. Je voulais accompagner Anna au lycée aujourd'hui, pour la rentrée.

Hans se leva pour aller lui serrer la main. Anna plongea à nouveau son regard dans le fond de son bol, luttant contre l'envie de se rendormir, tandis que ses deux hommes préférés commentaient le match de foot de la veille. Elle soupira. Les cris des supporters victorieux l'avaient empêché de dormir, et s'étaient calmés seulement sous les coups d'une heure du matin. Elle qui voulait être en forme pour la rentrée, c'était fichu.

- Hé Anna, réveille-toi ! s'exclama Hans en faisant une tape amicale sur l'épaule de sa petite amie.

Anna passa mollement sa main dans ses cheveux et frotta ses yeux du revers de la main.

- Toi je te laisse pas conduire ton scooter, t'es pas en état.

- Mais non, répondit-elle. Je suis juste un peu crevée, ça va aller.

Hans se tourna vers son père comme pour avoir son soutien. Heureusement, celui-ci était en train d'écouter un message de son travail sur son répondeur, et n'avait pas entendu.

- Anna, tu vas monter avec moi, dit-il d'une voix qui n'appelait pas à la négociation.

La jeune fille n'était pas du matin, et s'il y avait une chose qu'elle haïssait davantage que de ne pas avoir ses huit heures trente de sommeil minimum par nuit, c'était d'être importunée avant d'avoir fini son petit-déjeuner.

- Fiche moi la paix, veux-tu ? répliqua-t-elle avec humeur.

Elle finit son bol en deux cuillérées et se leva, mit ses couverts dans le lave-vaisselle et descendit dans le garage tandis que le jeune homme sortait par la porte d'entrée. Elle enfila ses doc Marteens, ses gants de cuir et son casque, un intégral vert foncé et blanc, puis démarra. Elle entendait venir de l'extérieur le vrombissement frimeur du scooter de Hans.

Elle sortit et le regarda avec un mélange de colère et d'exaspération. Elle avait toujours droit à ses stupides déclarations sur sa sécurité, alors que lui roulait en baskets avec un simple T-shirt à manches longues et un casque ouvert dont la protection offerte était nettement inférieure au sien. Enfin bref.

Ma condition de femme m'exposera toute ma vie à ce genre de remarques « pour ma sécurité », songea Anna. Ca y est, la journée avait à peine commencé, et elle était déjà de mauvaise humeur.

Merci Hans.


Vingt minutes plus tard, Anna et Hans se garaient dans le local à deux-roues du lycée d'Arendelle.

- Hé Anna !

La jeune rousse ôta son casque, et ses lunettes de soleil tombèrent sur son menton. Elle reconnut au loin une vague silhouette sombre aux cheveux longs et noirs qu'elle identifia comme étant Tiana, suivie de Kristoff, son meilleur ami. Le garçon était légèrement plus grand et plus costaud que Hans, et ses cheveux volaient sur sa tête en un amas de mèches châtain clair désordonnées. Elle sauta dans ses bras et l'embrassa sur les deux joues, puis se tourna vers Tiana et l'embrassa à son tour.

- Vous avez passé de bonnes vacances ? demanda-t-elle tout en accrochant son casque à son antivol.

- Géniales, s'exclama Kristoff, tandis que Tiana répondait « Ouais, bof. »

Hans, qui était occupé à attacher son scooter un peu plus loin, arriva et salua tout le monde à son tour. Il se tourna ensuite vers Anna, l'attrapa par la taille et l'embrassa ostensiblement. Derrière son dos, incarnation de la finesse, Tiana poussa un hurlement de loup. Anna répondit à son baiser puis se dégagea doucement tandis que le rouge envahissait ses joues.

- C'est bon Hans, dit-elle en essayant d'adopter le ton de la plaisanterie. Maintenant que t'as montré à tout le bahut qu'on était toujours ensembles, tu vas pouvoir me lâcher !

