Note : Une Fic en Sept Chapitres, portant sur 7 journées de la vie de Lily Evans, répond au projet d'Albus Dumbledore, de HPF, que je remercie de son initiative.
Merci également à mes bêtas, Souky et Laly12! Leurs corrections et nombreux conseils furent particulièrement utiles!
Merci à Calladan la Grenouille pour m'avoir aidé à trouver le titre. Sans elle, j'y serais encore!
A/N : Voici le premier chapitre de cette fic courte. Il se passe en Janvier 1971. Les cinq premières journées étant écrites, je pense suivre un rythme d'un chapitre par semaine.
Bonne lecture.
Monstre !
Avec un bâillement sonore, le menton dans les mains, je fixais Pétunia qui s'enthousiasmait à propos de la nouvelle collection été de son magasin préféré. Passionnant, n'est-ce pas?
Pétunia finit par remarquer mon ennui et retroussa le nez, vexée.
-Dis-le, si je t'embête !
Evidemment, je ne lui répondis pas, rougissant simplement.
-De toute manière, depuis que tu passes tes journées avec lui, nous ne sommes plus assez dignes de ton intérêt, cracha-t-elle méchamment.
-Ne sois pas méchante, Pétunia, pas aujourd'hui...
-Aujourd'hui? Pourquoi? Qu'y a t-il d'important aujourd'hui ? ricana-t-elle en me fixant, ses yeux brillants d'une lueur mauvaise.
Aussitôt, les larmes me montèrent aux yeux, et je m'enfuis du salon, retenant à grand-peine mes pleurs.
XXX
Aujourd'hui était un jour spécial, et que Pétunia fasse semblant de l'avoir oublié, qu'elle le renie, me blessait profondément. C'était ma grande-sœur, et je l'aimais énormément, alors quand elle avait commencé à me mépriser, je m'étais sentie sombrer.
J'étais une enfant bizarre, aux yeux verts trop expressifs, aux agissements trop anormaux, aux réactions trop sensibles. Je faisais fleurir les fleurs rien qu'en les touchant, je faisais léviter des objets rien qu'en y pensant, et cela effrayait tous les gens autour de moi. Tous, sauf notre voisin. Severus Rogue. Severus était mon meilleur ami, et je pensais souvent qu'il serait le seul que je n'aurais jamais.
Pourtant, ma sœur ne l'aimait pas et n'arrivait pas à accepter que nous puissions nous fréquenter. C'était le fils d'un père ivrogne, d'une mère quasi-invisible, et dont les vêtements étaient bien trop grands pour lui. Il n'était décidemment pas assez décent pour que Pétunia Evans puisse se rabaisser à le fréquenter. Je trouvais ce genre de pensées exécrables mais Pétunia était ma sœur alors je ne lui disais jamais rien.
Pétunia et moi étions jusqu'à peu très proches. Presque toujours ensembles, elle me contait avec délice toutes ses aventures et ses secrets de grande, fière d'avoir une petite sœur tellement admirative. Car oui, j'admirais ma sœur. Elle n'était pas vraiment belle, ni même très douée, mais elle avait toujours pris ma défense face à ses idiots qui se moquaient souvent de mon étrangeté. Cela jusqu'à ce que Severus s'exclame que j'étais une sorcière, que j'étais normale, et que c'était Pétunia qui était bizarre, une moldue comme il disait, et qu'elle était peu importante. Comme je n'avais rien répliqué, elle s'était énervée et, depuis, semblait m'assaillir de ressentiments.
Elle n'avait pas dérogé à sa nouvelle règle en ce jour pourtant censé être un minimum heureux. Aujourd'hui, je fêtais mes onze ans. Aujourd'hui, je me rapprochais lentement mais sûrement du statut de « grande » qu'arborait ma sœur. Aujourd'hui, cette dernière avait tout gâché.
XXX
Allongée sur l'herbe devant notre petite et agréable maison, les yeux toujours embués de larmes et les joues humides et sillonnées de leurs traces, je contemplais distraitement le ciel et les étendues nuageuses se dévoilant au-dessus de moi. Par ici, une douce forme d'étoile, par là, une plus ténébreuse de poignard, ici, un chat… et là, un miaulement. Un miaulement ?
Je me relevai précipitamment et, essuyant d'un geste vague ma robe des brins d'herbe secs, j'observai les alentours, à la recherche d'un chat. Tout ce que je vis fut l'ombre plutôt frêle d'une femme à l'âge moyen, observant, l'air soucieux, une sorte de parchemin. Je haussai les sourcils, puis me rapprochai de la dame et murmurai :
-Je peux peut-être vous aider, madame ?
Elle releva alors les yeux de son papier et elle me fixa, moi, jeune et frêle petite rousse de onze ans. Son regard était profond, sage et légèrement brillant, et je me sentis rapidement intimidée par une telle majesté.
-Lily Evans ?
-Je…Comment connaissez-vous mon nom ?
