« Sirius Black »
« Non, nous croyons que c'est trop évident. Nous avons donc pensé à Peter. »
« Mmmh… Loin de moi l'idée de te faire douter de ton ami James, mais je me pose quelques questions sur sa véritable fidélité. »
« Oh… »
« Peut-être accepteras-tu que je confie le secret à une de mes connaissances de confiance ? »
« Oui, c'est une bonne idée… Merci pour tout, professeur Dumbledore, j'ai entièrement confiance en votre jugement. »
Le vieil homme sourit légèrement et soupira.
« Reposez-vous James, on dirait que vous avez enchaîné les nuits blanches. »
Le seigneur Potter rigola doucement et passa une main sur son visage fatigué.
« Vous ne croyiez pas si bien dire professeur, cette situation est assez oppressante et je crois bien que Harry confond le jour avec la nuit. »
« Je vois, c'est normal à cet âge… Bien, je vais vous laisser. Passez le bonjour à Lilly pour moi. »
« Oui, bien sûr. »
Sur ces derniers mots, les deux hommes se séparèrent ne sachant pas que cette discussion aurait d'importante conséquence.
Un ans plus tard…
Peter Pettigrow tremblait comme une feuille sur le sol. Sa respiration était difficile après tous ces endoloris, son corps avait atteint son point de rupture. Il tressaille en entendant la voix sifflante du Seigneur des ténèbres près de son oreille.
« Tu m'avais déjà beaucoup déçu lorsque tu avais omis que, pour pouvoir rentrer chez les Potter, il fallait que ce soit le gardien du secret qui nous dise son emplacement. Et maintenant, tu oublies les plans de l'ordre ?! ». La fin de la phrase était pratiquement dite en fourchelangue. Voldemort était vraiment furieux, et ce n'était généralement pas un bon signe.
« P-pardon m-mon seigneur ! Je ne voulais pas ! »
« … Tu n'es vraiment plus d'aucune utilité. »
« Attendez ! J'ai d'autre information ! »
Les yeux rouges de Voldemort semblaient vouloir lui faire subir un autre doloris pour avoir osé l'interrompre. Mais son seigneur afficha un sourire charmant et dit avec la plus grande politesse qui soit s'il voulait bien continuer. Peter pouvait presque croire qu'il était sincère. Presque.
« D-dans deux jours, c'est Halloween. Pour l'occasion, les Potter vont chez un ami à eux… Maître ! Vous pourriez les attaquer à ce moment-là ? »
Après un très long silence, Voldemort parla enfin.
« Je savais bien que tu n'étais pas si inutile que ça »
Puis le seigneur des ténèbres reparti… De toute évidence, la réunion était finie.
Lilly Potter savait que quelque chose n'allait pas. Après tout, c'est elle qui avait mis en place cette barrière autour d'Harry, il y a deux ans. Elle avait juste informé James de cette protection supplémentaire et personne d'autre. Ce sort était de la magie noire, et les membres de l'ordre ne sont pas vraiment friands de magie noire. Lilly était tombée dessus par pur hasard. Mais si ce sort pouvait protéger son enfant, alors magie noire ou pas, son instinct maternel n'avait pas hésité une seule seconde.
La rouquine se précipita vers son enfant en hurlant son nom. Le sort s'était activé ! Quelqu'un avait attaqué son bébé, son Harry ! Pourquoi l'avaient-ils laissé sans surveillance sur la terrasse extérieure ?! Elle se sentait vraiment irresponsable.
En arrivant dans le jardin essouffler, elle découvrit avec horreur Harry qui pleurait sur le sol de la terrasse avec son front couvert de… De sang ? Lilly sentie son cœur rater un battement. Son enfant était en vie et c'était cela le plus important pour l'instant. Mais le plus choquant, c'était certainement l'homme debout devant Harry.
Malgré son air surpris, elle reconnut sans mal le seigneur des ténèbres. La rouquine c'était retrouver trois fois face à lui après tout. Elle entendit James, Sirius et Remus arriver derrière elle. Ils avaient dû l'entendre crier et apparemment Voldemort choisit ce moment reprendre pied avec la réalité. En les voyant tous les quatre, il semblerait qu'il est préféré partir.
Plus tard, quand Lilly repensa à cet événement particulier, elle se dit que quand tout le monde s'accordait à dire que vous étiez un génie et que vous réussissez tout ce que vous entrepreniez, il est normal d'être confus quand vous vous faîtes repousser par un enfant de un ans.