Kristoff éclata de rire, et Hans, vexé, répondit par un grognement qui déclencha une nouvelle salve de rire. Tous ensemble, les quatre lycéens se dirigèrent vers l'entrée principale à la recherche de leurs autres amis.

- T'étais pas obligé de m'embrasser comme ça devant tout le monde, dit Anna à voix basse, tandis que leurs deux amis étaient un peu plus haut dans l'escalier.

- Quoi, t'as honte d'être avec moi ?

- On en a déjà parlé mille fois, ça n'a rien à voir. Un baiser, c'est intime, c'est tout. J'ai pas honte d'être avec toi. Oh Hans, boude pas, s'exclama-t-elle alors que le garçon prenait un air vexé. J'aime t'embrasser, tu le sais bien !

Anna lui caressa affectueusement la joue, et le geste tendre rendit son sourire à son petit ami. Arrivés dans le hall, ils rejoignirent Tiana et Kristoff qui étaient en grande conversation avec deux autres filles de leur âge, devant le panneau indiquant la composition des classes. Mérida, la meilleure amie d'Anna, parlait d'une voix forte en faisant de grands gestes animés. Elle était grande, sportive et extravertie, et son impressionnante chevelure écarlate et ondulée formait comme une crinière tout autour de son visage. Rapunzel, elle, avait des cheveux blonds lisses et une mèche qui lui cachait en permanence une partie du visage. Elle était mince et féminine, vêtue d'une robe d'été violette et de ballerines assorties, tout l'opposé de Mérida, qui était en jean-basket et portait un débardeur vert kaki, une paire de Ray-Ban solaire relevée crânement sur ses cheveux.

- Anna, Hans, vous êtes avec moi en Terminale S B, s'exclama Mérida en sautillant d'excitation. Tiana est avec nous aussi !

L'adolescente surexcitée se jeta dans les bras d'Anna et lui planta une bise sur chaque joue.

- Yessss ! s'exclama Anna en s'approchant à son tour du panneau. Et vous ?

- Kristoff et moi on est dans la même classe aussi, répondit Rapunzel. Il n'y a qu'une classe de Terminale éco.

- Il n'y a qu'Alice qui sera toute seule en littéraire, la pauvre, dit Tiana. D'ailleurs, qu'est-ce qu'elle fiche ? Elle est vraiment toujours en retard…

Anna regarda sa montre. Il ne restait plus que dix minutes avant le début des cours, et tous s'étaient promis d'arriver en avance pour faire le bilan de l'été.

A cet instant, une fille aux cheveux blonds noués en une queue de cheval arriva en courant dans leur direction.

- Bonjour tout le monde ! lança-t-elle d'une voix chantonnante.

Elle salua ses amis d'un geste de la main, trébucha et fut rattrapée in extremis par Mérida sous les éclats de rire.

La petite bande se dirigea vers un banc dans la cour. Alice, Mérida et Anna s'assirent sur le dossier, et Rapunzel et les garçons sur le banc, tandis que Tiana s'asseyait par terre. Ils se racontèrent leurs vacances, échangèrent les derniers potins, et quand la cloche sonna et les surprit en plein fou rire, on aurait cru qu'ils ne s'étaient quittés que l'avant-veille.

Tout en soupirs et râleries, la bande d'adolescent se leva, et se sépara dans leurs classes respectives.


Après avoir fait beaucoup de bruit dans le couloir, leur professeur principal arriva. C'était la même que l'an dernier, madame Gerda, une prof d'histoire gentille et aux habitudes maternelles qu'Anna avait beaucoup apprécié. Elle avait à vue de nez une bonne cinquantaine d'années mais à l'adolescence on ne sait pas très bien juger l'âge des gens, et Anna songea qu'elle pouvait avoir tout aussi bien quarante que soixante. Elle était plus vieille que sa mère, en tout cas.

