Salut tout le monde !

J'ai été absente longtemps, beaucoup plus longtemps que ce que j'espérais. Mais ce soir, c'est le réveillon de noël et certains le savent : je publie toujours quelque chose le soir du 24 décembre, pour ceux qui passeraient par là : les cloués au lit par la gastro (ou autres joyeusetés), les non noëlistes (peu importe leurs raisons), les défenseurs des huitres et des oies (qui s'absentent juste le temps de protester à l'heure de l'apéro), les déçus de minuit (on avait dit pas de nouveau pull, Molly !), les incompris (dur dur les réunions de famille pour eux), les tout seuls (ceux à qui je pense le plus ce soir) et bref, tous ceux qui ont une raison d'être à la recherche d'un peu de lecture pour le réveillon de noël.

Me revoilà donc (enfin) avec une toute nouvelle histoire ! Et je préfère immédiatement prévenir les lecteurs qui me suivent depuis longtemps que, cette fois encore, je risque de bousculer un peu les habitudes qu'ils pensaient avoir prises avec moi lol Mais vous n'êtes pas du genre à trembler dans vos bottes, n'est-ce pas ?

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Avada Memomagia

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Disclaimer : Tous les personnages et le contexte appartiennent à JKR. L'histoire est de moi.

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Ce qu'il faut savoir avant de lire…ou de ne pas lire cette histoire :

- Il s'agit d'une romance entre deux hommes.

- Le contenu parfois violent peut être difficile à supporter pour les plus sensibles (Torture, meurtres sanglants et relations sexuelles non conventionnelles seront au rendez-vous).

- Relations sexuelles (très) explicites aux chapitres 1, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 15 ….

- 18 chapitres + épilogue. Fic terminée.

- Publication mensuelle.

Résumé : Voldemort l'a capturé. En le privant de ses souvenirs, il a pu s'emparer de son cœur pour en faire sa meilleure arme. Manipulé par tous, parviendra-t-il à sortir des Ténèbres pour sauver la communauté sorcière ? L'amour sera-t-il sa plus grande force ou sa plus grande faiblesse ?

Influences :

- Fic FFnet de Ivy Blossom, Blue Vase, traduite par Aelane sous le titre Le vase bleu : par Ivy Blossom.

- Fic FFnet de mamielapin, 10 ans déjà.

- Livre de Glen Duncan, Moi, Lucifer.

- Série TV de Joss Whedon, Buffy contre les vampires.

- Chanson de Portiched, Nobody loves me.

Je tiens par ailleurs à signaler que j'ai usé et abusé des sites internet de l'Encyclopédie Harry Potter et du Wiki Harry Potter pour rédiger cette histoire.

Personnages principaux :

- Voldemort

- Harry Potter

Super Bêta qui déchire tout: Aizhi

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Précisions utiles : Cette histoire prend en compte les sept tomes d'Harry Potter, hormis le dénouement de la bataille finale. Elle commence après que le diadème de Serdaigle ait été détruit par le Feudeymon et avant la mort de Fred. Cependant, pour les besoins de l'intrigue, j'ai modifié les choses suivantes : Le Ministère de la Magie n'est pas encore tombé aux mains des mangemorts. En revanche, Severus Rogue est toujours le directeur de Poudlard. Les membres de L'Ordre du Phénix savent qu'il est des leurs. Seuls Harry, Ron et Hermione l'ignorent, car Dumbledore craignait que Voldemort n'apprenne la trahison de Severus via le lien l'unissant à Harry. Harry ne ressent aucune douleur au niveau de sa cicatrice lorsqu'il est en présence de Voldemort (ce truc n'est pas cohérent de toute façon. Comme si Nagini avait souffert le martyre à chaque fois qu'elle était avec son maître…). Enfin, Dudley Dursley s'est montré plus maltraitant envers Harry que dans les romans originaux.

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Cette histoire, je l'ai écrite pour ma super bêta qui déchire tout, Aizhi, qui m'avait réclamé du sang, DU SANG! J'ai fait de mon mieux^^

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Chapitre 1 : Avada et cætera

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Le garçon courait devant lui, aussi vite que ses dernières forces le lui permettaient. Il le voyait détaler entre les arbres, éviter une branche, glisser sur une racine pleine de mousse, repartir avec la force du désespoir.

Rodolphus Lestrange se para d'un sourire cruel. Les mèches de ses cheveux bruns, collées par la sueur, lui fouettaient le visage au rythme de sa course. Grand, barbu, imposant dans ses habits de cuir souple et sa cape sombre, c'était lui, le chasseur. Et, contrairement à sa proie, il courait avec assurance, sans faiblir, sur le sol inégal de la Forêt Interdite, détrempé par les pluies printanières de ce mois de mai.

Au loin, il pouvait encore entendre les échos de la bataille de Poudlard. Un simulacre de bataille. Le but n'étant pas de gagner, comme le Maître le leur avait dit. Mais de faire perdre.

« Stupéfix ! hurla-t-il en brandissant sa baguette. »

Mais Harry fit un écart et évita le sort. Il ne pouvait même pas riposter, Lestrange ayant pris possession de sa baguette après un « expelliarmus » qu'il n'avait pas pu éviter. Et il ne voyait pas très bien où il allait, ayant perdu ses lunettes un peu plus tôt, lorsqu'il se battait contre un autre mangemort.

« Cours, petit garçon. Mais tu vas mourir, de toute façon, chantonna son poursuivant en agrandissant ses foulées. »

Le cœur d'Harry battait à tout rompre. Son corps demandait grâce, ayant déjà encaissé plusieurs sorts sur le champ de bataille, avant que Lestrange ne l'isole à l'orée de la Forêt Interdite.

Pitié, quelqu'un, n'importe qui, priait-il silencieusement.

« Diffindo ! hurla Lestrange avec une joie malsaine, semblant s'amuser comme un enfant. »

Tout ceci est un jeu pour lui, réalisa Harry. Ma vie a autant de valeur à ses yeux que celle d'un soldat de plomb.

