Eh oui, ça y est, nous sommes de retour pour le tome 6 !
Comme d'habitude, un chapitre sera publié toutes les deux semaines, à condition que je n'aie pas réduit mon co-auteur à l'état de descente de lit pour cause de lenteur extrême...
En attendant la suite des événements, bonne lecture à tous.
« Va quérir la dignité en enfer s'il le faut. Et refuse l'humiliation, même au paradis. » Al-Moutanabbi
Déclaration de non-propriété : au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, Link et moi ne sommes pas les propriétaires de cet univers (si c'était le cas, nous n'aurions pas autant de traites à rembourser à la banque pour l'achat de nos logements respectifs). Nous aimons juste l'emprunter pour jouer avec (et y ajouter des personnages et des endroits qui eux, nous appartiennent totalement... à moins que nous ne leur appartenions), et ensuite nous le remettons soigneusement sur l'étagère.
Chapitre 1 : Visites et Conséquences
Un soir de juillet 1996, à Londres...
Après avoir quitté le premier ministre moldu, Fudge ne cessa de grommeler contre l'attitude de son confrère "normal". L'homme les avait vraiment pris de haut, disait-il, comme si c'était lui la créature supérieure. Rufus Scrimgeour l'écouta - ou plutôt, fit mine de l'écouter - en silence. Il avait d'autres sujets de préoccupation que le comportement du premier ministre, entièrement justifié de son point de vue. Comment un homme était-il censé réagir quand deux inconnus lui apprennent que la magie existe, et que suite à l'incompétence du premier, un problème parfaitement magique va occasionner de sérieux dégâts sur la population non-magique, qui est totalement étrangère aux causes dudit problème ? Mal, sans l'ombre d'un doute.
Quant à lui, la tâche qui l'attendait relevait pratiquement de l'impossible. Comment faire admettre au monde sorcier une situation que la précédente équipe dirigeante avait niée de toutes ses forces pendant une année entière, sans déclencher de panique ? Scrimgeour ne craignait pas d'admettre la difficulté. Il aurait besoin d'aide, en particulier après le meurtre d'Amelia Bones, qui avait fait disparaître un de ses meilleurs soutiens. Inutile d'aller chercher bien loin, d'ailleurs ; le bureau des aurors bourdonnait déjà de rumeurs à propos du groupe de résistance fondé par Dumbledore lors de la première guerre contre Voldemort, et Scrimgeour se souvenait avoir à l'époque été assez irrité de voir plusieurs de ses subordonnés obéir au vieux directeur sans même penser à partager les informations avec le ministère. Tout circulait toujours à sens unique avec Dumbledore.
Il faudrait que cela change.
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Le même soir, du côté de Manchester...
Une fois la porte refermée derrière ses visiteuses, Rogue se laissa retomber dans son fauteuil, et chercha à tâtons la bouteille de whisky posée sur la table. Pas la peine de prendre un verre, il avait l'intention de la vider le plus rapidement possible sans même s'encombrer d'une quelconque vaisselle. Un grattement sur les marches de l'escalier de la cave lui apprit que Peter avait détalé, sans doute pour aller raconter au Seigneur des Ténèbres ce qui venait de se dérouler chez le maître des potions. Parfait. Rien de tel pour être considéré comme un loyal serviteur.
Il avala une première gorgée d'alcool. Il n'aurait pas dû, bien sûr. Cela risquait de diminuer la précision de ses gestes tandis qu'il préparait une potion. La bonne blague... Cela n'arrangerait pas son humeur non plus, mais face aux exigences de ses deux maîtres, Rogue ne voyait pas d'autre solution que d'oublier temporairement leur existence en prenant une cuite.
Bah, pensa-t-il en prenant une deuxième tournée, si tout se passait comme il l'imaginait, il aurait certainement perdu l'un des deux casse-pieds avant la fin de l'année scolaire. Peut-être même sans avoir à lever le petit doigt. Narcissa Malefoy se faisait des illusions si elle pensait son rejeton incapable de tuer. Depuis son entrée à Poudlard, Drago avait développé une personnalité ressemblant assez étrangement à celle de sa bonne tante Bellatrix. Le professeur de potions en était réduit à faire des hypothèses pour expliquer ce comportement. Le nombre élevé de mariages consanguins pouvait en expliquer une partie, bien entendu. Mais le garçon avait pris une tonalité... inquiétante depuis le retour de Jedusor. Il semblait s'être persuadé que la réapparition du mage noir suffirait à lui garantir le respect et l'obéissance de ses pairs. Malheureusement pour lui, il souffrait d'une sévère concurrence au sein même de sa maison.
