Katsuki ouvrit les yeux dans un oreiller qui sentait l'alcool. Il tourna lentement la tête sur le côté, réprimant un gémissement en sentant arriver un mal de crâne retentissant. Il serra les paupières un instant, en tentant d'ignorer les nausées qui accompagnaient ce joyeux cocktail de sensations. Quelque chose lui disait qu'il avait abusé des bonnes choses la veille. Une poignée de souvenirs lui revinrent en mémoire.

Ses abrutis de camarades de classes avaient voulu fêter leur installation à l'internat. Ce crétin de Kirishima avait voulu l'affronter dans un jeu à boire. Aprés ça, il ne se souvenait plus, mais les protestations actuelles de son estomac lui laissaient deviner qu'il avait dû aller assez loin dans le défi.

Il se retourna péniblement sur le dos, se retrouvant face au plafond de sa chambre, plongée dans la pénombre. Puis il s'étira de tout son long pour délier ses muscles, d'abord ses bras, puis ses jambes...

Attendez, quoi?

Son pied venait de frôler une surface lisse et chaude. Il réitéra le mouvement, et en effet ses orteils se retrouvérent en contact avec ce qui semblait être un pied.

Un pied.

Un pied qui manifestement ne lui appartenait pas.

Oh, merde.

Il tourna lentement la tête vers la droite et faillit s'étouffer en se retrouvant à quelques dix centimétres du museau de Shoto Todoroki, qui pionçait peinard dans SON lit.

Sa réaction ne se fit pas attendre.

-OÏ! DOUBLE-FACE! hurla-il en se redressant brusquement.

Shoto ouvrit doucement les yeux et papillonna un instant, surpris. Puis regarda Katsuki d'un air ensommeillé, une expression mi-perplexe, mi-agaçée sur le visage.

-JE PEUX SAVOIR CE QUE TU FICHE DANS MON PIEU? continua le blond, menaçant, prêt à utiliser son alter.

Todoroki haussa un sourcil.

-Je te signale que c'est MON futon ici , Bakugo.

-QU-

Katsuki regarda autour de lui. C'est vrai qu'il avait l'air bas, ce lit. Merde, ce qu'il avait pris pour sa piaule dans la pénombre, avait tout l'air d'être en fait celle de cette abruti de double-face. Il se leva précipitamment, géné, et alluma la lumiére. Il ne put retenir un glapissement d'horreur en se rendant compte qu'il ne portait qu'un caleçon, et que ses vétements avaient tout l'air de joncher le sol, mélés à ceux de Todoroki qui ne semblait pas beaucoup plus habillé que lui. Bordel, mais qu'est-ce qui s'était passé? Dans un léger flash, quelques images lui revinrent en mémoire.

La porte se referma en claquant derrière Shoto, qui le poussa légérement en avant, l'air aussi impassible qu'à l'ordinaire. Il se laissa tomber sur le futon, sentant les brumes de l'alcool l'engloutir peu à peu. Il leva les yeux vers le jeune homme qui se pencha vers lui, posa une main à côté de sa tête, et fondit sur ses lèvres...

-PUTAIN, MAIS QU'EST-CE QUE TU M'A FAIT, ENFOIRÉ DE DOUBLE-FACE?

-Arrête de hurler comme ça, répondit Shoto en portant une main à ses tempes. Apparemment, lui aussi souffrait d'un sévére mal de tête.

-JE HURLE SI JE VEUX, CONNARD! répliqua Bakugo sur le même ton, même si ça n'arrangeait pas vraiment sa propre migraine de crier ainsi. JE VAIS TE CREVER, SÉRIEUX, FOUTU PERVERS DE MERDE!

Des étincelles apparurent entre ses doigts écartés, signe qu'il s'apprétait à joindre le geste à la parole.

-Ne viens pas me chercher des noises alors que c'est toi qui est venu me chercher hier soir, souffla Todoroki, visiblement de plus en plus agaçé.

-FERME TA GUEULE, ENFOIRÉ, YA PAS MOYEN QU'UN TRUC AUSSI DÉGUEULASSE VIENNE DE MOI-

Il fronça les sourcils. Certains détails de la veille lui revinrent à nouveau par flashs, au compte-goutte.

...

-Eh les gars! Les filles sont complétements bourrées, en train de faire une bataille d'eau dans la douche! Et devinez quoi, elles sont toutes en sous-vétements!