Lestrange éclata d'un rire fou lorsqu'Harry évita de justesse le sortilège de découpe, percutant de plein fouet une branche dans la manœuvre. Le sang se répandit sur sa joue meurtrie. Mais il ne s'en aperçut même pas, trop pris dans sa course.

Fuir, fuir la mort.

Seuls quelques mètres le séparaient à présent de Lestrange. Sa poitrine était brûlante et les muscles de ses jambes presque tétanisés. Le sang battait ses tempes au point qu'il n'entendit pas le dernier sort envoyé par son poursuivant.

Le « Doloris » glissa des lèvres de Lestrange comme la plus douce des friandises et faucha Harry comme la plus implacable des sentences.

Il s'écroula au sol, convulsant sous l'intense douleur, hurlant sa souffrance, son désespoir et sa peur.

« Tu vas mourir, petit garçon. »

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Severus transplana quelques heures plus tard aux portes de Morsonge, le château où Voldemort, le Seigneur des Ténèbres, avait établi sa résidence. Son visage était fermé, comme à son habitude. Pourtant, il se sentait bien plus mal que d'habitude.

Dumbledore était mort et tous ses plans venaient d'échouer. Voldemort détenait Potter et les membres de l'Ordre étaient en déroute après la bataille qui les avait opposés aux mangemorts à Poudlard. Mais le pire restait à venir.

A peine un elfe de maison lui avait-il ouvert la porte qu'il se hâta dans le dédale de couloirs menant à la salle du trône.

Oui, la salle du trône, car ce mégalomane s'était autoproclamé Roi des Sang-Pur de Grande Bretagne.

Deux mangemorts lui ouvrirent le passage, le laissant pénétrer dans la pièce éclairée de centaines de bougies éternelles. Il était rare qu'elle reçoive tant de monde à cette heure de la nuit. Aussi s'était-elle parée de lumière et de chaleur pour son maître, faisant ronfler ses multiples cheminées.

Voldemort, siégeant sur son trône, releva la tête à l'entrée de son fidèle mangemort. Il était drapé dans la grande cape noire qui ne le quittait plus depuis qu'il avait réintégré un corps. Un corps dont il semblait faire bien peu de cas mais qu'il prenait tout de même le soin de couvrir le plus possible, allant jusqu'à revêtir la large capuche de sa cape. Seules ses mains arachnéennes et son visage reptilien étaient visibles, la pâleur de sa peau de cadavre contrastant grandement avec le tissu de son vêtement. Et, pour parfaire ce tableau cauchemardesque, les deux fentes longilignes figurant ses yeux s'ouvraient sur deux iris rougeoyants.

« Severus, persiffla-t-il de sa voix d'outre-tombe, un sourire pointu prenant forme sur son visage exsangue. Nous n'attendions plus que toi. »

Il s'approcha d'avantage du trône, évitant avec soin de fixer la forme prostrée aux pieds de Rodolphus et Bellatrix Lestrange.

« Maître, le salua-t-il en inclinant la tête, une main sur le cœur. »

« Nous n'attendions plus que toi, l'admonesta le Seigneur des Ténèbres en caressant la gorge de son serpent, Nagini, qui se prélassait sur ses genoux. »

« Veuillez me pardonner, Maître. Je devais régler la situation à Poudlard afin d'éviter tout débordement. Les élèves les plus récalcitrants ont dû être…remis sur le droit chemin. »

« Ton sérieux et ta loyauté devraient être un exemple pour tous, Severus, déclara Voldemort en poignardant l'assemblée du regard. »

Tous les mangemorts présents furent saisis d'angoisse.

Est-ce à moi qu'il parle ? Va-t-il me punir ?

« Redresse-toi, Severus. Nous allons pouvoir commencer, maintenant que tu es là. »

Un rire de petite fille malade se fit entendre, attirant les regards vers les Lestrange.

« Impatiente, ma chère Bella ? ronronna Voldemort. »

« Oh oui, Maître, chuchota-t-elle en le dévorant des yeux. »

Rodolphus la retint par le bras, évitant ainsi qu'elle ne se donne un peu plus en spectacle. Sur son visage de poupée, ses immenses yeux marron luisaient d'une lueur démente. Un corset de dentelle grise enserrait sa petite poitrine, faisant ressortir ses clavicules anguleuses et son souffle saccadé. Sa jupe noire aux multiples frous-frous et les boucles de sa chevelure un peu folle lui donnaient des airs de bohémienne.

« Accio Harry Potter, murmura le Seigneur des Ténèbres dans un doux mouvement de baguette. »

« Non…non ! se mit à gémir le garçon étendu aux pieds des Lestrange, tentant en vain de lutter contre le sort d'attraction en crochetant ses doigts dans les joints des dalles de pierre au sol. »

Sa pauvre tentative provoqua les rires de quelques mangemorts, qui se firent plus francs lorsque Bellatrix lui décocha un violent coup de pied.

« Ne résiste pas au Maître, enfant dégoutant ! lui ordonna-t-elle avec rage. »

« Doucement, Bella. Tu ne voudrais pas casser mon jouet ? lui demanda Voldemort. »

« Non, Maître. Je veux vous voir jouer avec lui, chuchota-t-elle en se caressant le ventre. »

Harry était à présent recroquevillé devant le trône.

Severus cherchait en vain une solution pour le sauver. Ses méninges tournaient à toute allure, montant les plans de fuite les plus suicidaires, invoquant les arguments les plus improbables pour convaincre le Seigneur des Ténèbres d'épargner la vie du garçon.

Voldemort se leva et s'approcha d'Harry. D'une main, il attrapa ses cheveux pour lui redresser la tête. Son visage était constellé d'hématomes. Un de ses yeux était gonflé, à peine ouvert. Sa joue était profondément entaillée mais ne saignait plus. Le reste de son corps n'était pas en meilleur état. Il serrait son bras gauche contre lui dans un drôle d'angle, probablement cassé.

« Et bien, voilà donc le grand Harry Potter. Aurais-tu donc laissé Rodolphus jouer avec toi ? lui demanda-t-il. »

« … »

« Je ne suis pas sûr de te le pardonner, précisa-t-il en souriant. »

Puis il se pencha à son oreille et, la frôlant de ses lèvres froides, il susurra :

« Doloris. »

Le corps d'Harry se tendit, toujours maintenu par la poigne du Seigneur des Ténèbres dans ses cheveux. Et il hurla.

