Attention ! Mon co-auteur Maître Link et moi-même ne sommes pas les propriétaires de l'univers de Harry Potter, tout est à JK Rowling... sauf Sarah Cobbyte et un certain nombre (hem !) d'artefacts bizarres qui parsèmeront cette aventure...
N.B. : nous démarrons notre exploration au moment où Hagrid et Harry se rendent sur le Chemin de Traverse pour faire les courses.
Chapitre 1 : le Chemin de Traverse
Dans le train les menant à Londres, les voyageurs ouvraient des yeux comme des soucoupes en fixant Hagrid qui tricotait une... chose ressemblant assez à une vaste tente d'un jaune criard. Et au temps pour la discrétion, soupira mentalement Harry.
- Tu as toujours ta lettre ? s'enquit Hagrid en recomptant ses mailles. Regarde un peu ce qu'ils demandent, cette année.
Harry prit la liste dans sa poche et commença à lire.
COLLEGE POUDLARD - ECOLE DE SORCELLERIE Si la police me prend avec ça...
Uniforme
Liste des vêtements dont les élèves de première année devront obligatoirement être équipés :
1) Trois robes de travail (noires), modèle normal Parce qu'il y a un modèle anormal, peut-être ?
2) Un chapeau pointu (noir) Oh non…
3) Une paire de gants protecteurs en cuir de dragon ou autre matière semblable
4) Une cape d'hiver (noire avec attaches d'argent) Un peu funèbre...
Chaque vêtement devra porter une étiquette indiquant le nom de l'élève.
Livres et manuels
Chaque élève devra se procurer un exemplaire des ouvrages suivants :
Le Livre des sorts et enchantements (niveau 1), de Miranda Fauconnette
Histoire de la Magie, de Bathilda Tourdesac
Magie Théorique, de Adalbert Lasornette Ca promet, un nom pareil !
Manuel de Métamorphose à l'usage des débutants, de Emeric G. Changé
Mille herbes et champignons magiques, de Phyllida Augirolle
Potions magiques, de Arsenius Beaulitron
Vie et Habitat des animaux fantastiques, de Norbert Dragonneau
Forces obscures : comment s'en protéger, de Quentin Jentremble.
Fournitures
1 baguette magique
1 chaudron (modèle standard en étain, taille 2)
1 boite de fioles en verre ou en cristal
1 télescope
1 balance en cuivre
les élèves peuvent également emporter un hibou OU un chat OU un crapaud.
IL EST RAPPELE AUX PARENTS QUE LES ELEVES DE PREMIERE ANNEE NE SONT PAS
AUTORISES A POSSEDER LEUR PROPRE BALAI.
- Et on peut trouver tout ça à Londres ?
- Oui, quand on sait où chercher.
Harry n'avait encore jamais visité Londres. Les Dursley ne l'auraient jamais emmené dans un endroit si rempli de curiosités… et si cher. Son guide semblait bien connaître le chemin, mais il n'avait sans doute jamais pris les transports en commun. Il resta bloqué dans les portillons du métro et se plaignit fortement que les sièges étaient trop petits, et les rames trop lentes.
- Mais comment font donc les Moldus sans la magie ? dit-il en grimpant les marches d'un escalator qui les mena dans une rue bordée de magasins.
- Ils utilisent la technologie, répondit malicieusement Harry.
La foule qui circulait sur les trottoirs était dense, mais la grande stature d'Hagrid leur facilitait le passage. Harry restait prudemment juste derrière le géant. Ils passèrent devant des librairies et des magasins de vêtements, mais aucune boutique ne paraissait vendre du matériel magique. Tout autour d'eux était parfaitement ordinaire. S'il n'avait pas eu de nombreuses preuves du manque d'humour des Dursley, Harry aurait juré que tout ça n'était qu'une énorme blague montée par sa famille. Tout ce que racontait Hagrid sonnait d'une manière étrange, irréelle... Mais il ne pouvait que lui faire confiance.
Hagrid s'arrêta net.
- C'est là. Le Chaudron Baveur. Un endroit très célèbre.
