Auteur: Licorne miss
Disclaimer: tout appartient à la MGM, et à Gekko productions, à part peut-être l'histoire!
Chapitre 1
…Samantha se dirige vers l'ascenseur, lorsque :
- Carter !
- Mon général ? dit-elle en se retournant.
- Vous ne m'avez pas rendu votre rapport ! dit Jack, l'air sacrément furieux.
- Quel rapport ? elle essaie de se creuser la mémoire, mais il ne lui en laisse pas le temps.
- Celui de votre mariage !
- Oh ! c'est vrai, je suis vraiment désolée… Je vais m'y mettre tout de suite, mon général ! répond-t-elle très penaude.
Jack fait alors volte-face, et s'éloigne à grands pas. Plus en courant qu'en marchant, Sam rejoint son labo. « Vite, vite, faire ce rapport, ou je ne donne pas cher de ma peau ! » En ouvrant la porte, elle découvre le colonel O'Neill qui l'attend, installé sur le rebord de son bureau.
- Ah ! Carter, je commençais à croire que vous étiez partie vous reposer, dit-il avec une petite grimace moqueuse. Mais je me disais aussi que ce serait trop beau pour être vrai ! Ses yeux bruns étincellent de malice et de tendresse.
Sam éclate de rire, complètement rassérénée, sa panique au loin, et le rejoint.
- Mais et vous, mon colonel, vous n'êtes pas encore parti en vacances ?
- Figurez-vous que j'ai voulu m'assurer une fois de plus de votre refus de m'accompagner au Minnesota ! Est-ce toujours le cas ? demande Jack en faisant son fameux sourire en coin.
A ce moment précis, la pièce s'assombrit, et Sam se retrouva… dans son lit. A côté d'elle, un homme soufflait doucement, en proie au sommeil du juste. « Pete …» pensa-t-elle. Elle regarda l'heure sur le réveil : sept heures du matin. Dans une heure, elle devrait être à la base.
Se levant précautionneusement pour ne pas réveiller son compagnon, elle marcha jusqu'à la salle de bain, se déshabilla, et se plaça sous l'eau chaude qui jaillissait du pommeau de douche. Se détendant progressivement, elle repensa à son rêve. « C'est étrange que j'aie rêvé de Jack O'Neill dans le rôle du général et du colonel en même temps ! Au fond, peut-être pas si étrange que ça… Avec l'approche de ce fichu mariage…» Sam interrompit ses pensées en plein milieu de sa phrase. « Fichu mariage ? Mais qu'est-ce qui me prend d'en parler de cette façon ? Sans doute le stress… » Ou le fait de citer Jack O'Neill et le mariage avec Pete dans une même réflexion, lui souffla une petite voix aux accents sarcastiques, mais néanmoins perspicaces, se prit-elle à penser. « Cet homme ne se contente plus de hanter mon quotidien, il s'en prend à mes rêves maintenant ! »
Consciente d'être complètement injuste, mais sans la moindre intention de faire des excuses, même en pensée, à qui que ce soit, elle ferma le robinet, et commença à se préparer pour aller travailler.
Base de Cheyenne Mountain
Ce matin-là, SG1 avait un briefing à neuf heures. C'est d'un pas alerte que le colonel Carter se rendit dans la salle de réunion, et y retrouva Daniel, déjà assis, absorbé par le rapport de SG5 à propos de la planète P4X-752.
- Bonjour Daniel !
- Hmm…dit machinalement l'archéologue, avant de réaliser qu'on venait de lui parler. Oh ! pardon Sam, bonjour ! Si vous saviez comme ce rapport est intéressant ! Figurez-vous que la population qui vivait sur P4X-752 a émigré sur une autre planète par la porte des étoiles à cause de la menace des Goa'ulds, qui voulaient s'emparer de leurs technologies, d'après ce que j'ai cru comprendre des inscriptions photographiées par SG5, vu que la planète elle-même ne représentait aucun intérêt, dit-il d'un coup, et reprit son souffle. Or, apparemment, la technologie de ce peuple était très avancée, et semble se reposer sur des bases spirituelles.