L'enseignante réclama le silence, et les élèves entrèrent dans la salle et s'installèrent en continuant leurs bavardages à voix basse. Comme d'habitude, Anna s'assit au deuxième rang, face au bureau professoral, et contrairement aux années passées, ce ne fut pas Mérida, mais Hans qui prit place à ses côtés. La petite rousse fut partagée entre plaisir et déception.

Dommage, les blagues de Mérida vont beaucoup me manquer.

Madame Gerda s'adossa au mur et commença à leur parler de l'année de Terminale : le travail, le bac, les spécialités, le bac, les dossiers d'orientation, le bac, leurs ambitions futures, et le bac. Anna soupira. C'était carrément moins intéressant que les histoires de la France au XIX.

Elle reçut son emploi du temps (pas trop mal pour une fois), la composition des sous-groupes, où Hans et elle étaient séparés, et la liste des professeurs. Elle les avait tous eus en seconde ou en première, sauf Weselton, prof de philo, et Winter, prof de maths. Anna sourit en regardant la liste. Elle avait intérêt à être bien comme prof celle-là, parce que les maths, ça c'était son truc !

Au bout d'une demie heure, Gerda commença à leur faire remplir des trucs et des machins, des formulaires oranges puis verts et Anna, qui n'arrivait déjà plus à maintenir son attention sur l'enseignante, se retourna vers Mérida assise derrière Hans pour lui balancer un petit bout de papier arraché à sa feuille, sur lequel elle avait écrit une bêtise. Une conversation épistolaire hautement intelligente commença entre les deux adolescentes, jusqu'à ce que la vieille Gerda les fixe du regard en roulant des yeux, et elles cessèrent leurs idioties en soupirant pour la énième fois.

A la fin de la matinée, toutes les informations nécessaires avaient été données, et lorsque la pause déjeuner sonna enfin, Anna regrettait profondément la liberté dont elle jouissait pendant les vacances. Elle regardai son emploi du temps de l'après-midi. Leur classe commençait par de la philo. Triple berk.


Pendant la récré de l'après-midi, le petit groupe d'amis se retrouva au pied des escaliers menant à la cantine. Kristoff et Rapunzel étaient pris d'un fou rire monstrueux. Les scientifiques s'approchèrent d'eux et s'assirent sur les marches des escaliers.

- Alors les gars, demanda Kristoff, il ressemble à quoi, ce Weasel ?

- A un bouffon, répondit Hans en souriant largement. Il n'est pas prêt de nous faire aimer la philo. Anna a failli s'endormir, et on n'est que le deux septembre !

Anna éclata de rire.

- Fais gaffe quand même, dit Rapunzel. J'ai entendu un redoublant dire qu'il notait vachement à la tête, et qu'il saque tous ceux qui n'écoutent pas en cours.

- Ouais mais je m'en fous de la philo, répondit-elle d'un ton bravache. Ce qui m'intéresse, moi…

- C'est les maths ! répondirent en chœur Rapunzel, Tiana et Mérida.

Nouveau fou rire. Le lycée lui avait un peu manqué, finalement.


- Pff, grommela Hans en traînant les pieds dans les couloirs tandis qu'Anna le pressait d'avancer en le tenant par la main. On va avoir des maths tous les jours sauf le lundi ! Six heures par semaines ! Ils sont complètement fous !

- Huit heures pour moi, tu oublies que j'ai pris les maths en spécialité ! dit Anna avec une nuance de fierté dans la voix.

- Y'a vraiment que toi pour aimer ça…

Elle ne releva pas et se contenta de sourire. Hans avait un niveau assez moyen en mathématiques, et elle avait passé pas mal de temps à la fin de l'année dernière à l'aider. Lui son truc, c'était la chimie, voilà ce qu'il voulait faire. Les expériences, les calculs, les tubes à essais et tout ce genre de trucs bizarres. Il voulait « bosser dans l'industrie pharmaceutique », et inventer des vaccins et des médicaments.

