Disclaimer : Ni la série, ni les personnages ne m'appartiennent. Ils sont la propriétaire pleine et entière du réalisateur Dick Wolf et du producteur Derek Haas.

Etant très fan de Chicago P.D., j'ai décidé d'exploiter une idée que j'avais dans la tête et d'en faire un one-shot. Celui-ci étant assez long, je l'ai coupé en cinq parties. J'espère que ça vous plaira !


Il était tard à Chicago. La nuit était tombe depuis un moment Au rez-de-chaussée du district 21, les officiers de jours cédaient leur place aux officiers de nuit sous le regard implacable du sergent Platt. A l'étage où se situait l'unité de Renseignements, les membres de l'équipe de Voight quittaient les lieux les uns après les autres, se souhaitant mutuellement une bonne nuit avant de disparaître à l'étage du dessous. Bientôt, il ne resta plus que Erin Lindsay qui, occupée à remplir de la paperasse, n'avait pas vu le temps passer. Cela lui donnait également une bonne excuse pour ne pas avoir à rentrer chez elle dans l'immédiat.

Erin n'avait assurément pas envie de rentrer ce soir-là. Personne n'en avait parlé – du moins, pas devant elle – mais elle connaissait pertinemment la date du jour. C'était une date qu'elle ne pouvait pas oublier malgré les efforts qu'elle avait faits dans ce but. Elle se souviendrait toujours de ce qui s'était passé ce même jour un an auparavant. Les images hantaient ses pensées. Elle faisait toujours des cauchemars depuis ce jour.

Cela faisait maintenant un an jour pour jour que l'unité de Renseignements avait retrouvé le corps de Nadia Decotis enveloppé dans une bâche à New-York lors d'une enquête conjointe avec l'unité spéciale des victimes. Erin avait pensé qu'elle serait la cible de Yates et elle s'était trompée. Elle avait pensé que Nadia était en sécurité, à l'appartement, et elle s'était encore trompée. Tout ce qui était arrivé ce jour-là était de sa faute.

Ils étaient nombreux à avoir tenté de l'en dissuader. Tous lui répétaient qu'elle n'y était pour rien dans la mort de sa colocataire, meilleure amie et collègue. Pourtant, c'était la voix de sa culpabilité qui l'avait entraînée sur une pente glissante. Erin n'avait jamais voulu avouer la mort de Nadia. Pour elle, c'était complètement idiot et tout à fait impossible. Ils n'avaient jamais retrouvé son corps à New-York. C'était celui d'une autre personne. Nadia était ailleurs, bien en vie, et prête à entamer son premier jour en tant qu'officier de police.

Aussi égoïste que cela puisse paraître, Erin avait prié pour que ce ne soit pas Nadia dans ce cimetière improvisé. Elle avait prié pour la retrouver vivante et tous ses espoirs s'étaient écroulés quand elle avait reconnu le visage maculé de sang et de sable. Avant que l'information n'atteigne sa conscience, quelque chose s'était brisé au fond d'elle et elle aurait pu tomber à genoux sous le coup d'une douleur qui la transperçait de part en part mais Jay l'avait prise dans ses bras. C'est à ce moment-là qu'Erin Lindsay s'était effondrée. Ce n'était au début qu'une fissure, invisible, facile à cacher, puis c'était devenu un trou béant qui l'avait amenée à reprendre la drogue et l'alcool et à rejoindre sa mère. Elle était consciente d'avoir fait les mauvais choix. Il lui avait fallu des mois pour s'en sortir.

Cependant, elle ne serait jamais sortie de son cercle vicieux sans la précieuse aide d'Antonio. C'était quelques semaines après sa démission. Erin ne saurait dire combien de temps s'était écoulé tant son cerveau était embrumé par les vapeurs d'alcool et de drogue. Supporter une gueule de bois était bien plus simple et moins douloureux que d'admettre la mort de Nadia et l'abandon de Voight. Elle revoyait souvent les yeux fixes de son amie et l'expression contrôlée de Hank pour ne pas montrer combien il était blessé par ses paroles et décisions. Elle buvait pour les oublier mais elle ne pouvait strictement rien faire contre les cauchemars. Alors, elle accusait Hank et Nadia de l'avoir abandonnée dans cet océan de douleur et de solitude. Elle avait tort et Antonio avait très bien su le lui faire comprendre.

Il était entré un jour dans le bar où travaillait Bunny et avait trouvé Erin en partie vautrée sur le bar, buvant ce qui ressemblait à du mauvais whisky à une heure inconcevable. Il était allé directement vers elle sous le regard inquisiteur de Bunny. Il lui avait arraché le verre des mains et l'avait bu d'une traite avant de le jeter contre le mur. Erin lui avait à peine jeté un regard de ses yeux vitreux et avait commandé un autre verre. Lorsque Bunny s'était approchée avec la commande, Antonio lui avait jeté un regard si noir qu'elle avait battu en retraite. En réponse à ce geste, il se fit copieusement insulter par son ancienne collègue.

Il n'avait pas bronché et avait accepté de prendre sa colère sur lui. Quand elle eut fini de déverser toute sa haine, il avait choisi de faire ce que Hank n'avait pas osé faire face à elle : il avait usé de la violence. Il l'avait d'abord brusquement poussée de son tabouret, l'en avait fait tomber et avait recalé les piliers de bar qui venaient prendre la défense d'Erin en montrant son badge. Ensuite, il l'avait emmenée aux toilettes, lui avait passé la tête sous l'eau froide et, quand elle avait commencé à se débattre, il lui avait craché la vérité sur la mort de Nadia, sur le départ de Voight et sur son comportement. Elle déconnait et il le lui faisait comprendre en la traitant comme un suspect.