Il s'agissait d'un pub vieux, minuscule et miteux, casé entre une immense librairie et une maison de disques. Si Harry était passé là tout seul, il ne l'aurait jamais remarqué. D'ailleurs, personne d'autre n'y prêtait attention. Quand le géant le fit entrer, Harry fut désappointé. Pour un lieu soi-disant célèbre, ce bar paraissait bien sombre et misérable. De vieilles femmes fumaient dans un coin sur de longues pipes de bois en buvant du xérès dans de petits verres hauts sur pied. Un petit homme portant un chapeau haut-de-forme démodé bavardait avec le barman, chauve comme un œuf de cane. Quand Harry et Hagrid entrèrent, les conversations cessèrent et des saluts furent adressés et rendus avec générosité de part et d'autre. Tout le monde avait l'air de connaître Hagrid, ici.
- Comme d'habitude ? demanda gaiement le patron en attrapant un verre.
- Pas moyen, Tom. Je suis en mission pour Poudlard, répondit le géant en donnant une bonne tape sur l'épaule de Harry, qui fléchit sous l'impact.
- Seigneur Dieu ! C'est… Est-ce que c'est vraiment ?
- En un clin d'œil, les clients du Chaudron firent silence et restèrent figés comme des statues.
Par le ciel, Harry Potter… Quel honneur !
Il se précipita de derrière son comptoir pour venir serrer la main de Harry. Il était terriblement ému.
- Soyez le bienvenu, Mr. Potter. Bienvenue parmi nous.
Harry ne sut quoi répondre. Il fut affreusement gêné en sentant tous les regards qui se braquaient sur lui. Hagrid plastronnait.
Les chaises étaient sans doute ensorcelées, à voir avec quelle vitesse elles se reculèrent pour laisser passer les sorciers. Pas un seul ne resta à sa place ; ils voulaient tous voir Harry de plus près.
- Doris Crockford, Mr. Potter, extraordinaire de vous voir enfin.
- Euh, merci beaucoup, madame.
- Je suis très fier de faire votre connaissance, dit un voix dans la foule.
- J'ai toujours rêvé de vous serrer la main, fit un troisième personnage. Je suis si ému.
- Je suis honoré de faire votre connaissance, Mr. Potter, dit l'homme au chapeau-claque.
- Je vous ai déjà vu dans un magasin, n'est-ce pas, monsieur ? Euh ?
- Diggle. Dedalus Diggle. Vous vous en souvenez ? Ca alors ! Vous avez entendu ?
Harry se garda de lui signaler que son chapeau le rendait aisément identifiable. Il continuait à saluer de parfaits inconnus quand il se trouva devant une longue silhouette revêtue d'une robe prune. Le garçon leva les yeux et se trouva face à un jeune homme très pâle, la tête surmontée d'un large turban violet qui jurait affreusement avec sa robe. Visiblement nerveux et rempli de tics, il s'avança, un pauvre sourire sur les lèvres.
- Professeur Quirrell ! s'exclama Hagrid avec joie. Harry, je te présente le professeur Quirrell, qui sera un de tes enseignants à Poudlard.
- Bonjour, professeur. Ravi de vous rencontrer.
- P… Potter… bégaya Quirrell sans prendre la main que lui tendait son futur élève. V… V… Vous ne pou… Pouvez pas savoir à… à quel point je suis heu… heureux de faire votre connaissance.
- Quelle matière enseignez-vous ? demanda Harry, s'efforçant d'avoir l'air poli.
- La dé… défense contre les for… forces du Mal, marmonna Quirrell d'un air bougon. Mais vous… vous… n'en avez pas be… besoin, P… Potter.
Son rire nerveux sonna faux aux oreilles de Harry, qui tenta de chasser l'impression de malaise qu'il ressentait auprès de ce type étrange.
- Vous… êtres venu chercher vos f… fournitures ? Je… je dois moi-même a… acheter un nouveau l… livre sur les vampires.