Malefoy n'avait pas été préparé à cela. Un Malefoy n'avait pas de concurrent, seulement des... encombrements temporaires dont il se débarrassait par la menace ou l'argent. Hélas pour lui, ces méthodes ne fonctionnaient pas quand Harry Potter était concerné. Et Harry Potter avait été envoyé à Serpentard.
Cela devait être incroyablement frustrant.
Oh oui, l'année à venir allait être parfaitement...
Rogue se prit doucement la tête entre les mains.
... atroce.
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Pendant ce temps-là dans le Surrey...
Si Harry Potter avait les oreilles qui sifflaient, ce n'était sans doute pas parce que quelqu'un pensait à lui à ce moment précis, mais parce que le combiné du téléphone commençait à lui chauffer gentiment le pavillon droit. La facture téléphonique des Cobbyte aussi allait flamber, songea-t-il tandis qu'il poursuivait sa conversation avec la stratège en chef de la maison Serpentard, j'ai nommé Sarah Cobbyte, au sujet des dernières initiatives du Ministère de la Magie.
Harry avait feuilleté sans trop d'intérêt les numéros successifs de la Gazette. Les conseils de prudence distillés par le journal partaient d'une bonne intention, mais restaient très, très, très insuffisants. Au moins il avait eu l'occasion de rire en lisant la campagne électorale bidon postée par un lecteur facétieux au début du mois de juillet : "Vétérini Ministre de la Magie !" Il avait fallu un bon bout de temps aux rédacteurs de la Gazette pour comprendre qu'il s'agissait d'un canular, et que Vétérini était (heureusement pour le monde sorcier, un seul manipulateur en chef suffisait) un personnage parfaitement fictif. En tout cas, dans leur univers.
Les Dursley, une fois de plus, avaient laissé Harry seul à la maison pour partir se promener. Leur sortie était prévue de longue date et leur neveu avait expédié un petit mot à Sarah pour la prévenir de cette heureuse occasion. Il avait envie de parler avec elle des récents développements de la situation, et l'échange de courrier par hibou, dans ces conditions, ne valait décidément pas le téléphone. Afin d'éviter toute suspicion de la part des Dursley, il avait été décidé que Sarah passerait l'appel. Les deux Serpentard auraient sans doute beaucoup de choses à raconter, mais les bénéfices records engrangés par la société Naja autorisait la jeune fille à faire grimper un peu la facture.
A l'heure dite, le téléphone sonna et Harry entama sa session estivale de complots et cabales. Le premier sujet d'importance fut naturellement l'élection d'un nouveau ministre de la magie.
- Alors ? demanda avidement Sarah. Que dit la Gazette ? J'ai été en voyage pendant tout le mois dernier, je n'ai pas eu l'occasion de la lire.
- C'est très consensuel et assez peu détaillé, répondit Harry. Notre nouveau patron s'appelle Rufus Scrimgeour, il a cinquante-quatre ans et jusque-là il dirigeait la brigade des aurors, mais ce dernier point, je le connaissais déjà. J'ai croisé Scrimgeour au ministère en allant à mon audience, l'année dernière.
- Et il fait quelle impression ? s'enquit Miss Cobbyte.
- Tu rentres la tête dans les épaules, tu te colles le dos contre le mur et tu disparais très vite. Je me souviens que par rapport à la plupart des sorciers, il a une sacrée carrure. Sinon, Arthur Weasley n'en disait que du bien, et comme c'est un auror, il y a peu de risques qu'il néglige notre problème courant.
- Ouais ; c'est peu pour déterminer si nous coopérons activement ou pas avec ce monsieur, grommela Sarah. T'as autre chose ?
- Vaguement. J'ai demandé à Ginny si elle avait d'autres détails, et elle a réussi à dénicher deux ou trois informations. Apparemment, c'est un apprenti mangemort nommé Parnbroke qui lui a bousillé la jambe pendant une attaque contre un responsable du département de la coopération internationale.
- Jamais entendu parler de ce type.
- C'est normal... Il n'a plus jamais eu l'occasion de faire parler de lui ensuite. A part ça, notre nouveau ministre a fait ses classes à Serdaigle.
- Hein ? s'étonna Sarah.