Il avait fini par partir en posant un dernier ultimatum : elle n'avait qu'une semaine pour se ressaisir et revenir dans le droit chemin. Si elle choisissait le mauvais chemin, il viendrait lui-même presser la détente du flingue qu'elle pointait contre elle. Ses paroles l'avaient si profondément marquée qu'elle avait fini par frapper chez lui à la limite du délai imposé. Elle n'avait pas réintégré l'équipe tout de suite. Cela avait pris du temps. Antonio l'avait forcée à voir tout un temps de spécialistes. C'était eux qui avaient fini par signer son retour à l'unité, retour qui fut très chaleureux contrairement à ce qu'elle avait pensé.

Elle ne remercierait jamais assez Antonio pour ce qu'il avait fait. Désormais, elle avait récupéré sa vraie famille, sa raison et son boulot. Pourtant, ce jour fatidique continuait de la hanter et il y avait peu de chances qu'elle puisse effacer ce fantôme aussi facilement qu'elle avait effacé son passé. D'une manière ou d'une autre, le souvenir de Nadia continuerait à la tourmenter à cause des photos qu'elle n'avait pas voulu enlever de son appartement, de la plaque commémorative du district devant laquelle elle s'arrêtait chaque matin et du spectre de cette terrible journée.

_ Erin ?

Erin leva la tête en entendant Hank s'adresser à elle. Il se tenait debout devant son bureau. Il était sur le point de partir mais s'attardait afin de s'assurer qu'elle allait bien. L'enquête qu'ils venaient de boucler avait été particulièrement éprouvante et les cauchemars ne lui laissaient aucun répit. Son épuisement devait transparaître.

_ Je vais bien, Hank. Je manque seulement de sommeil.

_ Ce n'est pas la question que j'allais te poser.

_ Quoi alors ? Demanda-t-elle en jetant son stylo sur le bureau.

_ Laisse tomber cette paperasse. Je te ramène chez toi.

_ Ça ira. J'appellerai un taxi.

Encore une réminiscence de ce jour de douleur. Nadia avait été enlevée et torturée dans sa voiture. Elle n'avait pas pu remonter dedans. Jamais. Elle avait dû se séparer de sa Camry et n'ayant pas les moyens d'en acheter une nouvelle, elle demandait à Hank de la conduire quand elle ne pouvait pas prendre le taxi ou le bus. Au moins, elle avait gardé l'appartement, même si elle préférait y passer le moins de temps possible.

_ Tu es sûre de toi ?

_ Oui, ne t'en fais pas. J'ai bientôt fini de toute façon._ Dis-moi quand tu seras rentrée.

_ Bonne nuit, Hank.

Il lui retourna la politesse, hésita un instant et finit par prendre le chemin de la sortie, laissant Erin seule. Elle termina ses papiers, les remit en ordre et quitta son bureau. Elle s'arrêta un instant devant le bureau vide de Nadia et soupira. Avant de faire quelque chose de stupide, elle descendit aux vestiaires. Elle ouvrit son casier et s'arrêta net en voyant la photo de Nadia et elle collée sur la paroi. Elles avaient l'air si heureuses sur ce cliché. Maintenant, elles étaient déchirées, mortes. Pour Erin, ce n'était qu'intérieurement. Pour Nadia, en revanche… Erin referma brusquement le casier et se laissa tomber sur le banc. Elle se prit la tête dans les mains.

_ Tout va bien, détective Lindsay ?

_ On peut dire ça comme ça.

_ Je comprends. J'y repense aussi.

_ Vous n'étiez pas là.

_ Pardon ?

_ Quand on a retrouvé son corps, vous n'étiez pas là. Vous n'avez pas vu ce qu'il lui a fait, ni assisté à ce procès ridicule.

_ Cela ne m'empêche pas de souffrir autant que toi, répondit Platt en posant une main sur l'épaule de Lindsay. J'appréciais Nadia, je l'ai quasiment formée pour qu'elle obtienne son statut d'officier. Sa disparition a été terrible.

_ Sergent… L'interrompit la voix tremblante de Lindsay.

_ J'ai aussi une part de responsabilités dans cette histoire.

Un moment de silence suivit cette déclaration. Erin luttait contre les larmes qui lui brûlaient les yeux. Elle était beaucoup trop vulnérable quand on en venait à Nadia. C'était son point faible, surtout aujourd'hui.

_ J'ai dit à Hank que j'allais prendre un taxi mais… Je ne me sens pas le courage d'en chercher un. Vous pourriez… Me ramener ?

_ Bien sûr, déclara Platt en lui frottant doucement le dos.

Le trajet du retour se fit dans le silence. Erin était épuisée et à fleur de peau. Elle garda les yeux fermés jusqu'à l'arrêt du véhicule devant son immeuble. Le sergent Platt s'assura que Lindsay rentre bien chez elle puis, en regagnant sa voiture, elle envoya un message à Hank. Mieux valait garder Erin à l'œil pendant quelques jours.


J'essaie d'uploader la suite dès que possible. N'hésitez pas à donner des avis constructifs. :)