Les autres personnes présentes n'avaient pas envie de voir ce personnage falot monopoliser leur garçon préféré. Hagrid eut bien du mal à se faire entendre pour annoncer qu'ils devaient y aller.
Doris Crockford lui fit un dernier signe auquel Harry répondit en souriant. De toute cette bande bizarre, c'était elle qu'il avait le mieux aimé, avec son air de grand-mère un peu fofolle. Il suivit Hagrid dans l'arrière-cour du pub, dont les murs de briques laissaient pousser quelques mauvaises herbes.
- Je te l'avais dit : tu es célèbre. Même le professeur Quirrell en tremblait. Remarque, il ne cesse jamais, le pauvre. Il se portait comme un charme tant qu'il étudiait dans les livres. Mais depuis qu'il est allé voir de près des harpies et des vampires dans la Forêt Noire, il a peur de tout, y compris de ses étudiants. Où ai-je mis mon parapluie ? Ah ! Le voilà.
Hagrid tapota une brique au-dessus des poubelles de la pointe de son parapluie rose. La brique trembla dans son logement, puis pivota, entraînant ses voisines puis, de proche en proche, tout le pan de mur qui se réarrangea pour constituer une arcade permettant le passage vers l'extérieur. Au-delà, une longue rue pavée s'étendait à perte de vue.
- Bienvenue sur le Chemin de Traverse.
Harry ouvrit grand la bouche. Il n'avait jamais rien imaginé de tel. Ils avancèrent dans la rue pavée et le mur de briques se reconstruisit derrière eux.
La première chose que vit Harry fut un étalage de chaudrons qui brillaient au soleil. Une pancarte accrochée à un portant annonçait en lettres calligraphiées : « Chaudrons toutes tailles, cuivre, étain, argent, touillage automatique, modèles pliables ».
- Il t'en faudra un, bien entendu. Mais on va commencer par prendre un peu d'argent.
Harry tournait la tête en tous sens pour tâcher d'en voir un maximum. Il aurait bien aimé quelques paires d'yeux en plus. Il voulait tout voir, les sorcières en robe chamarrée, les vitrines remplies d'objets farfelus… Il entendit une femme se plaindre du prix de certaines denrées. Puis se concentra sur une animalerie spécialisée dans les chouettes et hiboux. Les plumages blancs, fauves, bruns ou gris s'étalaient sur le bord de la voie et des ululements stridents fendaient l'air. Des garçons s'étaient attroupés un peu plus loin devant la boutique du marchand de balais. Ils s'extasiaient devant le tout nouveau modèle de Nimbus 2000. Harry vit encore une apothicairerie. On vendait de tout, ici : plumes, parchemins, cartes astronomiques, vaisselle, grimoires, encres multicolores, poudres variées, et même de simples légumes. Une vraie caverne d'Ali-Baba à ciel ouvert.
- Voilà Gringotts, lança Hagrid.
Le bâtiment, quelque peu biscornu, était fermé d'un portail de bronze poli. Devant cette porte se tenait un petit personnage au teint basané, plus petit que Harry, dont le visage intelligent émergeait d'un col de velours écarlate et d'une cravate de dentelle style Régence. Harry devina qu'il s'agissait d'un gobelin. Il s'inclina sur leur passage et Harry entra dans un somptueux hall entièrement décoré de marbres de toutes couleurs. Des gobelins s'affairaient partout, pesant des pièces, examinant des joyaux… Hagrid se pencha par-dessus un comptoir.
- Mr. Potter est venu faire un retrait.
- Vous avez la clef du coffre ?
Le géant tendit une toute petite clef d'or ouvragé.
- Je dois aussi récupérer vous savez quoi dans le coffre 713.
- Bien. Gripsec !
Un autre gobelin les emmena vers une porte basse.
- C'est quoi, le truc en question ?, s'enquit Harry.
- Désolé, c'est top secret. Pas le droit de parler.
Harry fut déçu et ne fit pas attention au véhicule dans lequel Gripsec le fit monter. Ce fut seulement quand le wagonnet s'élança sur ses rails qu'il comprit que le trajet allait s'apparenter aux montagnes russes. Ceci dit, il encaissa vitesse et virages bien mieux que Hagrid, qui descendit au premier arrêt légèrement verdâtre.