A ce moment, Teal'c rentra dans la salle, et d'un signe de tête salua le docteur et le colonel.
- Ah, Teal'c ! justement, j'étais en train de parler à Sam des traductions que vous m'aviez aidé à faire.
- Qu'en pensez-vous colonel Carter ? demanda Teal'c.
- Vous avez dit spirituelles, Danny Boy ? dit le général O'Neill en sortant de son bureau. Carter, Teal'c, salua-t-il.
- Mon général ! fit Sam en se mettant au garde à vous, tandis que le jaffa s'inclinait une fois de plus.
- Carter, je suis abominablement lassé de vous voir vous mettre au garde à vous à tout bout de champs ! Pour l'amour du ciel, repos !
Sam se détendit, et adressa un sourire rayonnant à Jack. Ce dernier se rendit compte de l'éclat d'espièglerie qui illuminait les yeux bleu-vert de son colonel.
- Carter…vous l'avez fait exprès !
- Mon général ? dit-elle, un faux air innocent sur le visage.
Daniel regardait la scène, amusé. Ce genre d'échanges, fréquent à l'époque où Jack faisait partie de SG1, était devenu très rare, surtout depuis que Sam leur avait annoncé qu'elle était fiancée. Personnellement, il n'avait rien contre Peter Shanahan, mais au fond, son intuition lui disait que son amie se voilait joliment la face. « Fichu règlement » pensa-t-il en soupirant.
- Ah, merci de compatir Danny, voyez où j'en suis rendu : même mon second se moque de moi ! Et il eut un sourire satisfait en voyant le second en question s'embarrasser. Je plaisante, Carter ! Bon, et si on attaquait ce briefing ?
Tout le monde s'assit, et Daniel fit un résumé de ce qu'il avait dit à Sam, avant d'en venir là où il avait été interrompu, à savoir : la technologie.
- Donc, comme je le disais, les bases de cette technologie sont spirituelles, c'est-à-dire qu'on la contrôle par la pensée et les émotions. D'ailleurs, j'ai trouvé une phrase de ma traduction qui m'intrigue. Cette inscription se trouve sur un dôme, que SG5 a trouvé dans le bâtiment central du village, qui était une sorte d'hôpital, de mairie et d'église conjugués.
Voyant que ses amis, eux, ne voyaient pas où il voulait en venir, il expliqua :
- Quand je dis conjugués, ça veut dire que cet endroit remplissait toutes ces fonctions en même temps : les malades y allaient pour se faire soigner, les malheureux pour se faire conseiller et réconforter, et c'est également là-bas que vivaient les plus sages de la population, venant en aide à ceux qui en avaient besoin.
Les trois autres ayant compris, « enfin, je crois… » pensa Daniel, il poursuivit :
- Je voulais donc vous parler de cette curieuse phrase, découverte sur ce dôme, et joignant le geste à la parole, il montra la photographie du dit dôme sur le moniteur de la salle.
Il semblait être fait en marbre blanc, assez grand pour que deux personnes puissent s'y tenir. Au dessus de ce qui paraissait être l'entrée, était gravée une inscription.
- Donc, après m'être acharné sur la traduction, j'ai trouvé ceci : « Lorsque ton miroir est brisé, regarde-toi dans le coeur des autres ».
- Et…ça veut dire quoi, ça ? demanda O'Neill, perplexe.
- Je n'en sais rien, mais je me suis dit qu'on pourrait aller voir sur place. N'est-ce pas, Jack ? l'archéologue avait des étincelles dans le regard.
Ne pouvant se résoudre à décevoir un tel espoir, le général acquiesça :
- Très bien ! vous partez demain à onze heures. Pas d'autres questions ? Personne ne se manifestant, il conclut : briefing terminé !
