The Last Time.
Il s'accrochait à elle, à ses souvenirs. Il n'avait plus que ça, plus que cette infime partie d'elle avec lui. Elle n'était plus là, il n'avait plus rien. Et ils allaient tout lui retirer en un mouvement habile de poignet. Il entendit alors son professeur parler. Déblatérer sur le fait que tout cela était dans le seul but de l'aider à oublier. Justement, oublier. Il ne voulait pas oublier. Il ne pouvait pas l'oublier elle. Le professeur soupira, et le garçon continua de le fixer. La baguette s'éleva, le silence prit place, et un mot empli de remord s'éleva, brisant le néant qui s'était installé. Le jeune homme sentit alors une partie de lui –la plus importante partie de lui- s'enfuir au fin fond du bois de cette baguette. Elle était morte. Elle l'avait laissé, et il était dans son droit de l'oublier, n'est-ce pas ? D'oublier ô combien il avait pu la haïr, ces journées de labeur incessant, et ô combien il avait pu l'aimer, tous ces matins d'été. Les souvenirs défilèrent devant ses yeux gris, avant de le quitter définitivement. Le soir du bal, ou elle était descendue des escaliers dans sa sublimissime robe rosée.
« Oubliettes ! »
Les cours de potion, les regards perdus, les mains qui se frôlent.
« Oubliettes ! »
Le coup de poing de troisième année.
« Oubliettes ! »
L'avoir retrouvé scarifiée, au milieu du salon, au manoir.
« Oubliettes ! »
Le dernier jour de la guerre, ou il avait dû faire un choix, ou il l'avait choisi, ou elle était morte. Un sortilège venu du Mage Noir en personne, tuant la seule personne qui comptait réellement pour le garçon.
« … Oubliettes ! »
Le professeur Rogue vit le corps de Malefoy tomber au sol, sans force. Mais il ne fit rien pour l'aider. Il venait de le « sauver » des abysses de l'amour, il venait de lui retirer la seule chose qui lui restait, l'aider serait si hypocrite. Si le vieux professeur qu'était Albus ne lui avait pas intimement demandé, Rogue n'en aurait rien fait. Or, tout était trop tard. Lui redonner la mémoire ne l'aiderait plus. Rogue laissa un soupir s'échapper de ses lèvres, quand à l'instant même où ses remords apparurent, un livre ouvert se glissa devant ses yeux.
« Aborde ce livre comme tu le ferais d'un territoire inconnu ; aborde-le sans carte. Explore-le…»
Rogue vit d'abord une page blanche, en premier, puis les lettres apparurent d'elle-même, quand les yeux de Draco Malefoy s'ouvrirent. Il se redressa, et fixa le vide devant lui, soudain plus froid et morne qu'il ne le fut depuis longtemps.
« Et dresse ta propre carte. »
Les derniers mots se formèrent sans un mouvement de Draco. Un autre être vivant sur cette terre était relié à ce livre, qui condamnait Malefoy a une autre histoire pleine de malheur. Tout aurait dû prendre fin, or ce n'était que le commencement.
