Yo ! Je suis dans une grande période 'Recueil d'OS sur les cinq sens', parce que c'est un truc auquel je pensais depuis longtemps mais à chaque fois j'avais plein d'idées et du coup je ne savais pas lesquelles écrire … J'ai donc décidé de faire plusieurs recueils, par couple. À ce jour, j'en ai trois d'ouverts, plus celui-ci, le quatrième (les trois premiers sont sur Kingdom Hearts).
Bon, je voulais écrire un truc sérieux mais fuck off ça ressemble pas à grand-chose. Et c'est un peu mièvre. J'espère que ça vous plaira quand même !
Bonne lecture !
5 Sens OS 1 : L'ouïe
Vroum-vroum
Il y a des signes. Des signes qu'on repère, qu'on appréhende, des signes auxquels on s'habitue. Edward en avait un, de signe. Ou plutôt, un signal. Mais il n'était pas sûr de pouvoir jamais s'y habituer.
Flûte, ça rend la première phrase vraiment con, tout ça.
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Vroum-vroum.
'Vroum-vroum' désigne ici le bruit d'une moto, quoique ce dernier ne ressemble pas le moins du monde à l'onomatopée. Ne disposant pas des moyens de joindre à ce texte du son, nous prions les lecteurs de bien vouloir faire preuve d'un chouï d'imagination et de faire comme si, lorsqu'ils ont 'Vroum-vroum' sous les yeux, ils entendaient vraiment une voiture.
Faisons un test :
Vroum-vroum.
Oh putain les cons … Non, ça ne veut pas dire que vous devez regarder par la fenêtre pour voir s'il y a une voiture ! Revenez ! Ohé ! Voilà. Bon, euhm, juste, ça ne sert à rien d'arrêter de lire, l'histoire est forcément sur votre ordinateur. Voilà. Eh bien, maintenant que tout le monde est là (ceux qui sont restés à la fenêtre, malheureusement, je ne peux plus rien faire pour eux), commençons l'histoire :
Vroum-vroum.
Edward releva la tête de son livre, peu sûr de s'il devait étrangler ou étriper le petit malin qui faisait résonner le moteur de sa bécane sous sa fenêtre (et on précise bien qu'il s'agit de la fenêtre d'Edward, mademoiselle ? Est-ce que vous êtes dans la chambre d'Edward ? Non ? Alors rasseyez-vous ! Oh, je déteste ce job).
Il décida de faire abstraction, ce qui lui réussissait d'ordinaire plutôt bien, quand le bruit recommença, plus fort encore. Était-il seulement possible d'augmenter le bruit d'une moto, comme pour une radio ? Décidé à mettre en miette quiconque dérangeait sa concentration pourtant légendaire, il se rua à sa fenêtre et ouvrit grand le bouche.
« Vous allez arrêter de foutre le bordel bon sang d'bois ? »
Mais tout ce qui lui répondit fut un sourire malveillant.
« Je te dérange, minus ? »
Envy. Envy, à moitié à poil pour changer, fièrement assis, les jambes insolemment écartées sur une moto noire et verte, d'aussi mauvais goût que l'habillement du personnage. Edward partit au quart de tour, parce qu'il y a des choses qui nous suivent à jamais.
« Qui est aussi rikiki qu'un boulon de ta sacrée moto, enfoiré ?
—Tout doux minou.
—Qu'est-ce que tu fiches là, Envy ?
—J'avais envie de venir te voir.
—Bah tu m'as vu, bouge.
—Mais je m'ennuie …
—Promène-toi.
—J'ai mal aux jambes.
—T'as une moto.
—J'aurais bientôt plus d'essence.
—Alors lis un bouquin.
—J'ai une gueule à lire ?
—Mais je sais pas trouve un truc !
—J'ai trouvé un truc.
—Génial.
—Toi. »
Fichtrement énervé, l'alchimiste ferma la fenêtre en un grand claquement. Il reprit son livre à la page où il l'avait laissé, puis relut pour la cinquième fois le même paragraphe.
