« Tout va bien. Tout va parfaitement bien. »
Le sol boueux se dilatait, émettant des sons aux allures étranges à chaque pas qu'exerçait Wakaba.
C'était comme un tapis gluant qui n'attendait que l'opportunité de vous engloutir, patiemment.
« Tout va bien. Tout va parfaitement bien. »
Sur le visage décomposé de Wakaba, l'appréhension se traduisait si facilement qu'elle en devenait insoutenable pour quiconque le scrutait.
« Tout va bien. Tout va parfaitement bien. »
Pourtant, une ébauche de sourire factice se dessina sur le visage de notre pauvre jeune homme, comme s'il voulait se rassurer lui-même. -Ce qui entendons-nous, était d'une stupidité incommensurable.- Les muscles crispés, la mine défaite, les gouttes de sueurs devenues torrent sur son front et ses tempes, traduisant un état certain de peur extrême, il souriait, le bougre.
C'était du beau.
« Tout va bien. Tout va parfaitement bien. Je vais sortir de là, je retournerai à la Guilde, une bonne bière à la main Tout va bien.. »
Pourquoi fallait-il que la magie ne fasse pas effet à cet endroit ? Pourquoi chacun de ses mouvements était un véritable supplice ?
« Tout va très bien. Je... je contrôle la situation...»
Il y eut un bruit de craquement.
Soudain, au contact du pied du jeune homme, le sol de boue s'ouvrit vers l'intérieur, laissant s'écouler toute la boue dans un périmètre de 2 mètres, comme l'eau s'enfuirait de la baignoire si l'on enlevait le bouchon imperméable. Le blond ne fit pas exception, et se sentit tiré par une force monumentale, vers le fond, en bas, un fond où la boue régnait, et où il n'y avait pas la moindre molécule d'oxygène pour ses pauvres poumons.
Non ! Non ! Il ne pouvait pas finir comme ça, c'était trop con ! Vraiment trop con !
Il se débattait, le mage privé de sa magie, comme un insecte pris au piège de la toile de l'araignée, il se débattait , comme si sa vie était en jeu.
Sa vie était en jeu, après tout.
Mais rien n'y fit. La traction était trop puissante, le corps trop faible, l'emprise trop appuyée, la boue trop lourde.
Les muscles... trop fatigués..
Il n'avait plus la force... Il avait mal aux jambes... Aux bras... Aux épaules...
Le blond ne dépassait désormais la surface plus qu'au niveau de la nuque, et haletait avec faiblesse.
Il était pris au piège.
La boue continuait son chemin, vite, de plus en plus vite, il ne respirerait bientôt plus, c'était sa mort à laquelle il assistait – une mort tellement stupide qu'il en crevait de honte- et pourtant il semblait si loin, son esprit, il semblait si...
Il est absorbé dans la boue. Entièrement.
Et puis... plus rien. Du noir. Il ne respire plus. N'arrive plus à bouger. Quelle stupide mort.
Soudain, une lumière si blanche qu'elle l'aveugle se diffuse dans l'espace. Il ferme les yeux vivement, brûlé, puis les rouvre quelques secondes plus tard, trop curieux.
Une main est tendue vers lui, seule ombre d'espoir dans cette blancheur aveuglante... Il... Il veut l'attraper, la main...
Tend la sienne...
Et puis...
Plus rien.
Wakaba ouvre les yeux, lentement, sa vision est floue.
Les rouvre, les referme, jusqu'à ce que l'effet se dissipe.
Il est dans son lit. Trempé, le cœur tambourinant si fort qu'il en a mal au torse.
Juste un putain de rêve, bordel.
Juste un putain de rêve...
