Elle venait juste d'en finir avec son labeur exténuant d'émotion, enfin, on pouvait surtout affirmer qu'elle avait fait de son mieux, tout comme pour ces derniers mois. Elle n'avait plus la motivation de faire correctement ses autopsies. Elle avait même fait une erreur qui aurait pu se révéler grave pour l'enquête en cours. Une erreur qui aurait pu profiter à un meurtrier.

Elle faisait aussi déchanter ses employés en les châtiant continuellement de leurs incompétences alors que c'était elle-même qui était en partie fautive. Elle était désagréable avec tout ceux qui lui demandait si tout allait bien, les faux sourires, cela la lassée. Ce qui l'irritait plus que tout, ce fut qu'elle n'était pas celle la plus à plaindre, néanmoins, elle ne supportait cette compassion exubérante. Cela la mettait hors d'elle, alors elle se contenta de sourire faussement et de remercier, pour partir au plus vite de cet atmosphère étouffant, qui ne cessait de la poursuivre où elle s'échappait.

Ce n'était plus comme avant, ce ne le sera jamais. Elle n'était plus la même : La droite et impassible reine des morts. Non, elle était dorénavant la reine de la froideur et de l'autodérision, une image que personne ne lui aurait prêté à ce jour. Elle s'exprimait plus ouvertement, elle se révoltait volontairement ou donnait son opinion. Elle n'était plus la docile docteur Isles.

Toutefois, malgré ces changements dont on aurait pu dire une amélioration, elle n'était plus la même. Après ces tragiques événements qu'elle avait vécus. La ferveur d'aller au commissariat s'était amoindri au fil du temps. Elle n'arrivait plus à se concentrer, à être à cent pour cent de sa forme. Elle avait essayé de compartimenter ses émotions comme elle avait appris à en découdre avec les années de sa vie, de les empêcher de s'extérioriser à la scène de tout son entourage, qui affûtait le moindre de ses réactions. Et elle fut parfaite pour jouer cette supercherie, elle ne se connaissait pas à l'art de la tromperie, elle qui était une piètre menteuse, c'était même le comble de l'ironie en y repensant. Mais malheureusement, ce manège ne fonctionna pas quand elle était seule, elle se replia dans son monde de malheur et laissa submerger entièrement sa peine. Elle pleurait souvent loin du regard des autres et s'enivrait de vin à en avoir la gueule de bois le lendemain matin.

Néanmoins, elle ne pouvait pas se le permettre cet écart de conduite aujourd'hui. Elle devait retrouver sa Jane, elle était la seule personne qui lui donnait le courage de ne pas se 'foutre en l'air' comme elle crut entendre l'expression.

Elle chercha dans son sac à main un petit miroir et s'observa son reflet, il n'avait rien à redire, elle était parfaite, sans accroc, sans défaut. Elle préféra tout de même rajouter un peu de rouge à lèvre face à la pâleur morbide qu'elle reflétait, un peu de blush la rendrait moins…cadavérique. Ces artifices qu'étaient le maquillage et fond de teint, avait dissimulés toutes les marques de sa fatigue, souffrance. Maura se sentit de plus en plus nerveuse, elle s'était même changée une dizaine de fois pour venir en ces lieux. Et elle voulait déjà rebrousser chemin, car elle ne se trouvait pas assez bien.

Comme c'était étrange, normalement, elle aurait d'une si grande nervosité pour un premier rendez-vous amoureux. Et elle avait l'impression que c'était pire aujourd'hui, un entretien d'embauche, mélangé à une conversation avec sa mère, non une de ses mères.

Elle tergiversa sur diverses questions les plus absurde selon elle, son parfum sentait-il bon ? Portait-elle un peu trop de sombre ? C'était pour cela qu'elle portait un tailleur jaune, celui dont sa meilleure amie s'est moquée ouvertement, mais dont elle savait qu'elle aimait réellement.

Son cœur était chamboulé, elle dut prendre son propre pouls s'il n'atténua pas rapidement, sa cadence de battement était si effrénée. Elle tenta de réguler sa respiration, par des exercices de relaxation, mais sans résultat concluant. Elle avait l'impression qu'elle pouvait faire un malaise à n'importe quel moment. Puis elle inspira profondément avant de se faire entièrement ensevelir par ses doutes, elle observa son environ printanier. Le temps était magnifique, les rayons du soleil étaient toujours à l'accueil, les oiseaux gazouillaient leur joie, le vent joueur s'amusait à décoiffer sa coiffure qu'elle avait mis du temps à préparer. Les arbres ruisselèrent à son passage et maintenant, elle s'arrêta net quand elle vit cette figure assise sur un banc en bois à ce paysage idyllique. Elle reconnaître entre mille cette longiligne silhouette. Sa respiration se coupa, oui Maura venait de découvrir et peut être un peu trop tard qu'elle aimait Jane Rizzoli. Tout pointait qu'elle ressentait de tels sentiments, mais elle n'y prêta pas attention, ce qui était fort dommageable. Elle n'aurait pas perdue tout ce temps. Cependant, elle ne perdrait plus de temps, elle alla en sa direction de sa meilleure amie avec un magnifique sourire. Elle devait le faire pour elle, non, pour elles.