- Votre coffre, Mr. Potter.
Gripsec ouvrit la porte et Harry contempla une vraie fortune en or, argent et bronze. Dire qu'il avait été, selon son oncle, une charge financière ! Hagrid lui expliqua les conversions entre les différentes espèces avant de lui remplir un sac de pièces. Harry trouva le poids de la monnaie des plus réconfortant dans sa poche. Puis ils reprirent le wagonnet pour se rendre au coffre 713. Hagrid fit de son mieux pour dissimuler son contenu à son compagnon, mais Harry put tout de même voir un paquet enveloppé de kraft. Un bien étrange trésor. Si minuscule, comparé à la chambre forte qui le renfermait…
A la sortie de la banque, Hagrid s'excusa et prétexta un mal de cœur tenace pour aller prendre un verre au Chaudron Baveur, laissant Harry acheter ses robes de sorcier tout seul. La boutique de Madame Guipure, prêt-à-porter pour mages et sorciers, recelait quantité de modèles et de styles, sans compter des couleurs parfois démentes. Une petite sorcière ronde et souriante, vêtue de mauve des pieds et la tête, s'approcha de Harry.
- C'est pour Poudlard, mon garçon ? J'ai tout ce dont vous avez besoin. Venez par ici.
Tandis que la couturière allait chercher une robe, Harry jeta un œil à un garçon de son âge qui se tenait bien droit sur un tabouret afin de ne pas fausser les mesures d'ourlet que faisait la cousette assise devant lui. Un peu plus grand que lui, habillé avec grand soin, ses cheveux blonds coiffés sans fioritures, il avait l'air parfaitement à l'aise, au contraire de Harry, qui avait toujours un gros nœud dans le ventre.
- Euh… Bonjour, hasarda Harry.
L'autre garçon tourna vers lui une paire d'yeux noisette au regard curieux.
- Salut, répondit-il gaiement. Tu viens pour la première rentrée ?
- Euh… Oui. Je suis un peu perdu, j'avoue.
- Ah ? Tes parents sont moldus ?
- Non ; ils étaient sorciers. Mais depuis qu'ils sont morts, j'habite chez des Moldus.
- Ah bon ! Ne t'en fais pas, tu ne seras pas le seul dans ce cas. Il y a toujours beaucoup d'enfants de Moldus à Poudlard.
Madame Guipure revint à ce moment et fit enfiler une robe noire à Harry, puis entreprit de l'ajuster à sa taille.
- Mais j'oublie toutes les règles de politesse, reprit le garçon. Je m'appelle Théodore Nott.
- Harry Potter.
- Non ? Sans blague ? Eh bien, ravi de faire ta connaissance, Potter. On parle beaucoup de toi, dans notre monde, tu sais ça ?
- Ouais, y paraît, grommela Harry d'un air sinistre.
- Ca va, concéda Théodore en riant. Je ne t'ennuierai pas avec ça.
- Merci beaucoup. Quand je suis arrivé au Chaudron Baveur, tout le monde m'a regardé comme un mouton à cinq pattes !
- Pas drôle, en effet. Bon, je change de sujet. Tu as déjà volé en balai ?
- Pas encore essayé, non.
- Tu n'as jamais entendu parler du quidditch, je suppose ?
- Ben… non. C'est quoi ?
- Le plus beau sport sorcier, Potter. Il y a un championnat à Poudlard. J'ai hâte de voir ça ! Au fait, tu as une idée de la maison où tu seras ?
- Aucune idée, non, répondit rapidement Harry, peu désireux de montrer l'étendue de son ignorance.
- Je suis sûr d'atterrir à Serpentard, toute ma famille ou presque y est passée. Et… Tiens ? Qui est-ce, demanda Nott en désignant la vitrine.
- Hagrid. Il est garde-chasse à Poudlard, répondit Harry, heureux de savoir au moins une chose.
