Première Rencontre


Une rentrée comme toutes les autres, assis confortablement dans les vieux sièges élimés du Poudlardexpress, je n'allais pas tarder à revêtir ma robe de sorcier, entre mes doigts je tournait, et tournait encore mon insigne de préfet, en ce geste je remontais le passé. À la façon d'un retourneur de temps, je voyais de nouveau mes parents fiers, Percy et son discours sur l'importance de cette position, les jumeaux qui tentaient de me la dérober pour en vendre des copies... Que de si doux souvenirs, ternis par les éclats d'un autre passé, plus récent, un passé que j'aurais tellement aimé changer, mais certains points sont fixes, inchangeables, inoubliables. Un passé avec lequel nous devons avancer et braver milles tempêtes.

Quelque mois plus tôt Harry, Hermione, moi ainsi que bon nombre de sorcier avions vaincus le célèbre mage noir, Voldemort. Nous avions gagné la guerre, gagné une paix qui durerait des millénaires, un monde dans laquelle nos enfants vivraient sans qu'un homme au nom maudit ne puisse ternir leurs rêves et détruire leur avenir. Un monde bâti sur la mort, celle d'anonymes, celle de proches, des amis, des frères, des amants, des enfants, un monde de paix dont l'avenir de chacun sera écrit grâce aux sangs de valeureux Hommes qui ont payé la liberté de leur vie.

Nous autres, survivants de cette guerre avions repris nos vies, et les chemins de l'école, pour une dernière année, Harry regardait par la fenêtre, un peu perdu, Ginny semblait l'avoir remarqué, et pressa sa main un peu plus fort, comme pour le faire sortir de sa contemplation. Hermione quand à elle me regardait tendrement, notre relation avait fortement changé le jour ou le Lord noir était mort, j'en ressentais une grande joie mais je tentais de prendre du recul quand à ce changement. Le train fit halte, nous descendîmes sur le quai de la gare, cherchant des yeux notre grand ami, puis nous prîmes place dans les carrioles tirées par les Sombrals, qu'aujourd'hui je pouvais voir, la mort change non seulement votre façon de penser, mais aussi votre vision des choses. Leurs corps squelettique et leurs longues ailes noires, lisses comme du cuir ne m'effrayaient plus. Attentif au moindre détail sur la route du château, je remarquais que rien n'avait changé, tout avait été remis en place, comme si la guerre n'avait jamais existé.

« - Ron? Ca va? » Me demanda Hermione.

Je lui répondit par un petit sourire, rien ne servait de mentir à ses meilleurs amis, ils lisent en vous, non ça n'allait pas, mais j'étais toujours en vie. Je retournerais dans ma deuxième maison et reprendrais ma vie, ma vie d'avant.

« - J'espère que le discours ne portera pas trop sur les événements de ses derniers mois, je me sens mal rien que d'y penser. »

