Disclaimer : L'univers de Supernatural et ses personnages sont la création et la propriété d'Erik Kripke et de la CW.

Bonjour pour ma première fiction sur Supernatural, j'ai décidé de me lancer le défi de faire un calendrier de l'avent, avec un personnage différent pour chaque case. J'espère que cela vous plaira.

Bonne Lecture, Merane.


Case n°1 : William Harvelle.

La Chasse.

Noël 1990

William sauta de l'échelle, inspecta les alentours du regard puis satisfait, il dissimula son sac dans un coin sombre de la pièce. Les effluves nauséabondes des lieux oppressaient ses poumons. L'espoir d'atténuer l'odeur en plaquant son bras gauche contre son nez était tentant, néanmoins il s'obligea à la supporter car il ne préférait pas diminuer ses capacités au combat. Il raffermit sa prise sur l'arme, le cran de sécurité enlevé et entama l'exploration des égouts. La succion qu'exerçaient les amas gluants du sol sur ses semelles, dont il ne chercha pas à savoir les origines, l'empêchait de se mouvoir dans le silence complet.

Un crissement le mit en garde. Il se situait à un croisement, à la luminosité faible, qui donnait sur trois couloirs. Ses sens en alerte, le chasseur en chercha la provenance. Soudain il bondit sur le coté et se retourna, faisant feu. La balle fit mouche. Il entendit un feulement suivi d'un bruit de pas. Il s'élança à la poursuite de la créature sans s'accorder une seconde de réflexion sur son action. Il tira à plusieurs reprises, deux balles ricochèrent sur les tuyaux accrochés au mur, la troisième finit dans le décor. Cependant, William sut que sa traque aboutissait à sa conclusion, la respiration de sa proie s'accentuait, il gagnait indubitablement du terrain. Brusquement tout cessa. Il s'avança dans une pièce carrée où il n'avait pas de trace de son gibier.

Aussitôt, un poids lourd lui tomba dessus, l'écrasant avec violence à terre. Son pistolet lui échappa des mains. D'emblée, l'homme comprit que la créature s'était cachée parmi les conduits du plafond. Celle-ci mordit son poignet gauche, arrachant pêle-mêle des morceaux de cuir, de coton et de laine accompagnés d'un joli bout de peau qu'elle engloutit voracement. Il se concentra sur son objectif : tuer la goule et relégua la douleur au fond de son esprit.

Il dégaina d'un geste vif son poignard et frappa à l'aveugle. Il sut qu'il avait visé juste en entendant la bestiole geindre. Il profita des quelques secondes octroyées par son action afin de la repousser et abattit à plusieurs reprises sa lame sur son corps. La goule tenta de se dégager mais le chasseur à califourchon sur elle ne lui laissa aucune chance de s'échapper. Sa main gauche, tremblante, serrait son cou et son couteau ne cessait d'entailler ses chairs. Elle expira dans un gargouillement grotesque quand il lui trancha la gorge.

William se releva, haletant. L'adrénaline redescendit et sa blessure se rappela à lui. Il se mordit la lèvre pour éviter de gémir et sortit d'une de ses nombreuses poches, une de ses fameuses bandes qu'il enroula prestement sur la plaie. Dans une autre se trouvait une seringue d'antidouleur qu'il n'utilisa pas vu qu'il devait encore rester lucide, le travail n'était pas terminé. La moue écœurée, il transforma la tête de la créature en bouillie à l'aide d'une pierre prise au sol. Bobby disait que «les goules étaient des sales vicieuses qui continuaient à vous mordre même avec une mâchoire arrachée», or il souhaitait la brûler, sorte d'assurance de sa mort définitive, et l'essence se trouvait dans son sac. Réduire son crâne en purée lui assurait de ne pas lui courir après si elle se rétablissait pendant son absence.

Le chasseur refit le chemin inverse, gardant son membre blessé immobile tandis que le deuxième pointait son arme dans le vide, prête à servir. Selon ses recherches, il les avait toutes tuées mais ces canalisations étaient le lieu d'habitation privilégié d'un grand nombre de créatures surnaturelles. La présence des goules réduisait ses chances de croiser la route d'un autre monstre mais il ne tenterait pas le diable. Le trajet aller-retour ne dura pas longtemps et la bestiole termina sa vie en cendre.

Il rentra au motel, fourbu et pressé de dormir. Il nettoya, désinfecta et pansa consciencieusement la blessure avant de s'injecter des analgésiques et des antibiotiques. Sa tâche terminée, il se glissa avec bonheur entre les draps. Il s'assoupissait, prêt à rejoindre les bras de Morphée lorsqu'il se redressa dans son lit et s'exclama : «Oh mon dieu !».

