Je soupirais lourdement une fois que le professeur avait quitté l'amphithéâtre : j'appréhendais le début des examens. Ces derniers temps, je n'avais plus du tout la tête à écouter en cours. « Pourquoi j'ai choisit le droit ? ». Une question parmi d'autres qui revenait sans cesse dans mon esprit. Je fermais mon classeur et arrêtais le dictaphone. Une fois tout cela fourré dans mon sac, je me levais de mon siège et m'engageais dans les escaliers afin de sortir d'ici.
Je passais devant de nombreuses autres personnes, eux aussi soupiraient déjà : « Oh non, pas encore des examens », s'exclama l'un d'entre eux, dégouté. « De toute façon, j'apprendrais comme une bête, il faut que j'ai les meilleurs résultats de l'université ! », souligna une jeune femme, hystérique.

Comparé à elle, j'étais ce qu'on appelait plus communément un tire-au-flanc : je n'étais pas du genre à passer mes heures à travailler d'arrache-pied. Moi, je faisais parti de ceux qui passaient leurs soirées dans les bars à entendre parler et rire du malheur des autres. Les fêtes de campus n'avaient plus de secret pour moi : je passais mes nuits et parfois même mes journées là-bas. Le temps que d'autres consacraient à étudier, moi je le passais à boire ou à fumer. Heureusement, Dame Nature avait jugé bon de me doter d'un grand intellect, ce qui me permet de comprendre le minimum pendant les cours. Cette intelligence avait aussi attiré de nombreuses filles, ma principale qualité d'après toutes les personnes qui me connaisse, que j'avais cependant toutes quitté. Elles étaient comparables à des coques vides, dénudées d'esprit, inutiles en gros. Je ne cherchais pas quelqu'un pour avoir quelqu'un, j'étais plutôt du genre à chercher quelqu'un pour équilibrer mon mauvais caractère : en gros, une fille qui me complète. Et pour cela, j'allais avoir besoin d'une personne qui peut penser toute seule, à mes côtes.
Las de ma chambre d'étudiant, j'avais voulu plus de liberté, sous forme d'un appartement à moi seul. Au final, mon acharnement avait payé : une pièce, pas bien chère, située dans le centre ville de Tokyo.
Je venais d'atteindre la dernière marche de l'escalier et me dirigeais vers la porte afin de rejoindre Naruto et Shikamaru. Le premier étant dans ma classe, le second étudiant à la faculté de médecine d'à côté. Je marchais d'un pas décidé vers la sortie quand quelqu'un me retenait le bras. Ino, naturellement.
Elle était jolie, certes, mais elle était comme toutes mes ex-petites amies : vide. Elle me parlait d'une fête chez Hinata, de beaucoup d'alcool, de jolies filles. Avec un simple sourire je lui avais fait comprendre que tout son monologue ne m'intéressait guère. Je pouvais voir dans ses yeux qu'elle était vexée, voir même en colère. Cela m'était égal, et elle le voyait très bien. C'est pour ça aussi, qu'elle décida de sortir de la pièce à toute allure sur ses hauts talons.
Je n'eus même pas le temps de soupirer qu'une autre personne me parlait déjà. Naruto.

« Qu'est-ce que tu dis d'aller dans l'appartement que tu t'es acheté récemment ? », me disait-il sur un ton des plus enjoués
« Bonne idée, c'est vrai qu'on a pas encore fait ma crémaillère »
« Reste plus qu'à chercher Shikamaru et on est prêt pour montrer à tes voisins qui sera le chef dans l'immeuble ! »

