Partie 1
28 Février 1964 à Londres
- Dis maman, pourquoi j'ai pas de papa ?
Les yeux de Perséphone se remplirent de larmes. Ce que ne comprit pas sa fille. Sa mère pleurait souvent, voir tout le temps. Et souvent pour rien. Et du haut de ses quatre ans, Eden ne comprenait pas. Elle se contentait de pencher la tête sur le côté, comme un petit chiot abandonné. Sa mère essuya une larme, sa voix déformé par un rire. Aussi loin que remontait ses souvenirs, elle avait toujours été comme ça. Elle était la seule, à sa connaissance, capable de pleurer et de rigoler en même temps.
- Et pourquoi veux-tu savoir ça ma chérie ?
La fillette se mit face à la jeune femme. Ses petits poings posés sur ses côtés, comme si elle lui reprochait quelque chose.
- Tous les autres enfants ont un papa. Pas moi. Pourquoi ?
Perséphone sourit, attristée. Elle s'y attendait à cette question. Sa fille se serait bien doutée un jour qu'il y avait une raison pour laquelle elle n'a jamais connu son père. Cependant, elle n'était pas prête à tout lui raconter. Si quelqu'un connaissait l'existence de sa fille, tout serait perdu. C'était son devoir de mère de la protéger de tout danger.
- Ma chérie, mon amour, mon trésor, ma raison de vivre… Il y a certaines questions dont il vaut mieux ignorer la réponse. Un jour tu comprendras.
- C'est pas drôle…
- La vie n'est pas toujours drôle ma chérie…
- J'aimerais tellement qu'elle le soit…
Perséphone caressa les cheveux bruns de sa fille qui posa sa tête sur les genoux de sa mère.
- Maman… Tu serais toujours là pour moi, dis ?
- Je ne peux pas te faire une telle promesse ma chérie… Mais si ça peut te rassurer, je serais toujours dans ton cœur.
- Comme papa ?
- … Oui comme papa.
- Tu crois que je le rencontrerai un jour ?
- Je ne sais pas ma chérie…
Elle continua de passer sa main dans la chevelure foncée de sa fille en pensant qu'elle était aussi soyeuse que celle de son père. Finalement, Eden s'endormit sur les genoux de sa mère, épuisée.
Et, avec comme seul témoin la nuit, elle rêva du père parfait.
16 Mai 1967, Londres
Elle n'arrivait pas à croire que tout cela était réel. Des larmes ne cessaient de couler de ses yeux, s'écrasant sa robe noire. Elle serra les poings tellement fort que ses doigts devenaient blancs et du sang coula sur le sol.
Sa mère était morte.
Elle n'arrivait toujours pas à y croire. Sa mère si forte et si belle, tuée par une simple maladie. C'était toute sa vie qui s'écroulait devant ses yeux.
Faible.
Ses yeux lui piquaient. Rougis par les larmes et par le fait qu'elle ne cessait de les frotter.
Misérable.
Elle entendait les autres pleurer autour d'elle. Ce n'était pourtant pas eux qui venaient de perdre leur seule parente.
Pitoyable.
Ses jambes lui manquèrent. Elle tomba à genoux, vomissant tous son repas qu'on l'avait obligé à ingurgiter, ce matin même.
Minable.
Elle finit par s'évanouir. Epuisée par ce trop grand effort, du haut de ses sept ans.
Quand Eden ouvrit finalement, elle croisa le regard bleu d'un homme d'un certain âge. Celui-ci lui sourit, bienveillant, en l'aidant doucement à se relever.
- Bienvenue parmi nous Eden.
- Vous connaissez mon nom ? s'étonna l'orpheline.
- Bien entendu. Ta mère m'a beaucoup parlé de toi.
- V… Vous la connaissiez ?
- Oui. Je suis l'homme qui lui a enseigné la magie.
- La magie ?
L'homme se pencha sur elle, posant ses mains sur ses frêles épaules.
- Tu as dû remarquer que certaines choses arrivaient quand tu te mettais en colère, n'est-ce pas ?
Eden réfléchit. Il était vrai qu'une fois toutes les lampes de la maison aient tout bonnement explosées après qu'elle ait fait un caprice. Mais sur le coup, elle n'avait pas fait attention. Elle se contenta alors d'hocher la tête.
- Et bien, pour tout te dire, cela arrivait également à ta mère au même âge.
La fillette le regarda de ses yeux vert cerné d'or, cherchant sans doute à le sonder.
- Tu es une sorcière, tout comme elle, lui expliqua-t-il doucement.
- Si c'est vrai, pourquoi me l'a tel caché ?
- Ta mère, bien avant que tu naisses, a fait quelque chose qui a déplu à un sorcier très puissant. Elle devait te mettre en sureté et cacher ton don.
