Coucou tout le monde !
Je suis d'une productivité incroyable ces temps-ci, je ne sais pas ce qui m'arrive. Bref. Me revoilà avec une traduction de la fic Ever After de damnedscribblingwoman, avec son autorisation bien sûr. Anglicistes, je vous recommande vivement d'aller la voir en vraie (mais vous pouvez être paresseux et vous contenter de ce que j'ai fait, bien entendu XD). Pour ceux qui la rechercheraient, je l'ai mise dans mes favoris.
Voilà, je crois que c'est à peu près tout. Je publierai un chapitre tous les lundi, et comme la fic est terminée, vous pouvez être sûrs que vous aurez la fin.
Bonne lecture !
Bises ;)
Peaseblossom
Disclaimer : rien de rien n'est à moi. L'univers et ses personnages sont à JK Rowling, ainsi qu'aux auteurs de contes de fée et à la culture folklorique qui les a fait naître, et l'histoire est de damnedscribblingwoman.
Chapitre 1
Les Archives de la Matière Noire
Ils étaient poursuivis par le bruit des feuilles écrasées et des brindilles brisées, parfois ponctué de « Attrapez-les ! », et de « Ne les laissez pas s'échapper ! » La lumière de la lune décroissante était retenue en otage par la voûte des arbres et n'atteignait pas le sol de la forêt. Des lanternes s'agitaient dans le noir derrière eux, mais ni l'un ni l'autre ne regardait en arrière, continuant de courir tout en essayant d'éviter de se prendre un arbre. Elle pouvait l'entendre devant elle, par-dessus les craquements de la forêt et le bruit de sa respiration laborieuse.
« Lumos, » répétait-il, de plus en plus agacé par l'absence de résultat.
Elle tâtonna à la recherche de sa propre baguette, bien coincée dans sa poche arrière, mais ne la sortit pas. Ça ne servirait à rien. Il n'y avait pas de magie ici. Aucune qu'ils puissent utiliser, en aucune façon.
Hermione pressa le pas, effrayée à l'idée de perdre Drago dans le noir. Mais elle se prit les pieds dans une racine, qui l'envoya faire un vol plané. Elle tomba lourdement avec un bruit sourd, réprimant un cri, refermant la bouche sur de la poussière et des feuilles.
« Ce n'est pas le moment de faire des acrobaties, Granger, » siffla Drago en l'aidant à se relever.
Elle ignora la douleur fulgurante dans sa cheville et le suivit, bien trop consciente de l'armée qui les talonnait.
Son esprit continuait de passer en revue l'inventaire du Coffre-fort. Quelle que soit la chose qui les avait envoyés là, il fallait qu'elle sache ce que c'était. Elle avait catalogué le moindre des objets de cette salle. Elle s'était chargé de l'étude de la plupart de ces objets elle-même.
Le Ministère appelait cette pièce les Archives de la Matière Noire, une collection d'artefacts de Magie Noire rassemblés après la Première et la Seconde Guerres des Sorciers. Mais tout le monde dans son département se contentait de l'appeler Coffre-fort. Les objets étaient enterrés sous des couches de règlements de sécurité et de secret, et quand elle en comprit la valeur à force de les garder et de les étudier, il lui venait parfois l'envie de mette le feu à toute la pièce.
Mais cela lui avait paru être un bon endroit où se cacher quand Ginny l'avait avertie, avec un clin d'œil, que son ex-mari la cherchait. La bravoure avait sa valeur, mais l'auto-préservation aussi, et si s'enfuir pouvait être lâche, c'était aussi intelligent. De toute façon, elle avait du travail dans le Coffre-fort, et la Magie Noire était le genre de noirceur qu'elle pouvait tenir à distance.
Elle ne s'enfuit pas très loin, cependant. Il la rattrapa au moment où les portes de l'ascenseur commençaient à se refermer. Il y avait une certaine suffisance dans son sourire lorsqu'il dit :
« Qu'elle surprise de trouver ici. »
Ce qui était un code pour dire « Bien tenté, Amour. »
« Je travaille. »
Ça, c'était le code pour « Va-t'en. » Mais Drago Malefoy n'avait jamais écouté une allusion qu'il avait décidé d'ignorer, et ce jour-là n'était pas différent.