-N'ayez pas peur, je ne vous ferai rien. Et, pour répondre à votre question, si je le sais, c'est parce que je suis Minerva McGonagall, directrice-adjointe du collège Poudlard.
Mes yeux s'écarquillèrent brusquement et je m'exclamai :
-Poudlard, l'école dont Severus m'a parlé?
-Severus Rogue? Eh bien, oui, celle-là même. Mais, dites-moi, vous semblez avoir pleuré... Tout va bien?
Immédiatement, je portai une main à mes joues, essuyant les quelques traces de larmes restantes.
-Ce n'est rien. Une dispute avec ma grande sœur.
Un instant, une ombre de mélancolie et de compassion assombrit le visage de l'agréable dame. Mais, rapidement, il retrouva l'austérité caractérisant son rôle de Directrice-adjointe et elle s'exclama:
-Pourrais-je voir vos parents?
Je hochai timidement la tête et la guidai vers l'entrée.
-Maman, Papa, quelqu'un demande à vous voir! criai-je avant d'inviter le professeur à entrer.
On entendit des pas dévaler l'escalier et, rapidement, une jeune femme au visage fin et aux yeux marron foncé apparut dans notre champ de vision. Elle me prit par le bras et me rapprocha d'elle. Arrivée devant l'étrange visiteur, elle arbora un sourire poli et s'enquit du ton joyeux qui la caractérisait :
-Que puis-je pour vous, madame ?
-Je suis le professeur Minerva McGonagall, directrice-adjointe du collège de sorcellerie Poudlard. Votre fille bénéficie d'une inscription depuis sa naissance. Evidemment, comme vous êtes des Moldus –des personnes dénuées de pouvoirs magiques- ce que je vous dis vous semble invraisemblable, et peut-être même songez vous à appeler la police afin de me faire interner.
Un léger sourire gêné étira les lèvres de ma mère, qui raffermit son emprise sur mon épaule.
-Cette lettre explique sommairement ce qu'est Poudlard, ce que Lily y étudiera, et d'autres choses qui vous aideront à prendre votre décision. Voyant que maman s'apprêtait à prendre la parole, le professeur leva brièvement la main et poursuivit: Vous ne me croyez surement pas mais, rappelez-vous, Lily n'a t'elle jamais fait de choses particulières? Un peu magiques? Rien d'étrange ne s'est jamais passé?
Maman referma alors sa bouche tandis que la stupéfaction se peignait sur son visage:
-Si, bien sûr...Enfin, oui, Lily a déjà fait des actes « étranges » mais…
-Je ne suis pas étrange! m'exclamai-je alors, surprenant autant les deux femmes que moi-même.
Attirée par mon exclamation, Pétunia s'approcha de nous. Ces yeux luisaient de moquerie ainsi que de jalousie mal dissimulée.
-Evidemment que tu es étrange. Tu transformes des fleurs, tu fais léviter des objets... Après tout, pourquoi ne serais-tu pas une sorcière? Un monstre?
Je perdis toutes mes couleurs et, ahurie, blessée, laissai libre cours à mes larmes alors que je hurlai :
-Je ne suis pas un monstre! Tu es méchante, Tunia !
-Evidemment que tu n'es pas un monstre. Les sorciers sont des gens tout à fait normaux, autant que vous, Pétunia.
-Ne me comparez pas à vous! JE ne suis PAS un monstre! Pas comme ELLE! hurla-t-elle en me pointant du doigt.
-Tu es simplement jalouse ! crachai-je.
-Lily, Pétunia, ça suffit!
-Ne me parle plus jamais, sale monstre! siffla cette dernière en se détournant.
-Tu es ma SOEUR!
-Je n'ai pas de sœur! hurla-t-elle, ses yeux brillants de rage, en se retournant brusquement.
Je hoquetai, et fis un pas en arrière.
Maman, indignée, ordonna à Pétunia d'aller dans sa chambre, et de ne plus en sortir jusqu'a ce que notre père vienne la voir. McGonagall, le visage assombri d'une légère peine, me fixait avec compassion. D'une voix douce, elle murmura:
-Tu n'es pas un monstre, Lily. A Poudlard, des dizaines d'élèves sont comme toi, des sorciers. Là-bas, tu apprendras à contrôler ta magie, à la dompter et à l'utiliser pendant sept ans. Tu reviendras chez toi à chaque vacances si tu le souhaites. Tu n'es pas un monstre, Lily, tu es une sorcière ! répéta-t-elle alors que mes larmes se tarissaient.
XXX
Aujourd'hui, j'ai fêté mes onze ans. Aujourd'hui, j'ai appris que j'étais une sorcière.
Aujourd'hui, j'étais devenue un monstre aux yeux de celle que j'admirais tellement.
Mais peu importe ce qu'elle pensait. Je montrerai à mes parents qu'ils ont de quoi être fiers de moi et que je ne suis pas un monstre.
Simplement une sorcière.
XXX
Alors, un verdict pour ce premier chapitre?
Julia.