Au même moment, maison de Samantha Carter
- Voyons, mais où met-elle ses feuilles ?
Pete était en train de fouiller le bureau de Sam à la recherche de feuilles de papier dont il avait besoin pour imprimer son rapport. Il avait déjà cherché dans les trois quarts du bureau, et ouvrit un nouveau tiroir. A l'intérieur, il n'y avait qu'une seule feuille.
- Eh bien, ce n'est pas très juteux comme trouvaille, mais ça fera l'affaire.
Mais lorsqu'il prit le papier et le retourna, il découvrit l'écriture fine de Sam dessus.
- Oh, zut, c'est une lettre. Il va falloir que je trouve autre chose !
Plus par désoeuvrement que par curiosité, il jeta un œil sur le texte. D'abord intrigué, il devint progressivement livide, et à la fin de sa lecture la feuille lui échappa des mains. Après cinq minutes d'inertie totale, il avança vers le téléphone.
Sur la lettre abandonnée sur le sol, on pouvait lire le texte suivant :
« Mon colonel,
Si vous lisez cette lettre, c'est que soit ma démission est à présent effective, soit je ne suis plus de ce monde. Comme je pencherais plutôt pour la première variante, vous devez vous demander pourquoi j'ai démissionné, alors que j'avais tout ce dont je rêvais. Certes, j'ai conscience de paraître capricieuse, mais ce dont je rêvais, et rêve encore, m'est inaccessible. Je sais que vous n'aimez pas les devinettes, et j'ai trop souffert pour trouver la force de tergiverser. Je vous aime, Jack. Je vous aime comme je n'ai jamais aimé personne. Je ne supportais plus votre présence, au point que j'en venais à vous éviter. Je ne vous demande rien, sinon de me pardonner de tout avouer comme ça, par écrit. Je n'ai tout simplement pas le courage nécessaire pour vous le dire en face. Prenez soin de vous. Adieu.
Samantha Carter. »
Base de Cheyenne Mountain
La pincette avançait tout doucement jusqu'au fil rouge, plus que cinq millimètres… quatre… trois… deux…
Brusquement le téléphone sonna. De surprise, Sam faillit lâcher ses instruments au-dessus du réacteur à Nahquahdah. Elle se précipita pour décrocher le combiné.
- Carter.
- Samantha, c'est moi.
- Pete ? Tout va bien ?
- J'ai découvert une lettre dans ton bureau. Le ton de Pete était morne, détaché.
- Une lettre ? Eh bien, je ne vois pas où est le probl… elle s'interrompit brusquement.
« …Oh mon Dieu ! » Elle avait compris de quelle lettre son fiancé lui parlait. Une seule pouvait le mettre dans cet état. Les souvenirs affluèrent au pas de charge.
Elle l'avait écrite à une période de sa vie, où elle ne pouvait plus supporter d'aimer à en devenir folle son supérieur hiérarchique, qui serait à jamais intouchable pour elle. Aussi, avait-elle pensé plus juste de donner sa démission et de revenir à Washington, pour travailler au Pentagone. Le contenu, elle le connaissait par cœur, malgré le fait que depuis que Pete était apparu dans sa vie, ce bout de papier était resté sagement dans un tiroir, et l'idée de démissionner – perdue dans un coin de sa tête.
A l'autre bout du fil, Pete souffrait le martyre. Il se décida à poser la question qui le mettait au supplice :
- Samantha, est-ce que tu l'aimes encore ?
Emergeant de ses pensées, Sam sentit tous ses muscles se tétaniser. Elle voulait absolument dissiper le doute dans l'esprit de Pete :
- Je… Mais n… Je…
Les mots ne sortaient pas. Les mots qu'elle voulait dire ne pouvaient pas sortir. Cherchant désespérément quelque chose à dire, elle lança d'une voix tremblotante :
- Pourquoi fouillais-tu dans mon bureau ? Elle sentait les larmes inonder rapidement ses yeux.
