Préambule : Cette histoire est une sequel à "Son âme est pure", mais, le rating étant différent (moins restrictif ici), je ferai en sorte qu'elle puisse se lire indépendamment de cette dernière.

Disclaimer : Comme d'habitude, je ne détiens la propriété de rien de ce qui est écrit ici.

Il faisait nuit noire quand Damon gara sa coupée bleue à son emplacement dans l'allée devant le manoir des Salvatore et éteignit le moteur. Il descendit de la voiture et se présenta en une fraction de seconde du côté passager pour ouvrir la portière à Elena avant qu'elle ait eu le temps de le faire elle-même, ce qui arracha un sourire à la jeune fille.

Gênée par sa longue robe de soirée, elle prit avec plaisir la main qu'il lui offrit pour l'aider à sortir de la voiture et, en silence et enlacés, ils marchèrent lentement le long de l'allée vers la demeure. Ils venaient de quitter la soirée annuelle des Fondateurs où tout Mystic Falls se retrouvait pour commémorer le passé, et, accessoirement, danser et s'amuser au nom de cette organisation dont seule une poignée d'initiés en connaissait le rôle exact.

Une paix relative régnait dans la petite ville depuis le départ de Stefan avec Klaus, et Elena avait emménagé dans cette demeure devenue beaucoup trop grande et silencieuse pour Damon, laissant Jenna et Alaric installer leur propre nid tranquillement et s'occuper de Jeremy.

Comme ils s'approchaient du porche, Damon arrêta tout d'un coup les petits baisers qu'il était en train de déposer dans le cou d'Elena lorsqu'il aperçut du coin de l'œil, en dépit de l'obscurité, une forme sombre sur le sol devant la porte.

De son bras, il poussa Elena derrière lui et se rapprocha de la silhouette pelotonnée sur le dallage dur et froid de l'entrée. Il se pencha et étendit son bras comme pour toucher l'épaule de l'inconnu, mais, avant même que sa main ne le toucha, il avait reconnu l'odeur familière de la personne, de même que ses cheveux châtains.

« Stefan ? », demanda-t-il avec étonnement en même temps qu'un mauvais pressentiment diffus d'immisçait en son esprit.

Au contact de sa main sur son épaule, Stefan se réveilla en sursaut et se redressa d'un coup. Il leva en plissant les yeux ensommeillés vers son frère, puis jeta des regards hagards autour de lui, comme désorienté.

Damon s'accroupit et lui apposa ses deux mains sur les bras, essayant de capter son attention. « Qu'est-ce qui se passe, Stefan ? Qu'est-ce que tu fais là ? Où est Klaus ? »

Stefan ne semblait pas l'entendre, se contentant de dire, comme s'il venait juste de le reconnaître. « Damon ? Je suis rentré à la maison ? ». Cela ne sonnait pas exactement comme une question. Plus proche d'une affirmation, d'un constat.

L'étrangeté de la situation rendit Damon perplexe. Cela faisait des mois que Stefan était parti en compagnie de Klaus, et, de temps en temps, il lui envoyait de ses nouvelles. Que ce soit un coup de téléphone le soir de Noël, ou une carte de vœux pour son anniversaire, ou alors par un simple SMS, Damon était rassuré que son petit frère vivait un bonheur total avec son surprenant compagnon.

Il regarda autour d'eux. Il n'y avait pas de bagage, aucune valise. Et aucune trace de Klaus. Damon releva son frère qui se laissait faire, en même temps qu'Elena s'approchait.

« Hey, Stefan ! Ça va ? » lui demanda-t-elle avec sollicitude.

« Elena ? ». Stefan la regarda bizarrement, comme s'il n'arrivait pas à la reconnaître tout-à-fait.

« Allez, viens. Rentre. On parlera après ». Damon ouvrit la porte et commença à faire entrer Stefan en l'entraînant par le bras, mais ce dernier buta contre le seuil et ne put le suivre à l'intérieure de la demeure.

« J'ai été bloqué. Pas pu entrer », dit Stefan d'un ton plaintif et penaud, expliquant pourquoi il avait dormi sur le pas de la porte.

Damon grimaça un sourire. « Ah, oui. J'ai oublié. Il y a eu un petit peu de changement pendant ton absence. Elena, s'il-te-plaît ».

La jeune fille se tourna vers Stefan avec un petit sourire d'excuse avant de l'inviter à entrer d'un geste de sa main. « Stefan, si tu veux bien entrer chez toi … »

Stefan pénétra dans le living room à la suite de son frère et d'Elena d'un pas hésitant, un peu comme s'il ne se sentait plus habitué à l'endroit. Pendant que Damon se dirigeait droit vers le bar et entreprit de leur servir à boire, il restait indécis au milieu de la pièce, jusqu'à ce qu'Elena lui proposa un des canapés moelleux sur lequel il s'assit en restant sur le bord, sans se laisser aller.

