Cher Harry,
Voilà maintenant un bon mois que j'essaye de lutter contre cette envie, aujourd'hui j'y cède. Ca me paraît maintenant tellement idiot de t'écrire ainsi, tellement égoïste… Ta décision est prise, la mienne aussi. Mais un simple mot ne suffit pas pour effacer tous ces souvenirs, un simple mot n'a jamais eu le pouvoir de décrire l'abandon d'un sentiment si compliqué.
Il y a maintenant un mois que tu as pris la décision de ne pas revenir à Poudlard pour ce qui aurait dû être ta dernière année scolaire, un mois que je me dis que c'est sans doute mieux comme ça. Il m'arrive de penser à des choses si bête que j'en ai parfois honte. Mais la question reste la même, vaut-il mieux avoir vécu un moment de bonheur si intense que la chute en fut plus que douloureuse ? Ou ne jamais avoir su ce qu'était le bonheur d'être dans tes bras ?
Au moment où ces mots franchissent la limite de ma plume, je les regrette déjà. Je m'étais jurée de ne pas te dire ces choses là, je m'étais jurée de ne pas te rendre plus difficile les moments que tu dois vivre en ce moment. Une fois de plus, je faillis à ma promesse. Je sais que j'aurais dû t'encourager mais comment le faire lorsque l'on n'est pas sûre nous même que ce choix est le bon. Je me rends malade à t'imaginer chaque jour un peu plus en danger, et je souhaite de toute mon âme que le proverbe « loin des yeux, loin du cœur » prenne tout son sens.
En ce moment, deux idées essaient de prendre le dessus dans mon esprit. L'une me dit que finalement, c'est peut-être mieux ainsi et que je finirais sans doute par t'oublier. L'autre me dit que je n'ai aucune envie d'oublier, que l'oublie et la pire chose que l'on est inventé pour donner à l'homme ce sentiment de culpabilité. De nouveau je me sens égoïste… Comment penser à nous, à moi alors qu'au moment où tu recevras cette lettre tu auras sans doutes frôlé la mort plus que moi-même je ne l'approcherais dans toute ma vie ?
Mais cette voix me dit également tu peux faire demi-tour et attendre le moment opportun. Maman m'a toujours dit que l'homme n'était en rien responsable de sa destinée mais que c'était à lui de la rendre plus agréable. As-tu réellement l'impression que c'est ce que tu fais ? Je sais que l'on ne fait pas toujours ce que l'on veut mais alors, pourquoi lorsqu'un choix se présente à nous, l'homme semble mettre tout en œuvre pour en faire une complication et se dire que c'est son destin ? Je ne crois pas en ça…
Je m'excuse encore si cette lettre n'a pas l'effet escompté sur toi… Je m'excuse si tu penses que je n'aurais jamais dû faire ce pas en plus.
Je me rends compte à ce moment même que je ne sais pas comment finir cette lettre. Au risque que cela paraisse maladroit, je t'aurais au moins prévenue.
Ginny Weasley.
Chère Ginny,
Détrompes-toi, je n'attendais qu'un pas de toi pour faire le mien. Et je me rends compte qu'une fois de plus je me suis contenté d'attendre. Pourtant, le fait est là, je suis tellement content de cette lettre que je me suis empressé de t'y répondre. Et pourtant, je ne sais pas quoi te dire. Ou au contraire, j'ai tellement de chose à te raconter que je ne sais par où commencer. Et je les oublie un par un, me disant que ça ne sert à rien de te dire tout ça.
Tu as totalement raison sur une chose, même si l'on n'est pas maître de son destin, rien ne nous empêche de le rendre plus agréable encore. C'est ce que je suis en train de faire. Car une fois que la menace de Voldemort ne planera plus au dessus de nos têtes, la vie de chacun ne pourra qu'en être plus agréable. Ginny, tu sais également que je n'ai aucune envie de m'étendre sur ce sujet, tout comme tu sais pareillement que je ne reviendrais pas sur cette décision. Mais contrairement à toi, je ne doute pas. Je sais ce qui est mieux, pour moi, pour nous.
Je pense que j'ai appris à te connaître assez pour savoir que tu ne parlais pas seulement du fait que je sois parti recherché les horcruxes, mais également de ce qui a été nous. Je sais que je ne devrais pas te le dire non plus mais là aussi je suis sûr de moi. D'autant plus sûr que je sais combien il m'est difficile de rester loin de toi. Je ne veux pas leur donner une raison de plus de te faire du mal, de t'éloigner de moi. Tu l'as dit toi-même Ginny, on ne fait pas toujours ce que l'on veut. C'est encore une fois le cas.
Je ne peux pas souhaiter que tu m'attendes indéfiniment, alors moi aussi je me mets à souhaiter que tu m'oublieras. Peut-être même que tu trouveras quelqu'un qui tiendra autant à toi que le fais maintenant. S'il te plaît, n'ais pas honte penser cela.
Je vais te laisser car au fur et à mesure que l'encre se déverse sur le parchemin, mes idées deviennent confuses.
Amicalement,
H P.