Il hurla.

Il hurla.

Un cri qui n'avait plus rien d'humain. Un cri de bête à l'agonie.

Lorsque le sort cessa, il fut pris d'un haut-le-cœur, son estomac se révulsant. Voldemort eut tout juste le temps de s'écarter pour que sa cape ne soit pas souillée, laissant retomber Harry dans son vomi.

Severus devait lutter pour ne pas fermer les yeux. Certains mangemorts ricanaient, mais la majorité étaient saisis d'effroi et de curiosité malsaine.

Combien de temps tiendrait le Survivant ? Quel serait le prochain sort du Maître ?

« Tu es pathétique, cracha ce dernier, que le manque de résistance du garçon énervait au plus haut point. »

« Tuez-le… Tuez-le, le pria Bellatrix avec une sorte d'urgence teintée d'envie. »

Une lueur un peu folle s'alluma dans les yeux rouges de Voldemort. Se redressant de toute sa stature, il éleva sa baguette.

Il détailla une dernière fois le garçon, dont le corps semblait un ramassis de membres informes tant sa position était grotesque. Il ne pouvait voir qu'une partie de son visage, l'autre étant vautrée dans son vomi. Il aurait aimé voir ses yeux au moment de le tuer. Tant pis.

« Avada… »

Son regard carmin venait d'accrocher la cicatrice sur le front pâle, entre les mèches de cheveux noirs, le figeant dans son geste.

« Maître ? l'appela Rodolphus. »

Ce dernier le braqua de ses pupilles pleines de haine. Il y eut un moment de silence où chacun retint son souffle.

Avec lenteur, le Seigneur des Ténèbres baissa sa baguette.

« J'ai changé d'avis, déclara-t-il dans un sourire inquiétant. »

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Avec précaution, Severus reposa le bras d'Harry le long de son corps frêle. Toujours sans le regarder, il souleva sa tunique et Harry se laissa faire. Il observa les hématomes sur son abdomen. Ils avaient presque tous disparu. Finalement, il porta sa main sur le front du garçon, ne pouvant plus éviter les yeux verts qui le fixaient, comme à chaque fois qu'il venait lui prodiguer ses soins.

Je vous hais. Je vous hais. Et j'ai tellement besoin d'aide.

Voilà ce que lui disaient ces yeux. C'est pour cela qu'il les fuyait le plus possible.

« Vous n'avez plus de fièvre, Potter, déclara-t-il en dégageant sa main. Vous devriez manger un peu. »

Ce à quoi Harry répondit par un reniflement en tournant la tête pour fixer les murs de son cachot. Voilà déjà 15 jours qu'il y était alité et soigné.

« As-tu fini de jouer les petites infirmières, Severus ? Ou aimes-tu tant que ça dorloter ce garçon dégoûtant ? lui demanda vertement Bellatrix. »

Il ne pouvait jamais descendre seul dans les cachots, ordre du Maître. Et ce n'était jamais le même mangemort qui l'accompagnait. Chaque jour, il espérait que Lucius soit désigné pour descendre avec lui voir Harry. Mais ce n'était jamais Lucius.

« Je me conforme aux ordres du Maître, se contenta-t-il de répondre en se redressant. »

Il aurait aimé que Potter mange un peu. Qu'il ne baisse pas les bras. Qu'il reprenne espoir.

Le cœur lourd, il se détourna de son ancien élève et quitta les cachots, Bellatrix sur les talons.

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Au même moment, Drago Malefoy toquait à la porte du bureau de Voldemort, qui l'avait fait convoquer un peu plus tôt dans la matinée. Il était mort de trouille et n'avait cessé d'imaginer le pire en attendant l'heure de leur rendez-vous. Mais il ne voulait pas décevoir son père, aussi tentait-il de cacher sa peur du mieux possible, afin de faire face au Seigneur des Ténèbres avec la dignité d'un Malefoy.

La porte s'ouvrit, lui révélant l'intérieur de la pièce. Voldemort était installé derrière un grand bureau en bois massif aux pieds sculptés de motifs tortueux, un livre épais ouvert devant lui. Il était entouré de parchemins, certains étalés devant lui, d'autres formants de petites piles en périphérie.

Nagini siffla à son intention, lui révélant sa présence dans un coin de la pièce.

La porte se referma doucement, comme une menace voilée.

« Vous avez demandé à me voir, Maître ? »

Voldemort ne releva même pas la tête, poursuivant la lecture du livre volumineux accaparant toute son attention.

Quelques instants plus tard, il se calla confortablement dans son siège, jaugeant le jeune homme. Drago avait l'allure d'un adolescent dégingandé, ce qu'il était, par ailleurs. Ses fins cheveux blonds, ses yeux gris et son visage pointu étaient certifiés Malefoy. Quant à la douceur de son regard…

« Toi et moi savons ce qu'il en a été de ta dernière mission. N'est-ce pas, Drago ? »

« Oui, Maître, répondit-il avec humilité. »

« Et nous savons combien j'ai été contrarié après cela. »

Drago déglutit difficilement.

Oh oui, il le savait. Son corps s'en souvenait.

« Oui… Maître. »

« Mais tu n'étais alors qu'un tout jeune mangemort. Un débutant. Je pense qu'aujourd'hui, tu n'es plus le même. N'est-ce pas? »

« Oui, Maître. »

Et pour cause, il l'avait dressé à coup de Doloris. Il l'avait obligé à torturer et à tuer. Il avait fait de sa mère son otage.