Ils montèrent au deuxième étage. La porte de la classe était déjà ouverte, et Anna jeta un coup d'œil par la porte pour découvrir une femme blonde en train de regarder quelque chose dans un classeur, penchée sur le bureau.

Anna tourna le dos à la porte et prit la main de Hans, la porta à ses lèvres et l'embrassa doucement. Elle le regarda en souriant tandis qu'il lui soufflait un baiser.

- Ahem… Voulez-vous bien entrer s'il vous plaît ?

La voix derrière Anna une était ferme bien que légèrement amusée. Evidemment, il avait fallu que la prof sorte de sa classe pile au moment où Hans soufflait sur sa main.

Mérida et Tiana éclatèrent de rire, et les joues d'Anna rosirent légèrement. Elle se détourna de Hans et leva les yeux vers la femme, qui n'était sans nul doute que la nouvelle prof, Mme Winter. La surprise la rendit maladroite, ses doigts devinrent raides et son sac s'échappa de sa main et tomba sur le sol avec un bruit sourd. Elle plia lentement ses genoux et attrapa son sac sans quitter l'apparition des yeux.

Anna resta sous le choc tandis que Hans la conduisait sans rien remarquer jusqu'à leur place habituelle. Mme Winter était super belle, remarqua–t-elle quand elle eut repris ses esprits, elle avait certainement moins de trente ans, aucun doute là-dessus, et ses cheveux n'étaient pas blonds mais plus clairs que ça encore, platine presque, et noués en une longue tresse qui retombait sur son épaule gauche. Elle avait les cheveux les plus magnifiques qu'Anna ait jamais vu.

- Bonjour à tous, commença l'enseignante une fois que les élèves furent tous assis et à peu près silencieux.

Elle se présenta et décrivit brièvement le programme de l'année. Encore une fois, c'étaient les lettres b, a et c qui revenaient le plus dans son discours. Elle prévint de la difficulté du travail, du haut niveau requis, du rythme qui allait évidemment être encore plus soutenu qu'en première, et qu'elle serait là si jamais un élève avait des problèmes de compréhension.

Elle commença finalement le cours, et rapidement, on n'entendit plus que le bruissement des feuilles et le bruit des stylos et des élèves qui fouillaient dans leurs trousses. Elle se tourna pour écrire un problème au tableau – un exercice facile, un truc vu en fin d'année derrière, et Anna le recopia sur sa feuille en réfléchissant immédiatement à la solution.

- Qui saurait résoudre cet exercice ? demanda-t-elle en reposant le feutre sur son bureau.

- Anna ! répondit une voix au milieu de la classe, ce qui déclencha un grand nombre d'éclats de rire dans la classe.

Anna se retourna en pinçant les lèvres et en fronçant les sourcils. Mérida arborait un grand sourire fier, et Tiana cachait un gloussement derrière sa main. La jeune rousse s'enfonça sur sa chaise, espérant passer inaperçu, mais tous les élèves de la classe la fixaient désormais avec insistance, et quand elle retourna son regard vers le tableau, Winter regardait droit dans sa direction.

- Et bien, Anna, il semblerait que vos camarades vous ont désigné. Vous voulez bien venir au tableau ?

Anna se leva de mauvaise grâce. Elle n'avait pas envie d'accaparer l'attention de tous pour essayer de se faire grandir, et surtout pas donner l'impression à la prof qu'elle était une de ces parfaits petits premiers de la classe qui veulent toujours être les premiers à répondre. Mais une fois qu'elle fut devant le tableau, feutre en main, elle haussa les épaules et résolut rapidement le problème de son écriture ronde et nette. Winter souriait – son premier sourire – et hocha la tête. Ses yeux étaient bleus, remarqua immédiatement la lycéenne. Mais pas n'importe quel bleu. Un jour, elle avait vu sur Internet des photographies d'un iceberg retourné. C'était ce bleu des glaciers qu'elle voyait dans les yeux de Winter, et Anna dut faire appel à toute sa volonté pour en décrocher son regard.