- Alors c'est lui ? Fichtre ! Je ne le voyais pas si grand…
- C'est fini, mon petit, déclara la cousette.
Avec un sourire d'excuse, Nott descendit de son tabouret, ôta la robe et alla payer au comptoir. Harry le salua avant de se retrouver seul encore quelques instants. Puis Madame Guipure le libéra, et il rejoignit Hagrid dans la rue. Il ne se fit pas prier pour attaquer la glace à la fraise que le géant lui avait achetée.
- Ca s'est bien passé ? demanda Hagrid en le conduisant dans une papeterie.
- Plutôt. J'ai rencontré un garçon très sympathique. Il s'appelle Nott.
Les épais sourcils de Hagrid se froncèrent lourdement et le gros soupir qu'il poussa fit trembler les plumes d'oie dans leur support.
- Evite de fréquenter ce genre d'élèves quand tu seras à Poudlard, Harry. Ca vaudra mieux.
- Pourquoi ? s'étonna Harry en attrapant des rouleaux de parchemin.
- Je t'ai déjà expliqué de quoi il retournait avec ces gens-là. Le père Nott était un Serpentard, et tu sais ce qui arrive le plus souvent à ces sorciers, marmonna Hagrid.
- Le plus souvent, en effet. Il n'est pas responsable de ce qu'a pu faire son père ou un autre type ! s'insurgea Harry.
- Ah… Tu es encore trop jeune pour comprendre ça, décréta Hagrid en haussant les épaules.
Harry lui dédia un regard noir avant de payer ses achats. Il sortit sans ajouter un mot. Après être passé chez Fleury et Bott pour acheter ses manuels scolaires, il se retrouva lesté de plusieurs kilos de livres recouverts de cuir, ornés de délicats signets de soie colorée. Hagrid lui donna obligeamment un coup de main avant de l'entraîner chez le marchand de chaudrons, où Harry récupéra ledit chaudron en étain et une jolie balance de cuivre. Enfin, ils achevèrent leurs courses par l'apothicairerie, qui puait comme une vieille poubelle, mais qui fascina Harry par la diversité des ingrédients qu'elle contenait. Herbes séchées, plumes d'oiseaux, yeux de scarabées, cornes de licornes, griffes, peaux de serpents… Certains composants lui parurent assez ésotériques. On faisait avaler ça à des gens vivants ? Berk !
- Bon. Maintenant qu'on a tout ça, je crois que je vais t'acheter un petit quelque chose pour ton anniversaire.
- Oh… Vous n'êtes pas obligé.
- Je pense qu'un animal sera très utile, continua Hagrid comme s'il ne l'avait pas entendu. Les crapauds sont démodés. On pourrait se moquer de toi. Je n'aime pas les chats. Je suis allergique à leurs poils. Non, le mieux, ce serait un hibou. Parfait pour porter le courrier, le hibou.
Il poussa Harry dans une oisellerie. Celui-ci eut bien du mal à se décider, tant les rapaces lui semblaient tous très beaux. Il finit par adopter une chouette des neiges, blanche aux yeux ambrés, qui lui ulula un salut quand il prit sa cage. Hagrid paya et une fois dehors, Harry se sentit follement léger. Il adorait déjà ce magnifique oiseau.
- Hé là ! N'oublie pas le plus important : ta baguette, Harry.
La boutique de Mr. Ollivander portait une enseigne proclamant qu'on y vendait des baguettes magiques depuis 382 avant J.C. Harry resta sceptique. Il poussa la porte.
A l'intérieur, il régnait une atmosphère prenante, comme dans un musée. La poussière avait largement élu domicile dans cet endroit. Des milliers de boîtes étroites et allongées s'empilaient du sol au plafond. Le vendeur, un homme grand et voûté, aux yeux couleur de lune, discutait avec une cliente, une jeune fille aux cheveux noirs, dont les parents attendaient non loin. Des parents moldus, à voir leur expression : ils avait l'air d'être presque aussi surpris et émerveillés qu'Harry. Presque…
- Et surtout, je vous conseille d'en garder une dans un endroit sûr. Elle vous servira à retrouver les autres parties, lorsque vous les aurez égarées.