« Je ne te retiendrai pas très longtemps, dit-il en redressent sa cravate.
- Tu ne me retiendras pas du tout. »
Elle pressa le bouton pour le niveau principal avant de sortir de l'ascenseur.
« Tu n'as pas le droit d'être ici.
- Et pourtant, je suis là. »
Sans donner aux portes le temps de se refermer derrière elle, il suivit la sorcière dans le couloir sombre. Les torches bleues supposées identifier les gens malintentionnés n'étaient pas très efficaces pour éclairer l'endroit. Drago avançait sans être dérangé, ce qui ne révélait pas spécialement la pureté de ses intentions, mais simplement qu'elles ne s'étendaient pas aux objets conservés dans la pièce devant eux.
Hermione l'ignora, dans le vain espoir que si elle parvenait à tenir le coup suffisamment longtemps, il s'évanouirait simplement dans l'air comme un mauvais rêve. Mais c'était la semaine des vœux futiles, et il était toujours derrière elle quand elle franchit le seuil des Archives. Il y avait des gardes pour protéger la salle, mais ils n'empêchèrent pas Drago Malefoy d'entrer, soit parce qu'il était avec elle, soit parce que Ginevra Potter ne pouvait s'empêcher d'interférer quand sa vie était concernée.
Avec un soupir, elle se tourna pour lui faire face.
« Tu n'as pas le droit d'être ici. «
Qu'importe le Ministère. Elle ne voulait pas de lui dans cet endroit.
Il observa les rangées d'étagères qui s'étiraient à travers la pièce.
« Parce que je suis un Malefoy ? C'est ce que tu étais jusqu'à tout récemment.
- Les Malefoy sont autorisés, dit-elle avec le sourire le plus adorable qu'elle put trouver. Mais les Mangemorts sont vus d'un mauvais œil. »
Une ombre passa sur son visage, mais aucun Malefoy n'avait échoué à cacher la moindre trace d'émotion sous une épaisse couche de suffisance désinvolte.
« Une erreur de jeunesse. »
Elle se dirigea vers le bureau dans le coin, espérant mettre quelque distance entre eux, mais il la suivit de près.
« Qu'est-ce que tu veux, Drago ? »
Se penchant contre le bois noir, elle déposa un dossier sur une pile de documents.
« Tu le saurais, si tu prenais la peine de lire mes lettres. Je veux Bradford Cottage. »
Situé à la lisière du domaine Malefoy, Bradford Cottage avait été son cadeau de mariage. Ils y avaient vécu jusqu'à la naissance de Scorpius, quand le manque d'espace les avait forcés à déménager au Manoir. Ils avaient été heureux là-bas. Plus heureux que n'importe quand ensuite.
« Bradford Cottage est à moi, dit-elle simplement.
- Tu n'y habites pas, tu n'y séjournes jamais. Il ne te sert à rien, sauf à dire qu'il t'appartient. »
Il y avait de l'acier dans sa voix, mais Hermione Granger ne se laissait pas intimider aussi facilement.
« Je ne dirais pas qu'il ne me sert à rien, répliqua-t-elle nonchalamment. Je pourrais décider d'en faire du bois à brûler lors d'une soirée très froide.
- Tu deviens mesquine, » l'accusa-t-il.
Elle l'était. Quand le temps était venu de s'arranger l'un avec l'autre, la mesquinerie s'était invitée bien trop facilement entre eux, et c'était une habitude difficile à perdre.
« Je peux être aussi mesquine que je le veux, s'obstina-t-elle, Bradford Cottage est à moi, et tu ne l'auras pas. »
Drago s'approcha jusqu'à se tenir à quelques centimètres d'elle.
« Je peux avoir tout ce que je veux, » dit-il en baissant la voix.
A la lumière vacillante de la pièce, ses yeux semblaient presque transparents, et à se tenir si près de lui, elle pouvait sentir le mélange de savon et de menthe qui, en toutes circonstances, lui rappelait son ex-mari.
« Pas tout ce que tu veux. »
Une main sur son torse, elle l'écarta de son chemin. Choisissant une rangée d'étagères au hasard, Hermione commença à rechercher ce pourquoi elle était venue. L'emplacement exact de l'objet était indiqué sur les papiers qu'elle avait apportés avec elle, mais elle n'était pas disposée à revenir sur ses pas pour aller les chercher.