« Bien ! s'exclama l'autre avec un semblant de satisfaction paternelle. Me voilà donc assuré que tu ne failliras pas pour la nouvelle mission que je compte te donner. »

« Oui, Maître. »

« Ecoute-moi attentivement, Drago, reprit-il avec sérieux. Il y a, au Département des Lois Magiques du Ministère de la Magie (1), un livre dont j'ai absolument besoin afin de mener à bien notre projet de voir mon règne reconnu par la communauté sorcière de Grande Bretagne. Tu devras le trouver et me le rapporter. »

« Oui, Maître. Quel est ce livre ? »

« Le livre des Lois de Pendle et Samlesbury. »

« Je vous l'apporterai, Maître. »

« C'est évident, répliqua l'autre, une menace clairement audible dans sa voix. Par ailleurs, j'attends de toi la plus grande discrétion. Ne parle de ce livre à personne. Me suis-je bien fait comprendre ? »

« Oui, Maître. »

« Tu peux sortir. Et dis à Severus de me rejoindre dès qu'il aura terminé avec Potter. »

Ce n'est que lorsqu'il eut quitté le bureau et que la porte se fut refermée derrière lui que Drago autorisa ses mains à trembler.

Une fois seul, Voldemort referma le livre sous ses yeux. La couverture noircie ne laissait paraitre aucun titre mais il la caressa avec dévotion, couvant Nagini du regard.

« Viens, ma belle, l'invita-t-il en fourchelangue, tendant sa main vers elle. »

« Oui…oui, siffla-t-elle en glissant sur le sol, faisant sinuer son corps froid jusqu'à son maître. »

C'était une bête impressionnante. Un serpent géant dont la gueule aux crochets meurtriers pouvait se faire béante. Sa grosse tête triangulaire se lova dans la main du sorcier.

« Ma précieuse amie, voilà des années que tu es ma fidèle compagne, gardant en ton sein un fragment de mon âme. »

« Je vous aime, Maître, répondit-elle en ondulant contre le corps du Seigneur des Ténèbres. »

Il pouvait sentir son poids imposant sur ses genoux et contre sa poitrine, alors qu'elle venait se pendre à son cou, reniflant l'odeur de son pouls. Complaisant, il écarta légèrement les jambes, la laissant prendre ses aises contre son sexe. Nagini vint frotter sa tête contre sa mâchoire et il lui rendit la caresse. Elle s'aventura ensuite dans l'encolure de sa robe, glissant sa peau froide contre la chaleur de son torse. Voldemort laissa ses doigts courir le long du dos de la créature dont la langue fourchue vint agacer un de ses tétons. Elle le sentit frissonner contre elle. Elle descendit encore et tout son corps glissa sur la verge tendue du Seigneur des Ténèbres, lui arrachant quelques grognements de plaisir. Laissant aller sa tête sur le dossier de sa chaise, il ferma les yeux et s'abandonna à ses bons soins.

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Quelques jours plus tard, Drago prenait le thé en compagnie de Dolores Ombrage, au Ministère de la Magie. De temps en temps, un chaton miaulait depuis l'assiette où il était figuré. Il y en avait des dizaines, accrochées aux murs roses du bureau de la sous-secrétaire d'Etat.

C'était une petite femme rondelette et sans charme, dont le visage flasque lui avait valu le sobriquet de « crapaud » de la part des élèves de Poudlard.

Et celui de « crapaud sadique », de la part de ceux ayant bravé les règlements de l'école de sorcellerie - qu'elle avait multipliés à tour de bras - et ayant de ce fait bénéficié de ses châtiments corporels en retour.

Drago était bien placé pour savoir tout cela, ayant lui-même fait partie de sa brigade inquisitoriale. Chose dont il n'était, aujourd'hui, plus très fier.

« Alors, parlez-moi un peu de cette mission, lui demanda-t-elle, tout excitée. »

« Le Maître attend de moi que je m'introduise dans le Département des Lois Magiques afin de lui en rapporter un livre. »

« Quel livre ? »

« Je suis désolé, Madame, mais il m'est formellement interdit d'en parler, répondit-il en reposant sa tasse de thé, dont il n'avait, par ailleurs, pas bu une gorgée. »

Ce détail n'échappa pas à la sorcière, qui en ressentit une grande contrariété.

« Très bien, Monsieur Malefoy. J'espère que vous parviendrez à mener à bien votre mission. Nous savons tous combien la justice du Maître peut être…sévère, termina-t-elle dans un petit sourire. »

« Oui, et je sais également combien les projets du Maître vous tiennent à cœur. J'espérais donc que vous puissiez m'introduire dans le Département des Mois Magiques, tenta-t-il de manœuvrer maladroitement. »

« Oh, vraiment ? fit-elle mine de s'étonner. Mais le Maître ne m'a rien demandé à ce propos, souligna- t-elle en portant sa tasse de porcelaine à ses lèvres. »

Que voulez-vous ? était clairement la question qu'elle attendait. La question que Drago s'apprêtait à poser. Mais il se ravisa. Il était un Malefoy, par Salazar ! Il n'allait pas négocier avec cette face de crapaud !

« Certes, mais il serait probablement reconnaissant s'il apprenait votre diligence dans le cadre de cette mission. Peut-être même accepterait-il de vous inviter à Morsonge lors de notre prochain rassemblement, si je lui en touchais quelques mots. »

Plus il parlait, plus les yeux de Dolores Ombrage s'agrandissaient, s'emplissant d'espoir.

Drago était écœuré de voir tant d'empressement auprès de son Maître chez cette femme. Comment une femme pouvait-elle aimer un tel monstre ? Il fallait qu'elle soit folle, comme sa tante Bellatrix.

« Et qui me dit que vous tiendrez parole, monsieur Malefoy ? »

« Je serais le dernier des imbéciles si je ne faisais pas tout pour rester dans les bonnes grâces d'une personne aussi influente que vous au Ministère, la flatta-t-il. »

« Certes, vous avez raison, lui concéda-t-elle dans un sourire ravi. »

Severus Rogue tenait sa baguette devant lui, éclairant son passage à l'aide d'un Lumos. Derrière lui, Lucius Malefoy marchait dans ses pas, scrutant l'obscurité des lieux.

« On se croirait à Azkaban, murmura ce dernier. »

« Des torches ont été installées en bas pour éclairer les cellules, lui répondit l'autre. »

Et, justement, ils entrevirent une lueur. Seuls leurs pas résonnaient sur les pavés froids. L'endroit, curieusement sec pour un sous-sol, n'en demeurait pas moins glacial.