- C'est tout à fait exact. Nous allons partir de la résolution de ce problème pour poursuivre vers un nouveau théorème. Veuillez noter sur votre cours la réponse d'Anna, et prenez vos calculatrices.

Anna retourna s'asseoir. Winter la gratifia d'un nouveau sourire tandis que Hans et Mérida levaient le pouce en guise de victoire.

Les cours de maths s'annonçaient intéressants cette année.


C'était la dernière heure de sa journée. Elsa Winter rangea ses affaires dans sa sacoche en cuir et ferma la session de son ordinateur. Exhalant enfin un long soupir, elle passa la main dans ses cheveux, tentée de défaire sa tresse. Elle attendra d'être rentrée chez elle, et la priorité sera d'abord d'ôter ces atroces chaussures à talons.

Elle traversa des couloirs quasi déserts. A cette heure, dix minutes après la dernière sonnerie de l'après-midi, il n'y avait plus que des profs et le personnel d'entretien pour traîner encore dans le lycée. Elle arriva en salle des professeurs, rangea ses manuels de mathématiques dans son casier encore vide, et se laissa tomber dans un des fauteuils en faux cuir vert pomme qui étaient alignés près des fenêtres.

- Alors, comment s'est passée ta rentrée ?

Elsa se retourna pour voir une de ses collègues, elle n'avait pas encore tout à fait retenu son nom, s'asseoir en face d'elle avec une tasse de café à la main.

- Plutôt pas mal. Ca me change du collège où j'étais l'an dernier.

- Ah ça c'est sur ! Passer des sixièmes aux terminales S, c'est toujours sportif.

La femme but une gorgée de café, et s'enfonça plus confortablement dans son fauteuil.

- Au fait, je suis prof principale des TS B. Alors comme tu es la prof qu'ils auront le plus souvent et qui va le plus les traumatiser – excuse moi hein, mais tu es leur prof de maths ! s'exclama-t-elle comme si c'était une bonne plaisanterie - on risque d'avoir souvent à travailler ensemble.

- Pas de problème, répondit Elsa en essayant d'avoir l'air détendue.

La vérité, c'est qu'elle n'enseignait que depuis deux ans, et encore, deux ans c'était en comptant cette année, et on n'était que le deux septembre. L'an dernier, elle avait réappris les tables de multiplication à des élèves de sixième, et pythagore et ce genre de choses, et cette année, elle allait devoir faire passer leur bac à des ados de dix-huit ans. Un sacré bond en avant.

Sa collègue sortit de son cartable une liste de noms, et un gros surligneur rose. Elle posa la feuille sur la table basse devant Elsa qui se pencha pour la regarder et vit qu'il s'agissait de la classe en question. Elle les avait eus le jour même, mais elle n'avait évidemment retenu aucun de leurs prénoms. A part peut-être un ou deux…

- Il y a quelques élèves qu'il va falloir bien encadrer et aider dans cette classe. Lui – elle surligna un nom – a beaucoup de difficultés à cause de grave problèmes familiaux qu'il a eu l'an dernier. D'après l'assistante sociale, il a vu un psy pendant les vacances, et il devrait aller mieux. Ces deux-là – deux autres traits roses – sont de vrais casse-pieds. J'espère qu'ils auront grandi et mûri un peu. Elle, elle ne s'intéresse pas du tout aux maths. Elle est en S parce qu'elle aime la géologie. Il n'y a que ça qui l'intéresse. Sois certaine qu'elle sait déjà exactement quelle partie du programme lui sera utile en fac. Et autant dire qu'elle ne va faire aucun effort pour les autres.

- Elle n'a pas eu de difficultés en première, si elle ne travaille pas ? demanda Elsa en haussant les sourcils.