« Tu peux aussi me le vendre, ou j'intenterai un procès pour l'avoir, fit sa voix derrière elle. Et je gagnerai. »
Elle fit volte-face.
« Un procès ? Sur quelles bases ? »
Drago hausa les épaules.
« Quelle importance ? Je suis sûr que mes avocats peuvent trouver quelque chose. C'est pour ça que je les paye. »
Hermione pâlit quand il attrapa une petite boîte dorée, qu'il fit tourner avec curiosité entre ses mains.
« Ne touche à rien, Drago, » ordonna-t-elle, en lui arrachant des mains et en la remettant à sa place.
La moitié du contenu de cette pièce les tuerait instantanément, et encore, c'était la moitié relativement inoffensive. Elle allait s'éloigner quand il s'empara de son poignet et la poussa contre une étagère. Le choc fit s'entrechoquer quelques artefacts derrière elle, mais à ce moment-là, elle avait des soucis plus urgents.
« A rien ? »
Il sourit d'un air suffisant, en lâchant sa main.
Son corps était chaud contre le sien et le contact doux de ses doigts sur sa nuque envoya des frissons le long de sa colonne vertébrale. Il se pencha vers elle, l'embrassa avec une douceur qui lui brisa le cœur.
« On ne peut pas continuer à faire ça, murmura-t-elle, essayant d'ignorer l'effet dérangeant de ses mains sur son corps.
- J'arrêterai quand tu arrêteras. »
Mais ils ne savaient pas comment arrêter. Ils étaient le navire piégés par la mer au milieu d'une tempête, et il n'y avait aucune solution en vue pour l'un comme pour l'autre, à part le fond froid et plat de l'océan. Elle avait essayé si fort de garder ses distances… De le garder à distance. C'était ce que Ginny ne pouvait comprendre, et ce qu'elle-même oublia quand son seul contact mit le feu à sa peau. Ils ne pouvaient rien faire d'autre que de se tailler en pièces, et ils étaient doués pour ça.
L'un après l'autre, ils étaient mesquins, puérils, exigeants et déraisonnables. Un jeu sans fin de touche-moi, ne me touche pas, va-t'en, reviens, ne me quitte pas, je ne peux pas supporter de te voir, je te hais, ne pars pas. Ils s'éloignaient et se repoussaient, et ils pleuraient dans le noir comme des enfants, sanglotant sur leur incapacité à recoller ensemble les morceaux d'un vase avec de l'eau.
Son corps répondait à son contact familier avec une volonté propre, et une partie d'elle voulait s'abandonner et se perdre en lui, mais elle ne pouvait oublier que ce qui l'attirait vers lui n'était que l'écho de quelque chose qu'elle ne pourrait jamais récupérer. Ça ne réussissait qu'à la faire se haïr après coup, et Drago avait assez de haine de soi pour tous les deux.
« Assez, fit-elle à bout de souffle, en le repoussant. On ne va pas recommencer. C'est terminé pour nous. »
Elle pouvait avoir imaginé l'expression blessée qui zébra son visage, mais elle ne se méprenait pas sur l'autosatisfaction qui s'y attarda.
« Quand est-ce que les lions sont devenus des lâches ? »
Elle prit une profonde inspiration, tâchant d'apaiser les battements effrénés de son cœur.
« La prochaine fois que tu viendras ici, la sécurité t'escortera dehors, déclara-t-elle. Tu peux reprendre Bradford Cottage. Je n'en veux pas. Je ne veux plus rien qui vienne de toi. Nous ne nous verrons que pour aller chercher ou ramener Scorpius, et nous serons courtois, mais ça s'arrête là. C'est fini pour nous, Drago. Toi et moi, c'est terminé. »
Son regard froid et dur, était celui d'un étranger.
« A la réflexion, Granger, tu peux garder Bradford Cottage. Considère-le comme paiement pour services rendus, » ricana-t-il.
Elle lui lança un regard noir, luttant contre l'envie instinctive de lui répliquer quelque chose de méprisant. Il n'y avait pas de de victoire, ni pour l'un ni pour l'autre, et elle était fatiguée de se battre. Drago relâcha l'étagère et se détourna pour partir. Juste au moment où elle se redressa, toute la structure oscilla derrière elle et la boîte que Drago avait ramassée un peu plus tôt tomba de sa position mal assurée.