Continua Hermione tout en me regardant. Elle avait exprimée tout haut ce que je pensais bien bas, dans ces moments là je l'embrasserai comme pour rire, mais le cœur n'y était pas. Je lui glissa un petit sourire, et garda le silence. La cour était identique à mes souvenirs, les portes grandes ouvertes nous invitaient à entrer, les tables pleines de nourriture, la douce odeur du feu, la chaleur, comme dans un rêve, je me sentais presque heureux. Mais tout, absolument tout me ramenait à cette nuit d'horreur, ce fut comme si tout changait, l'odeur de bonne cuisine, les tables, la foule, tout laissa place à une scène qui me hantait chaque nuit. Des lits de fortune alignés comme dans une morgue, l'odeur de la poudre, du sang, les cris et pleurs déchirant un silence glaçant, je revoyais Fred, allongé, un sourire sur les lèvres comme si même la mort ne pouvait l'empêcher d'être libre de rire. Tonks, Lupin... Tous devant moi, je serrais les poings, ferma les yeux pour chasser ces images de mon esprit. Je sentis la foule des dernières années avancer, j'ouvris de nouveau les yeux, personne n'avait remarqué mon moment de trouble, je ressentis comme un léger picotement dans ma nuque, me retournant j'aperçus Drago qui m'observait, le visage impassible, pas de regard haineux, pas de sourire méprisable. J'eus un petit mouvement de tête pour le saluer, la guerre était fini, nous n'avions plus d'ennemis, bien que certains ne serait jamais proche, il ne fallait pas reproduire nos erreurs passés. La répartition des premières années ne fut pas longue, présidé par Mcgonagall qui était la nouvelle directrice de Poudlard, après Dumbledore et Rogue. Sur le banc des professeurs peu de têtes avaient changés. Une fois le repas fini dans une ambiance joviale que je ne ressentais pas, il fut temps de montrer le chemin aux nouveaux petits lions de notre maison. Sur le pas du dortoirs des filles je reçus un baisé d'Hermione, une douce chaleur envahit mon cœur, puis nous nous quittâmes pour la nuit, sachant que je n'arriverai pas à dormir comme toutes les nuits depuis ses jours sombres, je sortis me promener. La solitude est ce qui m'allait le mieux ces derniers temps, je déambulais comme un fantôme ne croisant personne, une fois en haut de la tour d'astronomie je m'allongea pour contempler les étoiles, peut-être nos proches s'y trouvaient-il. Je leur adressa des mots silencieux, je commençais à sombrer dans le sommeil quand soudain une main caressa mon visage, je fronça des sourcils, tout en me redressant.

« - Je ne savais pas comment te réveiller, je ne voulais pas être brusque… »

Je battis des paupières quelque secondes pour être sûr de ce que je voyais. Devant moi, dans un éclat de lune se trouvait la dernière personne que j'aurais pu rencontrer ici.

« - Tu as bien fait Malfoy. Tes manières se sont bien radoucies dit moi… »

Lâchais-je comme une boutade, passant la main dans mes cheveux devenus trop longs. Je cherchais le regard bleu si glaçant, ce regard qui me faisait sortir de mes gonds, mais il n'en était plus rien, une grande tristesse éclairait ces yeux si particuliers pour moi.

« - Bon nombre de choses ont changé Weasley, mais pas ta coiffure informe et ta rousseur… »

Répondit-il dans un petit sourire. Nous sommes restés là de longues minutes à nous regarder droit dans les yeux, quelque chose se passait, une entende cordiale? Un début d'amitié?

« - Toi aussi... dit-il tout en rompant le silence.

Comment cela?

Je t'ai vue, lorsque tu es entré dans la grande salle, toi aussi tu les vois!

De quoi parles-tu?

Ceux qui sont mort. Tu les vois, tu les ressens au plus profond de toi, tout ce que ces âmes ont laissés entre les pierres de ce vieux château, tu entends chaque cri, chaque pleure, tu revois tout au ralenti, sans cesse, ton frère, tout ces enfants plus jeunes que nous, le teint déjà blanc, tu sens le froid de la mort qui rode tout autour de toi, rien ne s'est effacé, à chaque pas dans ces couloirs tu seras toujours dans les tourments de cette guerre... Dit-le Ron! Toi aussi tu sens tout ça! »

Je reculais vers la porte des escaliers, comment pouvait-il savoir, comprendre en un regard ces sentiments que même ses meilleurs amis ne pouvaient entrevoir, même Hermione dont j'étais si proche... Personne ne savait à quel point revenir ici était une torture pour moi! Sans un mot je descendit les escaliers, même un dragon ne m'aurait pas rattrapé, je manqua de me tuer en bas des marches, affalé par terre je reprenais mon souffle, une main tremblante sur mon cœur, je me relevais pour continuer ma route vers ma tour, poursuivi pas les mots de Drago.


A Mercredi prochain pour le chapitre suivant, ou au plutôt lundi sur mon blog en avant première!

ps: C'est la première fois que j'écris une série... 0/ Je la poste à l'occasion de mes 21 ans mon cadeau pour vous! Des bisous