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William avait oublié le marché qu'il avait passé avec son épouse. Elle l'autorisait à chasser, malgré la proximité des fêtes de fin d'année, et en échange, il s'occupait des achats alimentaires du repas de Noël. Évidemment, on l'attendait à la maison pour le vingt-quatre, au plus tard dans la matinée et on était déjà le vingt-deux, non le vingt-trois vu qu'il était deux heures du matin. Il gémit en reposant sa tête contre l'oreiller. Son agitation augmenta car il se souvenait qu'il n'avait pas acheté les cadeaux d'Ellen et Jo. Il imaginait sans mal l'affluence dans les magasins. Il aurait dû le faire lors de l'acquisition du sapin, il y de cela trois semaines. L'apparition d'un phénomène surnaturel, ou d'une victime de mort étrange, dans le journal du matin lui parut à l'instant une bonne idée qui s'évanouit sitôt, car sa femme n'avalerait pas l'excuse du boulot si le réveillon était gâché. Ça lui vaudrait d'ailleurs le canapé en tant que couchage. En outre sa fille méritait d'être gâtée ainsi que son épouse.

Au début, le couple ne voulait pas d'enfants. Leur vie, la chasse et l'ouverture d'un bar fréquenté par des chasseurs, et le boulot de parents étaient incompatibles. Puis elle était tombée enceinte, les prenant par surprise. Ils avaient choisi de garder l'enfant et il ne concevaient pas de revenir en arrière. Jo avait illuminé leur existence. Les premiers mois avait été compliqué mais ils avaient fini par prendre leurs marques. Les médicaments firent effets, ses pensées dérivèrent et il s'endormit en jugeant que.s'il pouvait tuer des goules, il pouvait survivre à une journée de shopping.

Le réveil sonna trop tôt à son goût. Maugréant, William gagna la salle de bain, se doucha rapidement et s'apprêta pour la journée à venir. Au préalable, il était nécessaire de retrouver la liste des courses au milieu de son bazar. Sa fouille dura un court quart d'heure au bout duquel, il attrapa, vainqueur, un morceau de papier coincé entre deux livres en latin. Le billet était très précis et détaillé et il ne risquait pas d'acheter des cadeaux analogues à ceux de sa femme. Sa prévoyance ne l'étonnait plus après huit années de mariage. Elle le connaissait par cœur. Il ne s'appesantit pas sur la lecture de celui-ci, il aurait la possibilité de déprimer une fois dans le magasin. Il attrapa sa veste, ses clefs de voiture et se prépara mentalement à la dure tâche qui l'attendait. Il devait l'appréhender comme une chasse, avec méthode, rigueur et organisation. S'il appliquait ces principes, il devrait s'en sortir vivant !

William se dirigea vers un centre commercial qu'il avait repéré à cinq minutes de la ville. Sur place, il décida de commencer par les cadeaux. Ceux d'Ellen ne lui posèrent aucuns soucis. Il opta pour des objets pratiques, utiles, sans tomber dans l'affront de lui offrir un appareil ménager, la nuance qui évitait de dormir à l'hôtel et lui permettait d'échapper aux remarques sur la futilité de certaines babioles. Il assortit l'ensemble d'une note de frivolité en lui prenant son parfum préféré et le dernier cd d'un de ses groupes favoris. Le chasseur manquait singulièrement de romantisme, il le savait, néanmoins à force d'expérience, il avait appris à éviter les impairs. Il pensa que si sa fille était d'une grande simplicité dans ses demandes, à la puberté, elle risquait de tomber dans les méandres de la complexité féminine.

Songeur, il poussa son chariot en direction de la boutique de jouets. Il se promena dans les allées, à la recherche d'un jeu de société, d'une poupée et de legos. William ricana en voyant le comportement sauvage de certains individus, visiblement préparés à user de tous les moyens à disposition afin de récupérer le jouet qu'ils convoitaient. Le manège des clients l'amusa jusqu'à ce qu'il repère le jeu dont sa fille lui rabâchait les oreilles depuis des semaines. Il vit le regard d'une adolescente posé sur l'objet qu'il voulait. «Oh ma belle, n'espère pas que tu l'auras». Elle n'eut pas l'opportunité d'esquisser un seul mouvement que le chasseur s'était jeté sur la boite, lui adressant un coup d'œil narquois, fier de sa capture. Il s'éloigna en sifflotant joyeusement. Il paya ses achats et décida de s'accorder une pause. Il déposa ses premiers paquets dans le coffre de sa Ford et déjeuna dans un dinner situé dans la galerie commerciale. Suite à ce repos bien mérité, il passa à la seconde phase du plan, les courses alimentaires.

Déambulant dans les vastes allées, William s'interrogeait sur l'importance des marques. Il avait cru que les courses seraient rapides or que se soit pour une boite de champignons ou du papier toilette, Ellen en avait profité pour lui refiler les achats du mois, il lui fallait une marque précise ou du moins que le produit présente certaines caractéristiques et se situe dans la fourchette de prix. Il se retrouvait à lire et à relire pendant de longues et ennuyeuses minutes des étiquettes en tout genre. Subitement une réflexion germa à l'intérieur de son esprit.