Et puis ce n'est pas que Voldemort avait eu peur d'eux, il savait qu'ils étaient assez puissants pour le retenir jusqu'à l'arrivée de Dumbledore. Harry en était ressorti miraculeusement avec juste une cicatrice. La plupart de la malédiction avait rebondi. Lilly aurait vraiment aimé que le célèbre Avada Kadavra rebondisse sur ce monstre. Peut-être si l'espace avait été plus petit… Elle soupira, ça ne servait à rien d'y penser.
Tom Riddle s'était toujours senti spécial et supérieur à tous les enfants de l'orphelinat. Il pouvait faire des choses que personne ne pouvait. Quelqu'un comme lui n'avait donc pas besoin de leur attention ou leur stupide amitié. C'est pour cela que, lorsqu'il avait appris qu'il existait d'autres personnes comme lui, les sorciers, il avait reporté tous ses espoirs d'enfants sur ce nouveau monde. Et il ne pouvait pas être plus déçu. Les sorciers se cachaient des moldus comme des chiens. Pourquoi ? Le prédateur ne se cache pas de sa proie non ? Alors pourquoi vouloir garder leur existence secrète quand ils étaient naturellement au-dessus ? Il détestait cela.
En fait, il y avait beaucoup de choses que Riddle détestait, mais ce qui arrivait tout en haut de la liste, c'était très certainement la faiblesse. Surtout si c'était lui qui se sentait faible. Tom se retrouvait là, assis sur un lit dans une pièce bien trop semblable à sa chambre dans l'orphelinat pour qu'il soit à l'aise.
Ses souvenirs étaient flous et il grimaça en repensant à ce qu'il était devenu. Un morceau, juste un minuscule petit bout de ce qu'avait été autrefois son âme. Un horcrux. Au début, tout était noir, tout son monde avait été plongé dans le néant. Puis au bout de… Mille ans ? Trois ans ? Deux jours ? Par Salazar ! Il n'avait aucun moyen pour mesurer le temps. Il reprit des forces et il fut même capable de se créer des illusions à partir des souvenirs qu'il avait conservés. L'univers qu'il avait construit était à son image, terne, poussiéreuse et vide. Il était un psychopathe pleinement conscient de son état psychologique après tout.
Il retrouvait ses forces… Ou plutôt, quelqu'un lui donner les moyens de le faire. Le gamin des Potter. Aussi stupide et risible que cela puisse paraître. La personne qui était responsable de son enfermement ici était également celui qui lui permettait de ne pas perdre le peu de santé mentale qu'il avait. L'enfant lui donnait une part de sa magie et restaurait son âme déchirée. Bien sûr, Tom savait que le gamin ne le faisait pas intentionnellement. Si jamais l'enfant souffrait de malnutrition ou tout autre état qui induisait une perte d'énergie, toute sa magie serait concentrée pour combler l'écart.
De temps en temps, il pouvait voir à travers les yeux de Harry. Le fait de ne pas pouvoir interagir avec le monde extérieur et anéantir définitivement tous ces stupides Gryffondor était une véritable torture pour lui. Tom Riddle détestait vraiment la faiblesse.
Harry avait toujours peur d'aller dormir. Il avait souvent des visions d'une vie qui n'était pas la sienne. Cela ne lui posait aucun problème quand ces visions étaient sur Poudlard et dans la majorité des cas dans la salle de Serpentard. Il avait reconnu les lieux facilement grâce aux nombreux serpents décoratifs et les descriptions de ses parents sur la célèbre école sans oublier que l'emplacement de la salle commune des serpents, près des cachots, était une connaissance assez commune dans la communauté des sorciers. Mais quand Harry avait des visions de lui torturant des inconnus, c'était tout de suite plus effrayant. Le pire dans cette histoire, c'est que cela lui plaisait, ou plutôt cette situation plaisait à la personne dont provenaient les souvenirs. Alors, oui, Harry Potter, neuf ans presque dix, avait vraiment peur d'aller au lit.
D'ailleurs, aujourd'hui n'était pas différent. Cette fois-ci, il se retrouva dans ce vieux bâtiment qu'il avait fini par connaître par cœur grâce à ses nombreuses visites. Tout était vide, il n'y avait personne. Harry avait accès à toutes les pièces, sauf une, qui restait désespérément fermée à clé. Alors comme d'habitude, il essaya de l'ouvrir et comme à l'habituel, il se réveillerait pile à ce moment-là.
Clic.