« Il est ici, indiqua Severus en s'arrêtant devant la porte d'un des cachots. »

La lueur au bout de sa baguette s'éteignit et il déverrouilla la serrure. Les charnières grincèrent et les deux hommes pénétrèrent dans l'espace réduit où était enfermé Harry Potter.

Le regard véhément du garçon les accueillit. Il était assis sur son lit, semblant se porter mieux que la veille. Il les observa sans rien dire.

Ils étaient l'opposé l'un de l'autre. Le père de Drago, avec sa longue chevelure blonde, ses petits yeux gris, son nez droit. Et son ancien professeur de potion, avec son carré de cheveux brun, ses grands yeux noirs et son nez busqué. Même leurs vêtements criaient leur antagonisme, Malefoy portant une chemise blanche ainsi qu'un veston assorti à son pantalon de costume gris et Rogue ayant revêtu son éternelle tunique noire, fermées d'innombrable boutons, tombant en coupe droite sur son pantalon, tout aussi noir. Tous deux portaient une cape, cela va s'en dire. Et c'était bien là leur seul point commun.

« Bonjour, Potter, commença Severus. »

Harry ne répondit rien, les dardant toujours de ses flamboyants yeux verts.

« Bonjour, le salua à son tour Lucius, le rendant encore plus méfiant. »

Ça commence bien, se dit Severus.

« Comment va votre bras aujourd'hui ? demanda-t-il tout de même. »

Harry ne savait trop quoi penser. Rogue ne lui parlait pas, habituellement. Il se bornait à l'ausculter, sans lui demander son avis où l'informer de quoi que ce soit sur son état de santé.

Aussi se contenta-t-il d'hausser les épaules.

Lucius et Severus échangèrent un regard.

« Ecoutez, Potter, nous n'avons que peu de temps et beaucoup de choses à nous dire, commença-t-il en s'approchant de lui. »

D'un « Evanesco », il fit disparaitre la chemise du garçon, qui tenta de réprimer un mouvement de recul. Cependant, Severus attrapa son bras rapidement mais néanmoins avec délicatesse.

« Vous ne pouvez pas continuer à vous laisser mourir de faim. Les membres de l'Ordre comptent sur vous, l'informa-t-il en faisant bouger les articulations de son épaule et de son coude. »

Ces mots firent enfin réagir Harry, à la satisfaction des deux hommes. Mais bien vite, il se ravisa.

« Pourquoi me dire une telle chose ? »

« Vous n'êtes pas seul, Potter. Même entre les murs de ce château, lui révéla Lucius. »

Le regard incrédule et plein d'espoir du garçon lui tordit l'estomac. Potter n'était qu'un gosse. On lui demandait de protéger la nation sorcière. Et lui, qui le protégeait ?

Mais bientôt, trop tôt, le regard se fit de nouveau coléreux.

« Vous mentez ! les accusa-t-il avec haine et désespoir. »

« Non, Potter. Je suis et je resterai l'homme de Dumbledore, asséna Severus. Bien sûr, vous n'êtes pas obligé de me croire, même si je vous dis que vos amis sont vivants et connaissent la situation dans laquelle vous vous trouvez. »

Severus lâcha le bras du garçon et lui remit sa chemise d'un coup de baguette. Il fouilla ensuite ses poches pour en sortir un flacon de potion.

« Mais vous devriez au moins me croire quand je vous dis que dehors, des sorciers et des sorcières comptent sur vous. Buvez ça. »

« Vous me prenez pour un imbécile ? cracha Harry en refusant de prendre ce qu'il supposait être du poison. »

« Pensez-vous que Voldemort m'aurait envoyé vous tuer après m'avoir ordonné de vous soigner ? »

Le garçon ne bougea toujours pas. Aussi Severus déposa-t-il le flacon sur le matelas.

« Il semblerait que le Maître ait d'autres projets pour vous, monsieur Potter, l'informa Lucius. »

« Le Maître ? releva Harry avec dégoût, faisant blêmir le mangemort. »

« Il est parfois…difficile… de lutter contre des années de conditionnement, se justifia-t-il. »

« Votre baratin ne prendra pas avec moi, s'entêta Harry. »

« Et pourquoi croyez-vous que Drago ait fait mine de ne pas vous reconnaitre, lorsque les loups vous ont amené dans mon manoir ? s'énerva Lucius. Mais, peu importe, se reprit-il immédiatement après. Comme l'a souligné Severus, il n'est pas important que vous croyez ou non en notre soutien à votre égard. Nous vous aiderons à votre insu, comme nous le faisons depuis longtemps. Mais que penseraient vos amis si, malgré nos efforts avérés ou supposés, ils apprenaient que vous vous êtes laissé abattre sans lutter ? »

Lucius avait fait mouche. Il pouvait le voir dans le regard blessé du garçon.

« Voldemort m'a demandé de vous soigner. C'est donc bien qu'il a des projets pour vous, reprit Severus. Quoi exactement, nous l'ignorons. Peut-être compte-t-il vous utiliser comme objet d'échange lors de négociations. C'est ce qui me semble le plus probable. Quoi qu'il en soit, il arrivera un moment où vous serez à découvert. Il est donc absolument indispensable que vous soyez dans de bonnes conditions physiques si l'Ordre devait tenter quelque chose pour vous récupérer. Si vous ne croyez pas au reste, croyez au moins en la logique, monsieur Potter. »

C'est sur ces dernières paroles que les deux hommes quittèrent la cellule d'Harry, le laissant plus troublé que jamais.

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C'était une nuit sans lune. Il fallait qu'elle le soit, car aucun témoin de ce qui allait suivre ne devait exister.

Le Seigneur des Ténèbres progressait entre les arbres du bois de Morsonge, sa fidèle amie sur les talons. Il pouvait l'entendre serpenter sur le tapis de feuilles mortes. Il tenait contre lui le gros livre noir qui ne le quittait plus depuis quelques temps, sa main libre agrippant fermement sa baguette, dont la faible lueur parvenait à peine à guider ses pas.