« Tu prendras bien un verre avec moi ? », demanda Damon en mettant des glaçons dans deux verres sans quitter son frère des yeux. Le comportement de Stefan lui semblait étrange sans qu'il sût exactement ce qui clochait.

« Merci, mais … si ça ne te dérange pas, est-ce que je pourrais plutôt avoir un peu … euh … de sang ? », demanda ce dernier timidement en passant le bout de sa langue sur ses lèvres sèches, ses mains entre ses genoux s'entortillant nerveusement.

Damon lui jeta un regard aigu. « Bien sûr. Elena ? ».

La jeune humaine comprit qu'il n'avait pas envie de la laisser seule avec un Stefan apparemment affamé, et s'en alla descendre au sous-sol chercher du sang. Damon observa discrètement son frère en s'asseyant sur un fauteuil à côté de lui, son verre de bourbon à la main.

Il le trouvait subtilement changé. Stefan était vêtu d'une élégante chemise noire à la coupe très ajustée qui mettait en valeur ses larges épaules et sa taille fine, rentrée dans un jean noir de grande marque qui faisait assez habillé. Ses vêtements épousaient les lignes de son corps de manière raffinée et changeaient sa silhouette agréablement des tenus décontractés aux tons neutres qu'il avait l'habitude de porter. Et, alors que Stefan ne mettait jamais de bijou à part sa fonctionnelle bague en lapis lazuli, il avait à son poignet un fin bracelet en argent souple en maille tressée.

Et il semblait aussi avoir gagné un peu de muscle. En tout cas, il n'avait plus cet air d'anorexique de quand il était sous régime animal pur. Mais le visage de Stefan révélait sa lassitude, traits creusés, yeux rouges, teint exsangue, comme s'il n'avait pas dormi ni mangé depuis longtemps. Et surtout, une expression hébétée, comme vidé de l'intérieur.

Comme Damon s'approchait de son jeune frère, il nota la réaction de recul presque imperceptible de ce dernier qui le regardait à la dérobée avec des yeux vaguement inquiets, presque craintifs. Des questions lui brûlaient les lèvres, mais Damon décida de les garder pour plus tard, le temps de mettre son frère à l'aise. Au bout de quelques instants de silence, Stefan lui demanda, avec une expression comme étonnée, voire … douloureuse ?

« Elena et toi, vous êtes … ensembles ? Elle vit ici avec toi maintenant ? ».

Damon scruta son frère de son regard appuyé et mit un moment avant de répondre simplement : « Oui ».

Il n'ajouta rien sur le fait que Stefan était censé être au courant de la situation depuis un bout de temps déjà, car il vit le regard de ce dernier se troubler à nouveau et son visage reprendre son expression absente comme si ses pensées l'avaient déjà amené ailleurs.

Les yeux de Stefan reprirent un peu de vivacité lorsque Elena revint avec deux poches de sang que Damon lui prit des mains et en versa le contenu d'une dans un verre. Il sentit ce faisant que Stefan ne quittait pas des yeux la poche de sang.

« Depuis combien de temps ne t'es-tu pas alimenté ? », demanda-t-il en lui tendant le verre. Sans lui répondre, Stefan le lui prit de ses deux mains comme si sa vie en dépendait et le but avidement. Quand il eut vidé son verre jusqu'à la dernière goutte, manquant juste d'en lécher les parois, il leva les yeux vers Damon avec expectation en passant sa langue à nouveau sur ses lèvres pour y recueillir les dernières traces de sang, mais sans oser vraiment redemander.

« Encore ? », suggéra Damon, répondant à sa requête muette, en ouvrant la deuxième poche de sang. Stefan se contenta de hocher la tête avec reconnaissance et de tendre son verre pour que son frère le remplît à nouveau.

Lorsqu'il eut fini le deuxième verre, il le reposa sur la table basse et regarda alternativement Damon et Elena, qui s'était assise sur l'accoudoir du fauteuil de ce dernier, s'appuyant à moitié sur lui.

« Merci », dit-il poliment, avant de se tourner vers son canapé, l'air soudain très fatigué. « Je crois que je vais dormir un peu si vous voulez bien », murmura-il avant de s'enfoncer dans les coussins moelleux et ferma les yeux sans demander son reste, mais Damon se pencha pour l'interrompre en le secouant :

« Attends, Stefan. Tu ne m'as pas répondu. Où est Klaus ? Et pourquoi es-tu là ?»

Stefan rouvrit ses grands yeux verts avec un effort visible, et, levant vers son grand frère un regard où se lisait la plus totale confusion, il lui demanda en fronçant ses sourcils : « Klaus ? Qui est Klaus ? ».