- L'aimes-tu, oui ou non ?! cria-t-il hors de lui, perdant complètement le contrôle de soi.
- Pete…
Les sanglots qui menaçaient de surgir depuis un moment, vinrent démolir toute tentative de mensonge. « Pourquoi ? Mais pourquoi a-t-il fallu qu'il trouve cette maudite lettre ? Pourquoi je ne peux pas avoir une vie normale ? » Toute à son malheur, elle ne vit pas le général entrer dans le laboratoire. Découvrant la scène, il s'immobilisa sur le seuil, surpris.
- Adieu, Sam.
- Non ! Je t'en supplie, ne fais pas ça ! S'il te plait…
Tout ce qu'elle eut en réponse furent de brefs signaux sonores. Il avait raccroché. Il allait partir. Tout était fini.
Sa vue se brouillait à cause des larmes qui s'échappaient de ses yeux. Elle eut un étourdissement, ses jambes flageolantes la trahirent et elle tomba à terre. Elle sentait la rage lui tordre les entrailles à présent : d'abord, on lui interdisait d'aimer l'homme de sa vie, et maintenant on lui retirait la chance d'avoir une famille, un foyer où chercher le réconfort et la paix. Des frissons nerveux parcouraient tout son corps, une fièvre glacée s'était emparée d'elle.
Soudain elle sentit des mains chaudes sur ses épaules, et entendit une voix inquiète :
- Carter ? Qu'avez-vous ? Sam…
Elle aurait reconnu cette voix d'entre mille.
- …mon colo… général…
- Calmez-vous, Sam, expliquez-moi…
Elle leva ses yeux brûlants vers lui, et plongea dans son regard brun. Brun, doux, chaud, rassurant, tendre, anxieux… Elle aurait pu passer sa vie à contempler ce regard.
Mais brusquement la réalité la frappa de plein fouet : elle n'avait pas le droit. En ce moment même, le seul homme qui ait voulu d'elle avec ses côtés secrets, et qui l'avait acceptée telle qu'elle était, la quittait. Mais elle ne pouvait pas le laisser faire ! Elle ne devait pas le laisser faire ! Le colonel reprenant le pas sur la femme, elle détourna le regard, essuya son visage, et dit avec toute la conviction dont elle était capable :
- Tout va bien, mon général, ce doit être la fatigue. Demande permission de rentrer chez moi pour me reposer.
Jack savait qu'elle lui mentait, et ça le blessait. Leur amitié s'était-elle donc estompée à ce point ? Ils n'étaient plus complices comme autrefois, certes, mais ne lui avait-il pas promis d'être toujours là, de la soutenir, de l'aider ? Il avait mal, profondément mal. Pourtant il ne dit rien, et acquiesça.
- Merci.
Sam avait conscience qu'il n'était pas dupe, et lui fit un faible sourire, puis sortit prestement. Elle espérait retrouver Pete avant qu'il ne parte de la maison.
Resté dans le labo, Jack n'avait pas bougé, les yeux dans le vague. Lentement, il se retourna et s'avança vers la porte. Avant de sortir, il éteignit la lumière, plongeant la pièce dans la pénombre.
Maison de Samantha Carter
« Raie-moi de ta vie. Je souffre trop pour te pardonner, mais la compréhension me viendra plus tard. Tu voulais fausser ta vie, mais je ne te laisserai pas te faire ça, nous faire ça. Je ne veux pas tenir le rôle du lot de consolation. Cela voudrait dire oublier tout amour-propre, et crois-moi je le ferais si ça en valait la peine. Mais si tu t'obstines à t'aveugler, j'espère que mon départ t'ouvrira les yeux. Adieu Sam. Pour toujours. »
La feuille était posée en évidence sur la table basse du salon. Elle était arrivée trop tard. Les rares effets personnels de Peter Shanahan avaient disparu, comme s'il n'avait jamais existé. Tout d'abord, elle n'eût aucune réaction, pétrifiée au milieu de la pièce, puis tout commença à lui tourner autour, et elle s'effondra sur le sol, inconsciente.