Vroum-vroum.
De nombreuses choses for peu catholiques passèrent à travers les lèvres du blond, qui fut bien forcé à rouvrir a fenêtre. Envy souriait toujours. Il tenta par deux fois d'échapper à l'homonculus, qui toujours trouvait le moyen de le distraire – le plus souvent son moteur, parfois des cailloux contre la vitre, une autre fois il se transforma en oiseau pour cogner du bec contre la fenêtre – et il finit par bavasser jusqu'à la tombée de la nuit avec cet être étrange. Quand il s'endormit presque sur le rebord de sa fenêtre, Envy le quitta, et Edward pourrait jurer l'avoir entendu dire bonne nuit.
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Vroum-vroum.
Ce bruit lui était à présent familier et maintenant qu'il pouvait en distinguer la mélodie désagréable même dans le silence, il ne pouvait s'empêcher de l'associer à une idée abstraite, qui le taraudait sans relâche. Ce qui le taraudait aussi sans relâche, c'était l'être assis sur la moto.
« Encore toi ?
—Je t'ai manqué ?
—Au moins autant qu'un cancer.
—Ah, c'est vrai, on a beau s'en débarrasser une fois, et travailler avec minutie dessus, ça renvient toujours. »
Oh, c'était léger, mais Edward était absolument certain qu'il devrait pouvoir s'insurger quant à une remarque faite sur sa taille.
« Tu veux pas descendre ? Même s'il est vrai que tu es déjà bas de base.
—Qui est tellement minuscule que même en haut d'une tour il est plus petit que toi ?
—Voyons, Fullmetal, je n'ai rien dit de tel. Mais si c'est comme ça que tu te vois …
—Tu comptes rester là longtemps ?
—J'ai toute l'éternité devant moi. »
C'était une répartie comme une autre, mais associée à la réalité que cela pouvait avoir pour Envy cela rendait presque la réplique … triste. Ce fut peut-être pour ça que cette fois, Edward ne tenta même pas de refermer la fenêtre. Ou peut-être parce que ça n'était pas si désagréable de parler, simplement, de trop loin pour se frapper mai assez proche pour se regarder franchement.
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Vroum-vroum.
Vroum-vroum.
Vroum-vroum.
Ce bruit, définitivement, inspirait à Edward une chose qu'il ne saurait nommer. Bien entendu, il y avait l'agacement, mais au-delà de ça, plus profondément … il arrêta ses recherches – et le jet d'eau – pour crier.
« Putain je suis sous la douche enfoiré !
—Si tard ? Comment cela se peut-il? Tu es rentré très sinueusement dans la cabine, dis-moi.
—Jolie tentative, mais ta phrase veut plus rien dire.
—Le premier était bien. »
Edward ne l'admettrait pas, mais il était plutôt d'accord. Il en avait presque glissé sur son savon. Il quitta la salle de bains et enroula une serviette autour de sa taille avant de rejoindre la fenêtre, laissée ouverte pour le retour des beaux jours.
« C'te vue, bon sang … »
Edward chercha un jeu de mot quelconque dans les yeux de l'homonculus, mais ne trouvant rien, il dut bien se contenter de rougir. Semblant se redonner contenance, le brun continua.
« Tu as un très joli grain de peau. »
Ça ne ressemblait pas à un compliment ordinaire. Le blond, plutôt gêné, allait rentrer se couvrir mais l'autre poursuivit.
« Aussi lisse qu'un galet. C'est ça, tu as une peau de grain-galet.
—C'est particulièrement mauvais.
—J'voudrais bien t'y voir, toi !
—Si tu en as vraiment envie je peux tester d'évacuer mon stress comme ça.
—Toi, tu cherches la p'tite bête.
—Tu m'indisposes.
—Je te cours sur le haricot, haricot ?
—Je ne suis pas un fichu haricot !
—Compte dessus et bois de l'eau.
—L'eau mon cul l'use pour se laver.
—Et tu parles de mes phrases qui veulent rien dire ? Mais jolie spontanéité. Je te trouvais un peu timide au début.