Naruto était un gentil garçon, mais pouvait rapidement vous gonfler avec son bavardage incessant. Moi, je m'y étais fait. Nos paternels sont deux amis de longues date : vingt-cinq ans pour tout dire. Cet énergumène blond et moi-même étions donc prédestinés à finir meilleurs amis. Quand j'y pense nous sommes deux personnes on ne peut plus différentes. Naïf et souriant, il ne connaissait pas grand chose de la vie des « grands ». Si Shikamaru n'était pas là je me demande bien ce qu'il ferait. Il n'aurait aucun objectif dans la vie, enfin... cela ne change pas vraiment de maintenant.
Tout le contraire de Shikamaru, jeune homme plutôt fainéant dans l'ensemble mais quand il fallait travailler, il savait y mettre du sien. Grand et charmant, c'était un ex-célibataire très demandé. Maintenant il est fiancé, depuis trois semaines déjà; mais il ne le sait que depuis une. Il a bien rit avec moi en me disant que son père, PDG d'une grande boite, devait un peu abusé sur les pétards. Sa grande gueule, il l'a largement moins ouverte quand son père lui a envoyé une photo de la demoiselle. Elle habite en Inde et s'appelle Temari il me semble. Un joli minois et dix-sept ans au compteur font d'elle l'épouse presque parfaite; mineure il était impossible de la marier mais une année allait vite passer... Il avait regardé cette photo pendant des heures, jusqu'à ce que j'arrive avec une bouteille de saké et du sushi frais. Il a recommencé à rire : il pensait sûrement aux nombreux zéros qui allaient s'ajouter à son compte bancaire. Mariage arrangé oblige.
Après avoir cherché Shikamaru devant le bâtiment réservé aux étudiants de médecine et passé une heure trente coincés au milieu dans un de ces bouchons monstrueux, nous avons enfin atteint le lieu convoité : Mon appartement.
Mon mal de ventre s'était enfin dissipé : j'avais trop rit, ce n'était pas dans mes habitudes. Les lieux étaient chaleureux dans l'ensemble, pas très grands mais spacieux, il n'y avait pas beaucoup de fenêtres mais c'était illuminé comme par mille phares... Je m'y plaisais déjà énormément et je regrettais de moins en moins l'achat de ce nouveau « chez-moi ».
Shikamaru et Naruto m'avaient aidé à monter une table basse, trois fauteuils, un futon et un petit frigidaire que j'avais gentiment volé dans mon campus. Après le travail, la récompense : tous deux étaient allongés sur le sol recouverts d'une couverture, complétement saouls. J'avais déjà installé mon futon et m'apprêtais m'allonger quand j'entendis des bruits provenant du couloir. Comme un cognement, suivit de plusieurs jurons.
Pris d'une soudaine curiosité, je me dirigeais vers la porte d'entrée et sortit la tête à travers l'encadrement : Une jeune femme, qui devait avoir mon âge, hors d'haleine, les bras remplis de papiers, cahiers, notes en tous genres. Elle me regarda d'un air surpris puis me fit un sourire attendrissant.

« Tu dois être le nouveau voisin ! Enchantée, Sakura Haruno. » en me tendant la main. « La voisine du dessus. »
Lorsqu'elle avait essayer de dégager sa main de toute cette paperasse, elle avait presque fait tomber toute la pile de documents qu'elle avait dans ses bras.
« Sasuke Uchiha, besoin d'aide ? », répondis-je après lui avoir serré la main.
« Ce serait pas de refus » ajouta t-elle en rigolant

Elle déposa les deux livres du haut de la pile dans mes bras, suivis de quelques cahiers en tout genre et autre un livre qui provenait sûrement de la bibliothèque, vu son épaisseur. J'avais rapidement regardé les noms de certains manuels : Médecine : Bases, la Psychologie de l'Être Humain...

« Tu fais médecine ? » demandais-je, quelque peu intéressé.
« Ouais, je suis en quatrième année. », me répondit-elle, vaguement.

Elle avait gravit une autre série de marches afin d'atteindre son étage. Les clés déjà en main, elle n'avait plus qu'à les mettre dans la serrure. Sa porte d'entrée s'ouvrit dans un long et pénible grincement : l'immeuble n'était vraiment pas un des plus jeunes. Après avoir traversé l'appartement sans même regarder où elle marchait, la jeune femme déboucha sur une porte blanche dont la couleur commençait à s'écailler. Elle me fit signe de venir et moi, je la suivais comme un petit chien.
Le sol de la pièce était jonché de livres et je peinais à deviner si elle avait un tapis ou non. Elle prit soin de poser ses notes sur un bureau et déposa délicatement le reste, sous forme d'une pile, sur le vieux parquet qui ornait le sol. J'aperçus un lit et je dû me rendre à l'évidence que c'était peut-être sa chambre. Elle m'ordonna aussitôt d'en faire de même.
Sakura me dépassa et disparu dans une autre pièce à toute allure. Pendant ce temps, pour m'occuper, je décidais de visiter son appartement. La pièce voisine à sa chambre était sûrement son salon : un canapé dépliable se situait au centre de la pièce, de nombreux étagères étaient posées contre les quatre murs du salon. Elles étaient remplies de différents objets : livres, bougies, chaussures, vêtements, on y trouvait même de la nourriture.
Alors que j'observais de plus près les cadres photos qui se trouvaient sur la table basse, la jeune femme m'avait rejoint en déposant deux verres et une bouteille de saké sur le meuble. D'un geste fluide, elle versa la même quantité d'alcool dans les deux verres et m'en donna un.

« À notre bonne entende en tant que voisins ? », demanda-t-elle, en levant son verre dans ma direction.

Je la regardais, étonné, mais un large sourire s'étira sur mon visage.

« À notre bonne entende ! », répondis-je en faisant tinter la vaisselle de la jeune femme.

Dire que tout avait bien commencé...