Le lendemain matin, base de Cheyenne Mountain
- Daniel Jackson, vous avez oublié votre chapeau.
Daniel inspecta le vestiaire, et vit le chapeau fugueur sur un banc.
- Merci, Teal'c ! Qu'est-ce que je ferais sans vous ?
- Vous prendriez des coups de soleil, et vous divagueriez pendant plusieurs jours ! lança Jack en passant la tête par l'entrebâillement de la porte.
- Très drôle, Jack ! fit l'archéologue en levant les yeux au ciel.
- Vous n'auriez pas vu Carter ? Je la cherche partout.
- Vous la cherchez partout ? vous avez quelque chose à lui dire ? dit Daniel avec un regard suspicieux.
- Daniel ?
- Jack ?
- Taisez-vous !
- Je n'ai pas vu le colonel Carter depuis hier, O'Neill, dit le jaffa.
Le général se rembrunit, il était inquiet. Hier, elle était partie comme une flèche, dans un état franchement pitoyable, et elle n'avait pas donné de nouvelles depuis. « Ca ne lui ressemble vraiment p… »
- Salut les gars !
Sam arrivait essoufflée, avec un immense sourire qui ne lui ressemblait pas, lui non plus.
- Mon général, salua-t-elle avec une courbette tout ce qu'il y a de plus insolent.
- Carter ! Vous allez bien ? Jack n'était pas habitué à des manières aussi cavalières de la part de son second.
- Je pète la forme, ça ne se voit pas ? « Ma vie est un fiasco, ma vie est un fiasco, ma vie est un… » Cette phrase défilait dans sa tête à lui en donner la migraine, sans jamais s'arrêter.
Elle affichait une parodie de sourire, désabusé et amer. Elle avait vaguement conscience de se comporter de manière totalement indécente, mais elle n'arrivait pas à se contrôler, on aurait dit que les muscles de son visage étaient bloqués, si ce n'est pour former une expression encore plus désagréable.
- Sam, vous êtes sure que tout va bien ?
- Daniel, vous devriez faire accompagner vos lunettes d'un appareil acoustique, je viens de dire que j'étais en pleine forme ! Aussitôt dit, aussitôt regretté, mais elle ne maîtrisait plus ses mots.
Les trois hommes se regardèrent, alarmés. Enfin, le général prit la parole :
- Carter, vous allez me faire le plaisir d'aller à l'infirmerie, et de vous faire examiner par le docteur.
- Mais puisque je v…
- C'est un ordre, colonel ! Il avait crié pour couper court aux protestations de Sam.
- A vos ordres, mon général ! cracha-t-elle et sortit des vestiaires comme une furie.
Les couloirs défilaient, les uns se succédant aux autres, tous gris et semblables. En la voyant arriver, les gens s'écartaient précipitamment de son chemin. Le colonel Carter, la brillante astrophysicienne, réputée pour sa gentillesse et son dévouement, était en ce moment même dans une colère noire très impressionnante.
« Aller me faire examiner… bien sûr, mon général… à vos ordres, mon général… Pourquoi pas passer un examen psychologique tant que vous y êtes !... » La même petite voix judicieuse lui dit que ça ne lui ferait pas de mal, mais elle préféra l'ignorer. « Et ce docteur… il ne comprendra rien du tout, il va me gaver de sédatifs et d'anti-dépresseurs, et il dira : 'Etat de dépression dû au surmenage'. Pour finir, le général m'ordonnera de quitter la base, et de me changer les idées… Oh, si seulement Janet était là… elle aurait compris, elle… »
A l'évocation de son amie, elle ralentit le pas. Janet était morte lors d'une mission, en sauvant une vie… Elle aussi aurait pu mourir des centaines de fois. Or, elle était toujours vivante, en pleine possession de ses moyens, et elle trouvait le moyen de se plaindre. Comparé à celui de feu sa meilleure amie, son cas était risible. A cette pensée, elle s'arrêta complètement, toute colère évaporée, avec juste une immense boule de tristesse à la place du cœur.
