Promenade au parc

La scène se passe dans le monde parallèle de l'épisode 6 de la saison 7, un an après que Castle et Beckett se soient rencontrés pendant l'affaire de l'artefact.

Suite à la fusillade, Castle a été hospitalisé et s'est rétabli. Kate a pris de ses nouvelles pendant son hospitalisation, puis ils ont chacun repris leurs vies de leur côté, Castle pour se remettre de l'échec de son roman « raté » et Kate par peur de faire évoluer leur relation.

Le destin va-t-il les réunir de nouveau ?


En ce mardi après-midi ensoleillé, Kate Beckett avait jugé qu'une promenade au parc s'imposait, quelles que soient les péripéties qu'elle doive endurer pour ranger la poussette de Carla dans le coffre de sa voiture. À présent, la petite lui souriait et babillait, heureuse de la promenade, et Kate lui répondait avec une voix de maman gâteuse tout en gardant un œil sur le chemin. Elle avait déjà bousculé deux ou trois personnes, trop absorbée par l'enfant, et subir les remontrances d'une grand-mère aigrie n'était pas son passe-temps favori. Si encore c'était un bel homme… pensait elle souvent, mais la poussette faisait souvent peur aux promeneurs masculins. Un cri de Carla la sortit de ses pensées.

« Ah oui j'allais oublier le goûter. Je sors le plaid et on s'installe, princesse. »

La petite frappa des mains, enchantée. Assises sous un arbre au bord d'une allée plus calme, Kate fit manger un yaourt à la fillette, qui s'amusait avec la cuillère. En un éclair, le visage de Kate fut constellé de tâches « à la fraise », ce qui fit rire Carla. D'abord perplexe, la jeune femme éclata de rire à son tour. Cette enfant était son rayon de soleil, sans aucun doute.


Richard Castle parcourait une fois de plus Central Park, les mains dans les poches de son veston, observant le monde pour extraire de ces scènes de vie une idée novatrice. Depuis un an, il écrivait régulièrement, plus ce qui lui passait par la tête qu'un roman, mais ce pouvait être un début pour renouer avec les mots. C'était sa mère qui faisait tourner la maisonnée, comme il l'avait fait après que son dernier beau-père en date se soit envolé avec les économies de Martha. Elle lui avait assuré que c'était un juste retour des choses, et que le voir remonter la pente chaque jour était tout ce qu'elle désirait. Alexis avait repris ses études, elle ne savait pas encore ce qu'elle voulait faire mais elle savait que ce serait dans une université près de New York, et de son père. Il pensait à elle chaque fois qu'une petite fille courait devant lui, et un sourire fleurissait sur son visage. Elle se fichait qu'il ne publie plus, elle le lui avait dit avec sagesse : « occupe-toi de toi d'abord, on verra pour les fans après. » Pour le moment, il s'occupait de lui…

Il sursauta au son d'un rire cristallin. Tout était calme dans ce coin, et cette douce mélodie fit s'accélérer les battements de son cœur. Pourquoi ? Un rire n'était pas une menace, alors pourquoi cette tension dans son corps ? Il chercha autour de lui, puis il la vit même de loin, l'image de sa silhouette et son rire se synchronisèrent et une douce chaleur s'ajouta à la tension : c'était elle. Il ne l'avait jamais entendue rire, pourtant il sut que c'était elle.

Il mit du temps à remettre de l'ordre dans son esprit, à réaliser que Kate Beckett était assise à quelques mètres de lui, toujours aussi belle, riant tout en donnant à manger à un bébé. Il avait en même temps envie de courir la prendre dans ses bras, heureux de l'avoir retrouvée, et de fuir dans la direction opposée avant qu'elle ne le voit. Ses pensées sombres reprirent le dessus : il pouvait constater qu'il n'avait pas avancé malgré ce que disaient sa mère et sa fille, son année passée était vide. Alors qu'elle avait construit quelque chose, elle avait un enfant ! Il ne voyait pas bien, il ne savait pas quel âge elle pouvait avoir (poussette rose, c'est une fille) et ne voulait pas le savoir. C'était comme une trahison, il y a un an ils étaient tous les deux proches dans leur solitude et elle l'avait abandonné pour le bonheur… Il bifurqua, dépité, mais le mouvement attira la policière :

« - Castle ?! »

Elles n'étaient pas aussi loin qu'il ne le pensait. Il se composa un visage neutre-mais-pas-trop-indifférent et s'avança vers elles.