Les courses étaient le domaine réservé de son épouse car il était une catastrophe en la matière, il ramenait rarement ce qu'elle voulait. Il nota de chercher la bourde qu'il avait pu commettre pour mériter ce supplice et ensuite il lui présenterait des excuses. Il était arrivé au rayon décoration et devant la multitude de bougies, son visage s'éclaira. À défaut de trouver le pourquoi, il avait trouvé le moyen par lequel il se ferait pardonner. Le chasseur raya la ligne finale de la liste et émit un profond souffle de soulagement, il n'avait plus qu'à payer et à rentrer chez lui. Le calvaire prenait fin. Faute d'être là pour le dîner, il rentrerait à l'heure pour le rituel du coucher.

o§o§o§o

William gara son véhicule au parking du Roadhouse, à coté de la sortie arrière qui donnait sur un couloir desservant les cuisines et l'escalier menant à ses appartements. À peine était-il arrivé sur le palier, qu'une tornade blonde sauta dans ses bras. Il eut juste le temps de poser les sacs par terre pour la récupérer au vol. Il la câlina longuement.

— Bonjour ma puce. Tu ne devrais pas être couché à cette heure-ci ?

— Siii mais je t'attendais pour mon histoire.

— Cela ne t'empêchait pas de rester bien sagement au lit, la gronda t-il gentiment.

— J'aurai droit à mon histoire, même si je suis levée, hein ?

— Mais oui. Laisse moi le temps de remonter les courses et de dire bonjour à ta mère, la rassura t-il.

— C'est les cadeaux ! C'est ça ? C'est ça ?

— Peut-être mais si tu n'es pas une gentille petite fille, je risque de les rapporter.

— Mais je suis toujours sage ! s'exclama t-elle

Elle se dégagea de son emprise et s'enfuit en direction de sa chambre.

William souriait, heureux d'être rentré. Il était à la maison auprès de sa famille. Il sentit deux bras se nouer autour de sa taille tandis qu'un souffle chaud balayait sa nuque.

— Bonjour Bill.

— Bonjour Ellen.

Le chasseur se retourna, l'enlaça, s'enivra de son odeur puis l'embrassa. Elle lui avait manqué. Ils discutèrent un instant, appréciant les retrouvailles. Ses absences étaient coutumières mais le retour à la maison restait un événement en soit. Sa femme l'aida à monter et ranger les provisions. Il s'occupa seul des cadeaux qu'il cacha à l'intérieur de son bureau, une pièce interdite à sa fille, curieuse de nature. Au moment de rejoindre Jo pour la lecture, ses interrogations refirent surface. Il interpella son épouse qui s'apprêtait à descendre s'occuper des clients.

— J'ai fait quoi comme boulette dernièrement ?

Ellen ne sembla pas comprendre quand un grand sourire malicieux orna son visage. Il la prit de la court, ayant compris de quoi il en retournait.

— Oh, je vois, je me suis fait avoir. Tu n'avais juste pas envie de les faire.

— Non. Et puis j'avoue que te laisser te débrouiller dans les magasins en cette période de l'année était une idée très amusante

Elle ria de son air déconfit, le taquinant. Elle allait regagner son poste au bar lorsqu'elle rajouta.

— Par contre, quoi que tu aies prévu pour te faire pardonner, je prends.

Elle ne lui laissa pas l'occasion de répondre et disparut dans les escaliers.

William grommela dans sa barbe à propos des femmes et de leur lubies. Il ne s'en préoccupa plus une fois dans la chambre de sa fille. Pour l'histoire de se soir, il opta pour une légende amérindienne qu'il avait lue dans un des livres qu'il utilisait pour la chasse. Jo ne mit pas longtemps à s'endormir. Il la borda et baisa son front, replaçant quelques mèches de cheveux. Il jeta un coup d'œil la fenêtre, nota la ligne de sel et soupira. Il n'était pas mécontent, sa femme et lui avait réussi à préserver une partie de son innocence mais ce n'était pas facile. Il se rappelait d'ailleurs de la colère de son épouse lorsqu'un chasseur, un peu ivre, avait expliqué à sa fille que le Père Noël n'existait pas. L'image de l'homme se faisant éjecter du bar par sa femme le fit glousser. Le bruit des draps froissés le sortit de ses souvenirs et après avoir allumé la veilleuse et refermé la porte, il gagna le salon.

Malgré la fatigue du voyage, il n'avait pas sommeil et s'installa sur le canapé, devant l'énorme sapin à la décoration bariolée, sûrement l'œuvre de sa fille. Il désirait descendre dans la grande salle, voir si quelques-unes de ses connaissance s'y trouvaient mais la dernière étape de son plan n'attendait pas. Il savait déjà que celle-ci serait la moins réussi, les papiers cadeaux et lui ça faisait deux.

Fin.


Indice pour le prochain personnage : «Hey Jude est une de ses chansons favorites.»