Son comportement était honteux. Elle était colonel de l'Air Force, que diable ! Pourquoi avait-elle laissé ses émotions prendre le dessus sur son professionnalisme ? Peut-être à cause de la goutte d'eau qui a fait déborder le vase : elle avait déjà perdu tant de personnes chères dans sa vie, tellement souffert de solitude, et se retrouvait à nouveau totalement seule. Non, pas totalement… ses amis étaient là. Se rappelant la manière dont elle leur avait parlé, elle eût encore plus honte, et prit immédiatement la direction du bureau du général.
Jack regardait avec agacement le tas de dossiers qui le narguait. La paperasse administrative avait le pouvoir magique de s'accumuler sur sa table de travail, sans qu'il sache à quel moment elle s'y était sournoisement glissée. Lâchant un soupir à fendre l'âme, il ouvrit la première chemise se présentant à lui.
C'est ce moment que choisit quelqu'un pour frapper à sa porte. Prenant un stylo, ainsi qu'un air de concentration intense, il autorisa l'inopportun à entrer : « Plus j'aurai l'air débordé, plus vite il s'en ira » pensa-t-il.
La porte s'ouvrit doucement, puis se referma. Jack ne leva même pas les yeux, et dit :
- Je vous écoute.
Le silence se prolongeant, il décida de relever la tête pour morigéner l'intrus sur la valeur du temps, et la perte qui découlait de son mutisme. Mais il oublia vite son idée en découvrant Sam, les yeux légèrement rouges, fixant le sol.
- Carter ? vous ne devriez pas être à l'infirmerie ?
- Je… je vous fais mes excuses, mon général. Mon comportement de ce matin était intolérable, et je voudrais que vous me pardonniez.
Osant un faible sourire, elle ajouta :
- Non seulement en tant que supérieur, mais aussi en tant… qu'ami.
- Vous aussi vous avez la hantise des dictateurs en blouses blanches maintenant ? dit Jack, moqueur.
Puis, voyant la tristesse sur le visage de sa subordonnée, il ajouta d'une voix rassurante :
- Vous êtes toute excusée, Carter. Puis revenant au badinage : Mais ne recommencez pas, je me fais vieux et mon cœur pourrait ne pas supporter une autre dispute d'amoureux !
Ce n'est qu'après l'avoir dite qu'il réalisa le double sens de sa phrase. « Mais quel imbécile ! »
Sam, quant à elle, était abasourdie. Se pouvait-il qu'il sache pour elle et Pete ? Non, c'était impossible, personne n'était au courant. Il avait dû dire cela comme ça, sans arrière pensée. Elle décida d'en avoir le cœur net.
- Une dispute d'amoureux, mon général ?
- Eh bien oui, j'imagine que si vous êtes dans un état pareil, c'est que vous avez eu des différends avec votre fiancé, proposa Jack.
- Ah, euh… oui… Nous avons rompu, dit-elle tout à coup.
« Mais qu'est-ce qui me prend de lui raconter ça ? » s'étonna Sam en elle-même.
- Vous avez… « Elle a rompu ? Il restait un mois avant le mariage… Pourquoi ?! » Je suis désolé.
- Merci…
Elle baissa la tête, et eût un sentiment étrange de libération. Sa honte s'était envolée lorsqu'il lui avait pardonné. Elle s'aperçut alors avec surprise - néanmoins modérée par le fait qu'inconsciemment elle s'en doutait - combien elle était dépendante de cet homme.
Dépendante… le mot était faible. Il était tout bonnement sa source vitale.
Voilà, faites-moi part de vos observations, si je peux améliorer grâce à vous, ce sera avec plaisir! Licorne miss.