« Un bébé, Maître ? siffla Nagini avec excitation. »

« Tu aimerais ça, hein ma douce ? lui répondit-il en fourchelangue. »

« Oui. Un beau gros bébé, comme le bébé moldu bien gras, quand vous avez repris forme. Un beau gros bébé, bien gras, répéta-t-elle, gourmande. »

« Tu étais restée à mes côtés, me veillant à chaque instant, alors que je n'étais qu'une ombre. Tu méritais une telle récompense. »

« Aujourd'hui, une autre récompense, se targua-t-elle. Un autre bébé bien gras ? »

« Non, il ne s'agit pas d'un bébé. C'est encore bien mieux que cela, lui révéla-t-il, un sourire dans la voix. »

« Mieux qu'un bébé ? »

Cette fois-ci, il ne lui répondit pas, continuant à marcher dans la nuit noire. De temps en temps, on entendait une chouette hululer ou un mulot détaler. Bientôt, les arbres se clairsemèrent et ils arrivèrent dans une clairière, dont les contours se révélaient à la pâleur des étoiles.

Voldemort poursuivit son chemin jusqu'au plus gros arbre, au pied duquel il s'installa à même le sol, dans l'herbe tendre. Il posa son gros livre noire à sa droite, l'ouvrant à l'endroit marqué d'un signet. Il laissa rouler sa baguette entre les pages, les éclairant ainsi d'un faible halo de lumière.

Nagini l'observait, perplexe. Qu'y avait-il de mieux qu'un beau gros bébé bien gras ? Deux beaux gros bébés bien gras ?

« Viens, Nagini, ma douce, l'invita son maître en lui ouvrant les bras. »

Impatiente et curieuse, elle rampa jusqu'à lui. Il la laissa prendre ses aises sur ses genoux et glisser sa tête dans sa main.

« Ma fidèle compagne, lui susurra-t-il en posant ses doigts caressant sous la gorge de l'animal. C'est l'heure de ta récompense. »

« Je vous aime, Maître. »

« Moi aussi, Nagini, lui révéla-t-il, comme un secret. »

Puis il referma ses longs doigts autour de son cou, l'enserrant tel un étau de fer, tandis que son autre main brandissait un poignard étincelant et l'abattait dans son corps luisant et froid.

Le reptile siffla de douleur, ouvrant une gueule immense, dévoilant ses puissants crochets et se tordant dans tous les sens. Mais Voldemort ne la lâcha pas et commença à lire les mots inscrits sur les pages de son livre noir.

Nagini se calma, la douleur dans sa chaire refluant un peu, et elle commença à s'enrouler autour du corps de son maître. Plus le Seigneur des Ténèbres psalmodiait, plus elle resserrait sur lui ses anneaux meurtriers.

Soudain, le poignard plongé dans le corps de la bête se mit à suinter d'une fumée liquide et noire. C'est à ce moment-là que le serpent sentit la lame découper sa chair. Elle siffla et recommença à se débattre de plus belle. Mais l'étreinte de Voldemort était implacable, tout comme le poignard qu'il faisait remonter le long de son corps, la coupant en deux dans la longueur, jusqu'à lui trancher la gorge et la gueule.

Levant son poignard vers le ciel, le Seigneur des Ténèbres prononça les derniers mots de sa mortelle imprécation, tandis que le liquide vaporeux s'échappant de la lame était absorbé par la peau de son avant-bras. Quand il n'en resta plus une goutte, la main de Voldemort trembla et laissa échapper l'arme, qui s'échoua dans l'herbe poisseuse du sang de Nagini.

Il commença par sentir des fourmis remonter le long de son bras, puis la sensation se fit brûlure. Une brûlure qui s'amplifia, devenant incandescente et irradiant petit à petit tout son corps. Le Seigneur des Ténèbres tenta d'y résister, mais il ne put bientôt plus retenir son cri de douleur. Il hurla à en perdre la raison. Et c'est peut-être bien ce qui se produisit lorsqu'il perdit connaissance, son corps s'affalant sur le cadavre de Nagini, sa fidèle compagne.

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Drago était inquiet. Voilà déjà trois jours qu'il était revenu du Ministère de la Magie avec le livre des Lois de Pendle et Samlesbury. Trois jours que Voldemort refusait de recevoir qui que ce soit, Severus et son père y compris.

Et voilà qu'aujourd'hui, il avait fait mander l'ensemble de ses mangemorts, via la Marque des Ténèbres. Il se trouvait donc aux côtés de ses parents, Lucius et Narcissa, dans la salle du trône de Morsonge, pleine à craquer.

Le Seigneur des Ténèbres se tenait sur son siège de roi, un fauteuil massif de bois sombre, sans fioritures ni ornements. Il était absolument impossible de connaitre son humeur, son visage restant parfaitement dissimulé dans l'ombre de sa large capuche. Attitude qu'il semblait particulièrement apprécier depuis qu'il était devenu cette….chose aux yeux rouges, cultivant un peu plus son aura ténébreuse.

Tout le monde semblait être là, aussi Voldemort se leva-t-il, plongeant instantanément l'assemblée dans un silence religieux. Il fit quelques pas, tournant lentement sur lui-même de manière à pouvoir observer la totalité de ses partisans.

Drago réprima un frisson lorsqu'il lui sembla que le Seigneur des Ténèbres regardait dans sa direction. Mais l'autre se détourna de lui, revenant à sa position initiale. Puis, avec lenteur, il porta ses mains à sa capuche et la repoussa en arrière.

Drago resta interdit, jusqu'à ce que sa tante ne tombe à genoux, émue aux larmes.

L'homme qui se tenait face à eux adressa à Bellatrix Lestrange un petit sourire narquois, avant de recommencer à tourner lentement sur lui-même, pour que chacun puisse voir son visage.

Et quel visage ! Son front, son nez et son menton s'harmonisaient dans des proportions parfaites. Ses pommettes prononcées, sa chevelure fournie et ses épais sourcils noirs lui conféraient un air à la fois sensuel et altier. Ses lèvres, roses et pleines, terminaient de le rendre en tout point séduisant.

Ou presque.

Car ce tableau angélique était assorti de deux yeux rougeoyants, bordés de grands cils noirs.

L'homme se dirigea vers un jeune mangemort effarouché.

