Cela faisait plusieurs minutes que les gémissements qui sortaient à intervalle régulier de la bouche du Fossoyeur emplissaient l'air.
Bien sûr, tout s'était déroulé comme d'habitude : il avait voulu résister, essayer de se concentrer sur son travail, mais ces petits bruits si attirants qu'elle semblait lui susurrer à l'oreille avaient fini par le rendre complétement fou. Il s'était laissé trainer dans sa chambre, et voilà qu'il couinait comme la pire des catins, agenouillé sur son lit, sa partenaire collée contre lui.
Les yeux à demi clos, il lécha sensuellement le tranchant de la pelle, faisant perler une goutte de sang sur sa langue, avant de la couvrir de baisers. Les cliquetis appréciateurs qu'il recevait en récompense n'étaient pas pour lui déplaire.
Tandis qu'il l'allongeait sur le matelas, elle émit un son métallique, visiblement outrée.
-Patience, petite gourmande, avait-il répondit à ses exhortations, un grand sourire sur le visage.
Se sachant observé sous toutes les coutures, il prit soin de faire durer le plaisir, retirant avec une lenteur indécente sa veste, puis sa chemise. Ces vêtements superflus furent dûment jetés au sol, et, satisfait de lui-même, il déboutonna enfin son pantalon, en se léchant les lèvres.
Lorsqu'il embrassa la partie plate et ferreuse de la pelle, il aurait pu jurer que celle-ci s'était légèrement réchauffée. Un délicieux gout de métal lui restait sur la langue, et il prit le temps de le savourer.
-Pupuce… murmura-t-il d'une voix emplie de désir.
Il attrapa le manche de l'instrument d'une main, et y appliqua de délicieux vas et vient, parfaitement calculés pour lui donner le plus de plaisir possible. Ses doigts libres caressaient la jonction entre le bois et le métal, partie qu'il savait sensible et avec laquelle il n'hésitait pas à jouer. Sa partenaire cliquetait de bonheur.
Ils furent interrompus par le bruit de la porte de la chambre, qui s'ouvrit violemment. Un Patrick visiblement furieux se tenait dans l'encadrement, les sourcils froncés, le visage dénué de couleur, comme s'il avait fait une attaque, et c'était visiblement ce qui était en train de se produire. Soudain, il explosa :
-François ! Espèce de saligaud ! Je savais que tu me trompais !
Le susnommé se leva rapidement, laissant Pupuce se couvrir du drap blanc qui recouvrait le lit, et parti à la poursuite de l'autre homme, qui avait déjà tourné le dos, furieux.
-Attends ! Je te jure que ça ne signifie rien, pour moi ! Patrick ! Pardonne-moi ! cria-t-il, au désespoir.
Dans la pièce désormais vide, à l'exception de la pelle, ce qui ressemblait à un profond soupir ce fit entendre. Avec toute cette un histoire, cet idiot allait encore chialer toute la nuit, et adieu la baise. Ces humains, qu'est-ce qu'ils pouvaient être compliqués…
