Titre : Frustration

Auteur : Anders Andrew

Rating : T

Fandom : One Piece, ZoSan

Genre : hurt/comfort (même si...où est le comfort ?)

Notes : Débarquer sur le fandom avec ce genre de fic...j'ai pas peur des cailloux qu'on pourrait me jeter...


Une assiette se brisa.
Le bruit des couverts tombant au sol ressembla à un véritable fracas à ses oreilles. Le sang tambourinait follement à ses tempes, et il se sentait à la fois brûlant et gelé. La sueur lui refroidissait le cou, faisant se hérisser le duvet de sa nuque.
Il avait repoussé Sanji à plat ventre contre la table, se moquant bien de la vaisselle. Il s'était placé dans son dos, et ses mains retenaient fermement les poignets du cuisinier au creux de ses reins, à l'abris du moindre coup de pied.
Le blond l'insultait et ruait pour se dégager; mais évidemment, en terme de force brute, Zoro était bien plus fort que lui. L'arrête du meuble lui meurtrissait l'abdomen, le forçant à se plier en deux. Au début, il avait s'agit d'une dispute des plus ordinaires. Il ne se souvenait pas quand ça avait tourné comme ça. Mais quelque chose dans l'atmosphère avait changé et avait fini par transformer sa colère en panique. Les gestes de l'épéiste s'étaient faits brutaux, et en moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire, il s'était retrouvé dans cette situation pour le moins pénible. Au bout d'un moment, il cessa tout simplement de se débattre, étant donné l'inutilité de la chose. Ses bras lui faisaient mal à force d'être tirés; il était essoufflé, ses cheveux étaient en bataille, ses joues rouges.
Derrière lui, l'escrimeur reprenait difficilement sa respiration; il faisait de gros efforts pour se calmer. Pourtant, cela ne marchait pas tout à fait. Ses instincts de prédateur lui dictaient d'assouvir ses besoins sur sa proie, et maintenant qu'il l'avait vaincu, son désir se faisait d'autant plus pressant. Il voyait la gorge de Sanji palpiter doucement, fragile, la pomme d'Adam faisant des allées et venues tandis qu'il déglutissait. Une envie soudaine de plonger les dents dedans le prit. Il la repoussa avec répulsion, néanmoins la tentation demeurait dans un recoin obscur de son esprit.
- Tu comptes me lâcher dans les jours qui viennent, ou tu attends la Saint Glinglin, marimo ?
La voix de son adversaire, pourtant soumis à son emprise, ne tremblait pas. Elle était acide et légèrement sarcastique, avec une note de froideur caractéristique de la façon dont il lui parlait toujours, et qui contrastait tant avec celle, chaleureuse, qu'il utilisait pour discourir auprès des femmes.
Le jeune coq avait appris à faire face à la peur et à la contrôler. Pendant les très longues semaines qu'il avait passé sur ce caillou perdu en mer quand il était enfant, l'angoisse de mourir lui avait souvent serré le cœur; mais il avait su maîtriser sa terreur, combler son désespoir par des pensées moins moroses. C'était exactement ce qu'il tentait de faire alors. Au lieu de s'échiner vainement à essayer de s'échapper, il tenta de rationaliser ses frayeurs. Quelles raisons avait-il de s'affoler ? Zoro pouvait le rouer de coups, et alors ? Il en avait vu d'autres, se battre ne lui avait jamais fait peur. Alors quoi ?
La réponse vînt brusquement en un soubresaut qui secoua le sabreur, sa hargne et ses pulsions de domination aiguillonnées par la réplique du cuistot du navire. Il appuya son entrejambe durci contre lui, provoquant une réaction en chaîne; le blond au sourcil bizarre se redressa vivement, choqué, et se remit à se tortiller frénétiquement, ce qui excita d'autant plus le bretteur.
- Arrête de gigoter, gronda celui-ci, la voix rauque, en resserrant sa prise.
- Tu me fais mal ! Lâche-moi ! LÂCHE-MOI, CONNARD !, s'écria Sanji en se cabrant, bien décidé à s'éloigner le plus possible de ce qui pulsait contre son postérieur.
- C'est bon, je ne vais rien te faire, grogna Zoro, énervé, dans une tentative plutôt ratée de le calmer.
C'était encore plus difficile de se concentrer, avec cet ennuyeux ero-cook qui se frottait avec insouciance contre son érection, éveillant une ardeur que l'escrimeur n'était pas certain de pouvoir soulager sans faire preuve de violence.
- Cause toujours !, rugit l'autre en cognant brutalement son occipital contre le front de son agresseur.
Ce dernier, un peu sonné, s'écarta de lui, le relâchant enfin.
Le cuisinier s'enfuit de la cuisine du bateau sans demander son reste.
Zoro vacilla, la main sur la tête; la douleur palpitait sourdement dans son crâne, atténuant les sensations qui l'avaient envahi.
Son esprit redevint plus clair, et il se pinça le nez, furieux contre lui-même.
Comment avait-il pu en arriver là ?