« Qui suis-je ? lui demanda-t-il. »

L'autre hésita un instant. C'est vrai que les yeux rouges étaient là. Ainsi que cette voix d'outre-tombe, à la fois sifflante et profonde. Mais l'homme ne ressemblait en rien à son maître. Aussi trouva-t-il plus prudent de répondre :

« Je ne sais pas. »

Le mangemort se détendit un peu lorsque l'homme lui sourit. Et se tendit derechef lorsqu'il pointa sa baguette sur lui.

« Sectumsempra. »

Le sort frappa le jeune mangemort avec une violence inouïe, Drago était bien placé pour le savoir, ayant déjà reçu ce maléfice de la part de Potter. Mais la volonté de Potter n'était pas de le briser. Il regarda, comme l'ensemble de ses congénères, la chair de l'homme éclater en de multiples coupures et son corps s'effondrer en sol. Il ne mit que quelques secondes à mourir, un gargouillis infâme sortant dans de sa bouche, une coulure de sang au coin des lèvres.

« Qui suis-je ? redemanda l'homme en s'adressa à un autre mangemort. »

« Vous êtes Lord Voldemort, Maître, répondit l'autre, posant un genou à terre et baissant la tête en signe de soumission. Roi des Sang-Pur de Grande Bretagne, ajouta-t-il avec un sursaut d'instinct de survie. »

« Bonne réponse. »

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Severus n'arrivait pas à détourner le regard de l'homme en face de lui, ce que ce dernier semblait apprécier au plus haut point. D'autant plus que Lucius, Drago et Rodolphus semblaient victimes du même phénomène.

Il lui avait fallu trois jours pour se remettre, mais Voldemort avait déjà pleinement conscience de son potentiel de séduction. Il faut dire qu'il en avait souvent joué dans sa jeunesse, pour tromper son monde et rallier à lui bon nombre de partisans. Et ce corps jeune, il l'avait entièrement retrouvé, ou presque, si on omettait ses yeux rouges et sa langue légèrement plus longue et pointue que celle d'un humain ordinaire.

« Comment se porte notre invité ? demanda-t-il à Severus en posant ses coudes sur son bureau. »

« Potter va bien, Maître, même s'il est loin de se porter aussi bien que vous. »

Le garçon avait fini par accepter ses potions et il se nourrissait convenablement.

« Ma nouvelle apparence te plait, Severus ? »

« J'avoue qu'elle ne manque pas de me surprendre, Maître. »

Severus n'avait jamais eu d'yeux pour une autre beauté que celle féminine et douce de sa pétillante amie, Lily Potter, née Evans.

« Tu as toujours été curieux, lui fit remarquer Voldemort. Tu aimes comprendre les choses. Et, bien que je ne puisse rentrer dans les détails de mon secret le mieux gardé, je vous révèlerais simplement que j'ai pu, par le passé, enfermer ma jeunesse dans un flacon. »

« Brillante idée, Maître, le flatta Lucius, faisant ricaner Rodolphus. »

Severus et Lucius connaissaient l'existence des Horcruxes, aussi saisirent-il parfaitement l'allusion du Seigneur des Ténèbres. Mais ce dernier ignorait qu'ils savaient.

Ainsi donc, voyant ses autres fragments d'âme détruits, Voldemort avait décidé de réintégrer le dernier en sa possession. Finalement, ce serait plus simple de l'éliminer. D'autant plus qu'il ignorait l'existence d'un dernier Horcruxe, piégé à même le corps de son ennemi.

« Vous avez donc ouvert ce flacon il y trois jours, supposa Severus. »

« Perspicace, comme toujours. Ce n'est pas pour rien que tu es mon meilleur mangemort. »

« Merci, Maître. »

« Mais je ne vous ai pas fait venir pour parler de moi. Mais de Potter. Comme vous vous en doutez, je n'ai pas demandé à Severus de le remettre en état pour me contenter ensuite de lui lancer un Avada Kedavra. »

Entendre le sortilège interdit n'aurait plus dû perturber Drago depuis longtemps. Et pourtant, il ressentait à chaque fois le même dégoût.

« La prophétie dit bien qu'aucun d'entre nous ne peut vivre tant que l'autre survit. Ce qu'elle ne dit pas, c'est si nous survivrons à la mort de l'autre. »

Il sait, pensèrent avec affolement Severus et Lucius.

« Mais il y a bien des façons de mourir. Et j'ai ici le moyen de régler définitivement le problème Harry Potter, révéla-t-il en posant la main sur le livre des Lois de Pendle et Samlesbury. »

Donc, non, il ne savait pas. Quant à savoir le sort qu'il réservait à Potter, Severus ne voyait pas. Lucius avait parcouru rapidement le livre rapporté par Drago et il lui avait assuré que ce n'était qu'un vieux code renfermant des lois et des jurisprudences désuètes.

« Je vais faire de Potter mon allié, déclara Voldemort. »

« Votre allié ? Vous voulez dire que vous comptez le forcer à vous obéir et servir notre cause ? demanda Rodolphus, prenant la parole pour la première fois»

« Non. Potter deviendra mon allié car il prendra fait et cause pour moi. Je vais devenir son monde. Et peut-être même un peu plus, si tout se passe comme je l'espère et que vous jouez convenablement votre rôle. Messieurs, j'espère que vous êtes de bons acteurs, termina-t-il dans un sourire inquiétant. »

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Ce devait être le milieu d'après-midi, ou le début de soirée. En tous cas, lorsque Rogue était venu pour ses soins, c'était le matin. Il avait posé la question. Et depuis, on était venu lui apporter son déjeuner. Il ne devait donc pas se tromper de beaucoup. Comment être sûr, sans aucune ouverture vers l'extérieur ?

Mais il entendit des pas se rapprocher, alors il pensa qu'il s'était trompé et qu'on lui apportait déjà son dîner.

On ouvrit sa porte et une personne qu'il n'avait plus vue depuis longtemps entra. Il reconnut immédiatement les traits du jeune homme qu'il avait rencontré dans la Chambre des Secrets et puis plus tard, dans la pensine de Dumbledore. Il paraissait simplement plus vieux. Cet homme là devait avoir une trentaine d'années.