Eden resta interdite un long moment. Tout s'embrouillait dans sa tête.
- Je comprends que tu sois sous le choc. C'est dur à avaler.
- Vous avez dit que vous aviez appris la magie à ma mère… Vous êtes donc un sorcier. Prouvez le moi.
Aussitôt dit qu'une masse de roses noires sans épines tomba sur sa tête, s'échappant des mains du vieil homme.
- Tu me crois maintenant ?
Eden hocha la tête en tenant une des roses dans sa main. Elle releva de nouveau la tête et souffla :
- Je ne connais même pas votre nom…
- Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, se présenta-t-il. Mais tu peux m'appeler tout simplement « professeur Dumbledore ».
La brune le regardait, les yeux ronds. Elle n'avait même pas retenu la moitié de son nom.
- Tu dois avoir faim, je suppose. Je t'ai apporté à manger.
Devant elle apparut une assiette de muffins aux pépites de chocolat, ses gâteaux préférés. Cependant, elle n'était pas d'humeur à manger.
- Je sais qu'après ce qui t'es arrivé que tu refuses de manger mais soyons réaliste. Ta mère ne voudrait pas te voir ainsi.
- Je n'ai pas faim…
- Ne dis pas de bêtises. Tu es maigre comme un clou. Demain sera une grande journée.
- Qu'allez-vous faire de moi ?
- Ta mère est relativement intelligente et m'a fait promettre que s'il lui arrivait quelque chose, je devais m'occuper de toi. Ce que je compte bien faire.
Un long silence s'installa entre eux. Dumbledore encourageant mentalement la jeune fille à parler.
- Je peux vous poser une question ? fit-elle, enfin.
- Bien entendu. Je suis là pour ça.
- Est-ce que vous aussi vous pouvez… parler aux serpents ?
Les yeux de Dumbledore s'assombrirent, paniquant Eden.
- Non. Seuls quelques personnes le peuvent. Dont toi.
- Ma mère le pouvait aussi ?
- Non… Mais ton père, si.
- Vous connaissiez mon père ?
- Oui. Même très bien… Enfin, c'est ce que je croyais. Je ne peux malheureusement pas t'en parler plus. En tout cas, pas maintenant.
Si Eden fut déçu, elle ne le montra pas. Un jour, elle le sait, elle saurait qui est son père, quel qui soit.
Par pur respect pour son tuteur, elle dévora les muffins même si elle trouva un arrière-goût amer. Elle n'arrivait plus à pleurer. Ses yeux étaient comme secs.
- Je suis fatiguée…
- Alors dors. Je viendrais te chercher demain.
Il l'embrassa sur le front, la faisant plonger dans un profond sommeil.
17 Mai 1967, Gringotts
- Nous y voilà enfin.
Eden, tenant fermement la main de son tuteur dans la sienne regarda le grand bâtiment blanc qui s'offrait à eux. Devant eux un petit être s'inclina à leur passage.
- Qu'est-ce que sais ? demanda-t-elle au sorcier.
- Un gobelin.
D'ailleurs, la banque en était infesté. Et Eden se dit que Dumbledore devait se trouver gigantesque parmi eux puisque l'orpheline faisait la taille du plus petit des gobelins.
- Tiens, bonjour professeur Dumbledore, le salua un gobelin d'un certain âge.
- Bonjour Hans, je vois pour vous-savez-quoi.
Et tandis qu'il lui tendait une clé, le gobelin posa son regard noir vers la fillette qui voulut brusquement disparaître.
- Bien entendu. Chambre 522.
Il les conduit alors vers une pièce où une grande porte se trouvait. Le gobelin posa la paume de sa main dessus et la porte s'ouvrit, laissant à découvert une pièce contenant des pièces d'or.
- C'est à moi tout ça ? s'émerveilla la fillette.
- Oui mais ce n'est pas pour ça qu'on est venu.
En effet, le vieux sorcier prit une boîte dans ses mains et l'ouvrit grâce à un sort. Il tendit ensuite le contenu vers Eden. Il s'agissait d'un bracelet en forme de serpent qui se mordait la queue.
- C'est un cadeau de ta mère, il est magique. Il te permettra de placer, chaque jour, une infime quantité de magie afin que tu puisses l'utiliser, au cas où.
- Mais… Il est trop grand pour moi !
Cependant, quand Dumbledore plaça le bracelet contre le poignet de la fillette, il s'ajusta à sa taille.
- Je t'avais dit qu'il était magique, glousse-t-il en lui faisant un clin d'œil.
Quand ils sortirent de la banque, un gobelin qui se trouvait par là et qui les suivait du regard, les salua :
- Au revoir professeur Dumbledore… Au revoir et au plaisir de vous revoir mademoiselle Jedusor.