- Ce qui n'est pas très évident évident quand on voit le blason de sa famille. Il serait un descendant direct de Godric Gryffondor que ça n'aurait rien d'étonnant. Mais heureusement, il n'est pas du tout du genre à foncer sans réfléchir. Tout le contraire, en fait. Il paraît que c'était le grand planificateur du bureau pendant la première guerre.
- Ah, ça c'est cool. On va peut-être pouvoir en faire quelque chose.
Harry laissa échapper un rire. C'était tellement typique de Sarah, parler d'influencer le ministre de la magie comme s'il s'agissait juste d'un copain de classe. Il revint ensuite au sujet en cours avec la dernière pièce d'information qu'il avait réussi à obtenir sur le compte du nouveau ministre.
- Et figure-toi qu'il a repris Percy, en prime !
- ? Mais pourquoi ?
- Il semblerait, d'après Ginny, que son frère a créé un système de classification et d'encodage des informations extrêmement efficace, puisqu'il n'a aucun mal à retrouver ce qu'on lui demande en moins de deux, mais que personne d'autre n'arrive à s'en dépêtrer ! s'esclaffa Harry. Rien que pour ça, ils sont obligés de le garder ! Ceci dit, je soupçonne autre chose, parce que cette seule raison est un peu faible.
- En effet, approuva Sarah. Tant mieux pour lui. Et toi, qu'est-ce que tu deviens ?
Harry hésita un instant avant de lui répondre.
- Dumbledore passe demain. J'ai bien sûr prévenu les Dursley, mais j'ai presque l'impression qu'ils ne m'ont pas entendu. Pourtant, je l'ai dit assez fort.
- Sois chic, pense à empoisonner le thé du vieux quand il en demandera.
"Clic"
Harry considéra un instant le combiné, puis le reposa avec une expression fataliste. Il se dit qu'il n'avait pas besoin de risquer Azkaban pour se débarrasser du directeur. Tant de personnes devaient avoir envie de le faire pour lui...
Il regagna sa chambre pour terminer un devoir de métamorphose qui traînait - même après les derniers événements, le professeur McGonagall n'avait pas oublié de "gratiner" ses élèves. Le reste de ses devoirs d'été s'empilait soigneusement sur un coin de son bureau, coincé sous un livre de runes. Hedwige était dehors pour le moment, occupée à porter une lettre chez Blaise. Après avoir écrit un paragraphe de plus, Harry décida qu'il valait mieux se soucier de faire sa valise. Le temps qu'il devait passer chez les Dursley était presque écoulé ; si Dumbledore ne l'emmenait pas avec lui le lendemain, des membres de l'Ordre viendraient sans doute dans les jours qui suivraient. Il repêcha ses vêtements de sorcier, éparpillés à travers la pièce, les replia et les déposa dans la valise. A son arrivée à Privet Drive, Harry les avait envoyés voler à travers sa chambre dans un effort malheureusement vain pour faire retomber la pression. Les révélations forcées de Dumbledore, le combat au ministère, la mort de Lupin... cela faisait trop, beaucoup trop à recevoir d'un seul coup. Il s'était contenté de banalités dans les lettres qu'il avait écrites à ses camarades. Il préférait ne confier ses véritables problèmes qu'au téléphone de Sarah. La présence attentive et discrète de Lupin lui manquerait plus que jamais... Restait Rogue, bien sûr, mais Harry ne pouvait en aucun cas lui écrire ni tenter une autre forme de contact. Il lui faudrait attendre de revenir à Poudlard ou, au mieux, au quartier général de l'Ordre. Une pile de chemises prit à son tour place dans la malle tandis que Harry faisait des plans pour échapper à Sirius pendant son futur séjour à Grimmauld Place. Sans l'ombre d'un doute, son parrain aurait repris ses habitudes avec la bouteille et le jeune homme craignait que la moindre allusion au triste sort de Lupin ne déclenchât un accès de colère. Il espérait pouvoir résider ailleurs. Au Terrier, par exemple. Depuis que Ron avait "vu la lumière", il était nettement plus plaisant à vivre. Ses actions au ministère avaient prouvé qu'il pouvait être courageux sans être impulsif, et malgré les réflexions incrédules de ses frères jumeaux par la suite, il s'était contenté d'afficher un petit sourire satisfait. Décidément, la compagnie des Serpentard lui faisait beaucoup de bien, quoique pût en dire Fred, ou George, ou Sirius.