Lorsque cette file aurait égaré... ? Ils avaient tous des préjugés, ces sorciers ? Harry la regarda partir. Elle arborait un petit sourire satisfait qui ne lui inspirait que méfiance.
- Bonjour.
Il n'avait pas entendu arriver le vendeur, qui s'était approché de lui et du géant pendant que son regard était tourné vers la jeune fille qui sortait.
- Mr. Potter. Je vous vois enfin entrer ici. Je me souviens si bien de vos parents. Votre mère avait acheté… voyons… 25,6 cm, en bois de saule. Parfait pour les enchantements. Et votre père… Acajou, 27,5 cm. Plus puissante et adaptée à la métamorphose. Elle l'a choisi sans hésiter. Car c'est la baguette qui choisit son maître. Jamais l'inverse. Hmm ! C'est aussi moi qui ai vendu celle qui a causé leur mort, hélas ! 33,75 cm, bois d'if. Très puissante. Trop, peut-être.
Il secoua tristement la tête. Puis dévisagea Hagrid.
- 40 cm, bois de chêne. Mais on a dû la casser quand il a été exclu du collège. J'espère qu'il ne se sert pas des morceaux, gronda Ollivander.
Harry eut une pensée pour le parapluie rose du géant.
- De quelle main tenez-vous la baguette ?
- Je suis droitier.
Ollivander prit toute une série de mesures à l'aide d'un mètre enrouleur. Puis il alla fouiller dans ses réserves à la recherche de baguettes à essayer.
- Commençons par 22,5 cm, bois de hêtre et ventricule de dragon.
Mais à peine Harry l'eût-il en main que le vieil homme la lui enleva.
- Non ! Bois d'érable et plume de phénix, 17,5 cm. Non ! Pas ça non plus.
Harry en testa environ une demi-douzaine. Ollivander ne se décourageait pas. Il allait et venait dans les rayonnages avant de finalement revenir avec une nouvelle boîte dans les mains.
- Bien ! Nous allons voir avec celle-ci. Très originale : bois de houx et plume de phénix. Très souple et facile à manier.
Harry la prit en main et le contact fut tout à fait différent. Elle lui parut chaude entre ses doigts. Il la leva et l'abaissa. Des étincelles vertes en jaillirent et se mirent à danser devant lui.
- Et voilà ! triompha Ollivander. C'est très bien. Quoique… Fort intriguant.
- Quoi donc ?
- La baguette qui vous a fait cette cicatrice contenait elle aussi une plume de phénix. Fournie par le même oiseau qui a donné celle qui se trouva dans votre baguette. Que ce soit la sœur de celle de Vous-savez-qui… Voilà qui est bien curieux, en effet. Hmm… Enfin bref ! Vous me devrez sept gallions, Mr. Potter. Non vraiment, c'est bizarre. Vous avez sans doute un avenir prometteur devant vous. Ce que vous ferez ne sera pas aussi terrible que ce que LUI a fait… Mais ce seront de grandes choses. Il faut bien avouer que lui avait une envergure…
Harry paya sans faire de commentaires. Il repartit avec Hagrid sans lui poser de questions, même quand le géant tenta d'amorcer la conversation autour d'un dîner succin dans un fast-food. Harry réfléchissait. Et il avait aussi très peur. Les mots d'Ollivander résonnaient encore dans sa tête. Il haussa les épaules. Il n'allait pas s'inquiéter pour les paroles d'un bonhomme à moitié timbré à force de vivre au milieu des baguettes !
Plus tard ce soir-là, juste avant de le mettre dans le train pour le Surrey, Hagrid lui donna son billet pour Poudlard. Harry devait se rendre à la gare de King's Cross le matin du 1er septembre 1991, sans faute. Harry hocha la tête et monta dans le wagon avec sa chouette et ses nombreux paquets. Les passagers le regardèrent bizarrement. Ca, au moins, il avait l'habitude.