« Tom ? s'étonna-t-il, sapant sans le vouloir tout l'effet du Seigneur des Ténèbres. »

En deux enjambées, l'homme fut sur lui, emprisonnant sa mâchoire entre ses doigts froids. Harry pensa qu'il allait le frapper, ou lui jeter un sort. Mais rien ne vînt. Aussi rouvrit-il les yeux.

L'autre le regardait avec amusement.

« Tu te crois malin, Potter ? Mais ça n'a pas d'importance. Bientôt, ce prénom n'existera plus pour toi. Et tu vénèreras celui de Voldemort, comme n'importe lequel de mes mangemorts. »

« Jamais je ne serais un mangemort ! Jamais ! cracha Harry. »

« Oh non, tu seras tellement plus que ça, susurra le Seigneur des Ténèbres en lui caressant la joue. »

D'un geste de la main, le garçon repoussa la sienne. Perdant son sourire, il se redressa et affronta froidement la colère peinte sur son visage et les promesses de mort dans ses yeux verts.

« Incarcerem. »

D'un coup de baguette, Harry se retrouva collé au mur, bras et jambes en croix, liés par des cordes. Il tenta vainement de se débattre, mais il lui aurait fallu une baguette pour se défaire de ce sort.

Le garçon était à sa merci. Et il était beau, avec son regard farouche aux sourcils bien dessinés, ses cheveux bruns en bataille, son nez grec, sa bouche en bouton de rose et sa peau de bébé.

« J'ai de grands projets pour toi, Harry Potter, déclara-t-il en faisant disparaitre la chemise du garçon. Je vais faire de toi ma marionnette. Tu deviendras mon allié et ma catin, promit-il en posant sa main froide sur son torse dénudé. »

« JAMAIS ! hurla Harry. »

« Oh ? s'étonna faussement Voldemort. Et comment comptes-tu m'en empêcher ? »

La question déstabilisa le garçon, lui faisant réaliser qu'effectivement, il était impuissant. Une horreur sans nom le saisit, imaginant le pire. L'autre avait parlé de devenir son allié. Allait-il lui apposer sa marque et le forcer à tuer des innocents ? Et il avait parlé de faire de lui sa catin. Allait-il le violer ?

« Oui, je vois que tu as compris. Je ferais de toi absolument tout ce que je veux. Mais le mieux dans tout ça, le plus délectable, c'est que tu me donneras tout de ton plein gré : ta confiance, ton cœur et ton cul. Tout. »

« Non. Non, je vous en prie. »

« Mais pour commencer, je vais devoir t'abimer un peu, poursuivit-il comme s'il ne l'avait pas entendu. »

Harry ouvrit de grands yeux apeurés.

« Diffindo. »

Et le sort de découpe fusa, lacérant sa peau à la lisière de son téton droit, profondément. La douleur irradia jusque sur la pointe de chair et le sang coula le long de ses côtes. Mais Harry garda les dents serrées.

« Veux-tu que je te dise comment je m'y prendrais pour faire de toi ma chose, Harry Potter ? »

« Ça ne m'intéresse pas, répondit Harry. »

« Incendio. »

Une boule de feu vînt s'écraser contre son biceps, brûlant sa chair, ultra sensible à cet endroit, le faisant crier malgré lui, jusqu'à ce qu'une gerbe d'eau glacée mette fin à son supplice.

Harry reposa sa tête contre le mur, le souffle court.

« D'abord, je te ferais croire que je t'aime et que tu as toujours été mien, expliqua-t-il en lui envoyant un nouveau sort de découpe, ouvrant une plaie sur son flanc. Puis je te ferais croire que tu hais les moldus et les Sang-de-bourbe, continua-t-il en avançant vers lui, sa baguette tournoyant entre ses doigts. »

Harry ne la quittait pas des yeux, attendant le prochain maléfice, le cœur étreint par la peur. Mais contre toute attente, Voldemort la fit disparaitre dans les plis de sa cape. Il s'approcha du garçon, jusqu'à être pratiquement collé à lui. Ses yeux rouges parcoururent un instant son visage innocent, un sourire presque doux fleurissant sur ses lèvres. Puis il se pencha, respira à pleins poumons l'odeur se dégageant de sa nuque pour finalement y murmurer :

« Ensuite, Harry, je te ferais croire que tu m'aimes. Que tu m'aimes follement. Et c'est toi, qui me supplieras de te baiser. »

« Non, supplia-il, au bord des larmes. »

« Oh si, souffla Voldemort avant d'écraser son poing dans son ventre, lui coupant le souffle. »

Et il frappa et frappa encore, toujours plus fort, meurtrissant son abdomen, lui arrachant des gémissements de douleur et des larmes. Les spasmes de son estomac, percuté avec une violence inouïe, finirent par le faire rendre. Mais cela n'arrêta pas Voldemort, qui continua à le battre, jusqu'à ce qu'il vomisse sa bile et son sang.

Alors, seulement, le Seigneur des Ténèbres se recula, admirant son œuvre. Il porta sa main sous le menton du garçon, pour soulever son visage. Ses yeux verts ruisselant de larmes le regardaient avec une prière muette.

Arrêtez.

« Ne t'inquiète pas, Harry Potter. Très bientôt, je te ferais pleurer de plaisir, affirma-t-il en ressortant sa baguette. »

Alors on y était, se dit Harry. Quel que soit le sortilège que Voldemort lui destinait, il en était sûr, il allait en mourir.

« Avada Memomagia. »

Ce ne fut pas le rayon vert de l'Avada Kedavra, mais un rayon noir, chargé d'éclairs. Le maléfice, le percuta en pleine poitrine et Harry sentit sa vie lui être arrachée. Sa bouche s'ouvrit, mais aucun son n'en sortit. Il hurlait silencieusement.

Ses yeux se révulsèrent et il perdit connaissance.


(1) Le Département des Lois Magiques du Ministère de la Magie n'est pas une de mes inventions. JKR en fait mention sur son site Pottermore.


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Un extrait du prochain chapitre vous attend d'ores et déjà sur mon LJ : groumde . livejournal (enlevez les espaces et vous me trouverez^^)

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Je vous souhaite un très bon Noël à tous!