- Oh, elle est futée, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Elle m'a dit, pas plus tard que ce matin, qu'elle voulait simplement avoir son bac, pas forcément une mention, et elle sait déjà dans quelle université elle veut aller, quel cursus prendre, et quels masters l'intéressent. Vu sous cet angle, elle est assez impressionnante. Pour peu que tu sois branchée par les volcans, évidemment.

Elsa laissa échapper un petit rire. D'autres noms se retrouvèrent sous l'encre rose. Les bavards. Ceux qui ont des difficultés. Une des élèves, Mérida, avait un emploi du temps aménagé pour lui permettre la pratique du tir à l'arc en haut niveau.

- Lui a un gros problème de dyspraxie visuo-spatiale. Ne me demande pas ce que c'est, j'ai été à une conférence sur ça l'an dernier, mais je n'ai vraiment rien compris. Il fait d'énormes efforts pour y arriver, mais les trucs du style géométrie dans l'espace vont être un vrai calvaire pour lui.

La femme arriva enfin au dernier nom de la liste, et tendit la feuille à Elsa.

- Merci pour toutes ces informations, répondit la jeune enseignante en parcourant la liste des yeux. Ca va sûrement m'aider à mieux travailler avec eux. Je les ai eus tout à l'heure, deux heures de suite. Ils ont l'air d'être un groupe assez sympathique.

- Oh, oui, s'exclama sa collègue avec un petit rire. Mais ne t'y fies pas trop. Ils sont fourbes, et ils essaieront toujours de t'avoir et de décaler les contrôles et de prétendre que tu ne les as pas prévenus. Enfin, dit-elle avec un soupir, dans les moments pénibles, tu auras toujours Anna !

Elsa fronça les sourcils. Avait-t-elle bien entendu ?

- Anna ?

- Oui, dit l'enseignante avec un geste négligent de la main. Tu remarqueras très vite qui c'est.

Le souvenir d'une ado aux cheveux roux coiffés en tresses bondit immédiatement dans son esprit.

- Je l'ai déjà remarquée… Quel est son problème ? demanda-t-elle avec une nuance d'inquiétude dans la voix.

- A elle ? Aucun. En maths en tout cas. C'est un vrai génie. C'est pour ça que je te le dis, dans les moments où tu auras l'impression qu'ils ne comprennent vraiment rien à rien, Anna Andersen sera là pour te remonter le moral !

- Elle est surdouée ? demanda Elsa avec curiosité.

- Pas du tout, dit l'enseignante en secouant la tête. Simplement, les maths c'est son truc. Elle comprend tout, tout de suite. L'an dernier, le collègue qui était leur prof - il est parti à la retraite, c'est pour ça que tu as eu le poste – lui a donné un problème qu'il donne à ses élèves de prépa. Elle l'a résolu en quarante minutes, alors qu'elle était en première, et ses prépas ont eu besoin de deux heures. On a toujours des élèves qui se révèlent être de vrais génies dans certains domaines. Un peu comme cet élève de L qu'on a eu l'an dernier, ses dissertations étaient tellement magnifiques que Duke en a pleuré.

- Duke..?

- Duke Weselton. Il est prof de philo. Tu as dû le voir pendant la pré-rentrée, c'est un petit vieux avec une perruque qui parle tout le temps.

La femme éclata de rire à ses propres mots, et Elsa ne put s'empêcher de rire avec elle.

Elle finit finalement par sortir du lycée et rentrer chez elle.

A la maison, Olaf n'était toujours pas rentré de son travail. Elle jeta un coup d'œil à son emploi du temps, qu'elle ne connaissait pas encore par cœur. Demain, elle aurait deux classes de seconde, et une heure avec les terminales. Ses cours étaient prêts, au moins pour le moment. Elle savait qu'elle aurait à y consacrer tout son week-end, mais c'était sa première semaine, et ce soir, elle n'avait envie que d'aller se coucher.


J'espère que cette introduction vous a donné envie de connaître la suite (déjà partiellement écrite).

Les reviews constructives sont appréciées :)

Ankou