Un début court et sans rapport apparent avec le sujet.

La suite est pour plus tard... Si vous le voulez, évidemment.


« Reviens, saleté de carne démoniaque! »

Depuis combien de temps ce cinglé me suit-il? Depuis combien de temps suis-je obligée de galoper pour essayer de lui échapper? Une demie-heure, une heure? J'ai perdu le compte.

Il a plu la nuit dernière, un véritable déluge qui n'a cessé qu'à l'aube. À cause de cela, je suis couverte de boue des sabots au poitrail. Le cheval qui me suit va finir par rouiller s'il continue trop longtemps. Peu m'importe ce détail pour le moment, mon souffle me brûle les bronches et j'ai peur que mon coeur n'éclate tant il bat fort contre mes côtes.

Un précipice! Je freine des quatre fers (que je n'ai pas) et me retourne pour faire face à mon poursuivant. Derrière moi, une descente presque à pic hérissée de rochers et de buissons décharnés qui tendent leurs branches comme des griffes. Mon adversaire m'a presque rejointe, il lève son fusil et je me prépare à charger. Une licorne ne se rend jamais sans combattre. Il va savoir ce qu'il en coûte de m'insulter.

C'est quoi ce craquement? Je suis trop lourde pour le plateau sur lequel je me trouve. Un nuage de poussière m'entoure et le craquement devient grondement de tonnerre. Sans avoir le temps de comprendre ce qui m'arrive, le sol se dérobe sous moi et je suis emportée par les pierres, je roule avec elles sans pouvoir m'arrêter. Du coin de l'oeil, j'aperçois un énorme rocher pointu presque en bas de la pente, droit sur ma trajectoire avant d'atterrir dessus. Je sens mon flanc s'ouvrir et mon sang couler, la douleur m'arracha un hurlement. Dans un brouillard, j'entend vaguement un fusil cliqueter puis le coup de feu. Un choc me fait sursauter: mon agresseur a voulu m'achever avec une balle en argent bénite, si j'en juge par la brûlure qui m'irradie tout le côté. Une chance pour moi, la balle s'est plantée dans une côté et pas dans le coeur. Seulement, si personne ne me retire ce poison, je vais mourir. Et je n'ai pas la force de l'enlever toute seule.

Le monde est flou autour de moi, le bourdonnement des mouches attirées par mon sang me semble être un épouvantable vacarme qui me donne mal à la tête... NOIR.