Le temps sembla se suspendre, jusqu'à ce que l'artefact doré ne heurte le sol et s'ouvre brusquement, envoyant son contenu voler à travers toute la pièce. La poussière argentée la frappa en premier, puis Drago, et soudain, ils furent traînés hors de la pièce par la poigne violente d'une force inconnue.
Hermione heurta le sol durement, après leur transplanage. Elle eut à peine le temps d'enregistrer la présence de flamands roses qui la dévisageaient avec curiosité, avant qu'une voix perçante ne hurle :
« Qu'est-ce que cela signifie ? QU'EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ? Gardes ! Qu'on leur tranche la tête ! QU'ON LEUR TRANCHE LA TÊTE ! »
Pendant une seconde, elle ne sut que faire de la vision étrange d'une Dolores Ombrage au visage rouge, qui les désignait du bout d'un sceptre, vêtue d'une robe Renaissance et une couronne sur la tête. A côté d'elle, un Mr Weasley à l'air extrêmement perplexe semblait essayer de calmer Ombrage, alors qu'elle continuait d'appeler ses gardes.
Drago l'aida à se remettre sur ses pieds, et tous deux se fixèrent avec incrédulité, alors que le pont-levis du château tout proche s'abaissait au-dessus des douves et qu'un bataillon entier arrivait au pas, armé de lances et de boucliers.
« Cours, » dit Drago en attrapant son bras.
Ils se précipitèrent en courant dans la direction opposée, où la silhouette nette et sombre d'arbres était toujours visible dans la faible lumière de la nuit tombante.
Hermione ne pouvait dire depuis combien de temps ils couraient, mais elle savait qu'elle ne pourrait pas continuer ainsi très longtemps. Elle était si fatiguée qu'elle aurait pu en vomir, et ses pieds traînaient un peu plus à chaque kilomètre qu'ils parcouraient.
Un mouvement au coin de son œil attira son attention, et elle tourna la tête juste à temps pour voir le lapin blanc disparaître derrière un arbre. Un lapin blanc. Elle s'arrêta, jetant un œil par-dessus son épaule en direction des lanternes tremblotantes qui se balançaient au loin. Ce n'était pas possible.
« Qu'est-ce qu'il y a, maintenant ? murmura Drago, en s'emparant de son bras.
- Par-là, répondit-elle, en se dirigeant vers l'endroit où elle avait vu le lapin.
- Tu vas nous faire tuer tous les deux. »
Mais quand on courrait sans but dans le noir, une direction était aussi bonne qu'une autre, et il la suivit quand même.
Hermione maintenait un pas rapide, mais elle ne courrait pas. Aller moins vite signifiait faire moins de bruit, et s'ils ne pouvaient pas distancer leurs poursuivants, autant essayer de leur échapper. Tout était immobile et sombre dans la forêt. La sorcière commençait à se demander si elle n'avait pas imaginé le lapin quand la créature bondit hors d'un buisson, les faisant sursauter tous les deux.
Ignorant les jurons que son ex-mari marmonnait, elle accéléra l'allure, prenant garde à ne pas perdre de vue le lapin une nouvelle fois. La créature semblait déterminée à ce qu'ils la suivent, s'arrêtant régulièrement à quelques mètres et regardant en arrière vers le duo échevelé.
Comme leurs poursuivants se rapprochaient, les sons derrière eux amplifiaient. L'inconvénient, c'est qu'ils portaient sur les nerfs déjà bien à vif d'Hermione, mais ils avaient l'avantage de couvrir les bruits qu'ils faisaient. Le lapin les conduisit en bas d'une colline, vers les berges d'un lac. Sans les arbres, le clair de lune qui se reflétait sur la surface du lac, semblable à un miroir, leur suffisait pour détailler l'espace environnant. La bestiole sautilla vers un escarpement couvert de lierre, sur le côté le plus éloigné de la clairière, et disparut au milieu du feuillage.
Hermione fut la première à se glisser à travers l'ouverture étroite, rapidement suivie de Drago, qui laissa le rideau de lierre retomber derrière lui, plongeant de nouveau la petite grotte dans l'obscurité. L'ouverture n'était ni très haute, ni très profonde, et elle s'étrécissait de plus en plus, pour finir en un petit terrier de lapin, bien trop petit pour qu'un être humain puisse y passer.