—Je crois que l'évolution est le propre du vivant. »
Envy grimaça. Edward se dit que ça n'était peut-être pas judicieux, d'exclure le brun de ce domaine. Mais ce qu'il avait … ça n'était pas vraiment vivre, si ? Avec un soupir, l'homonculus sortit du coffre de sa bécane un paquet de cigarette et en alluma une.
« Depuis quand tu fumes ?
—Depuis quand ça peut t'intéresser ? »
Edward leva les yeux au ciel, notant que son vis-à-vis s'était mis sur la défensive. Après un long silence, le blond prétexta quelque chose à faire, et Envy le laissa quitter la fenêtre sans même essayer de l'en dissuader.
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Vroum-vroum.
« Ça va, j'suis là.
—Descends.
—Pour quoi faire ?
—Fais pas chier, et descends, ou j't'éclate la gueule jusqu'à ce que ton corps entier rentre dans un pot de confiture. »
Edward haussa les sourcils à la menace facile. Envy, en bas, semblait agité. Quand Edward le rejoignit, plus par curiosité qu'autre chose, l'homonculus lui tendit un casque et de grosses lunettes de cuir. Voyant que l'humain n'allait pas s'en emparer, il les lança, et Edward n'eut d'autre choix que de les attraper, réflexe oblige. Et puis il aurait eu l'air con à juste les regarder tomber sur ses pieds.
« Monte.
—C'est quoi ce plan ? »
Vroum-vroum.
Edward sentait la vibration du son dans tout son corps. C'était bien plus fort que d'en haut. Mais ça n'était pas une réponse.
« Sérieusement ?
—Sérieusement, monte et tu verras. »
Pour le show, Envy fit à nouveau rugir son moteur, et le bruit était si plein de ce quelque chose qu'Edward ne reconnaissait toujours pas qu'il finit par enfiler casque et lunettes, évitant de justesse de demander à Envy de mettre autre chose que les lunettes. Ça ne servait à rien, et ça risquait de le mettre de mauvaise humeur – déjà que de bonne humeur, il était difficilement supportable.
Le son, Edward pouvait à présent le sentir dans ses cuisses, dans son dos, tout le long de sa colonne vertébrale comme un frisson d'excitation. Quand ils s'arrêtèrent pour qu'Envy s'attache les cheveux qui lui masquaient la vue, Edward finit par demander.
« Bon, on va où ?
—À la mer !
—La mer ?
—Ouais, tu sais, la plus grosse flaque du monde. Salée, avec ça.
—Je sais ce qu'est la mer, Envy.
—Eh beh je m'suis dit qu'à force de rester cloîtré chez toi, ça devait te manquer de bouger. Et puis j'voulais la voir.
—La voir … la mer ? T'as jamais vu la mer ? Mais t'as quel âge ?
—Mon âge t'emmerde et puis on n'est pas tous obligés d'aller s'agglutiner sur le littoral non plus ! »
Edward se mit à rire, franchement, sincèrement, comme il avait rarement ri en compagnie de l'homonculus – ou d'un autre homonculus, d'ailleurs – et Envy lui colla une droite qui l'envoya valser, mais malgré la douleur il continua à rire. Le vroum-vroum finit par reprendre et quand il s'arrêta après les avoir conduit jusque la mer, Edward se souvint de ce que ça lui rappelait. Les yeux d'Envy s'émerveillaient malgré lui du soleil qui se reflétait sur les vagues, l'odeur d'iode et de cuir, le bruit des roues sur le sable, la musique du ressac. Le vroum-vroum, c'était le début d'un long voyage, la découverte.
Oh, Edward avait déjà vu la mer. Il avait déjà vu beaucoup de choses, découvert beaucoup de pays. Mais ce vroum-vroum là, plutôt que de l'amener vers une contrée lointaine, lui faisait découvrir un Envy qu'il n'avait jamais vu.
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Voilà, j'espère que ça vous aura plu, laissez-moi un commentaire pour dire ce que vous en avez pensé !