Ah ? Ça, c'était inhabituel. Il poussa la porte, tiraillé entre la crainte et la curiosité. Il découvrit que sur le seul petit lit de la chambre, était assis quelqu'un. C'était un homme dans la vingtaine si Harry jugeait bien. Les traits du visage de l'homme devant lui étaient très aristocratiques, ses cheveux bruns étaient parfaitement rangés, aucun épi en vue ce qui contrastait fortement avec les cheveux complètement désordonnés d'Harry, ses vêtements n'avaient pas un seul pli et ses yeux était… Rouge ?
Pendant un moment, chacun analysaient l'autre et un silence maladroit s'installa entre eux. Harry frissonna, être le centre d'attention de cet homme avait quelque chose de terrifiant et d'intimidant. Ne tenant plus, Harry finit par demander prudemment :
« Euuuh… Qui êtes-vous ? »
« Longue histoire. » Répondit-il immédiatement. Sa voix était froide et tranchante. « Comment es-tu arrivé ici ? »
« Longue histoire. » Si l'autre ne voulait pas lui répondre, il pouvait le faire aussi, non ?
« Tom Riddle. Je répète, comment es-tu arrivé ici, Harry ? » Il y avait un soupçon d'irritation dans son ton et son regard était meurtrier.
« Aune idée » Répondit-il honnêtement. « Au fait, comment connais-tu mon nom ? »
Tom semblait chercher une quelconque trace d'un potentiel mensonge dans ses yeux en ignorant totalement sa question. Finalement, après un autre silence tout aussi malaisant que le premier, Riddle finit par parler.
« Difficile de ne pas savoir qui tu es, monsieur le-garçon-qui-a-survécu. Sans oublier que nous sommes dans ta tête. »
Harry sentit ses joues chauffées au commentaire. « Oh… Oui… C'est juste un rêve. »
L'enfant semblait confus. Tom dus se retenir de lui dire que ce n'était pas parce que tout cela se passait dans sa tête que ce n'était pas réel. L'horcrux voulut se maudire quand il remarqua que cette phrase ressemblait beaucoup à ce qu'aurait pu dire ce vieux fou de Dumbledore. Mais c'était dans son intérêt que le gamin le prenne pour le fruit de son imagination. La voix de l'enfant le sortit de ses pensées. Sans qu'il ne le remarque, Harry s'était déplacé à la fenêtre.
« On est ou ici ? »
Tellement naïf.
« L'orphelinat Laine. »
« … Et ce sont des runes ? » Demanda-t-il en pointant les pierres sur le rebord.
Et trop curieux aussi, mais il était jeune, Tom n'était pas beaucoup mieux à l'époque. D'ailleurs, il était arrivé dans l'âme de Harry quand il avait un an. Donc, cela faisait combien de temps qu'il était ici ?
« Pas vraiment… Juste des tests. Mais dit moi, quel âge a-tu maintenant ? »
« Neuf ans et dans un mois j'en aurai dix. »
Presque neuf ans… Et il avait passé plus de temps dans cet enfer qu'est le néant que dans toutes ses illusions. Il ne pouvait même pas imaginer ce que c'était pour les autres… Cinquante ans coincés dans le noir absolu. Il se retient de frissonner à cette pensée et il détestait cela.
Mais il détestait encore plus le fait qu'il redoutait le moment où l'enfant allait devoir repartir. Quand il était là, ses illusions paraissaient beaucoup plus concrètes, plus réelles. Il en devenait dépendant avec une rapidité effrayante.
« Harry, viens ici. » L'enfant se conforma à son ordre et Tom aperçut facilement la lueur curieuse dans ses yeux. Le gamin était un vrai livre, tellement facile à lire. Tom se mit au niveau des yeux de Harry. Il avait lu quelque part que cette position permettait de mettre les enfants en confiance. Le jeune seigneur des ténèbres ne faisait jamais de mouvement inutile, tout avait un but. « Tu sais, je vais devoir rester ici un moment… Et je me demandais si tu accepterais que je reste avec toi. Pour t'aider quand tu en auras besoin, bien sûr. »
« Hein ? Oui, si tu veux. »
Parfait. L'enfant se disait sûrement qu'ils étaient dans un de ses rêves, qu'il n'avait rien à craindre. Mais le fait que Harry l'accepte à haute voix, lui permettait d'interagir avec Harry quand l'envie le prenait et voir tout ce qu'il voyait. De cette manière il pourrait aisément manipuler le gamin. Tom se retourna pour que Harry ne voit pas le sourire cruel qui s'était installé sur son visage. Il faut juste qu'il soit patient maintenant.