Inutile de préciser de qui venait l'annonce. De l'autre débile avec ses boules qui collent qui avait un pénis à la place du cerveau, evidemment... les survivants de la soirée -bon nombre des éléves étaient déjà allés se coucher, complétement bourrés (dont Kirishima qui n'avait pas gagné leur concours)- se séparérent en deux groupe: les premiers, qui étaient aussi les plus bourrés, voulaient profiter du spectacle, et les autres protéger les filles de la classe. La salle commune se vida presque entiérement, ne laissant que Todoroki, les joues légérement rosies par la boisson,qui sirotait silencieusement son verre de saké et Bakugo, affalé sur un canapé face à lui, l'esprit embrumé par tout l'alcool qu'il avait dû ingurgiter pour mettre Kirishima au tapis. Au bout de quelques minutes d'un silence pesant, il ne put s'empécher de grogner sur son camarade, qui le dévisageait un peu trop à son gout.

-Hé, c'est quoi ton probléme?

-Je n'ai rien dit.

-Arrête de me regarder comme ça, connard!

-Je ne te regarde pas.

-Et tu me traite de menteur en plus?

Katsuki se leva. L'alcool le rendait belliqueux -plus que d'habitude, en tout cas- et il ne résistait pas à l'envie d'en coller une à double-face.

Il se leva en titubant. Il l'emmerdait, ce crétin, avec son regard trop bizarre et son visage parfait. Il s'avança en zigzaguant vers le canapé qu'occupait Shoto, mais au moment ou il aurait voulu lui coller une bonne beigne, il perdit l'équilibre et tomba en avant... sur Todoroki, qui se mit à pester.

-T'es complétement bourré, Bakugo. Tu ferais mieux d'aller te coucher.

-Me donne pas d'ordres... grommela le blond en se redressant.

Il se retrouva à quelques centimétres du visage de l'autre, une main posée de chaque côté de sa tête. Leurs souffles se confondirent un instant. Shoto ne fit pas le moindre geste pour le faire partir, et le fixa sans rien dire.

Et Katsuki eut envie de l'embrasser.

Ouais.

Une idée comme ça, qui vient parfois quand on est bourré, ou pas.

Une idée débile, assurément.

Mais il avait bu.

Alors tant pis.

Il se pencha et posa ses lévres sur celles du jeune homme.

Merde. Merde.

Il n'avait pas fait ça. Ce n'était pas possible.

Et pourtant il ne pouvait pas le nier, il l'avais fait. Son cerveau avait dû court-circuiter un moment, et puis il avait dû subir la suite, trop bourré pour arrêter l'autre.

Putain, faites que ça se soit arrêté aux baisers, pensa-il de toutes ses forces.

Il releva la tête vers Todoroki en tentant de garder un air impassible. Mais un objet attira son attention au pied du futon. Il pria pour que ça ne soit pas ce qu'il pensait, mais reconnu indéniablement l'emballage d'une capote, jeté là comme pour l'empécher de nier ce qui s'était passé.

...

Leurs corps étaient collés l'un à l'autre, dans la simple exaltation de leurs désirs libérés par l'alcool. Ils s'étaient retrouvés nus sans même y réfléchir, leurs caresses étant plus guidées par leur instinct que par leur expérience. Les gémissements incontrolâbles envahirent doucement la chambre, tandis que Shoto frissonait sous lui à chacun de ses coups de reins encore maladroits...

...

Oh putain non. Ils l'avaient fait.

Sa première fois, en plus. Il était pas du genre à dires des trucs débiles comme 'ma premiére fois, je veux que ça soit inoubliable, avec quelqu'un que j'aime' et toutes ces conneries, mais quand même...

Il se sentit tout d'un coup extrémement mal à l'aise. Il l'avait fait. Il avait couché avec Shoto Todoroki, avec ce mec détestable qui le fixait sans rien dire à l'autre bout de la pièce.

Merde.

Il se baissa, pris ses vétements et se hâta de s'habiller, sans un regard pour l'autre.

Puis il s'approcha de lui, nerveux.

-Si t'en parle à quelqu'un, je te bute, double-face.

Shoto le regarda en haussant les sourcils, l'air de dire Tu crois vraiment que c'est mon genre? et hocha la tête.

...

Le visage de Shoto était renversé en arriére, ses joues rougies, ses yeux mi-clos. Cette vision donna à Katsuki un frisson de plaisir et...

...

Ne pas y penser. Ne pas y penser. Faire comme si de rien n'était. NE PAS AVOIR CE GENRE DE VISIONS, surtout. Katsuki fit volte-face et sortit de la chambre sans demander son reste.La soirée continuait de lui revenir par flashs qu'il tentait d'ignorer. La bouche de Shoto dans son cou. Ses mains dans ses cheveux. Ses gémissements de plaisir. Sa peau pâle et douce. Ses doigts qui parcouraient son corps. Ses dents sur ses lévres...

-MERDE! Hurla Katsuki en mettant un coup de pied dans le mur.

Ça s'annonçait compliqué.