Hermione s'assit, le dos contre le mur, sentant le sol sablonneux sous ses doigts. Drago l'imita et s'assit contre le mur opposé. Pendant plusieurs minutes, aucun des deux ne parla. Chacun essayait de reprendre le contrôle de sa respiration. Les bruits leur parvenaient de la colline au-dessus, mais aucune lanterne ne descendit vers le lac.
Quand les soldats partirent, Drago fut le premier à parler, la voix tendue par l'effort qu'il faisait pour la garder neutre.
« Comment Ombrage peut-elle avoir une armée ? demanda-t-il.
- Ce n'était pas Ombrage, répondit-elle, tâchant de trouver une réponse différente, n'importe quelle réponse.
- Je l'ai vue. C'était Dolores Ombrage.
- Ce n'était pas Ombrage, répéta-t-elle, en essayant de réprimer le rire hystérique qui montait dans sa gorge. C'était la Reine de Cœur. C'est Alice au Pays des Merveilles. C'est Alice au Pays des Merveilles, et la Reine de Cœur est en train d'essayer de nous tuer. »
Elle se couvrit la bouche de ses mains, pour essayer d'étouffer le rire qui sonnait bien trop fort et trop aigu à ses propres oreilles.
« Hermione… »
Elle parvenait à peine à entendre Drago. Il n'y avait pas de place dans son cerveau pour autre chose que le fait qu'ils étaient bloqués dans un quelconque scénario cauchemardesque où les avait envoyés la boîte maudite et qu'il n'y avait pas d'issue.
« Hermione ! Regarde-moi. »
Drago se redressa sur ses genoux, et arracha ses main de son visage, mais elle n'arrivait pas à s'arrêter de rire. Tout cela était tellement ridicule. Ils allaient mourir là, et c'était la chose la plus idiote qu'elle ait jamais vue.
« Granger ! »
L'écho de la gifle résonna entre les murs de pierre de la petite grotte, et pendant un long moment, il n'y eut aucun son, et ils ne bougèrent pas.
« Lâche-moi, » dit-elle calmement.
La joue où Drago l'avait frappée était brûlante. Il lâcha son bras et se rassit.
« C'est mieux ? »
Elle acquiesça. Puis, réalisant qu'il ne pouvait pas la voir dans l'obscurité, elle ajouta :
« Oui.
- Maintenant, explique-toi, réclama-t-il. Où sommes-nous ? »
Prenant une profonde inspiration, elle repensa à la pièce du sous-sol où ils s'étaient disputés.
« La boîte qui s'est brisée, commença-t-elle, était pleine de Pulvis Morphei. Le Ministère l'a trouvée dans les affaires de Rogue. C'est rare… »
Elle prit une nouvelle inspiration, essayant très fort de ne pas paniquer.
« Qu'est-ce que ça fait ? la pressa Drago.
- Ça fait dormir. On n'est pas réellement là. C'est juste un rêve… »
Elle enfonça ses ongles dans ses paumes, trouvant un certain réconfort dans la réalité de la sensation.
« J'ai lu Alice au Pays des Merveilles à Scorpius. C'est pour ça… C'est pour ça… »
Elle ne parvint pas à finir.
« Comment est-ce qu'on se réveille ? »
Sa voix n'avait pas changé et Hermione dut refouler son envie de hurler. Le calme qu'il manifestait ne faisait que la perturber davantage.
« On ne peut pas, répliqua-t-elle, en échouant à conserver une voix ferme. Notre corps, notre vrai corps, va se déshydrater, s'affamer et mourir, et nous allons mourir avec lui. »
La magie ne les garderait pas en vie. La science non plus. Il n'y avait pas d'issue.
Le silence tomba sur eux. Hermione enlaça ses genoux contre sa poitrine, tentant d'ignorer à quel point la petite grotte ressemblait à une tombe. C'était monstrueusement injuste. Elle avait lutté si fort, pendant si longtemps. Elle méritait sa fin heureuse. Mais être maudite et envoyée dans une réalité alternative sans aucune autre solution en vue qu'une mort lente et probablement douloureuse, semblait une fin appropriée à ce qui avait été, somme toute, une année assez affreuse.