« - Beckett !… répondit-il lorsqu'il fut près d'elle.

- Asseyez-vous, elle ne va pas vous manger ! dit-elle en voyant le regard qu'il posait sur l'enfant. Elle s'appelle Carla, ajouta la jeune femme alors qu'il s'installait en face d'elles.

- Eh bien, bonjour Carla… »

Une fois de plus il perdait ses mots face à la jeune femme, bien qu'elle soit à cet instant si différente de la capitaine de police qu'il avait côtoyée. Quelque chose en elle le poussait à être silencieux, à l'observer plutôt que de se perdre dans des discussions vides de sens, mémoriser chaque trait de son visage. Cette aura qu'elle dégageait déjà auparavant était accentuée par ses gestes et ses regards maternels envers la petite. Il avait l'impression d'être face à un tableau hyperréaliste représentant le bonheur simple de la mère et son enfant. Kate l'observait aussi, essayant de lire ses pensées sur son visage, de deviner s'il attendait qu'elle parle. Peut-être ne s'était-il approché que par politesse, parce qu'elle l'avait appelé. Elle aimait ses silences, mais après une si longue absence cela la déroutait. Un instant elle regretta, elle aurait dû s'en tenir à ce qu'elle s'était promis un an auparavant…

« - C'est votre fille ? l'interrogea-t-il, la sortant de ses pensées.

- Si j'avais été enceinte de 7 mois quand nous nous sommes rencontrés, je crois que vous l'auriez vu ! s'amusa-t-elle. »

Voyant qu'il baissait la tête, gêné, elle ajouta :

« - C'est ma filleule, la fille de Lanie, notre médecin légiste. Elle s'occupe aussi très bien des vivants, surtout de sa fille, donc Carla est grande pour son âge.

- Elle a aussi une super marraine-capitaine, alors elle est bien entourée, répondit Castle rasséréné par les explications de Kate. Et ne me dites pas le contraire, ça se voit à la façon dont elle vous regarde, lui dit-il attendri.

- Merci, bredouilla la jeune femme, mal à l'aise.

- Et au commissariat tout se passe bien ? Vous êtes toujours au 12ème ? demanda-t-il pour changer de sujet elle apprécia sa bienveillance.

- Oui toujours. C'est un peu ma maison vous savez.

- Et comment vont Ryan et Esposito ?

- Ryan est de nouveau en couple avec Jenny, il aimerait la demander en mariage … répondit rêveusement Kate. Il dit toujours que c'est grâce à vous qu'ils se sont retrouvés.

- À moi ?

- Oui, vous lui auriez conseillé de la rappeler quand « vous » étiez sur l'enquête avec nous il y un an.

- Dans « l'autre monde », dit-il en mimant des guillemets avec ses doigts, ils étaient mariés et avaient une fille. C'est sans doute pour ça que « je» lui ai donné ce conseil. Et Esposito ?

- Il ne parle pas trop de sa vie privée, mais il va mieux… »

Voyant le regard interrogateur de Castle, elle continua :

« - Il était en couple avec Lanie, mais il ne voulait pas faire évoluer leur relation alors ils ont rompu. Quand elle est tombée enceinte il a réalisé qu'il aurait voulu être le père…

- Et depuis il regrette et a du mal à avancer, termina Rick.

- Exactement, répondit Kate."

Elle se perdit dans ses yeux, essayant de savoir s'il parlait aussi de leur « séparation » un an plus tôt. Elle regrettait clairement, mais elle espérait que lui avait réussi à avancer. Elle brûlait de lui demander ce qu'il devenait, mais elle peur d'aller trop loin, de le brusquer. Elle savait cependant qu'elle ne voulait pas le voir disparaître une fois de plus, alors elle se lança :

« - Vous pourriez vous joindre à nous samedi soir, on fête la fin de semaine tous ensembles, Ryan, Espo, Lanie, Jenny… Ils pourraient même vous raconter nos dernières affaires, on a eu quelques cas intéressants pour l'écrivain que vous êtes ! proposa-t-elle avec un sourire, tenant toujours Carla dans les bras.

"Je … je ne peux pas m'incruster, c'est votre soirée… »

Elle avait dit « vous êtes écrivain », au présent !