« On ne peut pas utiliser la magie, dit Drago, l'interrompant dans ses pensées morbides. Est-ce parce que ce n'est pas réel, ou parce que c'est une histoire Moldue ?
- Je ne suis pas sûre. »
Elle ne pouvait pas le voir, mais elle le connaissait assez pour savoir qu'il se cramponnait toujours à sa baguette, bien qu'elle soit inutilisable. Tous deux se turent pendant quelques minutes, mais quand Drago se remit à parler, même sa voix contenue ne parvenait pas à cacher sa frustration.
« Des bouquins moldus, cracha-t-il. Pourquoi tu ne t'es pas contentée de lui lire Les Contes de Beedle le Barde ?
- Bien, c'est entièrement ma faute. »
Elle s'assit bien droite, la suffisance remplaçant l'auto-apitoiement.
« Tu n'aurais pas dû te trouver là en bas. Je t'ai dit que tu n'avais le droit d'y être.
- Je ne m'y serais pas trouvé si tu avais daigné répondre à mes lettres ! »
Toute prudence oubliée, l'un comme l'autre ne s'embêtait plus à parler à voix basse.
« Peut-être que tu aurais dû saisir l'allusion et me foutre la paix. »
Imbécile obstiné et arrogant qui ne savait pas prendre un non pour une réponse.
« Tu ne me peux pas simplement refuser d'avoir affaire à moi. »
Non, mais elle pouvait essayer.
« On a un enfant. »
A ces mots, elle rit amèrement.
« Eh bien, ça n'a plus d'importance parce qu'aucun de nous deux ne le reverra. »
Et elle fondit en larmes. Mourir ne lui faisait pas peur. Pas vraiment. Plus maintenant. Elle avait été trop proche de mourir et trop souvent pour que ça la dérange plus que ça. Mais elle pouvait sentir quelque chose voler en éclats au fond d'elle à l'idée qu'elle ne reverrait jamais son fils.
Drago la laissa pleurer sans dire un mot. Il ne lui offrit aucun réconfort et elle n'en attendait aucun. Ils n'avaient que peu de mots gentils l'un pour l'autre. Et s'il ressentait aussi le poids de la situation, il ne le montra pas, mais il attendit en silence que ses larmes se tarissent.
« Si c'est un rêve, finit-il par dire, est-ce que ces créatures peuvent nous tuer ? »
Elle essaya de s'éclaircir les idées, réfléchissant un moment avant de répondre.
« Jon Swift, 1726. Il est l'un des deux seuls cas enregistrés d'utilisation du Pulvis Morphei en Grande-Bretagne. Il est mort seize heures après être tombé dans un profond sommeil. Il était jeune et en bonne santé, et il était trop tôt pour que ce soit à cause de la déshydratation ou de la faim.
- Tu es une femme intelligente, Granger. »
Elle pouvait entendre son sourire dans l'obscurité.
« Tu sais ce que ça signifie. »
Hermione voyait où il voulait en venir, mais elle n'était pas forcément d'accord avec ça.
« Même si les événements d'ici affectent la réalité d'une certaine manière, il n'y a pas la moindre trace de quelqu'un qui se serait réveillé.
- Tout n'est pas écrit quelque part dans un bouquin, se moqua-t-il. Même s'il n'y en n'a pas trace, ça ne veut pas dire que ce n'est pas arrivé. Ça ne veut pas dire que ça ne peut pas arriver.
- Drago…
- Non, coupa-t-il. Peut-être qu'il n'y a pas moyen de s'en sortir et peut-être que nous allons mourir ici, mais je ne vais pas rester assis ici à attendre que ça arrive. »
Elle leva les yeux au ciel, agacée. Si l'obstination d'une tête de mule pouvait briser cette foutue malédiction, ils en seraient déjà libérés. Elle avait vu les recherches, elle avait lu les données. Tout n'était pas écrit quelque part dans un bouquin, mais il y en avait assez pour qu'elle ne soit pas optimiste. C'était un vain argument, cependant. Elle avait lutté trop fort, pendant trop longtemps, et elle ne pouvait pas abandonner sans avoir essayé. Peut-être qu'ils allaient mourir, mais ils n'étaient pas encore morts.
« Okay, dit-elle simplement.
- Okay quoi ?
- Okay, on va essayer. »