« - Allez Castle, les Gars m'ont demandé de vos nouvelle plusieurs fois, il seraient contents de vous revoir. Et puis ce n'est pas réservé aux flics…

- Dans ce cas… »

Il ne pouvait pas, ne voulait pas dire non à ce sourire.

« - Ils vont être ravis ! s'exclama Beckett. Et Lanie et Jenny seront heureuses de faire votre connaissance ! »

À cet instant, Rick voyait bien que c'était Kate qui était enchantée, et cela lui mit du baume au cœur : elle se réjouissait de passer du temps avec lui.

« - Ce sera au Old Hunt vers 20h, vous connaissez ?

- Mais je n'ai pas dit oui !

- …

- Je plaisante ! J'y suis allé quelques fois pour écrire, il y a longtemps… J'aimais bien l'atmosphère. »

En vérité elle le savait, elle avait vu sa photo parmi les célébrités qui avaient visité le bar. Enhardie par la promesse de cette soirée, elle osa :

« - Et votre promenade dans le parc, c'est aussi pour l'atmosphère ? Si ce n'est pas trop indiscret … »

Elle venait de toquer à la porte de son jardin secret d'auteur, et il décida de la laisser entrer.

« - Non non, vous avez vu juste Capitaine.

- Je vous en prie, pas de « Capitaine » les jours de congé !

- C'est à cause de l'esprit de déduction. Comment savez-vous ? demanda-t-il, désireux de faire durer la conversation.

- Vous n'attendiez visiblement personne, vous aviez l'air de déambuler sans but tout en observant ce qui vous entourait.

- Et comment savez-vous que je fais ça pour écrire ?

- Je ne le savais pas, je l'espérais, répondit-elle sincèrement. »

Ils se regardèrent, et elle put lire tout la gratitude qu'il ressentait : elle ne doutait pas qu'il se soit remis à écrire et cela lui réchauffait le cœur.

« - Comme j'ai deviné, j'ai droit à une info exclusive ? Je ne dirai rien à personne, et elle non plus, promis, plaisanta Kate en désignant Carla.

- Euh… pour le moment rien de précis. J'ai effectivement recommencé à écrire, mais rien de romancé… lui confia-t-il presque honteusement.

- Ça viendra, le rassura-t-elle en posant sa main sur la sienne. C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas, il y a juste des moments où on a plus d'équilibre que d'autres. »

Ses mots le touchèrent en plein cœur, mais de façon positive, comme une vague de soleil.

« - Il semblerait… Disons que pour l'instant je fais quelques tours de piste pour reprendre la main et reprendre plaisir à pédaler, pour filer votre métaphore.

- Je suis contente pour vous Castle, dit-elle en serrant un peu sa main. »

Ils avaient retrouvé cette connexion, cette paix qu'ils ressentaient au contact l'un de l'autre, et savaient maintenant qu'ils ne voulaient plus perdre ça. Beckett retira sa main pour regarder sa montre et constata qu'il était temps pour Carla et elle de rentrer.

« - Je vais devoir vous laisser Castle, la maman de cette demoiselle va s'inquiéter…

- Bien sûr, acquiesça-t-il. Vous voulez que je vous aide à ranger ?

- Je veux bien oui. »

Ils rassemblèrent les affaires du bébé et plièrent le plaid leurs bras se frôlèrent.

« - Merci Castle. On se voit samedi ?

- De rien Cap…Beckett, se reprit-il. On se voit samedi, confirma-t-il.»

Avec un sourire en plus ! pensa Kate.

« - Bye Castle !

- Bye ! »

Et elle emprunta l'allée vers la sortie Nord en incitant Carla à faire des signes de la main à leur ami. Rick agita la main à son tour, et réalisa qu'un sourire immense étirait ses lèvres lorsqu'il vit celui de Kate disparaître au loin.

L'écriture romancée reprendrait peut être plus tôt que prévu, finalement.


Petit OS que j'ai retrouvé dans mes documents alors que j'essayais de me changer les idées... C'est une alternative à la fin de ma fic précédente, mais je n'ai pas eu le courage de mettre "sur papier" toutes les idées qui en découlaient (il y en avait un paquet ...).

Merci beaucoup de m'avoir lue, j'espère que ça vous aura plu. N'hésitez pas à laisser un petit message pour me dire ce que vous en pensez, ça fait toujours plaisir :)

Encore merci d'avoir lu !